Archive | mars 2023

Attachement féroce de Vivian Gornick

Vivian Gornick est une journaliste, activiste féministe et écrivaine nord américaine (New York 1935). C’est une autrice qui fait référence en « écriture autobiographique » (personal writing), un genre littéraire proche des mémoires.

Attachement féroce (Fierce Attachments, 1987) est paru alors que l’écrivaine avait 47 ans et sa mère 80; le livre a connu un énorme succès. Il fût considéré comme le meilleur mémoire de la deuxième moitié du siècle passé par le Times. Le livre a reçu deux prix littéraires en France : Prix Rive Gauche Paris et Meilleur Roman Étranger 2017.

Ce sont les mémoires chronologiques intimes de l’écrivaine, concernant essentiellement les relations très toxiques qu’elle eut avec sa mère, une mère bien particulière, envahissante, loquace, critique, impitoyable et très hystérique. C’est un livre gorgé de lucidité sarcastique avec des passages très crus.

Vivian Gornick était la fille de Louis et Bess Gornick, parents d’origine juive ukrainienne, elle avait un frère un peu plus âgé dont il ne sera pas du tout question dans le récit. Son père mourra de crise cardiaque alors que Vivian était adolescente. Sa mère fera pendant des années une dépression ponctuée de véritables crises d’hystérie.

Elles habitaient un quartier populaire de la proche banlieue prolétaire de New York où tout l’immeuble était occupé par des familles juives qui se côtoyaient et se connaissaient bien. Mais sur le même palier, habitait la seule goy de l’immeuble, Nettie Levine marié avec un marin, presque toujours absent.

Les disputes entre mère et fille sont homériques, violentes, déstabilisantes. Mais cette mère excessive aura une action primordiale : elle poussera sa fille à suivre des études supérieures.

La mère de Vivian, se considérait une femme supérieure parce qu’elle avait un peu d’instruction, mais surtout parce qu’elle était la seule de l’immeuble à parler l’anglais sans accent; c’était une femme accrochée à la notion d’amour romantique, alors que Nettie, la voisine que Vivian fréquentait beaucoup et adorait, avait une autre position, nettement plus libérée. Peu à peu va se former la personnalité d’adulte de Vivian entre ces deux femmes si différentes. Pour la mère, l’amour est une notion abstraite que se suffit à elle même, alors que Nettie conçoit l’amour par le sexe.

Cette ambivalence perturbera beaucoup Vivian qui aura plusieurs expériences de couple ratées, avortées par la difficulté qu’elle avait de se situer comme entité et de vivre pleinement ses relations.

A la fin , mère et fille finiront seules, elles arpenteront de façon inlassable les rues de New York, avec souvent une dispute bruyante au sujet des incessantes critiques de la mère envers sa fille, mais aussi dans l’autre sens. C’est vraiment de l’amour / haine.

Un livre qui remue, un livre fort qui parle avec justesse de choses intimes; j’ai surtout apprécié la deuxième partie qui m’a semblé plus intéressante, plus intense encore, proche d’une psychanalyse. Le livre est si riche en situations et sensations que une deuxième lecture s’en imposerait presque.

Vivian et sa mère

ATTACHEMENT FEROCE, Rivages 2017 (VG 1987), ISBN 978-2-7436-3867-2

Salvo mi corazón, todo esta bien de Héctor Abad Faciolince

Héctor Abad Faciolince es un escritor, traductor y periodista colombiano (Medellín 1958).

Le leí su hermoso libro El olvido que seremos (2006), un libro-homenaje al padre médico, asesinado en plena calle por los paramilitares; un libro dos veces premiado y llevado al cine por el director español Fernando Trueba en 2020, film seleccionado en Cannes y film ganador del Goya a la mejor película iberoamericana de aquel año. También le leí Traiciones de la memoria (2009) que sería la continuación del anterior, otro libro precioso, con buena prosa, original en su presentación : 3 relatos, el primero es la búsqueda del origen del poema que se halló en un bolsillo del padre asesinado, finalmente un poema inédito de Borges. En el libro se exponen ideas excelentes acerca de lo que es la memoria con el juego del tiempo, que olvida y superpone.

