Archive | juillet 2020

Là où chantent les écrevisses de Delia Owens

Delia Owens - Babelio Delia Owens est une écrivaine nord-américaine (Georgia 1949) diplômée en zoologie et biologie ayant vécu 23 années en Afrique pour y mener des études sur les espèces animales en danger.

Là où chantent les écrevisses (Where the Crawdads Sing 2018) est son premier roman qui a nécessité une dizaine d’années de travail, un livre qui est resté 97 semaines sur la liste des best sellers du New York Times et qui fut aussi le livre le plus vendu sur Amazon (plus de 7 millions vendus de par le monde…). C’est un vrai roman d’apprentissage et aussi un roman écologiste.

Un film est sorti en 2022, dirigé par Olivia Newman. J’ai beaucoup aimé ce film long (2 h), tellement fidèle à l’histoire et qui a réussi à m’émouvoir presque davantage que la prose. L’histoire policière greffée à cette histoire humaine, est l’axe autour duquel se développe le film. Les paysages des marais sont à couper le souffle et m’ont rappelé un livre que j’avais adoré, Le prince des marées de Pat Conroy (1986).

Drôle de titre pour un livre et à ce propos l’écrivaine explique que la phrase vient de sa mère qui la tenait du grand père, voulant dire « va le plus loin possible et tu entendras les écrevisses chanter », c’est à dire, écoute la nature,  va aussi loin que tu peux dans la nature là où les animaux sont encore sauvages, où ils se comportent comme de vrais animaux.

C’est une très belle et émouvante histoire, l’histoire de l’immense solitude d’une sauvageonne abandonnée par sa mère à 6 ans dans les marais de Caroline du Nord, puis par ses deux soeurs et deux frères (qui fuiront le père) et finalement par son père (un alcoolique violent). Elle a du survivre dès ses 7 ans dans un état de solitude miséreuse inimaginable, la plupart du temps devant se cacher dans le marais qu’elle connaît à la perfection, car les prédateurs humains posaient problème régulièrement.

Le roman est un hymne à la nature avec détails sur la flore et la faune, spécialement sur les oiseaux. Mais le côté scientifique ne s’alourdit jamais au détriment de cette bonne intrigue. La petite fille est Catherine Danielle Clark connue comme Kya, elle habite la cahute de ses parents, lointaine de 7 Km du village le plus proche, Barkley Cove; nous sommes en Amérique dans les années 50 et ces blancs pauvres vivent comme au Moyen Âge, pieds nus, couchant dans des matelas à même le sol et les enfants laissés  dans un total illettrisme. Et pourtant, les deux parents avaient des origines bourgeoises, mais ils tombent dans la déchéance.

Nous allons suivre Kya au fil des années et nous serons étonnés de constater la connaissance qu’elle a de son microcosme, l’intérêt et le respect qu’elle porte à la nature. Le tournant dans sa vie se fera quand son ami des marais, Tate, lui apprendra à lire. A partir de là, Kya n’arrêtera pas de s’instruire en lisant des ouvrages fournis par son ami Tate qui deviendra un grand biologiste. Mais Tate va la trahir quelques années après, ce qui va ébranler sérieusement l’esprit de Kya qui va comprendre que l’on ne peut faire confiance à personne. Jeune fille devenue belle et sauvage, elle fera la connaissance du mauvais garçon qui va l’entraîner dans la violence. Quant à elle, elle publiera des livres à succès qui la feront connaître comme une grande spécialiste de la faune et de la flore du marais côtier.

L’écriture est par moments très lyrique et elle s’envole pour nous décrire les créatures du marais…elle avait observé les hérons de près, toute sa vie. Cet oiseau à la couleur d’une brume grise qui se reflète dans l’eau bleue. Comme la brume, il peut s’évanouir dans le décor et disparaître complètement, à l’exception des cercles concentriques de ses yeux fixes et perçants. C’est un chasseur patient, qui attend seul le temps qu’il faut pour se jeter sur sa proie ou, en la guettant, il s’en approche lentement, un pas après l’autre comme une demoiselle d’honneur prédatrice. Et pourtant, en de rares occasions, il chasse en vol, fond subitement, le bec en avant, telle une épée.

