Archive | juin 2023

Douce France de Karine Tuil

Karine Tuil est une écrivaine française (Paris 1972) ayant fait des études de Droit et de Sciences Politiques. Elle a déjà publié quelques 11 livres;  je trouve qu’elle écrit bien; tous les livres lus m’ont semblé d’une grande pertinence car ils posent des questions sur la société et surtout sur la question identitaire, en particulier sur la judéité.

Maintenant que j’ai lu plusieurs de ses livres, j’appréhende mieux son univers littéraire : la judéité, la loi, le sexe souvent détonateur d’une crise, le rôle du père, et cet humour juif si corrosif et auto-dérisoire. Ce sont ces thèmes qui reviennent dans ses romans.

Douce France (2007) est déjà le sixième roman de l’auteure, un texte qui sent fort l’auto fiction: une jeune femme trentenaire, écrivain, se voit embarquée dans une rafle de sans papiers (embarquée où situation provoquée?). Elle voulait faire le poids entre notre cher dicton « douce France » et ses propres démons identitaires contre balancés avec la situation des sans papiers.

Elle décrit avec précision une centre de rétention administrative, probablement celui de Mesnil-Amelot, un centre qui serait au dessus des autres. Elle se fait embarquer car, bien que française, elle n’a pas de documents sur elle (prémédité?). Une fois dans le centre elle constate la précarité, mais aussi le manque total de visibilité avec des gens qui mentent pour échapper à l’expulsion.

D’ailleurs la jeune femme ment aussi et se fait passer pour une roumaine. Elle croise, lors de la rafle, un beau et ténébreux biélorusse qui raconte des salades très élaborées. Non seulement elle le croit, mais s’amourache du bonhomme.

Une fois son expérience menée à bout, elle se fait exfiltrer par son père; j’aurais pensé que les conséquences légales de cette « expérience limite », conduirait à une punition pour avoir voulu tromper l’appareil judiciaire. Ce point n’est pas soulevé.

Comme elle semble toujours éprise du biélorusse, elle saura qu’il raconte encore une autre histoire, d’autres mensonges.

C’est un monde quasi irréel où le mensonge prévaut, où tout est faux dès le départ, où il n’y a pas de limites ni de correction.

Autres livres commentés :  InterditLes choses humainesTout sur mon frèreL’insoucianceL’invention de nos vies, La Décision. Six mois, six jours . La domination

DOUCE FRANCE, Grasset 2007, ISBN 978-2-246-70991-6

La desconocida de Rosa Montero y Olivier Truc

Rosa Montero es una periodista y escritora española (Madrid 1951); escribe en exclusividad en el diario El País desde 1976. Es detentora nada menos que del Premio Nacional de las Letras Españolas 2017 por el conjunto de su obra, más de 18 novelas hoy en día. Su obra se caracteriza por una gran sensibilidad hacia la situación de la mujer en general y sus temas recurrentes son la locura del amor, el doble, la imagen especular. Me gusta esta autora por su gran versatilidad y a veces profundidad con temas psicológicos e intimistas.

Olivier Truc es un periodista francés (Dax 1964), asentado en Estocolmo desde 1994. Es un spécialiste de los países baltos y nórdicos dónde ejerce como corresponsal del diario Le monde y Le Point. Ejerce también como documentalista para la TV francesa.

La desconocida ( L’inconnue du port en francés) es un policial original porque escrito a cuatro manos por dos autores talentosos. La idea surgió a Montero en el festival francés de novela policial Quai du polar : escribir un libro a 4 manos y 2 idiomas, una idea original y un desafío descomunal.

Rosa Montero empezó el libro puesto que ella llevaba los capítulos impares y Olivier Truc siguió con los pares. Cada uno escribía en su lengua vernácula con una traducción al inglés para que ambos pudieran seguir al milímetro la trama en curso.

La novela es corta, apenas 154 páginas, pero el tema es muy manido : la trata de blancas, tema sobre el cual tanto se ha escrito, tanto se ha demostrado, pero sobre el cual nada se ha solucionado. También tenemos el tema de la corrupción a muchos niveles, y nada menos que en el seno de la Policía, lo que siempre es impactante.

El ritmo de la novela es trepidante con un escenario en parte en España, con la inspectora Anna Ripoll, especializada en el tema de la trata de blancas, y la otra parte en Francia, específicamente en Lyon, dónde el inspector Erik Zapori es encargado de la pesquisa francesa y lo mandan a España como una manera de sustraerlo a una encuesta interna engorrosa.

