Archive | octobre 2022

En toute franchise (4) de Richard Ford

Richard Ford est un écrivain nord-américain du Sud (Jackson 1944), lauréat du prix Pulitzer, du prix Femina 2013 et du prix Princesse d’Asturies pour l’ensemble de son oeuvre. Ses maitres littéraires, pour Ford, sont Alice Munro, la championne du discours indirect libre, James Salter pour sa précision, sa cruauté et sa mélancolie et Raymond Carver pour certains.

Le style d’écriture de Ford est assimilé au réalisme sale (dirty realism), un mouvement littéraire américain dérivant du minimalisme et émergeant dans les années 70-80 du siècle dernier, lancé par Bill Buford dans un numéro de la revue littéraire Grant. Les écrivains assimilables à ce mouvement décrivent, avec des détails sordides les aspects les plus banals de la vie quotidienne dans un langage simple sans ornements. Ce groupe (Raymond Carver, Charles Bukowski, Tobias Wolff, etc) s’intéressait aux dépossédés de l’Amérique, les marginaux. En Amérique Latine ce mouvement a donné le realismo sucio, lancé par les auteurs cubains P.J. Gutiérrez et F. Velazquez, suivi ensuite par d’autres auteurs. En Espagne on retrouve aussi quelques représentants.

Richard Ford a déclaré en 2007 que le mouvement dirty realism n’était que stratégie de marketing. Il a dit aussi… il y a longtemps, qu’à mes yeux écrire sur les choses les plus sombres était un acte d’optimisme. Je le pense toujours. Et puis j’aimerais qu’on reconnaisse que je sais imaginer autre chose que des histoires sombres. Dans mes livres, il est essentiellement question de rédemption , de résilience.

En toute franchise (Let Me Be Frank with You, 2014) est le quatrième opus avec Frank Bascombe, un personnage très proche de l’Américain moyen qui dépeint l’Amérique à travers ses expériences, son vécu et son entourage. C’est assez noir, mais en même temps caustique, plein d’autodérision avec certains passages écrits au vitriol.

Le personnage de Frank Bascombe a pris vie depuis des décades et maintenant il fait partie du panthéon de figures littéraires nord américaines au même titre que Rabbit Angstrom de John Updike, Augie March de Saul Bellow ou le Nathan Zuckerman de Philip Roth.

Aussi Frank Bascombe a vieilli comme l’auteur; ils sont de la même génération et il n’est pas difficile de trouver des similitudes entre les deux (avouées par Ford lui même): ils mangent des All-bran au petit déjeuner, Bascombe comme Ford a aussi exercé au début comme reporter sportif, ils votent démocrate et ce sont des optimistes au mauvais caractère.

À l’heure actuelle ce sont plus de 2024 pages dédiées à Frank Bascombe depuis Un week end dans le Michigan (1986), Indépendance (1995), Etat des lieux (2006) et En toute franchise (2014).

Ce quatrième tome avec 4 nouvelles retrouve Frank Bascombe à 68 ans, en pleine forme, retraité comme agent immobilier, encore marié avec sa deuxième épouse Sally et réinstallé dans Haddam, New Jersey, la même banlieue du premier tome. Ces 4 nouvelles sont interconnectées et surviennent 2 semaines avant Noël, juste après la réélection d’Obama et du passage de l’ouragan Sandy qui a ravagé la côté du New Jersey en 2012.

Il est occcupé l’ami Bascombe, bien qu’à la retraite: il fait la lecture pour les aveugles dans une radio locale, il fait partie du comité d’accueil pour les anciens combattants qui rentrent d’Irak et d’Afghanistan, il rend une visite mensuelle à son ex, Ann, installée à Haddam dans une EPHAD de luxe et tout près de lui.

On saura peu de choses sur Frank, mais on saura beaucoup sur le gens qu’il fréquente. Les 4 nouvelles sont imprégnées du vécu d’autres personnes, mais Frank ne cesse de nous faire des commentaires sur tout, ce qui rend très visible le quotidien d’un américain retraité de classe moyenne. Et dans ces quatre histoires Frank Bascombe fera des choses qu’il ne souhaitait pas faire.

Dans la première histoire il est sollicité par l’acheteur de son ancienne maison en bordure de l’eau, maison qui s’est volatilisée avec l’ouragan et qu’il a eu la prescience de vendre à très bon prix huit ans auparavant.

Dans la deuxième, il fait rentrer dans sa maison une ancienne occupante qui va lui narrer des atrocités qu’il aurait préféré ignorer.

