Le poids des secrets d’Aki Shimazaki

Aki ShimazakiAki Shimazaki est une écrivaine québécoise d’origine  japonaise qui vit au Canada depuis 1981. Elle a publié cette pentalogie directement en français. Quatre de ces livres ont reçu un prix séparément. Il paraît que Madame Shimazaki s’est inspirée de la trilogie «  Le grand cahier  »  de l’écrivaine suisse-hongroise Agota Kristof pour écrire ses livres, trilogie que je vous recommande vivement. C’est Guillaume L qui m’a conseillé cette pentalogie ; il est lecteur passionné comme moi et nos rencontres parlent des livres. Il est au courant de tout ce qui parait…

Chaque livre va reprendre des secrets de famille soigneusement gardés et les livres vont s’imbriquer comme les pièces d’un puzzle. Ils sont indissociables et il est nécessaire de les lire dans l’ordre pour comprendre la trame qui va s’étaler entre 1900 et nos jours au Japon.

Tous les noms sont symboliques et très beaux : le style de l’auteur est très dépouillé et sobre, aucune fioriture ne viendra  alourdir le récit. Et à travers l’histoire de cette famille on pourra se faire une idée du vécu des japonais à travers une Guerre, un tremblement de terre, l’invasion de la Corée, les bombes atomiques. Jamais de la plume de l’écrivain nous lirons des mots amers ni durs, malgré des faits parfois durs voire cruels. Beaucoup de dignité et de retenue. Pour un japonais il s’agit avant tout de ne pas perdre la face ( cf ‘ Stupeur et tremblements » de Amélie Nothomb ).

Livre 1 : Tsubaki

Tsubaki veut dire camélia en japonais.

Avant de mourir Yukiko révèle à sa fille Namiko la vérité sur sa vie par le biais de deux lettres : une pour elle et une autre pour son frère Yukio dont Namiko apprend du coup l’existence.  Car dans son adolescence Yukiko a appris un terrible secret de famille qui l’a poussé à commettre l’irréparable. C’est aussi l’époque où Yukiko connaît l’existence de l’amour, mais d’un amour impossible.

Yukiko adore les camélias et elle demande à être enterrée au milieu du parterre de camélias qu’elle avait planté avec son mari. Yukiko a perdu son père avec la bombe atomique de Nagasaki qui fut la deuxième bombe lâchée par les américains, trois jours après Hiroshima et qui fit 80 000 morts. Elle apprendra à ce moment là que son père avait une double vie. Elle fera sa vie à l’étranger avec un mari qui la fera sortir du Japon, elle aura du mal à oublier son passé.

Livre 2 : Hamaguri

Hamaguri veut dire coquillage.

Le narrateur de ce livre est Yukio Takahashi a qui Yukiko avait appris un jeu avec des coquillages : il fallait trouver la paire parfaite à partir de coquillages dépareillés par la perfection de la charnière de la valve. Lorsque Yukio et Yukiko se sont separés, Yukiko a gardé une paire parfaite fermée par une ficelle et qui contenait leur deux noms unis à jamais.

Yukio est le fils naturel de Mariko, fille-mère qui travaille dans une église catholique. Lorsqu’il était petit il se souvient d’avoir joué avec une petite fille de son âge avec qui il s’entendait si bien. Puis sa mère est demandée en mariage par un homme qui va l’adopter et les emmener vivre à Tokyo, puis quelques années plus tard à Nagasaki d’où il partira pour la Mandchourie. A cette époque le Japon subit une des premières défaites dans l’île de Attu où 2500 soldats sont morts en se faisant le gyokusaï, c’est à dire se suicidant pour l’honneur de la Patrie sans se rendre prisonniers.

Yukio, à la retraite a reccueilli sa mère Mariko dans sa maison, elle a 84 ans et a beaucoup baissé depuis qu’elle a glissé sur le verglas. Yukio essaie de savoir si sa mère connaît le destin de Yukiko après tant d ‘années parce qu’il ne l’a pas oublié. La plus jeune fille de Yukio s’appelle Tsubaki, en mémoire de Yukiko qui aimait tant les camélias…

Livre 3 : Tsubame

Tsubame signifie hirondelle en japonais.

