Archive | Mai 2022

Le ruban d’Ito Ogawa

Ogawa Ito (à la japonaise: nom suivi du prénom) est une romancière japonaise (Yamagata 1973).

Le Ruban (2013) est son second roman où l’auteure nous narre une belle histoire pleine de poésie, d’écologie et d’humanité; tout ceci charrie beaucoup d’émotion autour des oiseaux.

Sumire est une grand mère excentrique, ancienne chanteuse à succès, qui observe les oiseaux depuis sa chambre. Un jour elle verra des parents abandonner le nid en y laissant 3 oeufs à incuber. A l’aide de sa petite fille, Hibari, elle va récupérer les oeufs et installer la cuvaison dans son chignon, veillant aux mille détails nécessaires pour cet exploit qui va durer 3 semaines. Cette cuvaison va donner l’éclosion d’un seul oisillon de perruche calopsitte, de la famille des cacatoès, qu’elles baptiseront Ruban, comme le ruban invisible qui va les relier dorénavant.

Sumire (violette) n’est pas la vraie grand mère de Hibari (alouette) parce que Sumire a adopté un orphelin qui sera un jour le père d’Hibari, mais elle est considérée comme telle et vit avec eux. Elle adore Hibari qui le lui rend bien.

Après l’avoir apprivoisé six mois, un jour de fête, Ruban prendra son envol laissant Sumire et Hibari très tristes.

Par la suite ce sont plusieurs histoires autour de la présence d’un oiseau, et des histoires bien humaines où la perruche sert de catalyseur de peines ou combleur de solitudes. L’oiseau qui relie ces histoires est Ruban au fil de ses errances. Toutes les histoires sont imprégnées d’une douce nostalgie, et d’un rôle important pour la nature, ainsi que d’une touche de merveilleux-fantastique, de façon un peu plus subtile que chez Haruki Murakami.

La série d’histoires (9) est auto-conclusive puisqu’à la fin du livre referont leur apparition Hibari et Ruban, bien des années plus tard. Ruban sera penché au sommet de l’arbre qui abritait le nichoir abandonné avec les 3 oeufs. C’est Hibari qui clôt le recueil car il réapparait et chante lorsqu’elle ensevelit une partie des cendres de Sumire au pied de l’arbre.

Sous une plume délicate, on sent l’arrière plan de philosophie zen.

LE RUBAN, Éditions Philippe Picquier 2014 (IO 2013), ISBN 978-2-8097-1029-8

El zambullidor de Luis do Santos

Luis do Santos es un escritor uruguayo (Calpica 1967).

El zambullidor fue publicado en Francia bajo el título de L’enfant du fleuve con la Editorial Yovana.

El zambullidor es una novela corta de 80 páginas, una novela de formación que narra la vida de un adolescente en un poblado en el borde del río Uruguay, entre Brasil y Argentina. Es gente pobre que vive del río y de la agricultura. El chico sufre de soledad y de falta de afección, entre un padre violento y taciturno y una madre que no tiene tiempo para darle cariño. El río Uruguay, de 1600 Km de recorrido nace en Brasil y termina en el Río de La Plata; en una parte de su recorrido el río sirve como límite natural entre Brasil y Argentina y en otra parte, entre Brasil y Uruguay.

El padre tiene un talento especial y muy reconocido, es el zambullidor del título del libro, un hombre que es capaz de resistir varios minutos bajo el agua tumultuosa del río en apnea. Por esta razón siempre se le busca cuando hay que efectuar reparaciones bajo el agua. Pero eso no es todo, también tiene el don de encontrar siempre a los ahogados en el río, que son numerosos.

En este contexto el chico siempre busca situaciones difíciles para llamar la atención y por lo general le resultan muy mal: cada vez recibe una paliza memorable. Cuando se ve acosado y perseguido, se refugia en lo alto de un árbol de donde baja solo de noche, y es el momento que escoge el padre para administrarle la paliza.

Cuando conoce a Emilio, un chico de su edad será el más feliz de la tierra. Juntos organizan aventuras y travesuras que por lo general terminan también mal. El chico también adora a su perro Titán que él salvó del ahogo en el río.

