Anna Hope est une actrice et écrivaine britannique (Manchester 1974); elle possède une maitrise en création littéraire.
Le chagrin des vivants (Wake 2014) est son premier roman, il lui a demandé deux années de travail; le livre raconte sur 5 jours la vie de 3 femmes en novembre 1920 lorsque le Royaume Uni s’apprête à recevoir les restes du Soldat inconnu ramenés depuis la France en grande pompe, afin de trouver un lieu où rendre hommage à tant de soldats restés sur un sol étranger (presque 900 000 morts militaires pour l’Angleterre).
On ne finira jamais de parler de la PGM…tant elle fut atroce pour cette génération. Cette fois l’action se situe en Angleterre avec un panorama des contre-coups de la guerre, et ce, sur les gens ordinaires.
Nous avons trois femmes deux ans après la fin de la guerre : Ada, une mère qui ne se console pas de ne pas avoir récupéré le corps de son fils pour pouvoir en faire le deuil; Evelyne, une femme qui a perdu son fiancé et un doigt de la main en travaillant pour l’armement et ne s’en remet pas et Hettie, une toute jeune femme qui essaie de vivre en se louant comme danseuse de compagnie à 6 pence la danse, dans un local où triomphe le jazz , nouveauté arrivée des USA.
Ces trois cas humains au milieu de soldats estropiés qui mendient dans les rues, des soldats en état de choc post traumatique, de l’appauvrissement général où tant de femmes sans hommes doivent trouver un travail, etc.
En italique nous avons le récit de l’exhumation du corps du Soldat inconnu, arraché nuitamment en France, en choisissant arbitrairement et au hasard quelques restes délabrés de pauvres soldats tombés et restés sur place, selon la décision du gouvernement britannique.
Ce sera le déplacement de ces restes vers la Patrie qui servira de fil conducteur à ce roman bouleversant et, comme point culminant, l’arrivée des restes à l’Abbaye de Westminster le 11 novembre 1920 où un hommage national leur sera rendu. Et Ada, ayant toujours l’espoir de récupérer les restes de son fils assiste à la cérémonie et on peut lire page 364…Alors que le silence s’étire, quelque chose devient manifeste. Il n’est pas là. Son fils n’est pas à l’intérieur de cette boîte. Et pourtant elle n’est pas vide, elle est pleine d’un chagrin retentissant : le chagrin des vivants. Mais son fils n’est pas là.
Autre livre commenté : La salle de bal . Le Rocher blanc .
LE CHAGRIN DES VIVANTS, Gallimard 2014, ISBN 978-2-07-014725-0