Dans la troisième il rend visite à Ann, son ex, avec son cadeau de Noël : un magnifique oreiller ergonomique. En la quittant il dit : rien ne me pousse à la toucher, l’embrasser, la prendre dans mes bras. Mais je le fais. C’est notre dernier charme. Qu’est-ce que l’amour, sinon une infinie série de gestes isolés?

Et dans la dernière histoire, il se sent obligé de rendre visite à un ancien pote du temps d’Un WE dans le Michigan, qui se meurt d’un cancer du pancréas et qui voudrait lui faire un aveu; ce malade en phase terminale est gardé par un personnage désopilant.

Vraiment excellentes ces nouvelles que j’ai lu sans en avoir lu les 3 tomes précédents.

Autres livres commentés :  Ma mère, Le bout du rouleau, Rien à déclarer.

EN TOUTE FRANCHISE, EDITIONS DE L’OLIVIER 2015 (RF 2014), ISBN 978-2-8236-0845-8

La hija del comunista de Aroa Moreno Durán

Aroa Moreno Durán es una escritora y periodista española (Madrid 1981).

La hija del comunista (2017) es su primera novela que va por la 5a edición y fue ganadora del Premio Ojo Crítico de Narrativa del mismo año. Es una novela que necesitó casi más documentación que escritura y dos viajes a Berlin para consultar archivos y entrevistar a gente de la ex RDA.

Es una novela íntima con fondo histórico, escrita de bonita manera, con un lenguaje prístino que va a lo esencial, a la emoción y por momentos suena poético.

Katia, la narradora, nace en Berlin, es la hija de un matrimonio exiliado en una RDA sovietizada. El padre de Katia es un comunista irredento que huye de España en 1938 y la madre lo sigue poco después, la madre sufre de nostalgia crónica. Durante la primera parte del libro tenemos el descriptivo de lo que fue la niñez de Katia, con todas las privaciones y estrecheces que se puedan imaginar. El microcosmo del Berlin de la RDA es un mundo donde las paredes tienen oídos y donde todos viven atemorizados por las delaciones.

Los españoles exiliados en RDA eran pocos, la integración no era evidente, se sufría del desarraigo y la falta de noticias de la madre Patria (todas las comunicaciones eran registradas). Es un tema bastante poco conocido y poco desarrollado, al contrario de los miles de exiliados que partieron a Sudamérica, Mexico o Francia.

La familia de Katia asistió a la construcción del muro de Berlin en 1961, cuando la separación y el desarraigo se hizo más patente.

Katia conocerá casualmente a un alemán del Oeste que visita la RDA, quién quedará prendado de esta chica « diferente » y la vendrá a visitar varias veces, proponiéndole al final de huir al oeste con él. Por razones mal explicadas en el libro, esta chica decidirá huir atravesando la Checoslovaquia y Austria, peligrando la vida. Dejará a su familia sin decirles adiós, ni decirles su destino, construyendo otro muro entre su familia y ella.

Su huída tendrá repercusiones, su padre será encarcelado, quizás hasta ejecutado (esto no está explicado en la novela).

Katia tendrá suerte. Escapará a la muerte y podrá juntarse con su pretendiente, Johannes, un alemán típico, un tipo recto con ideas claras. Se casarán y fundarán una familia con 2 niñas, pero Katia nunca se sentirá integrada ni será feliz en RFA.

Al cabo de los años y tras la caída del muro en 1989, su matrimonio está deshecho y ella vuelve a Berlin donde siempre está su madre y su hermana menor. Pero surge el muro que se construyó entre ellas y no habrá redención.

Resulta interesante el tratamiento que da la escritora a este tipo de situaciones dramáticas politico-familiares, con el desarrollo de temas difíciles como el exilio, el desarraigo, la nostalgia, la pérdida de la identidad, la soledad, las dificultades de todo tipo, la integración necesaria y difícil, etc.

Sobre el tema del Berlin de la post guerra, el mejor libro que he leído es Una mujer en Berlin, de autora anónima que narra en forma de diario, los 4 días antes de la toma rusa de Berlin. También el excelente libro de la austríaca Anna Funder « Stasiland« , que desarrolla la vida en RDA y la permanente paranoia de una delación.

LA HIJA DEL COMUNISTA, Caballo de Troya 2017, ISBN 978-84-15451-80-8

No-no-yuri d’Aki Shimazaki

Aki Shimazaki est une écrivaine québécoise d’origine japonaise (Gifu 1954), immigrée au Canada depuis 1991 et qui écrit ses livres directement en français. Tous ses livres portent un titre en japonais. Son écriture est très sobre, dépourvue de toute surcharge et d’une grande délicatesse.