Salvo mi corazón, todo esta bien (2022), es un libro-hijo de la pandemia, una novela que lleva en el título un fragmento de poesía del colombiano Eduardo Carranza; una novela inspirada en un personaje real, el sacerdote Luis Alberto Álvarez, alias « el Gordo » enfermo de insuficiencia cardíaca dilatada, que necesitó transplante cardíaco en Medellín, una ciudad al tope de la técnica por los miles de muertes en las décadas finales del siglo XX, con el corolario atroz de tener plétora de órganos para transplantar.

Los capítulos del libro llevan en orden, todas las letras del abecedario, de A a Z. Ello correspondería a un código secreto del autor dónde la letra del capítulo corresponde a una palabra clave.

El escritor Abad Faciolince conoció al personaje inspirador del cura literario (Luis Córdoba) y supo de la necesidad que tuvo de refugiarse en un domicilio más cómodo, más adecuado a su estado de salud precario, mientas esperaba el transplante. Por sus relaciones, el sacerdote llegó al hogar de Teresa, madre divorciada con dos hijos y una criada madre soltera. El hecho de que un cura conviviera con dos mujeres y tres niños bajo un mismo techo, desató la curiosidad del escritor y pensó en este libro, aunque advierte al lector que lo que pasó detrás las puertas, es pura ficción. Casi paralelamente, Héctor Abad Faciolince agravó una enfermedad cardíaca preexistente mientras escribía esta novela, lo que lo incitó a informarse sobre la patología cardíaca. El escritor piensa que esta relación fortuita entre los dos casos patológicos, explica el resultado con un texto muy íntimo.

Es una novela que rebosa belleza, belleza por el lado bueno de lo humano : la amistad, la paternidad, la familia, el matrimonio (donde los de afuera quieren entrar y los que están adentro quisieran salir), las vocaciones, la música, los libros, la buena comida.

Los narradores del libro son tres : Aurelio Sánchez un cura académico erudito en la Biblia y que ha convivido 20 años con el padre Luis Córdoba, el propio Luis Córdoba y Joaquín Restrepo el ex marido de Teresa, la tierna persona que acoge al padre Córdoba en su casa. Joaquín representa a los nuevos padres, esos que dejan esposa e hijos para ir a experimentar bajo otros techos.

Luis Córdoba es un sacerdote sibarita, él ama la vida, irradia bondad, tolerancia y erudición. A sus 50 años deberá someterse a un transplante cardíaco y para estar en mejores condiciones de espera, irá a refugiarse a un domicilio con dos mujeres y tres niños. En este domicilio sin hombres, el cura descubrirá la alegría que le procura esta « paternidad » de procuración. Durante la estadía descubrirá el sentimiento de cariño que puede surgir entre dos personas, descubrir la sensación de que otra persona le toque su piel, una piel que nadie tocó desde su tierna edad.

Aurelio Sánchez es un cura gay, no se avergüenza de reconocerlo y el tema permite adentrarse en el espinoso tema del celibato impuesto a los sacerdotes; además hay muchas reflexiones interesantes sobre la religión, la muerte, la dualidad entre el cuerpo y el espíritu. Héctor Abad Faciolince es un ateo convencido y supo escribir con gran humanidad sobre dos curas rebosantes de bondad y de tolerancia hacia el prójimo.

Un libro que irradia cierta belleza del alma.

…El corazón, para que nunca deje de bombear hasta las neuronas para que nos den la sólida ilusión de que tenemos un alma, voluntad, la sensación de ser lo que somos, la quimera del libre albedrío, una memoria vaga de lo que fuimos, una intensa ansiedad por no saber lo que somos o lo que no somos, y unos anhelos insensatos de lo que seremos.