Los personajes de la novela no tienen mucha profundidad psicológica y pienso que no era lo que buscaba el duo de la autoría. Pienso que lo que buscaban era ritmo y vaya si lo hay. Aunque el final parece algo precipitado y nunca sabremos porqué no asesinaron a la chica amnésica.

Una novela policial frenética, muy lograda y un ejercicio altamente peligroso, un libro un poco sucinto. El libro ha tenido éxito y gran expectación por su publicación (era mi caso, estaba expectante); es probable que tengamos una secuela con el muy dispar duo Ripoll-Zapori.

Libros comentados de R. Montero :  La ridícula idea de no volver a verteBella y oscuraLa carneLa buena suerte. El peligro de estar cuerda .

Libro de O. Truc : Le dernier Lapon .

LA DESCONOCIDA, Negra Alfaguara 2023, ISBN 978-84-204-7583-7

Le pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel

André Dhôtel est un écrivain français, scénariste et poète (Ardennes 1900-Paris 1991).

Le pays où l’on n’arrive jamais lui valut le Prix Femina 1955, c’est le prix littéraire qui le fit connaître.

Son oeuvre est abondante et singulière où l’on retrouve un merveilleux proche du quotidien (ce qui me rappelle Murakami…) et un rapport fort avec la nature, décrite de façon magnifique. C’est cette dernière caractéristique de l’écrivain qui l’inscrirait dans la lignée des romantiques allemands.

Ces caractéristiques sont : les voyages, l’errance, le nomadisme, la recherche des sources familiales, le fantastique indéfinissable, les paysages (ici les Ardennes et la Belgique), le contact symbiotique avec la nature.

Le pays où l’on n’arrive jamais (1955) est arrivé à moi par mon amie Fanfan, dévoreuse de livres comme moi et que je remercie ici chaleureusement pour cette véritable pépite que je découvre à l’âge adulte, avec un regard neuf. Ce ne fut pas une lecture rapide, mais une lecture plutôt lente qui m’a laissé toute remuée, un peu déphasée avec une pointe d’angoisse devant l’inconnu.

C’est un livre initiatique qui narre la fin de l’enfance, la perte de l’innocence et une quête identitaire dans un contexte de post Deuxième Guerre Mondiale.

Gaspard Fontarelle, 15 ans, a été confié à sa tante Gabrielle Berlicaut, hôtelière au village de Lominval, dans les Ardennes. Gaspard est le commis « à tout faire » de sa tante, sa vie est monotone, c’est un garçon maladroit qui cumule les catastrophes.

Par hasard, il va connaître un fugitif de 15 ans, qui veut fuir son tuteur, Drapeur, afin de retrouver sa mère Jenny et son pays, dont il a quelques souvenirs épars.

Les deux gamins vont se comprendre du premier abord et Gaspard viendra en aide au fugitif en partant avec lui dans un voyage initiatique qui aura la transcendance de les faire grandir, de les aider à franchir l’état calme de l’enfance pour aborder la trouble adolescence et ses dangers.

Ce voyage est semé d’embûches. Gaspard veut tenir parole et aider ce camarade fugitif dont il apprendra que c’est une fille, Hélène.

C’est intéressant de constater la solidité de l’entente entre les deux jeunes. Ils se connaissent peu, mais ne se trahiront jamais. Ceci, en contradiction avec le monde nébuleux des adultes où les discours ne sont pas toujours en accord avec les actes, d’où une naturelle méfiance pour ce monde à deux visages.

Après moult péripéties entourées de quelques faits merveilleux, nos deux fugitifs nous ferons la démonstration qu’il faut s’accrocher à ses rêves, qu’il ne faut pas toujours écouter le chant des sirènes, qu’il faut un parcours initiatique et une lutte pour mériter une recompense.

La description des paysages et des villages est idyllique et les éléments fantastiques sont très bien incorporés au texte.

Un auteur qui mérite amplement d’autres lectures.

LE PAYS OÙ…, J’ai Lu N° , 61 1982 (AD 1955), ISBN 2-277-11061-2

Ávidas pretensiones de Fernando Aramburu

Fernando Aramburu es un escritor, traductor y profesor español (San Sebastián 1959), licenciado en Filología Hispánica, Premio Nacional de Literatura 2017. El escritor vive en Alemania desde 1985 y se dedica exclusivamente a la escritura desde 2009.

Ávidas pretensiones (2014) recibió el Premio Biblioteca Breve de Seix Barral del mismo año y es el noveno libro del autor, justo antes de Patria que lo lanzó al estrellato internacional.

