Nicolas Beuglet est un écrivain, scénariste et journaliste français né en 1974, connu par sa trilogie de polars autour de l’inspectrice norvégienne Sarah Geringën. Nicolas Beuglet avait déjà publié un premier polar sous le pseudonyme de Nicolas Sker : Le premier crâne (2011).
Cette trilogie est composée par Le cri (2016), Complot (2018) et L’île du diable (2019). C’est un vrai succès, avec plus de 540 000 exemplaires vendus des deux premiers tomes. Le cri a reçu au moins 4 prix littéraires, dans la catégorie polar et a nécessité quelques 3 années de recherche.
Les deux premiers tomes nous font découvrir l’enquêtrice norvégienne Sarah Goringën, une très belle et hardie jeune femme avec un cursus impressionnant : c’est une ancienne des forces spéciales norvégiennes en Afghanistan; c’est vous dire la préparation et l’expérience acquises. Côté vie privée, c’est moins glorieux, comme c’est souvent le prix à payer quand on a une vie professionnelle aussi intense.
Mais Sarah a de la chance, car dès le premier tome, elle va rencontrer un journaliste français, Christopher, qui va la suivre en Norvège pour s’y installer dans une belle maison isolée (qui jouera un rôle). Le troisième personnage est le petit Simon, neveu de Christopher devenu orphelin après la mort criminelle des parents. Ainsi, Sarah Goringën verra s’assouvir ses désirs de maternité qu’elle n’avait pas pu combler avec son ancien mari.
Les sujets de deux premiers tomes sont incroyables avec deux livres trépidants, a la limite du supportable. deux page turners. Dans Le Cri Nicolas Beuglet développe un sujet inconnu et passionnant : l’utilisation sur le cerveau humain de psychotropes interdits et il rappelle aussi le rôle d’agent secret qu’aurait joué Carl Jung pour la CIA (original!). Dans Complot il aborde la manipulation des masses ainsi que l’origine de l’intelligence humaine. J’ai trouvé que Complot était encore plus haletant que le premier. A la fin du livre Sarah Goringën est accusée de meurtre et mise en prison.
L’île du diable (2019) est encore un page turner dès le premier paragraphe. C’est un tome moins épais que les précédents et qui se lit vite. Ce que Nicolas Beuglet entend par l’île du diable est l’île fluviale de Nazino à quelques 800 Km de Tomsk, en Sibérie occidentale, où 6000 personnes ont été déportées en 1933 et dont 4000 auraient péri.
Sarah Goringën a fait un an de prison dans des conditions très dures; la veille de sa libération on vient la chercher car son père a été retrouvé mort. Ce père était un peu spécial, un être secret et peu enclin aux manifestations d’affection.
Sarah, malgré sa faiblesse physique (et mentalement très éprouvée) exigera de mener l’enquête. Pour sauver la face et ne pas s’attirer les foudres de la hiérarchie, on va lui coller un inspecteur qui servira de leurre.
Pas à pas Sarah fera des recherches et découvrira quel personnage se cachait derrière cette image de père un peu froid. Ella va courir des risques insensés et sera sévèrement touchée.
Cette fois, en dehors de l’affaire de l’île de Nazino (que je découvre avec horreur), il y a l’intéressante approche par Beuglet de l’épigénétique, cette branche de la génétique qui explique les changements dans l’expression des gènes sans modification de l’ADN, de manière transmissible et reversible. Ceci dans l’histoire de Sarah, revêt une importance capitale car son père lui aurait transmis cette souffrance qu’il a subi autrefois face à des évènements d’une extrême cruauté. Ce qui expliquerait le manque de réactivité émotionnelle de la part de Sarah (sa froideur), face à certains faits.
J’avais déjà rencontré l’épigénétique dans un excellent roman de Tatiana de Rosnay, Le Coeur d’une autre (1998) où un greffé cardiaque ressent des choses qui ne lui correspondent pas, à tel point qu’il entame des recherches pour connaitre la personnalité du donneur, ce qui en pratique est difficile à obtenir.
Je ne puis que recommander cette trilogie de Nicolas Beuglet, c’est une lecture addictive, palpitante et qui comporte des sujets intéressants et peu connus. Je ne pense pas que l’on reverra Sarah Geringën car physiquement, cela dépasse l’imagination. La fin est surprenante.
Autres livres de l’auteur : Le cri, Complot, Le dernier message.
L’ÎLE DU DIABLE, Pocket 17881 (NB 2019), ISBN 978-2-266-30759-8