SALVO MI CORAZON, Alfaguara 2022, ISBN 978-84-204-6185-4

Bon sucre, mauvais sucre d’Allen Carr

Allen Carr était un essayiste et écrivain britannique (Londres 1934-Malaga 2006), ancien expert comptable devenu très connu avec son manuel pour arrêter de fumer, essai qui sera suivi de plusieurs autres, toujours centrés sur les addictions (perdre du poids, arrêter les drogues, arrêter l’alcool, les ludopathies, etc).

Je dois dire avec franchise que je n’ai pas adhéré du tout au message véhiculé dans ce livre. j’ai trouvé que le ton était assez primaire pour déclarer la guerre au sucre transformé (raffiné), mais aussi aux hydrates de carbone en général (pain, pâtes, riz, pommes de terre, céréales) qu’il faudrait éradiquer à vie; et ce, malgré notre « lavage de cerveau« (sic) depuis l’enfance et la Croisade permanente de l’industrie agroalimentaire profiteuse qui nous fourgue leur camelote de mal-bouffe, bourrée de sucres et autres additifs.

Il m’a semblé que le message était beaucoup trop écarté d’une ligne scientifique et transformé en litanie insupportable.

Dans le tas, quelques notions intéressantes et saines comme de manger une grande variété de fruits plutôt à jeûn et à l’état naturel, c’est à dire non mixés comme dans les smoothies où les fibres sont cassées; écouter son corps et la sensation de faim, respecter les délais entre deux absorptions, tenir compte des calories en fonction des dépenses énergétiques, etc.

C’est vrai que l’obésité galope dans le monde occidental avec son corollaire, le diabète de type 2, et qu’il faudrait éduquer les masses de façon plus sérieuse et régulièrement pour leur apprendre à mieux manger. Mais de là à tenir un discours abrutissant et répétitif!…

Autre livre commenté : La méthode simple pour perdre du poids .

BON SUCRE, MAUVAIS SUCRE, Pocket 18004, 2020 (AC 2016), ISBN 978-2-266-31177-9

El camino del fuego (5) de María Oruña

María Oruña es una novelista, columnista y abogada española (Lugo 1976).

Ha tenido gran éxito con la serie policial Los libros del Puerto Escondido con la teniente Valentina Redondo, que llevaría ese apellido en honor a Dolores Redondo, la escritora exitosa de la serie del Baztán. Por el momento María Oruña ha publicado cinco entregas, de las cuales sólo he leído la tercera, Donde fuimos invencibles (2018). En orden tenemos Puerto Escondido (2015), Un lugar a donde ir (2017), Donde fuimos invencibles (2018), Lo que la marea esconde (2022) y éste, el quinto.

El camino del fuego (2022) es la quinta aventura con la teniente Valentina Redondo de la Guardia Civil. Aparentemente ha pasado algo muy feo en el cuarto episodio porque varias veces en el texto se hace alusión a hechos que ignoro; habrá que leer de toda urgencia el cuarto tomo: Lo que la marea esconde (2021).

Esta vez Valentina y su novio escocés Oliver Gordon están de vacaciones en Escocia. El padre de Oliver ha adquirido el castillo de Huntly, en ruinas, pero que perteneció al clan poderoso de los Gordon en el siglo XVII, los Gordon son rivales seculares de otro clan potente, los Forbes. Visitando el castillo con el arquitecto para programar los trabajos, se dan cuenta de la existencia de una pieza oculta que ha resultado tapiada por 200 años. En ese cuarto encontrarán algunos libros valiosísimos y muchos papeles antiguos. Incluso se habla de las memorias de Lord Byron, desaparecidas y hoy en día de un valor inestimable.

Rápidamente surge un asesinato y un incendio concomitante. Todos los participantes del grupo son sospechosos ( a la manera de una novela de Agatha Christie). Es el incendio que justifica el título del libro, cito…Si queréis saber lo que ha pasado en ese viejo palacio queridos, tendréis que buscar el camino del fuego.