Pero la vida le reserva sorpresas. Su amigo Emilio desaparecerá un día sin preaviso, Titán será mordido por una serpiente que lo dejará inválido. Él mismo será mordido por otra serpiente y terminará un tiempo en el hospital. Serán días felices porque tendrá la presencia permanente de la madre a su cabecera, por fin manifestando el amor y la dedicación que ella no puede darle con el diario vivir.

Una historia bonita sobre la memoria, la amistad, escrita en un lenguaje casi musical que viene de la omnipresencia de ese río Uruguay, otro personaje de la novela.

Río Uruguay y sus 1600 Km

EL ZAMBULLIDOR, Tiempo de Papel Ediciones 2020, ISBN 978-84-092-5682-2

Premier sang d’Amélie Nothomb

Amélie Nothomb est le nom de plume de Fabienne Claire Nothomb, écrivain belge (Etterbeek 1966) d’expression française. Ella aurait écrit plus de 80 romans, mais publié qu’un seul par an depuis 1992 (Hygiène de l’assassin). C’est un écrivain prolifique aux habitudes bien connues : elle écrit entre 4 et 8 heures du matin, sur un cahier d’écolier et avec un Bic bleu.

J’avais lu seulement deux ouvrages avant la création du blog:  Stupeurs et Tremblements (1999), Prix de l’Académie Française et Prix des libraires du Québec, un roman excellent sur le choc des cultures; le film d’Alain Corneau (2003) au titre éponyme était aussi excellent. Puis Ni d’Ève ni d’Adam (2007) lauréat du Prix de Flore, une histoire d’amour entre une belge et un japonais qui va durer deux ans.

Premier sang (2021) a été recompensé avec le Prix Renaudot 2021; ce serait le 30ème roman de l’autrice ! On dit que ce serait son roman le plus personnel et la teneur m’a semblé quelque peu différente, mais on retrouve le style nothombien fait de phrases courtes et d’un don d’observation aigu avec cette fois beaucoup d’humour.

Oui beaucoup d’humour pour nous livrer une histoire où elle donne la parole à son père Patrick Nothomb depuis sa naissance jusqu’à ses premières années de diplomate au Congo, avant la naissance d’Amélie.

La famille Nothomb est de bonne lignée, quoique désargentée. Lorsque le père d’Amélie, Patrick Nothomb était petit, sa mère veuve l’envoyait dès ses 6 ans au château du grand père paternel, au Pont d’Oye, car Patrick était l’héritier du titre et du domaine. Ce grand père était très excentrique, il se disait poète et laissait le domaine à l’abandon. Car le château n’était que courants d’air et privations. Ce grand père était remarié avec une femme beaucoup plus jeune qui lui avait donné une ribambelle d’enfants dont certains étaient aussi jeunes que lui même.

Les premières grandes vacances au château ont tellement plu au petit Nothomb malgré les misères à tour des bras, qu’il s’y est rendu à toutes les vacances été comme hiver, à partir de 6 ans. Car au château il retrouvait toute une bande de sauvageons pour s’amuser et dont certains étaient ses oncles ! Et ce sera au Pont d’Oye qu’il découvrira une aversion à la vue du sang frais : à chaque fois il s’évanouira.

Parmi les loufoqueries de l’endroit, il existait la coutume d’alimenter d’abord le grand père qui se nourrissait comme un vrai ogre, puis les grands enfants. Les plus jeunes n’avaient que des restes et parfois même pas de restes, se contentant de quelques miettes de pain.

Patrick Nothomb a fait des études de Droit à Namur, dans l’idée de se consacrer à la Diplomatie. Lorsqu’il a eu l’âge de se marier, la jeune femme choisie a été refusée catégoriquement par le grand père qui considérait qu’elle n’avait pas suffisamment de pedigree pour la famille.

La force de caractère de Patrick Nothomb était remarquable puisqu’il l’ a épousée à 20 ans. Le jeune Nothomb était amoureux de la fille et très séduit par son beau-père car il remplissait avec bonheur le vide laissé par la mort de son propre père.