L’originalité de ce livre réside pour moi dans une bipolarité de la teneur : la vie de Kya dans un cadre écologique tellement spécial et bien décrit, puis le drame humain d’une mort violente dont nous suivrons pas à pas les conséquences jusqu’à la fin de l’énigme, fin surprenante d’une violence presque tellurique.

Un livre envoûtant qui ébranle le lecteur. Delia Owens a dit que Kya avait beaucoup d’elle: l’amour de la nature et de la recherche scientifique. D’avoir longuement étudié les animaux, elle conclut que nous sommes faits pour faire partie d’un groupe fort mais si nous restons isolés, c’est l’instinct qui prend le dessus.

LÀ OÙ CHANTENT LES ÉCREVISSES, Éditions du Seuil 2020 (D.O. 2018),  ISBN 978-2-02-141286-4

Educar a los topos de Guillermo Fadanelli

Guillermo Fadanelli - Inicio | Facebook Guillermo Fadanelli es un escritor mexicano (Mexico DF 1960) con una obra en buena parte autobiográfica y en un estilo que han calificado de satírico-belicoso. Es autor de aforismos, cuentos, novelas y ensayos. En su obra, los temas recurrentes son el pesimismo, la ciudad, la ironía y el escepticismo.

Educar a los topos (2006) es una novela de aprendizaje donde el autor narra la traumatizante experiencia de haber sido inmatriculado a los 11 años en una escuela militarizada donde primaba la bestialidad más primitiva. Su padre tomó esta decisión de manera arbitraria con un niño que no presentaba ningún tipo de dificultad en su desarrollo. Y Guillermo Fadanelli saca la conclusión de que en vez de corregirse (de qué?), se hizo más cínico (el precio que se paga por la sobrevivencia ?). ¿Y la inocencia mancillada de esos niños? Hete aquí lo que piensa el escritor…los niños conocen tan bien o mejor que sus padres el negocio de humillar a los otros: la inocencia infantil es un cuento de hadas que los adultos se cuentan a sí mismos para tranquilizarse, un eufemismo.

No es una lectura que me gustó porque el contenido no logró despertar mi interés. El libro está muy bien escrito en un español lejos de todo coloquialismo mexicano. Estoy de acuerdo que tomar una decisión así con un crío es casi criminal, ya se han visto otras atrocidades y/o aberraciones cometidas con los niños en este valle de lágrimas.

A los 11 años Guillermo Fadanelli ingresa a una escuela militarizada donde sufrirá humillaciones y vejaciones diarias que hacen parte « de la normalidad » en un mundo de brutos ignorantes a lo que le llaman « educación a la dura »  y que, in fine, produce una distorsión del alma.

El libro está escrito con una originalidad temporal que consiste en narrar la triste aventura del joven Fadanelli y súbitamente pasar al entierro de su madre (el padre ya ha muerto). Él es el hijo mayor lo que conlleva cierta responsabilidad en el acto, pero el lector siente ese resquemor, ese velado resentimiento hacia la actitud de los padres, que por lo demás (y por suerte), no duró más de 2 años en razón de un grave incidente acaecido en la insigne academia…

¿Y los topos del título ? La palabra topos aparece varias veces en el relato cuando los padres salen definitivamente de la casa de la abuela paterna que los había hospedado durante años, para instalarse en una casa construida con mucho esfuerzo en un barrio nuevo, todavía rural (Cuemanco, al sur de la capital)  donde los campos colindantes estaban asolados por manadas de topos y donde los dichos topos asomaban la cara para mirar al niño mientras leía y otras veces, cuando los padres tenían violentas disputas, los hijos se hubiesen guarecido dentro de los agujeros que los topos cavaban en el jardín, hendiduras enormes que el padre no había logrado hacer desaparecer. La última frase del libro conlleva un pensamiento hacia su madre, qué algo luchó para defenderlo y sacarlo de la escuela militar y que le había pedido un favor que él no cumplió…siento angustiosos deseos de volver a poner las cosas en su lugar, pero es demasiado tarde porque sé que no lo haré, que las horas que han pasado después de cubrir el catafalco de tierra son ya intransitables, puentes caídos, túneles de topos sin salida.