Ici le récit est repris par la mère de Yukio connue comme Mariko Kanazawa, mais de son vrai nom Yonhi Kim, nom d’origine coréenne. Car la Corée fut envahie par les japonais en 1919 et des milliers de coréens arrivèrent au Japon à la recherche d’un travail. La mère et l’oncle de Yukio en faisaient partie, alors que dans leur pays ils étaient professeurs, ils acceptèrent des travaux bien moins considérés , mais surtout durent subir l’opprobre des japonais qui étaient farouchement xénophobes. Lors du tremblement de terre de 1923, la mère de Yukio confia son fils au père d’une paroisse chrétienne et partit à la recherche de son frère. Elle ne revint jamais. Mariko  épousera Monsieur Takahashi et aura une belle vie ; sur le tard ils habiteront  avec leur fils et leur belle fille. Le couple a trois enfants et la plus jeune Tsubaki est la préférée de sa grand mère.

Livre 4 : Wasurenagusa

Cela veut dire myosotis.

Le narrateur est Monsieur Takahashi qui a été élevé par sa nounou Sono avec laquelle il a gardé toujours contact. Elle lui a offert un signet avec des feuilles séchées de wasurenagusa qui lui rappellent tant des choses…Il faisait partie d’une famille patricienne de Tokyo et épousa en premières noces une femme de laquelle il a divorcé, puis il a connu Mariko Kanazawa et l’a épousé contre l’avis de ses parents car elle était fille- mère et de plus , orpheline. Il a préféré se séparer de ses parents et vivre sa vie auprès de la femme aimée et de son fils Yukio qu’il adoptera et élèvera comme son fils.

Lorsqu’il sera à la retraite il ira vivre avec sa femme Mariko chez leur fils Yukio, l’année de la naissance de la petite Tsubaki qui fera la joie de ses grand parents. Il a un ami qui habite le même quartier et avec qui il joue  au shôgi. C’est cet ami qui lui donnera la piste d’un secret de famille long temps ignoré…

Livre 5 : Hotaru

Cela veut dire luciole.

Ici la narratrice est la petite fille des Takahashi qui porte un nom en souvenir du goût de Yukiko pour les camélias…ainsi la boucle est bouclée.

La petite Tsubaki va assister à la fin de la vie de sa grand mère qu’elle adore. Cette grand mère lui fera la confession de plusieurs secrets jalousement gardés; aussi la jeune Tsubaki est sur le point de s’embarquer dans une histoire sentimentale sans lendemain qu’elle aura le courage d’écarter après les révélations de l’aïeule.

Aussi pourrons nous conclure que tout se répète dans la vie et que nul n’échappe à son destin.

Autres livres commentés : 1et cycle Le poids des secrets (Tsubaki, Hamaguri, Tsubane, Wasurenagusa, Hotaru) 2è cycle Au coeur du Yamato (Mitsuba, Zakuro, Tonbo, Tsukushi, Yamabuki); 3è cycle L’ombre du chardon (Azami, Hazuki, Suisen, Fuki-no-tô, Maïmaï); 4è cycle sans nom pour le moment (Suzuran, Sémi) 

LE POIDS DES SECRETS, Actes Sud 2005,  ISBN  978-2742757909

2 réflexions sur “Le poids des secrets d’Aki Shimazaki

    • Bonjour Sorokin
      Muy bueno y entretenido su blog, muy coloquial. Me di un paseo y encontré una reseña sobre el libro de la Señora Poniatowska « Leonora » que también lei a solas y en tertulia literaria, lo que es mucho más enriquecedor.Publiqué una reseña sobre el interesante libro ; lo que también es relevante es el hecho que Leonora Carrington y Elena Poniatowska fueron amigas en la vida real por lo que el libro cobra un significado especial.
      Sobre Aki Shimazaki y su primera magistral pentalogía « Le poids des secrets », escrita directamente en francés SVP, creo que aun no la traducen al castellano.
      En cambio, su segunda pentalogía, agrupada bajo el título de « Au coeur du Yamoto », comporta un tercer título « Tonbo », traducido al castellano y vendido por La Casa del Libro junto con otros tres opus en castellano dirigidos a un público joven : Chica secreta Tomos 1,2 y 3.

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