Sa première affectation fut le Congo Belge comme consul à Stanleyville durant l’été 1964. Dès août , la prise de 1500 otages Blancs par des rebelles a fait le tour du monde. Patrick Nothomb en faisait partie et était le principal négociateur. Il a échappé de peu au peloton d’exécution car plusieurs otages ont été exécutés. Le Consul vivait dans l’angoisse de perdre la face comme négociateur en cas de profusion de sang.

Quatre mois plus tard les otages furent libérés par des parachutistes belges, Patrick Nothomb faisait partie des rescapés.

Une belle histoire, bien racontée, retraçant la vie de ce père qu’elle a aimé. Patrick Nothomb est décédé en mars 2020 lors du premier confinement d’une cause étrangère au coronavirus.

Autre livre commenté dans le blog : Frappe-toi le cœur, Les aérostats, Journal d’Hirondelle

PREMIER SANG, Albin Michel 2021, ISBN 978-2-226-46538-2

Querido Diego, te abraza Quiela de Elena Poniatowska

Elena Poniatowska (Paris 1932) es una conocida escritora, activista y periodista mexicana con varios títulos publicados y premios diversos entre los cuales el Cervantes en 2013.

Le he leído un par de libros:  La piel del cielo, Premio Alfaguara de novela 2001 que relata la historia de una familia mexicana con hijos brillantes en Astronomía, pero que no ven la complejidad del alma humana y De noche vienes (1985), serie de 16 relatos, bien escritos, ahondados en lo sicológico, pero de un interés desigual.

Querido Diego, te abraza Quiela (2014) es una corta novela epistolar de 88 páginas que va por la quinta edición y donde la primera esposa del pintor mexicano Diego Rivera, la pintora rusa Angelina Beloff, escribe 12 cartas de amor a su ex marido para decirle de mil maneras cuánto lo extraña, cuánto su presencia le hace falta hasta para crear su arte. Estudió el idioma español para acercarse a Rivera.

El matrimonio con Angelina Beloff duró 10 años, él le llamaba Quiela y un niño nacido de la unión murió de neumonía cuando la pareja residía en Paris dejando una madre desconsolada. La pintora Angelina Beloff era oriunda de San Petersburgo y era realmente una pintora talentosa, reconocida.

Diego Rivera no contestó ninguna de las misivas aunque mandaba dinero a Beloff. Al cabo de 13 años la pintora emigró a Mexico por amor a ese país y por apego a la historia vivida con Rivera, pero no lo buscó una vez en Mexico. Se dice que un día se cruzaron en un concierto en Bellas Artes y que Diego Rivera ni siquiera la saludó !

En cuanto llegó a Mexico, Rivera tuvo amores con la mexicana Guadalupe Marín con quien tuvo dos hijas.

Diez años de la vida de Angelina Beloff regalados a alguien que no la merecía, pero que le inculcó el amor por un país desconocido dónde falleció en 1969.

Angelina Beloff 1909, peinte par Diegp Rivera

Otros libros comentados : Leonora (Leonora Carrington). El amante polaco

QUERIDO DIEGO, Impedimenta 2014, ISBN 978-84-15979-20-3

Continuer de Laurent Mauvignier

Laurent Mauvignier est un romancier, scénariste et dramaturge français (Tours 1967).

Continuer (2016) a reçu le Prix Culture et Bibliothèque pour Tous 2017 et un film a été adapté du livre en 2018 par Joachim Lafosse (non vu).

C’est un livre axé sur les relations mère-fils et ce titre, à l’indicatif, est une incitation à continuer, mais continuer quoi?

La protagoniste est Sibylle née en 1968 et mère de Samuel, 14 ans, un ado en pleine crise avec des parents qui sont aussi en crise. Sibylle est chirurgienne, mais elle doute tant d’elle même qu’elle a dû abandonner la chirurgie en raison de cela.

En fait Sibylle est brisée depuis qu’elle a perdu son premier amour, Gaël, dans un accident de moto. Depuis, elle n’arrive pas à recoller les morceaux. Et son mariage avec Benoît, bien après ce drame, ne l’a pas apaisé non plus. Elle n’aime pas son mari, mais elle aime Samuel qu’elle a prénommé ainsi par admiration envers Samuel Beckett.