Una película fue adaptada del libro : La manzana de oro en 2022 por Jaime Chávarri.

Es un libro parodia sobre los poetas. Me reído con ganas desde el principio hasta el final con todos estos personajes esperpénticos, llenos de humanas debilidades.

Es una novela dividida en tres partes, como una tragedia clásica. Una historia rocambolesca durante tres jornadas poéticas en el Monasterio de monjitas de Morilla del Pinar (lugar inventado) en medio de la España rural y « vacía » de gente.

En el relato tenemos al encargado de recibir a la « poetada » nacional, José Manuel Agüero Lopetegui alias Lope, con sus manías y frases bien rodadas para el evento. Todos los participantes, en mayoría varones, pero también mujeres (y qué mujeres !), son un compendio de truculencia y de humana mediocridad.

Son poetas y el verbo es su arma divina, pero antes de ser los vates que se creen, son unos monstruos, cada uno en su especialidad. También los hay « normalitos » porque Aramburu optó por recrearnos con todo tipo de personajes y situaciones, hasta altamente escatológicas.

Como en la vida misma, veremos jóvenes y viejos, brillantes y pelmazos, elegantes y zaparrastrosos, egos desmesurados, gentiles y villanos, gordos y flacos, galanes y fealdades.

¿Cómo pueden suceder tantas cosas en sólo tres días? Pues lean el libro y ríanse a mandíbula batiente de las aventuras del grupo. Admiro la ductilidad del lenguaje de Aramburu, que sabe describir, remedar, usar un léxico a la perfección para brindarnos este vaudeville tan, pero tan bueno alrededor de la « poetada » (hay hasta invención de palabras en el texto).

Otros libros reseñados : Patria . Los vencejos . Las letras entornadas . Hijos de la fábula .

ÁVIDAS PRETENSIONES, Seix Barral 2014, ISBN 978-84-322-2259-7

Et si c’était niais ? de Pascal Fioretto

Pascal Fioretto est un journaliste, écrivain, chroniqueur, scénariste et « nègre littéraire » français (Saint Étienne 1962). Il a participé au groupe de pasticheurs Jalons (groupe connu pour ses parodies et pastiches de journaux et de livres). Un groupe dissout en 2021.

J’ai tellement ri avec L’anomalie du train 006 (2021), un pastiche du Prix Goncourt, des « goncourables » de l’année et du milieu de l’édition, que j’ai eu très envie d’en lire d’autres. Voici le deuxième et sur ma PAL m’attend Mélatonine.

Je suis moins conquise avec cette deuxième mouture. Bien que le travail de pastiche sur quelques 11 auteurs, l’utilisation de la langue française et le montage de la parodie dans le livre soient remarquables, j’ai moins ri. J’ai trouvé l’ensemble un peu lourd et la fin un peu bâclée.

Cette fois on s’attaque aux auteurs qui font les meilleures ventes chez l’éditeur Chiflon. Ils sont kidnappés et disparaissent de la circulation. L’inspecteur Adam Seberg est appelé à la rescousse et nous avons un autre livre dans le livre puisque l’auteur fait allusion à l’ineffable inspecteur Adamsberg de Fred Vargas qui fonctionne « à l’intuition ».

Prétexte pour avoir le portrait , plus vrai que nature, de 11 écrivains français à gros tirages. Quel talent de Fioretto pour nous sortir le nec plus ultra de chacun. Je me suis régalée avec le portrait de Jean d’Ormissemon lequel se pâme littéralement dans ses digressions érudites mélangées; aussi avec le portrait de Mélanie Notlong, capable de vous envoûter avec son regard afin de vous faire précipiter pour acquérir son dernier opus édité. Trop bonne aussi le pastiche de Christine Anxiot. Et le portrait de DH Lévi en Narcisse épris de lui même et de son capital capillaire…

C’est très travaillé, c’est bien vu, c’est vachard mais juste. Il faut du talent et de l’huile de coude pour en arriver là.

Autres livres commentés : L’anomalie du train 006 . Mélatonine .

ET SI C’ÉTAIT NIAIS , Chiflet &Cie., ISBN 978-2-351-64031-9

Panza de burro de Andrea Abreu

Andrea Abreu es una escritora y poetisa española (Tenerife 1995). Su primera novela Panza de burro conoció gran éxito y actualmente está siendo traducida a varios idiomas.

La Revista británica Granta la destacó en 2021 entre los mejores escritores jóvenes de España.