Elle écrit des cycles romanesques, des pentalogies comportant 5 livres d’environ 150 pages où les histoires s’entrecroisent. 

Elle a entamé une quatrième pentalogie et après Suzuran (2019) et Sémi (2021) arrive celui-ci No-no-yuri ; cette nouvelle pentalogie s’appelle Une clochette sans battant.

No-no-yuri (2022) veut dire lys des champs en japonais et reprend l’histoire de la famille Niré. Dans le premier tome, Suzuran il était question d’Anzu Niré, la fille cadette, divorcée et potière à succès; dans le deuxième tome nous retrouvons les parents Niré installés et assez heureux dans une maison de retraite médicalisée car la mère souffre d’Alzheimer. Et dans ce troisième tome nous avons l’histoire de la fille aînée, la belle Kyôko, secrétaire de direction dans une entreprise américaine de cosmétiques.

C’est une femme belle et raffinée de 35 ans qui collectionne les amants et réussit dans son travail. Elle adore voyager et n’entend pas se marier malgré l’allusion permanente des parents, jusqu’au jour où…..

Mais nous connaissons déjà le dénouement de l’histoire de Kyôko; cette fois-ci nous aurons le descriptif au détail près de ce que peut être la vie au jour le jour d’une femme très impliquée dans son travail et très volage sur le plan personnel. On admire le parfait cloisonnement entre les côtés professionnel et personnel. Il importe avant tout au Japon de garder la face en toutes circonstances.

Intéressant opus qui dévoile une certaine modernité dans un monde encore très traditionnel.

Autres livres commentés : Le poids des secrets, Au coeur du Yamato, L’ombre du chardon.

NO-NO-YURI, Actes Sud 2022, ISBN 978-2-330-16623-6

El boxeador polaco de Eduardo Halfon

Eduardo Halfon es un escritor y profesor guatemalteco (Ciudad de Guatemala 1971); fue seleccionado en 2007 entre los 39 mejores autores latinoamericanos de menos de 39 años. En 2018 se le concedió el Premio Nacional de Literatura en su país.

Su obra está marcada por la búsqueda de identidad. Las obras de Halfon son breves y escritas en castellano aunque reside desde hace años en los Estados Unidos; sus escritos van hacia su infancia en Guatemala y hacia sus raíces europeas.

El boxeador polaco es una nueva edición « de estaño », (como las bodas de estaño) a los 10 años de la obra original, pero con el mismo esquema y un cuento adicional con un total de 9 cuentos, algunos están conectados.

El boxeador polaco necesitó 4 años de trabajo y fue el primer tomo de un conjunto de 5: La pirueta, Monasterio, Signor Hoffman, Duelo. Todos estos libros indagan el pasado famliar. En este primer libro el autor Halfon creó al personaje-narrador de Eduardo Halfon, un alter ego que no es exactamente él, pero conlleva varias cosas de él. Es una de las características de este excelente autor guatemalteco : la auto-ficción, donde el lector se pierde rápidamente entre ficción y realidad (encuentro que en esto se parece al autor chileno Alejandro Zambra).

El título del libro alude a un boxeador polaco que salvó la vida a su abuelo en el campo de Auschwitz, diciéndole cómo tenía que contestar al interrogatorio al cual sería sometido antes de su fusilamiento. En la portada de la nueva edición tenemos una linda foto de un hombre que pudiera ser su abuelo, pero que probablemente no lo es; el detalle hace parte de su juego ficcional y permite que el lector se involucre mejor con el texto. El secreto de los números tatuados en el antebrazo izquierdo del abuelo, fue levantado 60 años después del holocausto porque el abuelo siempre se negó a tocar el tema.

El estilo de Eduardo Halfon es muy pulcro, su prosa fluye como un riachuelo serpenteante, una sensación de frescor que es solo apariencia porque el texto está muy trabajado. Los temas abordados en este pequeño libro (193 páginas) son muchos : el abuelo y su pasado, viajes, vida académica, amores, amistades, música, literatura, cine, sexo, alcohol y un uso frenético del tabaco, adicción que al parecer el autor Halfon no tiene.

En uno de los cuentos el narrador Halfon cruza un pianista serbio, Milan Rakić, y tras intercambiar ideas y beber en un bar, Halfon se obsesiona con el personaje y años después partirá en su búsqueda; es un personaje estrafalario fuera de norma, secreto pero un gran músico serbio-gitano, gran admirador de la música gitana.