Al mismo tiempo que el relato actual, se alterna la historia de Mary Mc Leod, una rica heredera del siglo XIX, una chica lista y cultivada que se dejó seducir por un apuesto caza-dotes francés que trabajaba en la librería donde Mary se surtía en libros y en aparejos de escritura. Seguiremos paso a paso la aventura de la joven escocesa hasta el desenlace final.

Las dos historias se cruzarán porque el interesado galán francés para poder pretender a Mary quería ganar rápidamente dinero con escritos antiguos, de donde surgirán las codiciadas memorias de Byron.

La encuesta policial actual será llevada por excelentes policías locales y Valentina tendrá que frenar su ardor de investigadora. Ella y su novio pasarán por tensos momentos, que son poca cosa ante la magnitud del daño sufrido por el padre de Oliver. Hay también momentos divertidos que aligeran el texto.

Encontré que es un grato y calmo momento de lectura, con dos historias muy diferentes y muy bien organizadas, con momentos francamente interesantes por los nexos literarios por lo que es también una obra muy metaliteraria con múltiples citaciones de autores escoceses. Sólo encontré que el final está un poco apresurado, como un parche para concluir el relato. Y noté que la encuesta policial pasa por encima del hecho que la víctima recibió dos golpes mortales, lo que desacredita la versión de legítima defensa.

Otros libros reseñados : Donde fuimos invencibles (3), El bosque de los cuatro vientosLo que la marea esconde (4)

EL CAMINO DEL FUEGO, Destino 2022, ISBN 978-84-233-6158-8

Le Fusil de chasse de Yasushi Inoué

Yasushi Inoué était un écrivain japonais (Asahikawa 1907, Tokyo 1991), Il a été plusiers fois primé et ses oeuvres adaptées au cinéma ou au théâtre.

Le Fusil de chasse (1949) c’est l’oeuvre la plus connue de l’auteur, elle fût adaptée en 1998 par Michèle Reverdy comme Opéra de chambre et en 2010 pour le théâtre par l’écrivain Serge Lamothe au Québec. Ensuite l’oeuvre fût adaptée à Tokyo en 2011 par François Girard et en France, l’actrice Laure Calamy en a fait une lecture en 2018. Un film a été tourné en 1961 par Heinosuke Gosho (non vu).

Ce roman court de 88 pages, dans cette édition, est une vrai pépite et tellement représentatif de la littérature nippone : tout en retenues, en non dits, mais en même temps avec une violence souterraine, latente, jamais frontale. La qualité de la traduction est remarquable car on a l’impression de lire un texte dans la langue originale, tellement les nuances sont bien rendues; pour cette version les traducteurs sont trois !

C’est un roman épistolaire et polyphonique qui se situe en octobre 1947 et comporte une introduction et 3 lettres. Dans l’introduction le narrateur, auteur d’un poème paru dans une revue de chasse, explique qu’il a reçu une lettre de Josuke Misugi lui expliquant que lui, Misugi, se sent démasqué dans ce poème car le personnage lui colle comme un gant. Josuke Misugi est, de toute évidence, un nom d’emprunt qu’il utilise pour écrire au narrateur. Nous connaitrons ce dernier comme « le chasseur », auteur d’un poème paru dans la revue Compagnon du chasseur, un poème où l’on fait un rapprochement entre un fusil de chasse et l’isolement d’un être humain, en se servant de la signification symbolique du fusil. Effectivement Misugi se sent complètement identifié avec l’ homme décrit dans le poème; après quelque préambule, il écrit au chasseur en lui indiquant qu’il lui enverra trois lettres qu’il devrait lire, puis les brûler.