Au fil des années Sibylle se résoudra à demander le divorce et s’installera à Bordeaux avec Samuel qui, à 18 ans, commence à faire des bêtises avec de mauvaises fréquentations. Alors Sibylle, devenue une femme au bord de la crise de nerfs, entre alcool et excès de tabac, décide de vendre une propriété en Bourgogne afin d’amener Samuel au Kirghizistan, dans une longue cavalcade de trois mois par des paysages sublimes, avec évidemment les risques inhérents à une telle aventure mais aussi à la malchance que semble trainer cette femme.

Dans le livre nous aurons une espèce de « western asiatique » très beau où les chevaux font partie de la survie mère-fils. Il y a des passages sublimes avec l’interphase des chevaux. Pour le jeune Samuel ce sera un voyage initiatique où il découvrira sa mère et pour Sibylle, ce sera la fin d’un rêve conçu pour son fils, à la limite de l’irresponsabilité. (Ce récit me rappelle le livre Sukkwan Island du nord-américain David Vann où un père aussi irresponsable essayait de se rapprocher de son fils !).

L’histoire est forte, elle rappelle un drame à la grecque. C’est sombre et assez accablant pour Sibylle. La prose est superbe, elle véhicule par moments une grande intensité, le tempo est presque celui d’un film.

UN ÉCHANTILLON DE TEXTE : lorsque Sibylle arrive à Lacanau, elle décide d’aller jusqu’à la mer, elle veut regarder la brume qui flotte sur l’horizon, ce ciel brouillé où des lambeaux de rose et de bleu se dilatent autour d’un soleil blanc vaporeux, sans forme bien dessinée. Elle regarde les vagues et l’écume molle et irisée qui s’abat sur l’estran (page 37).

Ou encore page 92 : et alors simplement parce que le jour décline, que le soleil est moins brûlant, les faces rocheuses se piquent d’ombres, déjà moins fortes, et des coupures moins abruptes dessinent des lignes, des nuances, des reflets mauves et jaunâtres de fin de jour, le crépuscule allant baigner d’un flou grisé l’horizon et les montagnes, le ciel et les plaines en contrebas.

Affiche film 2018

CONTINUER, Les Éditions de Minuit 2016, ISBN 978-2-7073-2983-7

Yo, mentira de Silvia Hidalgo

Silvia Hidalgo es una escritora y guionista española (Sevilla 1978), licenciada en Ingeniería Informática.

Yo, mentira (2021) es su segunda novela, escrita como un diario y declarada auto-ficción colectiva por la autora ya que con un diálogo interior el lector se adentra en la psique de la protagonista, una cuarentona contemporánea que diseca su vida en base a sus rutinas con sus trampas, traiciones y mentiras. Resaltan en la novela los problemas de comunicación a varios niveles y la prosa tiene mucho humor corrosivo.

Por auto-ficción colectiva, la autora sugiere cierta universalidad con los problemas e inquietudes de la protagonista.

No hay nombres en la historia, la protagonista está casada con el Escritor y tiene un niño, este niño es el objeto de la mayorÍa de sus cavilaciones así como las que atañen a la relación con el Escritor; es una mujer particularmente poco segura que está cuestionándose y analizándose todo el tiempo. Resulta una curiosidad leer sobre la estrecha relación que mantiene con su coche, un espacio para ella 100% personal donde se siente segura y desde donde le gusta vivir situaciones (¿retorno al útero materno?).

Encontré que su chico, de escasos años, me resulta más maduro y aterrizado que esta madre tipo zombi.

Una lectura que me agradó porque la encontré original en su forma, pero que me disgustó por el análisis reduccionista de cierta psique contemporánea.

YO, MENTIRA, Editorial Tránsito 2021, ISBN 978-84-123036-7

La Décision de Karine Tuil

Karin Tuil est une écrivaine française (Paris 1972) ayant fait des études de Droit et de Sciences Politiques. Elle a déjà publié 11 livres;  elle écrit très bien et tous les livres lus m’ont semblé d’une grande pertinence, ils posent des questions intelligentes sur la société.