Panza de burro (2020) es una novela singular, muy especial porque está escrita « en carne viva », sin ningún tapujo, con gran desparpajo y bastante vulgaridad. Del todo se desprende una gran frescura, una gran originalidad y ciertamente un hiperrealismo « a la italiana » años 50.

Es la historia de 2 chicas amigas-enemigas que salen de la infancia para entrar en una fase difícil y llena de zancadillas, como es la adolescencia. Es el verano tórrido de las dos amigas que viven encaramadas en las laderas de un volcán y que sueñan con ir a la playa distante de sólo 3 horas.

Viven en la pobreza, pero juegan y sueñan de manera libre. No tienen madre, sino abuelas que se ocupan de ellas como pueden. Porque las chicas son muy osadas, especialmente Isora, que sabe cómo actuar y cómo responder a los mayores. A la otra no le conoceremos el nombre, pero sabremos que sigue a sol y a sombra a su amiga Isora quien la llama simplemente shit. Es de esas típicas amistades fuertes de la adolescencia que estalla a menudo, con reconciliaciones bíblicas.

En el transcurso de ese verano que las verá surgir tal unas crisálidas, Isora y su amiga shit vivirán varias aventuras jocosas, a veces peligrosas, a veces tiernas, a veces terribles.

Todo este aflujo de emociones hará que el relato es entrañable, a pesar del vocabulario soez, al mismo tiempo que tragi-cómico (Isora llama a su abuela bitch, fuck bitch). El texto es muy coloquial con el hablar canario. Un hablar canario que me suena más cercano al español sudamericano que al español puro de la meseta castellana. Por ejemplo ese uso inmoderado del sufijo diminutivo ita, ito (cafecito, animalito, cosita).

En poco tiempo la autora aborda con acierto muchos temas fuertes de esta edad como el despertar de la sexualidad, los desórdenes alimenticios, la soledad, la falta de educación, la vida precaria de gentes que viven al borde de un turismo « idealizado » que no muestra nada detrás de las bambalinas, la suciedad ambiente, la falta de higiene, las familias descompuestas. En este contexto hay que integrar el título de la novela : panza de burro. Es el color panza de burro, un gris perpetuo en las alturas de Tenerife, hecho por las nubes y que hace que la gente casi no ve el sol, pero sufre de ese bochorno gris que lo cubre todo.

PANZA DE BURRO, Barrett 2020, ISBN 978-84-121353-3-6

Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro

Kazuo Ishiguro est un romancier, musicien et scénariste d’origine japonaise (Nagasaki 1954), naturalisé britannique en 1983. Il a reçu le Prix Nobel de Littérature en 2017.

Il écrit ses livres directement en anglais et presque tous ses romans sont écrits à la première personne.

Je n’ai pas lu, mais vu (peut-être 3 fois) le film magnifique de James Ivory de 1993, Les vestiges du jour avec Anthony Hopkins et Emma Thompson, d’après le roman éponyme d’Ishiguro. Il faut lire ce livre car l’histoire s’accorde bien au style détailliste-intimiste de l’auteur.

Auprès de moi toujours (Never let me go 2006) a été l’objet d’un film en 2010, dirigé par Mark Romanek (film non vu). Ce livre a été aussi finaliste du Booker Prize.

C’est un roman dystopique léger (avance médicale majeure dans l’Angleterre des années 90) et la confrontation d’un fait scientifique futuriste (les clones humains) à une réalité très terre-à-terre, riche en détails de la vie quotidienne dans un internat.

Le roman est écrit à la première personne et la narratrice est Kathy H. dite Kath, elle a 31 ans et a été accompagnante durant 13 années; elle aura effectué le parcours complet dans cette institution. C’est elle qui nous parlera de ses amis, en particulier de Tommy D. et de Ruth. Des amitiés en dents de scie avec leurs petits drames au quotidien. Il y a de la résilience chez tous ces jeunes, aucune révolte, une acceptation massive à leur sort, même si certaines questions se posent au long du parcours de formation. Est-ce que ce sont les gènes japonais de l’auteur qui lui inspirent tant de soumission?

Voici une lecture qui m’a coûté une lutte permanente pour ne pas arrêter, surtout au début, et ce, malgré la bonne écriture très accessible du Nobel. Il a fallu autour de 135 pages pour que je comprenne cette histoire de gardiens (pourquoi pas professeurs?), d’accompagnants et de donneurs.