Ces trois lettres émanent de 3 femmes, 3 femmes avec 3 avis. La première émane de Shoko, la fille de Saïko qui fût la maitresse de Josuke Misugi pendant 13 années. Maintenant elle est morte et Shoko veut faire savoir à Misugi qu’elle était au courant de cette liaison et que sa mère lui a demandé de brûler son journal intime après son décès. Elle sera très choquée par les révélations et ne veut plus jamais croiser Josuke Misugi.

La deuxième lettre est de Midori Misugi, 33 ans, l’épouse de Josuke et cousine de Saïko, elle lui annonce qu’elle était au courant de sa longue liaison avec Saïko depuis 1934, quand sans être vue, elle avait surpris Josuke et Saïko alors qu’elle était une jeune mariée de 20 ans; aussi elle fait état de ses souffrances et elle lui demande le divorce.

La dernière lettre est celle de Saïko, sa maitresse durant 13 ans; elle lui annonce son suicide et lui confie quelques réflexions dans une lettre posthume où, pour la première fois, elle sera elle même. Plusieurs fois elle avait essayé de rompre avec lui, mais elle était apitoyée par l’immense mélancolie et solitude que dégageait Josuke.

Les aspects psychologiques du drame sont différents dans chaque lettre.

Un petit roman qui cache beaucoup de choses et qu’il faudrait relire plusieurs fois. Je pense qu’à chaque nouvelle lecture mon impression sera modifiée. Une pépite, disais-je.

LE FUSIL DE CHASSE, Livre de Poche N°3171 (YI 1949), ISBN 2-253-05901-3

Feliz final de Isaac Rosa

Isaac Rosa es un escritor español (Sevilla 1974), galardonado con varios premios y es verdaderamente un autor polifacético, conspicuo y pertinaz.

Feliz final (2018) es una novela demoledora de veracidad. Un libro que lleva más de 25 000 ejemplares vendidos y va por la sexta impresión, considerado como el mejor libro de 2018. El libro será adaptado para el cine por Helena Taberna, así como ya sucedió con otros libros del autor : El vano ayer bajo el título de La vida en rojo, El país del miedo, La mano invisible. Feliz final lleva varias referencias al film de Rossellini de 1954 Te querré siempre.

En una entrevista Isaac Rosa decía que esta es una novela política porque tiene mucho que ver con el orden social en el que vivimos actualmente. Dice que hizo del amor de los protagonistas, una relación cerrada en la que están dando vueltas en torno a si mismos porque se pasan toda la novela hablando sobre ellos. Porque hoy en día tenemos un sentimiento de soledad enorme y el amor es la tabla a la que agarrarnos en un momento de naufragio social. Puede sonar algo ingenuo, pero yo creo que el amor podría ser todo lo contrario al capitalismo y a la lógica de mercado en la que vivimos inmersos. Por desgracia, termina convirtiéndose en la puerta trasera por la que se nos cuela todo eso. Vivimos en un sistema capitalista que nos quiere enamorados, porque cuando estamos enamorados consumimos más.

Feliz final es una (enésima) historia de un naufragio de pareja al cabo de 13 años. La novela está armada de manera original : se empieza por el epílogo y capítulo a capítulo se va retrocediendo en el tiempo hasta la época en que ellos se conocieron y se amaron por la primera vez. Es una novela con sólo dos voces, la de Antonio en caracteres normales y la de Ángela, en cursiva. Al principio cada uno tiene capítulos enteros, luego se van compartiendo los capítulos y luego se irán mezclando los párrafos, para al final, mezclarse en un mismo párrafo, en aquella época que se creían uno solo. Todo está compaginado a la perfección.

Es una novela de un realismo alucinante y aunque yo no puedo compartir casi nada con el relato, he sabido de tantas y tantas rupturas matrimoniales, siempre con dos versiones, casi siempre incompatibles para quien ha frecuentado las dos partes; pienso que mucha gente se sentirá emocionada ante la avalancha de momentos infelices de carácter universal. Imagino que un relato tan fuerte emocionalmente debe contenir situaciones ya vividas, aunque Isaac Rosa precisó en algún momento que había cuestionado a muchísimas parejas para dar vida a sus dos personajes en crisis, Ángela y Antonio.