Maintenant que j’ai lu plusieurs de ses livres, j’appréhende mieux son univers littéraire : la judéité, la loi, le sexe souvent détonateur d’une crise, le rôle du père, et cet humour juif si corrosif et auto-dérisoire. Ce sont quelques composants qui reviennent dans ses romans.

La Décision (2022), le douzième roman de K. Tuil, est encore une lecture intéressante, sur un sujet brûlant sur fond de problèmes sociaux difficiles, écrit comme un thriller existentiel et judiciaire où le lecteur est dans la tête de la protagoniste, Alma Revel.

Alma Revel, 49 ans, est juge d’instruction au pôle antiterroriste de Paris depuis 7 ans; elle coordonne un groupe de 11 magistrats. C’est une vie harassante de par les décisions à prendre, mais aussi par le danger physique permanent inhérent à la tâche (nécessité d’une escorte permanente de protection, nécessité de changer d’hôtel au milieu de la nuit, menaces et insultes en permanence, etc). Alma résiste, elle est considérée « dure » par les siens, on la surnomme « la juge rouge ». Elle s’accroche, mais c’est au dépens de sa vie privée.

Le terrorisme s’appelle par moments « terro » dans le livre selon l’expression des gens qui y travaillent , comme si cette apocope pouvait lui enlever un peu d’horreur, comme si un mot raccourci pouvait le rendre moins mauvais, moins pestilentiel…

Cette vie professionnelle hyper stressante et particulière a fait qu’elle a raté sa vie privée; elle s’en veut d’avoir négligé quelque peu ses enfants; elle n’a plus d’intérêt dans un mari qui a changé.

Dans ce contexte, on lui confie le dossier d’Abdeljalil Kacem, 23 ans, parti en Syrie avec sa femme Sonia, enceinte, pour mieux vivre leur religion. Sonia est une portugaise reconvertie à l’islam. Très vite ils reviennent en France via la Turquie où ils se font prendre. Arrivés en France ils jurent d’être revenus devant l’horreur, devant les morts par centaines, en disant qu’ils se sont trompés sur ce djihadisme « idéalisé », eux qui, soit disant, étaient partis en tant qu’aide humanitaire, pour aider des syriens opprimés.

La juge Revel va passer des heures et des heures à interroger Kacem, essayant de dépister le mensonge, sa vraie personnalité, la route de vie de ce jeune homme qui se dit « blanc comme neige », aimant sa femme et son enfant.

Elle accuse, elle doute, ô combien elle doute, ses collègues doutent, mais l’avocat défenseur, Emmanuel Forest, la harcèle pour qu’elle signe la sortie du jeune homme arguant que la détention sera un accélérateur dans sa radicalisation. Le problème est que Forest et elle, la juge Revel, sont amants: il y a un énorme conflit d’intérêt; elle doit cacher cette liaison.

Le stress est tel, que par deux fois elle a frôlé une crise cardiaque dans le cadre du syndrome de Tako-Tsubo, bien décrit dans le roman.

De façon intéressante le roman intercale la vie privée de la juge avec des bribes d’interrogatoire. C’est nécessaire pour comprendre jusqu’où peuvent aller ces terroristes, véritables « machines à tuer », et de quel degré de manipulation ils sont capables. (Devant l’énormité du jeu, ils auraient dû lui appliquer le sérum de vérité ou le détecteur de mensonges des américains). Je ne comprends pas qu’au niveau de dégâts causés par le terrorisme en France, les autorités ne se soient pas mieux équipées.

La fin du roman m’a semblé un peu tirée par les cheveux, car on laisse à Kacem la possibilité d’échapper à la mort, la mort qui pour lui est une rédemption et ce, malgré la mort de je ne sais pas combien d’innocents. Où se situe la justice, pour qui est la justice ?

L’indécision et la décision sont les clés de voûte de ce roman. Décisions professionnelles et décisions privées avec comme corollaire, une indécision qui taraude l’esprit. Et quelle profonde solitude se dégage dans ce métier de juge !