EDUCAR A LOS TOPOS, Anagrama 2006,  ISBN 968-867-311-0

La femme à la fenêtre de A.J. Finn

Review: 'The Woman in the Window' by A.J. Finn - Chicago TribuneA.J. Finn est le nom de plume de Daniel Mallory, éditeur et écrivain nord-américain (Caroline du Nord 1979). Avec ce premier livre, un thriller psychologique qui rend hommage à Hitchcock, il a touché le jackpot en ayant été le N° 1 des meilleures ventes selon  le New York Times, cela faisait 12 ans que les meilleures ventes n’étaient pas revenues à un premier roman. Quant à son surnom littéraire, c’est un mélange du nom d’Alice Jane (une cousine) et du  bouledogue Finn de la famille, car il a voulu séparer son côté réactif (éditeur) du côté créatif (auteur) afin de ne pas influencer ses lecteurs. Actuellement il projette un deuxième thriller, cette fois à San Francisco qui se prêterait aussi bien que Big Apple pour écrire sur une nouvelle intrigue.

En même temps qu’il vendait des millions d’exemplaires de son livre, la Fox 2000 lui a racheté les droits sur le livre et un film sera bientôt prêt, dirigé par Scott Rudin (titre non encore annoncé) avec dans les rôles principaux, Amy Adams et Gary Oldman et pour l’adaptation écrite, le dramaturge Tracy Letts.

La femme à la fenêtre (2018) a nécessité un an d’écriture et a été écrit comme un scénario de film, avec des chapitres ultra courts et une forte imprégnation cinématographique essentiellement sur les films en noir et blanc  du répertoire hitchcockien (Sueurs froides, Fenêtre sur cour…) ou de Cukor (Hantise). En tant qu’éditeur new-yorkais reconnu , Mallory était bien placé  pour devenir l’auteur d’un super ventes à la suite des livres Gone Girl de Gillian Flynn en 2012 et La fille du train de Paula Hawkins en 2015. De sa carrière d’éditeur il a gardé le sens  (amplement réussi) de l’impératif commercial: son credo d’éditeur était « Must Have Plot » (l’intrigue  est primordiale).

Le livre est un gros pavé de plus de 500 pages divisé en 100 chapitres courts avec une bonne intrigue qui rend la lecture addictive par moments. Je dis par moments car j’ai éprouvé parfois un peu de lassitude à cause du côté un peu répétitif de l’histoire et aussi à cause du temps qu’a mis  l’auteur pour nous révéler l’origine du comportement pathologique de la protagoniste.

Loin de moi le désir de vous raconter les méandres de ce bon thriller psychologique, bien que ce soit plutôt un roman de stratégies qu’un roman psychologique. Je vous laisse le plaisir de découvrir les mille détails de l’intrigue car tout est si bien décrit que l’on sent les odeurs et que l’on entend les bruits…

En bref, Anna Fox est une pédopsychiatre de 38 ans qui sera en état de choc post traumatique, confinée dans sa grande maison de Harlem à New York, atteinte d’agoraphobie sévère, bourrée de psychotropes et qui picole du merlot à longueur de journée. Elle s’embête à mort et passe la journée à espionner les voisins, connaît tout sur leurs mouvements (11 mois qu’elle est confinée) et pousse le vice jusqu’à les prendre en photo. Les choses vont se compliquer, c’est évident. Pourtant Anna Fox n’est pas n’importe qui; elle est psychiatre, elle a de la jugeote. Mais peut-on avoir confiance dans ses propos après tout ce que je vous ai révélé à son sujet? C’est le point crucial. Et bien réussi. La fin m’a bien surpris, chapeau l’auteur.

Il y a un petit point qui m’a choqué. C’est quand cette femme de tête, Anna Fox,  prend la décision de reprendre sa voiture à la montagne, en pleine nuit et en pleine tempête de neige. Irresponsabilité totale ou acte manqué?