¿Qué sucedió a Ángela y Antonio tras 13 años de cohabitación, dos hijas, crisis diversas ? Pues se les murió el deseo con la rutina y no tenían mucha comunicación. Y la muerte del deseo en una pareja de cuarentones, ella profesora y él periodista, es sólo resurgimiento de nuevas sensaciones porque las hormonas que rigen el comportamiento erótico-social están en su mejor momento.

Ahhhh, el amor, este estado de imbecilidad transitoria como decía Ortega y Gasset. La mayoría de las parejas no saben que hay que negociar el sentimiento con el paso del tiempo y lo que pudo ser en un principio un incendio, sobre todo si primaba la pasión, va a evolucionar por etapas hasta…hasta el aguante de cada pareja.

El relato de la vida diaria, del desgaste de la pareja Ángela-Antonio, es tan vívido, tan realista, tan emocionalmente fuerte, que el lector puede sentirse voyeur y acongojado por la amplitud de las consecuencias. Como la relación de esta pareja dura 13 años y que cada uno mantiene sus posiciones y su discurso, pues encontré que hay muchas repeticiones en el texto, lo que era inevitable.

Está demás decir que al término de la lectura el lector está KO, simplemente anonadado de tanta tensión emocional y de la exactitud de los planteamientos, de las dificultades del entorno, de la complejidad de las cosas, de la inmensa soledad en que vivimos, rodeados con mucho ruido, pero solos.

Me ha encantado lo que leí en la reseña del blog de Andrea Núñez-Torrón y lo cito aquí por su aguda pertinencia… Feliz final comienza en la mudanza tras la ruptura y rebobina los acontecimientos a través de los monólogos internos de sus dos protagonistas: dos caras de la misma moneda, diferentes ópticas de esa lenta devastación, la contradicción entre las decisiones vitales y la propia ideología, la erosión de la rutina como una mandíbula apretada, el cuidado de los hijos, la atomización social y el individualismo como un monstruo: amigos que se separan, trabajos que no permiten respirar, épocas de bonanza económica y sueños de emigración rural seguidas de insomnio y facturas: ¿la curva de la felicidad de una pareja es paralela a la de su cuenta bancaria común? ¿Cómo tomar partido ante la crianza natural, la infidelidad, la vejez, la soledad, la insatisfacción instalada de forma perenne, como un piso sin calefacción? O sobre todo, ¿en qué momento las cosas se torcieron? Una novela original y personalísima que no se lee, se siente.

Un libro crudo, excelente, devastador.

Otro libro comentado : Lugar seguro,

FELIZ FINAL, Seix Barral 2018, ISBN 978-84-322-3410-1

Les courriers de la mort de Pierre Magnan

Pierre Magnan nous a quittés en mai 2012, laissant derrière lui une oeuvre vaste et puissante , qui fleure bon la Provence. J’ai un vague souvenir de Pierre Magnan à l’occasion d’un ou plusieurs « Apostrophes » de Bernard Pivot que je ne manquais jamais, refusant toute sortie ou n’invitant jamais le vendredi soir « Apostrophes » oblige ! Quelqu’un m’a dit hier, lorsque je vantais Magnan, que tout simplement il n’était pas à la mode car les lectures à connotation régionale  n’étaient pas en tête des ventes.- Vé, Voueï, qué- ils ne savent pas ce qu’ils perdent les braves gens à lire des choses compliquées et modernes qui n’apprennent rien sur la vie, alors que chez Magnan tout est si vivant.