En el primer cuento, Lejano, un profesor universitario conoce un alumno muy meritorio y talentoso para la poesía que debe dejar sus estudios por problemas personales. En Fumata Blanca nos cuenta el flirt entre una turista israelí y el narrador Halfon; en este cuento hay un chiste muy divertido y que ilustra muy bien el humor constante que despliega el escritor Halfon : la chica le dice que no sabía que en Guatemala habían judíos. Y Halfon le responde « ya no soy judío, me jubilé ». Twaineando es otro cuento divertido donde el narrador se rinde 12 años después a su alma mater, en Durham para asistir a un coloquio de lo más aburrido dónde explicará a sus heteróclitos colegas, lo cervantino que resulta la prosa de Mark Twain. Luego viene un cuento corto que narra el singular encuentro con el pianista serbio, encuentro que resultará lleno de consecuencias.

Llegamos así a la narración clave de El boxeador polaco donde el autor Halfon explica que su abuelo tardó 60 años en levantar el velo y contar el origen de los números marcados en su antebrazo. Es el cuento que da el nombre a la compilación y es una historia bellísima porque real.

Escribe muy bien este autor guatemalteco y tiene un estilo propio; y a la buena literatura sólo le pedimos que resulte verosímil.

Otros libros comentados : Duelo, Signor Hoffman, Monasterio. Un hijo cualquiera .

EL BOXEADOR POLACO, Libros del Asteroide 2019, ISBN 978-84-17007-95-9

La cité des marges de William Boyle

William Boyle est un romancier et disquaire nord américain (N. York 1978).

La cité des marges (City of Margins, 2020) est un polar très noir qui rentre bien dans la catégorie du dirty realism, courant littéraire paru Outre Atlantique dans les années 1980-90, un genre qui s’intéresse à la vie peu reluisante de petites gens, avec leur parler, qui peut être cru, dans une écriture dépourvue de toute joliesse. C’est curieux, mais j’ai constaté que plusieurs écrivains contemporains nord américains refusent cette étiquette qui pourtant colle bien à leur style.

En tout cas, en ce qui concerne ce roman, je trouve que l’étiquette lui va comme un gant. Voici un roman très fort situé dans le Brooklyn natal de l’auteur, dans les années 90 du siècle dernier, qui nous décrit Little Italy et ses gens sous forme de roman choral avec 7 personnages hauts en couleur, magnifiquement travaillés.

Au centre du récit et personnage autour duquel tourne l’intrigue : Donnie Parascandolo, ex-flic exclu du Corps après l’agression d’un supérieur, devenu gros bras d’un minable parrain du quartier; Donnie est alcoolique et passablement agressif et suite au décès de son fils unique, sa femme Donna l’a quitté. Malgré la noirceur et la violence de ce personnage, on ressent de l’empathie pour lui parce que c’est un paria et qu’il est en train de se suicider à petit feu, il est au bout de lui même.

Les autres personnages autour de Donnie sont : son ex femme, Donna, qui vit à quelques mètres, non remise de la perte de son fils; Rosemarie et Mikey Baldini, mère veuve et fils un peu déboussolé; Ava et Nick Bifulco, mère veuve, directrice d’EPHAD et fils nul, professeur de lycée, qui pense faire fortune en écrivant un livre sur Donnie, le flic ripou; Antonina Divino la Lolita du quartier qui a l’air de savoir ce qu’elle veut; Ralph Sottile, un autre ex flic ripou, un personnage émouvant qui va s’attacher à Antonina en souvenir de la fille qu’il a rêvé d’avoir un jour.

Tous ces personnages habitent le quartier, certains se connaissent, d’autres vont se croiser de façon fortuite ou provoquée. Tant d’interactions entre tous ces personnages, feront que l’atmosphère va s’envenimer et à partir de là le roman se transforme en tragédie grecque avec plein de mammas italiennes pleurant toutes les larmes de leurs corps.

La fin de ce roman noir est ouverte, c’est une satire assez féroce et très sociale, décrivant un milieu particulier. Et au coeur du livre, se trouvent la perte de l’innocence et la douleur qui suit la disparition d’êtres chers. Une lecture qui secoue.

Brooklyn années 1990

LA CITÉ DES MARGES, Gallmeister 2021, ISBN 978-2-35178-240-8

El libro negro de las horas (4) de Eva G. Sáenz de Urturi

Eva García Sáenz de Urturi es una escritora española (Vitoria, 1972) que conoció un inmenso éxito con la trilogía policial con el inspector Unai López de Ayala alias Kraken, un profiler criminal. Hoy en día esta trilogía se ha convertido en tetralogía con la publicación en febrero 2022 de El libro de las Horas Negras. Todos los libros se sitúan en Vitoria o Ciudad Blanca, la propia ciudad de la autora.