Autres livres commentés :  InterditLes choses humainesTout sur mon frèreL’insouciance, Six mois, six jours, L’invention de nos vies. La domination . Douce France

LA DÉCISION, Gallimard 2022, ISBN 978-2-07-294354-6

Eva y las fieras (1) de Antonio Ungar

Antonio Ungar es un escritor y cronista colombiano (Bogotá 1974), arquitecto de profesión y verdadero globe trotter. Hace parte del grupo literario »Bogotá 39″, o sea, un grupo de 39 talentosos escritores latinoamericanos de menos de 39 años. Es el primer colombiano galardonado con el Premio Herralde 2010 de novela por Tres ataúdes blancos.

Eva y las fieras (2021) sería la primera entrega de una trilogía sobre la violencia en Colombia, a todos los niveles de la sociedad : guerrilla, narcos, paramilitares, actores legales. La segunda novela hablaría de los actores legales en medio de esta violencia (negocios de palma, petróleo, carbón) y que pagaban a los paramilitares. La tercera parte será dedicada a los políticos de todo pelaje.

La novela se basa en hechos reales ocurridos en Colombia en los años 90 donde una enfermera, Eva, sale con su hija Abril de la capital para buscar en la selva una mejor vida, huyendo de ciertos excesos. Aquí la selva está representada por Puerto Inírida donde la gente y muchos indígenas sobreviven duramente en un ambiente inhóspito, salvaje y podrido por la guerrilla entre narcos y guerrilleros paramilitares que se disputan el control de la zona donde se explotan minas de oro y plata.

En Puerto Inírida Eva conocerá al gordo Ochoa, un personaje que hace honor a su apodo, un personaje que encarna esta ambivalencia colombiana con la violencia omnipresente. El gordo trabaja para los narcos como vigilante de unas minas y ha obtenido su confianza; es un ente que puede recurrir a la violencia más cruda si necesario, pero que al mismo tiempo es un tierno que no aflojará hasta conquistar a Eva y llegar a ser un padre ejemplar para Abril.

Este amor inesperado con Eva hará que el gordo Ochoa quiera dejar la selva y huir con ellas para comenzar una vida nueva, lejos del infierno de esta selva. Pero el gordo Ochoa trabaja con bandoleros y el reguero de sangre es casi siempre inevitable.

En esta novela corta y recia, la selva colombiana no es el terror y las fieras son los humanos que la ocupan. Colombia parece ser una tierra sumida en la violencia.

El escritor Antonio Ungar vivió en Puerto Inírida entre 1998 y 1999, estudiando el tipo de habitación indígena como arquitecto y desde entonces guardaba datos entre sus papeles que utilizó en la novela.

Otro libro reseñado : Tres ataúdes blancos.

EVA Y LAS FIERAS, Anagrama 2021, ISBN 978-84-339-9932-0

Le Grand Monde (1) de Pierre Lemaitre

Pierre Lemaître est un scénariste et romancier français (Paris 1951) avec une formation de psychologue; il connait un grand succès depuis le Prix Goncourt  2013 avec un roman noir picaresque Au revoir là haut (2013) qui fera partie de la trilogie  Enfants du désastre, avec Couleurs de l’incendie (2018) et Miroir de nos peines (2020). Il vit de sa plume depuis 2006. 

Avec Le Grand Monde (2022) il entame une nouvelle saga et promet 4 tomes ! Le premier tome se déroule en 1948 avec une famille Pelletier installée à Beyrouth, où le père exploite avec succès une fabrique de savons. Père et mère travaillent sans relâche sur cette affaire qui est très florissante.

Le couple Pelletier rêve que l’un des enfants prenne la relève, mais…

Jean, l’aîné dit Bouboule, rate tout ce qu’il touche y compris un mariage avec une parfaite mégère : Geneviève, qui est moins stupide qu’elle ne paraît mais néanmoins d’une méchanceté dévastatrice (ce sera l’un des personnages qui marquent dans cette histoire). Le cadet est François, un garçon très doué pour les études que le père enverra à Paris pour intégrer la rue d’Ulm alors que François ne rêve que de journalisme. Le troisième est Étienne, homosexuel accepté par la famille, en couple avec un légionnaire qui partira en Indochine. La petite dernière est Hélène, à peine sortie de l’adolescence mais qui mène déjà une vie hors normes et ne supporte plus les parents.