Pierre Magnan était un homme d’habitudes et connaissait très bien son terroir parce qu’il ne l’a jamais quitté. Il prenait tous les matins son petit déjeuner au Café du Bourguet qui était son jardin secret à Forcalquier, il y avait la table du fond à gauche, où, discret il lisait son journal, faisait son courrier, recevait  et observait…Il est né à Manosque et décédé à Voiron dans l’Isère; il a été inhumé à Revest Saint Martin, petite commune de 84 âmes à 7 Km de Forcalquier.

Deux séries pour la TV ont été adaptées de certains romans de Pierre Magnan. La première avec seulement deux épisodes et Julien Guiomar dans le rôle du commissaire Laviolette. La deuxième série comportait 8 épisodes de plusieurs réalisateurs et Victor Lanoux dans le rôle phare.

Quel plaisir que de relire Pierre Magnan, c’est déjà le cinquième livre commenté dans ce blog. Ses livres sont vraiment de la littérature car son écriture est somptueuse. C’est de la littérature de terroir, faite d’une verbe descriptive plutôt rare.

Les courriers de la mort (1986) est une nouvelle enquête avec le commissaire Modeste Laviolette, aujourd’hui heureux retraité entouré de ses chats errants. Son vieux complice, le juge Chabrand viendra lui demander de l’aide pour un nouveau cas criminel qui se passe à Barles. Les deux personnages se connaissent bien et se détestent cordialement parce qu’ils sont totalement antinomiques. Les crimes vont se succéder, toujours annoncés par des lettres anonymes et il y aura de plus, quelques assassinats collatéraux, pour pimenter le tout.

L’affaire criminelle touche de vieilles familles des alentours, des familles enrichies et touchées par l’avarice depuis des générations, des familles au sein desquelles la rancune est tenace. Ce sont les héritiers qui sont impliqués dans une vengeance que Laviolette soupçonne de venir de loin…Et l’enquête commence au pas de tortue. L’ex commissaire Laviolette étant au courant de beaucoup de secrets de famille dans sa région.

Je me suis régalée, presque extasiée par moments, même si j’ai ressenti quelques lourdeurs vers le milieu du livre.

On lit Pierre Magnan secondairement pour l’histoire policière. On le lit pour son écriture ensoleillée, sa faconde, ses personnages truculents ayant des profils psychologiques très fouillés, sans oublier son humour, toujours présent (La Félicie mentait effrontément depuis 8 jours, or, étant célibataire, elle n’était pas entraînée au mensonge et mentir la rendait malade). On lit Magnan aussi pour son descriptif sans égal du terroir, les Alpes de Haute-Provence, autrefois Alpes du Sud. Il sait parler si bien de ses paysages, de ses montagnes, de ses torrents, de ses orages et du vent… Oh le vent du Sud, c’est un personnage à part entière, tellement il façonne les gens, les lieux (la sonore solitude de ces lieux, où les torrents, les ruisseaux et les vents s’emparent seuls du silence et grignotent la terre pour la drainer vers la mer).

Un paragraphe choisi pour montrer son style…L’orage tournait en spirale au-dessus de la clue (ouverture faite par la rivière Bès dans une barre calcaire). Il paraissait avoir atteint son golfe, son port d’attache, le nid où, sans vergogne, il pouvait s’ébattre à coeur joie. Il illuminait de grandioses bouquets jusqu’au sommet du Blayeul, jusqu’aux éboulis de la montagne de Chine. Il irisait les cataractes qui sciaient les millefeuilles de schistes verticaux au-dessus des étroits. Les parois abruptes de la clue se renvoyaient d’une diaclase (fissure d’une roche sans déplacement) à l’autre ses excès tonitruants. On ne savait pas de quel coup de foudre antérieur le prochain tonnerre était le fils tant ils se chevauchaient dans le temps, les uns les autres.

Victor Lanoux dans le rôle de Laviolette

Autres livres commentés : Les charbonniers de la mortLe tombeau d’HéliosLe sang des Atrides. Laure du bout du monde

LES COURRIERS DE LA MORT, Folio N° 1986,1990 (PM 1986), ISBN 2-07-038074-2