LA FEMME À LA FENÊTRE, Presses de la Cité 2018,  ISBN 978-2-258-14721-8

Las mutaciones de Jorge Comensal

 

Amazon.fr - Las mutaciones - Comensal, Jorge - Livres

Jorge Comensal es un escritor mexicano (México DF 1987); cursó estudios de Letras Hispánicas, Linguistica y Filosofía de la ciencia. Con tales estudios se entiende que esté fascinado por la neurobiología; tiene a su haber investigaciones en neuro-linguistica. Su estilo (por lo menos en este libro) se inspira en el de su compatriota y tocayo Jorge Ibargüengoitia con esa visión tan sardónica del mundo y esa manera de abordar un tema con su consiguiente demistificación.

Las mutaciones (2016) es su primer libro y es un acierto. Hace tiempo que no leía algo tan simpático e inteligente por el contenido, pero sobre todo por la manera de tratarlo y de apoyarlo con conocimientos científicos que necesitaron un par de años de documentación. Es una novela realista llena de humor irónico y de precisiones científicas con un buen análisis societal. Es también una lograda tragicomedia sobre temas tabúes como el cancer, los dramas familiares, el costo de la salud, la profesión de abogado y la práctica de la Medicina, al mismo tiempo que nos transmite información sobre las mutaciones genéticas.

La novela se arma entorno de Ramón Martínez, un exitoso abogado mexicano casado con Carmela, también abogado, pero que no necesita ejercer. Tienen dos hijos, dos adolescentes insoportables de autismo existencial, egoistas y encerrados en sus propios demonios (la bulimia para la hija y el onanismo para el hijo). Una empleada, Elodia, que es parte integrante de la familia y  adora a su patrón desde que éste la ayudó económicamente con la enfermedad de su madre. Tenemos también el personaje del hermano menor de Ramón, un perfecto desgraciado que se comportará como el rufián que es, un magnífico canalla. Otro personaje entrañable es Teresa, la psicoanalista que se ocupará del disminuido Ramón y que emplea métodos poco ortodoxos con sus pacientes (hoy en día es una realidad en algunos países con fines terapéuticos…)

Los personajes y las situaciones están estupendamente descritos. Es un puro deleite progresar en la lectura. Y por tanto…el tema es siniestro…pero está tan inteligentemente abordado que se lee con fruición, sin patos y con una sonrisa. ¿Es posible? Yes.

A Ramón le van a descubrir un cancer raro, producto de una mutación genética cuyo tratamiento es bastante radical y extremo, ya que lo privará definitivamente del instrumento de su trabajo. Es interesante asistir al comportamiento de cada uno de los miembros de esta familia, hasta la idea genial de Elodia de traer a casa a un loro maltrecho, de una especie en vías de extinción, pero  es el loro más mal hablado y lenguaraz del reino animal. Ramón lo llamará Benito (por Benito Juárez).

Fuera del ámbito de esta familia de clase media alta, tenemos una crítica socarrona y justificada de la medicina donde los egos son más grandes que el Titanic y ciertos ególatras están dispuestos a todo con tal de publicar algo que los propulse al cenit, al estrellato inclusive si las noticias son falsas o no aún científicamente comprobadas. El joven escritor Comensal nos brinda  reflexiones interesantes, como por ejemplo sobre el impacto en nuestras vidas de los avances científicos. El mundo de la Oncología está muy bien ahondado y muy justamente el escritor dijo un día que los oncólogos son seres que deben esconder el alma.

Un par de citaciones del libro que me parecen acertadísimas:

Por más que hayan nacido tiernos, suaves y jocosos, los oncólogos siempre acaban dominados por la melancolía. Ningún otro especialista, ni siquiera el médico forense, sostiene relación tan familiar con la desgracia. El alma del oncólogo se ausenta para no pudrirse. Cuando un paciente incurable le suplica un mendrugo de esperanza, el médico no puede darle a comer mentira, no le toca ser piadoso sino profesional.”

Jorge Comensal ¿Qué clase de vocación, la Oncología, qué tipo de revancha o recompensa comporta esa especialidad? ¿Qué caminos llevan a carrera tan sombría, vocera de la desgracia, administradora de curas atroces y fármacos letales? Al mirar el rostro de un oncólogo es preciso recordar que adentro existe un móvil, una causa, un trauma del inconsciente, un heroísmo masoquista, una macabra curiosidad; acaso el deseo de emular al padre, de matarlo o complacerlo, o de obtener la residencia en un hospital para ricos. El consultorio del oncólogo es la escena de un crimen psicológico; detrás de los diplomas que adornan sus paredes hay motivos que huyen de la luz.