Le détail de la vie des jeunes dans cette institution, Hailsham, vie tellement dépourvue d’affections et sans aucune allusion au passé, excepté les échanges entre « les élèves ». Ces élèves qui sont pris dès leur tendre âge et qui épiloguent, épiloguent, bavassent sans arrêt avec un niveau de conversation qui ne correspond pas à leur âge réel entre 7 et 10 ans.

Le temps passant, ces jeunes devenus presque adultes continuent de parler, parler nuit et jour, sur des sujets qui vont se répéter, inintéressants.

Vers la fin, lorsque l’auteur aura levé certains secrets, cette digression collective aura le mérite de provoquer notre pitié, notre empathie et notre questionnement éthique. Le seul sujet qui n’est pas abordé ici c’est le lucre autour de cette activité, car nous savons que de nos jours certains organes peuvent se monnayer, et ce, malgré des lois protectrices.

Une lecture épaisse qui me donnait par moments la sensation d’être enserrée dans une toile d’araignée de laquelle je ne pouvais pas m’en dépêtrer. Ouf à la fin.

Autre livre commenté : Quand nous étions orphelins

Affiche du film de 1993

AUPRÈS DE MOI TOUJOURS, Éditions des 2 Terres 2006 (KI 2005), ISBN 2-84893-019-5

Lejos (historias de gente que se va) de Santiago Roncagliolo

Santiago Roncagliolo es un escritor, guionista de telenovelas, dramaturgo, asesor político y periodista de investigación, de nacionalidad peruana (Lima 1975), residente en Barcelona desde 2000. Estudió Lingüística y Literatura en Lima.

Lejos (Historias de gente que se va) (2022) es un compendio de 12 relatos con experiencias de lejanía con respecto a la madre patria (Perú), historias que hablan de 20 años de la vida del escritor en Europa, o de vidas ajenas en España (Madrid, Barcelona) y que involucran a peruanos.

En su gran mayoría son varones que comparan vivencias criollas con vivencias europeas. Hay mucho sexo, alcohol, drogas, desesperanza, hasta mediocridad. Hay que reconocer que los cuentos son muy realistas con la excepción del último, El pasajero, que tiene una referencia hacia lo fantástico; están bien escritos, sin exceso de páginas de relleno, son claros, precisos y buscan la complicidad del lector.

Para Santiago Roncagliolo los relatos o cuentos son confidencias con cosas personales y lo que interesa al autor es describir el desarraigo de esa gente que no encaja en un marco de vida. Tenemos a personajes comunes, en situaciones comunes, pero con muchos matices. El autor se revela un fino observador y no carece de humor, aún en las situaciones más peliagudas.

Porque el humor en la literatura, para Roncagliolo, es un mecanismo de defensa, una manera de triunfar sobre las cosas que no se pueden cambiar.

Los tres últimos cuentos tienen personajes más oscuros y el autor no quiso eludir el tema de la muerte.

Hay metaliteratura en el libro, con evocación de autores que han influenciado al autor : Roberto Bolaño, Joyce Carol Oates, Richard Ford, Borges. (Un autor que lee es por lo general un auspicio de calidad).

Los dos cuentos que más me gustaron son Hombre al agua y Llorar es lo normal. El primero narra la historia de una pareja que se descubre (o se desconoce?) mutuamente durante el crucero de la luna de miel y el segundo narra el nacimiento de un primer hijo a padres neófitos en el extranjero.

Una lectura ágil que resultó de mediano interés para mi.

Otros libros reseñados : El amante uruguayoLa pena máximaJet lag. Oscar y las mujeres .

LEJOS…, Alfaguara 2022, ISBN 978-84-204-5499-3

Vers l’autre été de Janet Frame

Janet Frame est une écrivaine néo-zélandaise (Dunedin 1924-2004). Elle était d’une personnalité très introvertie et après une tentative de suicide, elle a été faussement diagnostiquée schizophrène en 1945 et internée en hôpital psychiatrique où elle subira quelques 200 électrochocs. C’est un des psychiatres de l’Institution qui a remarqué ses dons littéraires, ce qui a été à l’origine de sa libération, d’autant plus qu’elle a reçu un prix.

Elle a rapidement quitté l’île et s’est installée en Angleterre jusqu’en 1963, date à laquelle elle a consenti à revenir et où elle a signé ce roman déchirant qu’elle a refusé de publier de son vivant.

Vers l’autre été (Toward Another Summer 2007) a une héroïne, Grâce Cleave qui est en fait son sosie. Grâce écrit des romans, vit à Londres et a beaucoup de mal à se socialiser. Elle n’arrive pas à se connecter avec les gens et de ce fait elle éprouve d’énormes problèmes de communication orale.