Ce noyau familial va éclater : Jean et Geneviève partiront à Paris où ils mèneront une vie plus que médiocre car Jean ne réussit pas dans ses jobs et Geneviève est une femme insatisfaite qui l’accable en permanence; Jean a une personnalité qui fait profil bas mais qui va s’avérer importante dans la tension du récit. François arrivera à Paris pour intégrer Normale Sup, mais il va exercer le journalisme en commençant au bas de l’échelle, par les faits divers, sans le dire aux parents. Etienne partira en Indochine à la recherche de son amour dont il est sans nouvelles. Quant à Hélène, après une affaire délicate à Beyrouth, elle fuira vers Paris en croyant pouvoir compter sur ses frères…Mais ses frères ont des vies beaucoup trop étriquées pour porter secours à Hélène qui rêve de faire les Beaux Arts; mais elle se montre veule et n’entreprend rien de bon, elle va connaitre des errances.

Outre le récit truculent de cette famille Pelletier, Pierre Lemaître nous offre d’autres cadeaux de lecture : un descriptif de la vie bourgeoise à Beyrouth années 50, un descriptif de la vie parisienne de la post guerre, un voyage en Indochine réunissant exotisme, corruption, magouilles hé-naur-mes, fumeries d’opium à tous les coins de rues, prostitution, et j’en passe. Cerise sur le gâteau, il y a une esquisse de thriller qui surgit de temps en temps et qui émoustille, encore plus, cette lecture addictive.

Pierre Lemaître, conteur hors pair, est passé maître pour dénicher des magouilles à niveau national; ne devrait-on pas le nommer à la Cour des Comptes afin de nous assainir un peu le panorama?

Autres livres commentés : Alex, Robe de marié, Sacrifices, Rosy & John, Travail soigné, Trois jours et une vie, Au revoir là haut, Couleurs de l’incendie, Miroir de nos peines, Cadres noirs, Le serpent majuscule.

LE GRAND MONDE, Calmann Lévy 2022, ISBN 978-2-7021-8081-5

Asombro y desencanto de Jorge Bustos

Jorge Bustos es un periodista y escritor español (Madrid 1982); licenciado en Filología Clásica.

Asombro y desencanto (2021) es un libro de viaje, un ensayo que se lee con placer porque aúna cultura, simpatía y una buena prosa.

En 2015 el periódico que empleaba a Bustos lo envió a recorrer los caminos del Quijote con motivo de celebrar el cuarto centenario de la publicación de la primera parte del magno libro de Cervantes. Entonces la primera parte de Asombro y desencanto atañe a la ruta del Quijote (en realidad a la ruta de Cervantes para situar a su personaje), con la visita de aquellos lugares por donde el Ingenioso Hidalgo pudo transitar. Aquí Bustos busca emular a Azorín quien en 1905 escribió La ruta de don Quijote, enviado a su vez por su periódico para celebrar el tercer centenario de la publicación de la primera parte.

La segunda parte es un periplo por la Francia de 2019, pasando por la Bretaña hacia Paris y volviendo por el río Loira y su ristra de castillos.

La parte castellana brilla por la aridez de sus paisajes y por el encanto de sus gentes. Hay muchos pasajes de tipo literario sobre el Quijote que me encantaron, hicieron sonreír y quise anotar.

Cito aquí al comienzo del periplo…para Cervantes, la divisoria entre demencia y sensatez parece clara de partida : la primera viene encarnada por la figura ascética y enjuta de un hidalgo declamatorio con el cerebro fundido por la mala literatura (las novelas épicas); el buen juicio lo representa un campesino glotón y achaparrado que habla en refranes y no conoce otros preceptos que los dictados por la estricta biología.

La premisa narrativa del Quijote nos resulta tan conocida que quizá nos oculta la magnitud de su genialidad. Un hombre enloquece leyendo historias épicas al punto de desear emularlas. Sacrifica la seguridad de su vida a cambio de prolongar la literatura que ama: acepta en convertirse personaje de los demás al tiempo que los demás quedan reducidos a personajes formados por su mente.