Una estupenda novela, muy realista. Habrá que seguir de cerca a este prometedor y joven escritor…

LAS MUTACIONES, Seix Barral 2019 (J.C. 2016),  ISBN 978-84-322-3544-3

L’Adversaire d’Emmanuel Carrère

L'adversaire, Emmanuel Carrère - Réseau Canopé

Emmanuel Carrère est un écrivain, scénariste et réalisateur français (Paris 1957), diplômé de l’Institut d’Études Politiques. C’est le fils de la distinguée russologue française et académicienne Hélène Carrère d’Encausse qui a des origines russes,  ce qui explique en partie son engouement pour la Russie.

L’Adversaire (2000) m’a été chaudement recommandé et je suis d’accord car c’est une lecture qui apporte un point de vue intéressant sur une affaire criminelle qui a commotionné la France en 1993, l’affaire Jean-Claude Romand, le quintuple assassin. C’est un livre-récit de non-fiction, considéré comme un rapport par l’auteur et aussi comme un livre jumeau de son autre livre La classe de neige (1995), qui a été écrit après l’abandon d’une première écriture de L’adversaire où Emmanuel Carrère intègre l’image de l’enfance de Jean-Claude Romand pour essayer de comprendre ce qui avait fait naître la personnalité du futur criminel et où il va éprouver une certaine empathie pour un enfant a qui l’on a enseigné le mensonge vis-à-vis d’une mère malade. L’adversaire est le résultat d’une enquête journalistique de plusieurs années et qui se veut fidèle à la réalité.

Le livre a été l’objet de 2 adaptations cinématographiques, la première par Laurent Contet en 2001  sous le titre L’emploi du temps  et la deuxième en 2002 par Nicole Garcia sous un titre  éponyme. Il y a eu aussi une adaptation pour le théâtre en 2016 conduite par Fréderic Cherbœuf.

L’écrivain E. Carrère a voulu travailler sur la part d’imposture qui existe en tout être humain mais qui prend rarement des proportions aussi monstrueuses, mais ce livre n’explique rien car l’auteur n’est pas arrivé à démêler la personnalité du criminel.

L’AFFAIRE CRIMINELLE: Jean-Claude Romand, natif du Jura, va assassiner épouse, enfants (2) et ses parents le 9 janvier 1993 et va rater son suicide. L’investigation va révéler très vite que Romand vivait dans le mensonge depuis 18 années! Jusqu’au dérapage il a pu mener une double vie dans une relative opulence. Il se disait médecin chercheur mais il n’avait pas fini ses études de Médecine abandonnées en deuxième année. Il s’installera à la frontière Suisse pour justifier d’un faux emploi à l’OMS. L’argent pour toute cette frime émanait de diverses escroqueries qu’il a perpétrées et froidement calculées au fil des années auprès des proches et de moins proches. Il a poussé le vice jusqu’à escroquer des gens dans le domaine de la santé!

Personne, pendant 18 années ne va le soupçonner de quoique ce soit et la Faculté de Médecine où il est resté inscrit pendant 12 années en deuxième année ne se montrera pas étonnée devant une telle bizarrerie…

L’explication du titre émane du nom donné au diable dans la Bible : l’adversaire, le menteur.

Ce quintuple meurtre prémédité est appelé « crime altruiste » par les psychiatres car Romand a tué les personnes qu’il aimait le plus au monde afin « de les protéger » de la vérité accablante sur lui. Nous sommes devant une pathologie narcissique grave avec mythomanie, froideur affective et investissement massif des apparences au détriment de la profondeur.

L’assassin a mené une double vie pendant 18 années. Côté face il était un bon mari et un père aimant, il avait des amis, certains très proches; il se déplaçait, il voyageait, il s’occupait de ses vieux parents. Côté pile, il n’était rien, il errait, il se terrait, il disparaissait pendant les heures de travail. Et il montait des escroqueries avec ses proches et non proches, sans l’ombre d’un remords. Un mensonge entraînait le suivant. En 1993 sa femme, pharmacienne de formation, a commencé à douter sur certains détails, ce qui a déclenché le drame.