Ce handicap la rend malheureuse car elle imagine le ressenti des personnes qui doivent la croire plutôt débile. Ceci, à l’évidence est démenti par ses écrits, écrits qui ont eu du succès.

Elle vit dans un monde fait de souvenirs du passé, embelli par une poésie de l’expression, une poésie qu’elle se crée elle même. Ainsi, elle se rêve comme un oiseau migrateur, l’un des nombreux oiseaux de son île natale.

La plupart de ses livres sont autobiographiques et en ce qui concerne celui-ci, elle a souhaité qu’il soit publié après sa mort car dans Vers l’autre été elle se livrait plus que dans ses autres écrits.

Je dois reconnaitre que j’ai eu beaucoup de mal avec cette lecture tellement « flottante », trop éthérée, entrecoupée de souvenirs très concrets sur son passé et son enfance. En même temps, je percevais trop bien son mal être, sa difficulté à s’exprimer pour les choses simples, une véritable souffrance qui surgit au fil des pages. Cela oui, cela m’a sincèrement chagriné et rendu la lecture pesante.

VERS L’AUTRE ÉTÉ, Éditions Joëlle Losfeld 2011 (JF 2007), ISBN 978-2-07-078788-3

Araña de Jon Bilbao

Jon Bilbao es un escritor, guionista de TV y traductor español (Ribadesella 1972); es también ingeniero en minas con una licenciatura en Filología Inglesa.

Me gusta este autor porque siempre me deja perpleja, ya que más allá de la historia contada, hay un submundo de alusiones, reflexiones e interrogativas. No es posible leer sus libros « al primer grado », es decir, quedándose sólo con la historieta, es necesario ahondar más. Su estilo es una literatura fragmentada, con capítulos bien hilvanados que nunca hacen perder el hilo al lector. Me recuerda el estilo de la Nobel polaca Olga Tokarczuk (cf Sobre los huesos de los muertos).

Araña (2023) es una secuela de Basilisco y de Los extraños, libros que me gustaron. El autor retoma los personajes reales (Jon el escritor y su entorno) y los ficticios (el personaje increíble del bandolero John Dunbar) y arma libros dentro de los libros creando un universo complejo, pero perfectamente armado. El escritor Jon Bilbao alega que no escribe auto ficción, pero el Jon de sus libros tiene muchísimo de un alter ego.

Araña tiene dos líneas narrativas : 1) el presente en Cantabria con Jon, un escritor que escribe relatos del Oeste con un personaje de pistolero, el entorno de Jon está en plena mutación : su ex, su actual pareja, sus hijos, la relación con el padre, etc. y 2) La ficción con las aventuras d’un John Dunbar en el Oeste americano, una especie de ideal masculino, verdadera bomba « testosterónica », que mata todo lo que puede cuando pierde la cabeza, y entonces se le llama Basilisco y todos lo temen, aunque el hombre lee La Ilíada… ; esta vez John Dunbar está en plena mutación, porque se ha humanizado con el conocimiento de una mujer especial, Lucrecia, que lo hará verse de manera diferente, más humana, menos heroica.

La araña simboliza en cierto modo esa alimaña que podemos llevar todos dentro de la cabeza y que de vez en cuando nos corroe la psiquis. La araña nos da una imagen triste, melancólica, apesadumbrada, con un sentimiento de culpa algo extraño. Jon, el escritor ficticio del libro, trata de zafarse de la araña escribiendo sus relatos. (En francés tenemos una locución que se utiliza bastante, « avoir une araignée au plafond » para designar un loco (no psiquiátrico), perturbado, chiflado, deschavetado, etc).

Jon Bilbao dice que le fue difícil escribir los libros precedentes, pero que ahora se deja llevar por sus sentimientos, es más emotivo. El final del libro es abierto, porque John Dunbar y Lucrecia viven una traición tan grande que necesita una réplica. Y Jon Bilbao está escribiendo la continuación de la saga para la felicidad de sus lectores con el firme propósito de darles un final respetuoso a los personajes, queriendo despedirse bien de ellos.

Magnífico Jon Bilbao que sabe escribir con extrañeza sobre los entornos familiares, que utiliza los viajes como catarsis y el resultado son libros que no se parecen a otros.

Otros libros reseñados : Los extraños, Basilisco. El silencio y los crujidos .

ARAÑA, Impedimenta 2023, ISBN 978-84-18668-84-5