La tetralogía al completo comprende : El silencio de la ciudad blanca (2016), Los ritos del agua (2017), Los señores del tiempo (2018) y El libro de las horas (2022). Los he leído todos menos Los señores del tiempo, aunque leí Los ritos del agua en francés (será comentado más adelante); parece que sucedieron cosas terribles a Kraken en el volumen 3, que ignoro, pero intuyo que pudiera ser la razón por la cual dejó el servicio activo. En todo caso se puede leer el tomo 4 por separado porque hay constantes referencias al pasado de Kraken y a los casos criminales resueltos (sin entrar en los detalles).

Encontré que este policial es diferente a los otros aunque prima la sensación de libro atrapante y lectura súper ágil con una trama bien separada en 2 temporalidades : el presente con la encuesta y el pasado con una narración a la segunda persona que te hace entrar en el relato como espectador. Además los capítulos son muy cortos y dejan sed de saber más.

(Por momentos encontré que el libro tenía un resabio de La sombra del viento de Luis Zafón :los barrios góticos, las librerías de viejo, la alusión a los olores de los libros, y sobre todo la atmósfera).

Esta vez Kraken se verá implicado en una pesquisa que lo atañe muy de cerca y aunque apenas recuperado de agresiones anteriores, no duda en tomar la investigación, ayudado de lejos por la fiel Estíbaliz alias Esti y también por una nueva colega madrileña, Madariaga, que resultará de lo más interesante, sin olvidar el adorable y entrañable personaje del abuelo, un centenario fuerte como un roble y con las neuronas aún bastante funcionales. El personaje de Kraken es obsesivo y cuando tiene un caso en mano, se olvida de esposa e hija; así será en este tomo dónde muchos de los personajes secundarios que conocemos aparecerán sólo esbozados.

De todas maneras, obsesivo o no, el reto es tan enorme para el pobre Kraken, que no tiene otra opción : recibe una llamada anónima para exigirle rápidamente un libro de gran valor, un incunable, una rareza, El libro Negro de las Horas de Constanza de Navarra; en caso ,de no cumplimiento su madre será asesinada. Pero su madre fue enterrada 40 años atrás !

Para mi, el eje del libro lo constituye la in-cre-í-ble historia de Itaca Expósito, una huérfana hiper dotada en artes manuales que será esclavizada casi toda su vida en provecho de una red internacional de bibliófilos. Itaca fue abandonada en el pórtico de una iglesia junto con un incunable y con ropaje de calidad. Acaso era de noble estirpe? Este dato no se desarrolla.

El libro nos iniciará de manera magistral en el mundo de los libros, especialmente en el de los bibliófilos y confieso que he aprendido bastante, hasta leído sustantivos que desconocía : ejemplar mútilo, ejemplar fragmentario, volumen intonso, un unicum. También sobre la historia de los falsarios, bibliófilos criptófilos y bibliófilos fanerófilos. No es un pasatiempo sano el de los coleccionistas de libros raros porque pueden llegar a demasiados extremos por poseer el libro-objeto. La codicia humana no tiene límites.

No será una encuesta fácil y quedo anonadada por la cantidad de agresiones que cumula Kraken, en una de estas va a dejar el pellejo.

Sigue extrañándome en los tomos sucesivos de la escritora G. Sáenz de Urturi, el enorme involucramiento privado de Kraken a lo largo de los diferentes libros; pero no solamente él, sino que todos los protagonistas de la policía tienen implicaciones con la gente de los casos (en Francia llaman a esta situación « delito de iniciado »).

Otro pequeño detalle que me incordió fue la abundancia de personajes que surgían como un torrente y que se necesitaba reubicarlos en el relato.

Muy buenas novelas ofrece esta autora, originales y muy bien armadas.

Una cita muy buena sobre el libro…Nadie posee un libro para siempre, las personas son efímeras, acaban muriendo. Un libro no muere, es mucho más longevo, y todos somos sus custodios temporales.

Otros libros comentados : Aquitaine , Le silence de la ville blanche (1), Les rites de l’eau (2).

EL LIBRO NEGRO DE LAS HORAS, Planeta 2022, ISBN 978-84-08-25285-6

L’homme peuplé de Franck Bouysse

Franck Bouysse est un écrivain français de romans noirs (Brive-la-Gaillarde 1965); il se dédie à l’écriture de façon exclusive depuis 2014. Il a reçu de nombreux prix littéraires.

L’homme peuplé (2022) est sa dernière publication. Quel plaisir de retrouver cet auteur et son écriture particulière faite de poésie, de langage travaillé, d’attachement viscéral à la terre avec une véritable force magnétique qui en découle, on pourrait dire tellurique.