Le livre est intéressant parce que Carrère est l’écrivain-narrateur de l’histoire de Jean-Claude Romand et aussi de la sienne, de celui qui doit colliger des informations; nous sentons les doutes qui l’assaillent, la terreur qu’il éprouve et la pitié aussi. Au fil du récit l’écrivain semble se détacher de l’histoire qu’il nous raconte et l’on sent très bien les hésitations dans le récit de la honte qui’il  ressent en tant qu’écrivain, en approchant un tel monstre.

Emmanuel Carrère mettra 7 années pour écrire ce livre;  il avait écrit une première lettre à l’assassin 6 mois après les faits, lettre restée sans réponse pendant 2 ans. Finalement le livre paraîtra 7 ans après les faits et 4 ans après le procès.

Jean-Claude Romand sera condamné à perpétuité (assortie de 22 années de réclusion) et sera détenu à Chateauroux,  il sera libéré après 23 années de réclusion. Actuellement il vit en liberté conditionnelle dans l’Indre depuis juillet 2019, il doit porter un bracelet électronique pendant une période probatoire de 2 ans et sera soumis à des contrôles pendant 10 ans.

Il paraît que ce « père aimant », « fils modèle », « ami intachable » et « détenu modèle » tombé en religion avait obtenu un 16/20 à l’épreuve philo du Bac 1976 sur le thème « La vérité existe-t-elle?

Peut-on croire dans la rédemption d’un tel personnage, calculateur froid et mythomane récidiviste ? Sincèrement je ne le pense pas. Pour moi c’est la vive incarnation d’un monstre sans rédemption possible.

Autre livre commenté : Limonov.

L'Emploi du temps (2001), un film de Laurent Cantet | Premiere.fr ...          Affiche du film L'Adversaire - Affiche 1 sur 1 - AlloCiné

L’ADVERSAIRE, Folio N° 3520 (E.C. 2000),  ISBN 978-2-07-041621-9

Cicatriz de Sara Mesa

Cicatriz - Sara Mesa. Opinión de Francisco Vélez Nieto | Sur de ... Sara Mesa es escritora, poeta y periodista española (Madrid 1976) con estudios de filología hispánica. La escritora se dio a conocer en 2012 cuando su novela Cuatro por cuatro resultó finalista del Premio Herralde de Novela (libro no leído).

Cicatriz (2015) fue considerada el año de su publicación como una de las mejores novelas por varios periódicos españoles,  premiada con el Premio Ojo Crítico de Narrativa 2015 y el Premio Literario Arzobispo Juan de San Clemente 2017 (O temps, O mores, premiando una obra donde el robo y la mentira dominan así como las conductas sexuales desviadas…).

Cicatriz es sin duda una novela posmoderna con personajes de identidad mal definida y de poca monta; se ambienta en los años previos (años 90) a esta comunicación tan epidérmica e inmediata de las redes sociales pues estamos en los años del intercambio de verdaderos correos electrónicos bien redactados. Por ese lado es también, en parte, una novela epistolar.

Cicatriz narra la relación virtual que establece una chica, Sonia, aburrida en su triste vida con un personaje que conocerá  en un foro literario. Sonia es un personaje mejor definido en el libro, con un nombre y un pasado. Él se hace llamar Knut Hamsun y reside en Cárdenas, una ciudad que la escritora ya utilizó en su novela Cuatro por cuatro.  Todo es ambigüedad, pero es Knut quien lleva las riendas en esta estúpida y aberrante relación. Todo comienza con la exigencia de una foto de ella y luego es el afán de intercambiar opiniones sobre libros. Para eso,  Knut empezará a robarlos para ella, quien carece de medios económicos, y se los mandará a domicilio aunque exige la devolución del dinero del importe de correos (?). Knut es un ser bastante secreto, algo erudito (ha dejado los estudios, pero lee mucho), fetichista y sado-masoquista light, tiene opiniones interesantes/reflexivas por momentos, pero él es definitivamente un personaje « rarito », transgresor, exigente y dominante. Ella es una perfecta idiota que se embarca en una relación virtual de una gran dependencia con mucha manipulación, acoso, chantaje, provocación y corrupción por dinero.