Las dos partes del Quijote constituyen una auténtica enciclopedia de la crueldad. Visto así, es uno de los libros más amargos y bárbaros que se han escrito.Las vejaciones infligidas al protagonista y a su escudero, proyecciones de la biografía implacable del autor, nos encogen el corazón. Nos preguntamos cómo es capaz Cervantes de zarandear a su palpitante personaje con semejante frialdad. Don Quijote es un hombre demenciado, más anciano que maduro, enjuto y seco según se nos dice, al que se le niega sistemáticamente el respeto que la hidalguía y la edad provecta deberían concitar. Pero Cervantes sabe que esa crueldad es un principio activo tan indispensable como la compasión; de ambos elementos procede toda la potencia de su fórmula catártica.

La parte francesa del viaje es un estudio interesante y comparativo del homo iberensis con el homo gabachus, interponiendo argumentos de todo pelaje, pero visitados con buena leche. Me reí mucho. Nótese que es un primer viaje al hexágono francés y sus impresiones no pueden ser sino epidérmicas. Hará acopio de buenos placeres de la fina mesa francesa y de cata de mostos sin parangón, especialmente los burdeos.

Me dirijo a Francia porque no la conozco y no se debe vivir sin conocer Francia. Es este un descubrimiento delicado para un español, históricamente expuesto a un violento vaivén de amor-odio hacia el vecino francés que la voluntariosa hermandad de la Unión Europea no termina de mitigar. Hablo por mi, por supuesto.

Me dirijo a Francia porque Francia es la antonomasia de la sensualidad. El país de los sentidos y de las palabras creadas y dispuestas para evocar el goce de su función, para honrar el placer que los sentidos registran. Francia es uno de los rostros de la civilización. Nos ayuda a pensar en Francia la premisa sociológica de Salvador de Madariaga que poseía el don del pensamiento sintético y definió lo francés por la razón, lo inglés por la acción y lo español por la pasión.

Meditas un rato sobre el carácter francés, que te han dicho que no mezcla históricamente con el español. Me refiero al francés de provincias; o sea, al francés verdadero, porque el parisién es otra cosa, o eso dicen (claro que sí !). No has conocido franceses suficientes, de modo que proyectas sobre ellos la dureza del aragonés, la sobriedad del castellano y el senequismo del andaluz.

Se me ocurre que el antigermanismo del francés, tantas veces testado con sangre, significa repugnancia a la fuerza bruta, al vitalismo sin encauzar del bárbaro. En el mejor de los casos el chovinismo galo no es tanto un nativismo, un orgullo nacido de la contemplación del paisaje o de la blanca jeta del compadre de tribu. Nace más bien de la contemplación de su propia obra civilizatoria. Es un engreimiento cultural, y por ello más disculpable. También es verdad que el francés no se enfada nunca, pero cuando se enfada es más desagradable que ningún europeo.

La portada del libro está iluminada por una fotografía del Monte Saint-Michel en todo su esplendor monolítico, rodeado de kilómetros de prés-salés donde se crían los ovinos de una carne celestial. Y los párrafos que dedica Bustos a esta maravilla son perfectos y adecuados : el contraste entre el monumento celebérrimo y su encarnadura (encarnación?) real nunca defrauda, siempre y cuando el monumento sea verdaderamente extraordinario. La abadía del monte Saint-Michel lo es : la condición de lo extraordinario no se atenúa, su emblemática silueta, alzada airosamente sobre el islote de roca que sobresale del estuario del río Couesnon. En este vértice normando se consuma la belleza palpable, el desafío arquitectónico, la complicidad entre la naturaleza y el arte, entre la materia y el espíritu, entre la crudeza de los elementos y el empeño del hombre en ceñirlos para bailar agarrado a ellos en un abrazo de roca que admirarán los que no han nacido todavía.

Excelente libro, escrito en un tono perfecto para captar la atención interesada del lector.

ASOMBRO Y DESENCANTO, Libros del Asteroide 2021, ISBN 978-84-17977-57-3