Les cadres de ses romans peuvent se ressembler : personnages taiseux, lieux isolés, nature inclémente, incommunicabilité, secrets, violence, sentiments exacerbés, vengeances, corruption, mais chaque fois on retrouve une étincelle différente qui illumine le tableau.

Cette fois, le lieu géographique n’est pas précisé, probablement la Corrèze chère à Bouysse; dans un lieu isolé vont se confronter deux solitudes : celle de Harry qui a acheté un débris de ferme pour s’isoler, se retrouver à lui même et retrouver, si possible, l’inspiration pour un deuxième livre. Son premier livre, L’Aube noire, a été un énorme succès et l’a entrainé dans le tourbillon qui s’en suit.

Comment ne pas associer Harry à un alter ego de l’écrivain Bouysse, au moins en partie, avec ses doutes et ses certitudes. Il correspond bien à « l’homme peuplé ». Mais vous verrez que l’autre protagoniste, Caleb, correspond aussi, tellement il est peuplé de secrets et de mystères.

L’autre personnage est donc Caleb, le voisin le plus proche de Harry, seul depuis la mort de sa mère qui était sourcière et plus ou moins sorcière dans le pays, une femme crainte. Elle aurait transmis tout son savoir à Caleb qui peut guérir, mais réserve ce pouvoir aux bêtes.

Très rapidement Harry va entendre des bruits, va être « visité » en cachette, se sentira surveillé sans que jamais il y ait un contact entre les deux hommes. Et lorsque Harry essaiera de s’approcher de la ferme de Caleb, il en sera empêché.

Jusqu’ici tout était comme de l’eau de roche pour moi. Puis, j’ai eu comme un doute dans la temporalité du récit. Puis, j’ai compris qu’un élément fantastique entrait dans l’histoire et là, j’ai perdu pied et j’ai eu peur devant quelque chose qui m’échappait totalement.

C’était probablement le but de Franck Bouysse, nous entraîner dans les mythes et légendes, là où toute rationalité se perd. On lui découvre la veine sud-américaine du réalisme magique.

Bravo Monsieur Bouysse, la fin de l’histoire m’a laissé haletante comme un poisson en dehors du bocal. Et votre livre est une ode aux affres de la création littéraire, une naissance presque toujours dans la douleur.

Autres livres commentés : Plateau, Glaise, Né d’aucune femme, Buveurs de vent, Grossir le ciel, Oxymort.

L’HOMME PEUPLÉ, Albin Michel 2022, ISBN 978-2-226-46573-3

Misterioso asesinato en la casa de Cervantes de Juan Eslava Galán

Juan Eslava Galán es un escritor muy prolífico de novelas y ensayos, especializado en el género histórico tanto de ficción como de no ficción. También ha publicado libros bajo el pseudónimo de Nicholas Wilcox.

De Eslava Galán leí En busca del unicornio (1987), novela ganadora del Premio Planeta del mismo año, novela estupenda ambientada en el siglo XV, de estilo picaresco : un joven se lanza en la búsqueda del unicornio para su Rey y Señor a quien le falta poder sexual; la búsqueda durará nada menos que 17 años y el pobre muchacho pasará por tantos percances y sufrimientos…para volver con un cuerno de rinoceronte.

Misterioso asesinato en casa de Cervantes (2015) ganó el premio Primavera de Novela del mismo año; el libro es una joyita policíaco-picaresca ambientada en la España del Siglo de Oro, (siglos XVI-XVII), en un país extenuado por las guerras, lleno de gente improductiva de aquella época, un país poco desarrollado, beato y con legiones de mendigos, pícaros, tullidos, busconas, criados : una verdadera corte de los milagros. La novela da un excelente descriptivo de la vida de la época (hábitos, costumbres, vestimentas, comidas, sucesos históricos, etc) además de ser muy meta-literaria, citando autores de la época y versos.

Está escrita de exquisita manera, con un vocabulario de la época que no resulta pedante sino arcaico, enjundioso, barroco, divertido y por momentos, atrevido.

La historia narrada por Eslava Galán se inspira de un hecho real ocurrido a Miguel de Cervantes : el proceso que lo implicó durante su estadÍa en Valladolid entre 1603-1605 y que lo llevó al calabozo. Existe un documento conservado por la RAE donde se especifica que Don Gaspar de Ezpeleta (un pícaro) andaba en amoríos con la mujer del escribano Galván; es muy posible que el marido ofendido haya contratado un espadachín para eliminar al amante. El vil asesinato sucede frente a la casa de Miguel de Cervantes a quién se le acusa de albergar mujeres que comercian con los hombres.

Lo que sucede es que las Cervantas, como se las llama, son muy avanzadas, saben leer y escribir, saben discutir desde que la antepasada María se destacó por su educación. La mala leche de las vecinas, de lengua viperina, inventará una acusación por envidia.

El relato se sitúa en una ciudad de Valladolid arruinada tras los festejos en honor al nacimiento del hijo del rey Felipe III, cuando esta ciudad albergaba a la corte de España.

La Duquesa de Arjona en Valladolid, admiradora de Don Miguel, pide ayuda para resolver el caso y devolver el honor a Cervantes. Ella recurre a Doña Dorotea de Osuna, una hermosa criatura que se transforma en Don Teodoro de Anuso cuando la necesidad de la pesquisa en los bajos fondos se hace sentir.

El temerario personaje de Doña Dorotea sirve para un estudio del papel de la mujer en aquellos tiempos; las féminas no existían fuera de una potestad masculina.

La pesquisa necesaria para blanquear a nuestro prohombre, también sirve para darnos un vasto retrato de la sociedad de la época, desde lo más alto hasta lo más bajo. Es la parte más sorprendente del relato porque más de 400 años han pasado, pero los problemas continúan y no son peores.

Un libro muy bien hilvanado, interesante, divertido, de gran riqueza lexical.

Don Miguel de Cervantes fue el cuarto vástago entre 7, en el orden de esta ilustración:

MISTERIOSO ASESINATO, Espasa 2015, ISBN 978-84-670-4469-0

Naufragées d’Emilia Pardo Bazán

Emilia Pardo Bazán, comtesse de Pardo Bazán, est une écrivaine espagnole du XIXè siècle (1851-1921) aussi journaliste, essayiste, poète, critique littéraire, dramaturge, traductrice, éditrice et enseignante.

Elle introduisit le naturalisme en Espagne et écrivit plusieurs articles sur Émile Zola et le roman expérimental, déclenchant un tollé dans le milieu intellectuel espagnol, considérant que c’était un manifeste en pro de la « pornographie » française et de la littérature athée; elle fût aussi très en avance sur les droits de la femme. Elle possédait une vaste culture, lisait beaucoup et était très indépendante ; dans l’Espagne du XIXè, elle fût la première auteure femme à vivre de sa plume en Espagne. Elle apprenait des langues rien que pour lire les auteurs dans leur langue vernaculaire.

Elle a laissé plus de 600 contes compilés dans plusieurs volumes. Souvent les contes se passent dans sa ville natale, La Corogne, qu’elle appelle Marineda. La teneur de ses contes est variée : fantastiques, policiers, de circonstance, psychologiques, ésotériques, d’un grand naturalisme, poétiques, historiques, de terroir (la Galice), intimistes, violents, drôles. Bref, elle touche à tous les genres.

La vision du monde de Mme Pardo Bazán n’est pas optimiste, elle pense que l’Homme n’est pas bon par nature et que les faiblesses humaines et le péché jouent un rôle dans le « théâtre de la vie ».

Naufragées (2022) est une compilation de 21 nouvelles autour de femmes-victimes, dans un format très mignon et soigné des Éditions la Reine Blanche avec de belles illustrations d‘Anne Buguet. Le choix des textes est probablement celui de l’auteure de la préface, Mme Dolores Thion Soriano-Mollá, car dans la bibliographie espagnole ce recueil apparait en 2010 sous la direction de Linda M. Willem.

Les 21 nouvelles sont toutes excellentes et je serais incapable d’en choisir la meilleure. L’auteure touche tous les milieux avec des sujets très différents. On sait que Mme Pardo Bazán s’inspirait beaucoup des faits divers de son temps.

Les nouvelles sont très bien écrites et assez souvent la chute surprend; autre point remarquable est la modernité du discours, tellement moderne que je frémis devant l’idée de l’accueil qui a dû lui être rendu de son vivant, au sein d’une société franchement machiste.

Parmi les 21 récits, 9 ont trait à la maltraitance, 6 à la tristesse, 2 à l’adultère, 2 à la violence, puis 1 cas de folie et seulement 1 nouvelle où il y a un sentiment de générosité envers une pauvre femme.

Le récit N° 20 s’intitule Naufragées et va donner le titre au recueil : c’est une mère et sa fille qui arrivent à Madrid à la recherche d’un travail, car le père, pharmacien, les a ruinées; elles ont dû tout vendre pour pouvoir payer les dettes. Elles s’imaginent qu’avec leur éducation et leur prestance, elles pourront dénicher un emploi…

Le déguisement est le récit N°19, le seul récit où il y a une ébauche de bonheur : une femme très modeste donne des leçons de piano chez la marquise d’Insula à sa fille. Un jour, la marquise lui offre deux places pour l’opéra. Mais elle est si pauvre que ni elle ni son mari ont les vêtements adéquats. Alors la marquise les vêt de pieds en cape et les envoie en calèche à l’Opéra.

Bien que vivant au milieu du XIXè siècle, la comtesse de Pardo Bazán, malgré son pedigree, a su voir et apercevoir avec tellement de justesse beaucoup de situations par rapport à la femme; c’est vraiment une pionnière pour les droits féminins.

C’est toujours un plaisir très frais de la lire 150 ans plus tard.

Libros reseñados de Emilia Pardo Bazán : Contes d’amourCuentos, Los pazos de Ulloa, La gota de sangre. La Tribuna, Cartas a Galdós . El encaje roto .

NAUFRAGÉES, La Reine Blanche Éditions 2022, ISBN 978-2-491528-28-7

Si esto es una mujer (1) de Lorenzo Silva y Noemí Trujillo

Lorenzo Silva Amador es un escritor español (Madrid 1966) muy exitoso con la serie policíaca del brigada Rubén Bevilacqua y de la cabo Virginia Chamorro de la Guardia Civil (grupo militar armado). Lorenzo Silva estudió Derecho y trabajó como abogado hasta el año 2000, y ello se nota porque sus libros están bien armados en artes leguleyas y judiciales.

Noemí Trujillo es una poeta y escritora catalana (Barcelona 1976). Es la esposa del escritor en la vida real.

No es la primera vez que escriben algo juntos porque hicieron duplo en Nada sucio (2016) y Suad (2013).

Si esto es una mujer (2019) inaugura una serie con una nueva policía madrileña Manuela Mauri, un personaje creado por Lorenzo Silva que ya apareció en su cuento Carabanchel Blues que hace parte de una recopilación de relatos. Si esto es una mujer hace parte del top 5 de los libros más vendidos en España cuando fue publicado. Y ya tenemos una secuela en 2022 con La forja de una rebelde que habrá que leer.

El título del libro me pareció de interpretación difícil hasta que comprendí que era una alusión al libro autobiográfico de Primo Levi Si esto es un hombre quien también habla de deshumanización, en este caso en el campo de concentración de Auschwitz.

Esta novela policial se basa en un hecho real ocurrido en España en 2003 en Boadilla del Monte, comuna de Madrid, donde una joven prostituta fue hallada descuartizada en varios vertederos de basura.

El libro engancha desde el principio aunque no hay mucha acción, pero el propósito del libro no es tanto la pesquisa policial que una denuncia hacia lacras de la sociedad actual en España (no hay muchas diferencias con otras latitudes…).

El caso policial parte del descubrimiento de una mujer joven troceada en varios segmentos botados en vertederos de basura diferentes.

La resolución del caso no avanza hasta que van a buscar a Manuela Mauri, inspectora de la Policía Nacional en baja por razones psicológicas desde hace 7 meses.

Manuela Mauri es una mujer muy compleja, muy competente, pero de mal carácter. Ha dado toda su energía al ejercicio de su profesión y ha descuidado su relación de pareja, de madre, de hermana. Tiene detractores en la comisaría y también admiradores. La van a buscar para que se preocupe del caso policial y ella acepta. Su psicología está muy bien vista, lo que debe ser el aporte de N. Trujillo.

Toma la pesquisa a su manera, apoyándose mucho en sus contactos y en sus intuiciones. Los meses de baja laboral la han hecho reflexionar y quiere cambiar. Necesita la confianza de los suyos. Lorenzo Silva nos hace un guiño simpático con un cameo de Rubén Bevilacqua como un amigo de Manuela, un amigo al cual ella pide consejo invitándole a cenar.

Resalta el ejercicio difícil en el seno de la Policía, donde no siempre reina la confianza ni la honestidad, donde hay que avanzar con pies de plomo para no resbalar, donde siempre están juzgando.

El caso se resolverá poco a poco con las buenas intuiciones de Manuela y la ayuda eficiente y cercana de algunos colegas. Pero esta historia horrible y truculenta es un mero fondo para presentarnos una crítica social que va desde la trata de blancas, la prostitución, el difícil tratamiento de la basura en Madrid, la vida familiar difícil de un policía, etc, etc..

Una lectura ágil y entretenida.

Otros libros reseñados : La niebla y la doncellaLa reina sin espejoLa marca del meridianoTantos lobos, Los cuerpos extraños. El mal de Corcira . La llama de Focea .

SI ESTO ES UNA MUJER, Destino 2019, ISBN 978-84-233-5572-3