Sonia no sabe transar en esta relación de ambiente asfixiante y que va a durar años cubriéndola de culpabilidad por tanta impostura. ¿Qué la motivó al principio? Pues sentirse halagada, obsequiada, deseada en una relación sin compromisos, sorprendente, sin intercambio de sexualidad porque Knut tiene una idea  especial de la sexualidad : el acto no se debe disfrutar desde el principio, sino que se debe fantasear. Y para fantasear a sus anchas, Knut pasa de los libros a los perfumes, a la lencería y a la ropa de marca exigiendo de vez en cuando alguna foto. Y Sonia accede y se empantana cada vez más en una relación aberrante que la llena de culpa. Es una relación como un juego peligroso  con ventajas y desventajas y el vértigo de lo desconocido. Sonia siente atracción, pero luego repulsión por Knut que le resulta tan exhaustivo y exigente además que físicamente poco atractivo.

El lado positivo de esta relación aberrante es el hecho que Knut insista para que Sonia se dedique a la escritura porque le ha leído algo y lo encuentra bueno. Le propone un mecenazgo con tal de que ella escriba aunque sea una literatura comercial (ella que ni siquiera ha leído los libros que Knut le ha mandado…). La paradoja humana en todo su esplendor.

El libro está escrito con una cronología desordenada que me molestó por momentos porque no se sabe muy bien en qué temporalidad estamos…Un punto fuerte de la escritora es una escritura pulcra y muy elíptica que obliga al lector a completar los vacíos; suena muy moderno y me recordó la escritura de la argentina Samanta Schweblin y de la mexicana Guadalupe Nettel, por cierto, excelentes escritoras con ambientes asfixiantes a la Dostoyevski, miradas turbias perturbadoras y fronteras confusas.

¿Y la cicatriz del título? La única vez que Sonia y Knut se encontrarán será en la ciudad de Cárdenas donde él reside, y solo se besarán aunque Knut la obliga a desnudarse un poco descubriendo la cicatriz de Sonia, resultado de una cesárea. Porque los años han pasado y Sonia se ha casado y tenido un hijo : marido e hijo no cuentan en el relato. Y en el libro se lee el párrafo siguiente sobre la metáfora que puede ser una cicatriz…en la vida no se puede perder la cuenta de las operaciones realizadas porque están ahí como una cicatriz, la marca de lo que fue y sigue siendo. La prueba de lo ganado y lo perdido.

Una muy buena citación en el libro sobre la mentira : la mentira es esencial porque la verdad es incomunicable.

Un libro que no me ha gustado ni por su contenido (decadente) ni por su estilo aunque reconozco que conlleva mucha modernidad.

Otros libros reseñados : Un amor, Cara de pan, Un incendio invisible . La familia

CICATRIZ, Anagrama 2015, ISBN 978-84-339-9792-0

Ma mère de Richard Ford

TOP 25 QUOTES BY RICHARD FORD (of 105) | A-Z Quotes

Richard Ford est un écrivain nord-américain (Jackson 1944) détenteur de plusieurs prix dont le Pulitzer en 1996 et le Femina Étranger en 2013 pour Canada. Il est considéré actuellement comme le boss du roman américain après le décès en 2018 de Philip Roth. Selon le journaliste français Benjamin Chapon, Richard Ford occupe une place décalée et centrale à la fois, dans le paysage du roman nord-américain. C’est en lisant récemment un roman du chilien Gonzalo Contreras que j’ai croisé le nom de R. Ford, réalisant que je n’avais rien lu de cet auteur qui semblait si important aux yeux d’un autre écrivain qui lit beaucoup (cas rare!).

Ma mère (My mother 1988) est un court récit de 73 pages, écrit avec une élégance et une sobriété exemplaires, très loin de tout pathos et laissant transparaître l’amour envers cette mère si proche et si lointaine en même temps, si pareille à lui selon ses propres dires, surtout au plan physique et sa façon de rire…c’est déjà beaucoup. Cette façon délicate qu’il a eu de reconstituer la vie de sa mère tout en respectant les distances et les interprétations.

L’histoire de sa mère figure aussi dans le livre Entre Eux publié en 2017 (Between Them: Remembering My Parents) où nous avons l’histoire de son père aussi, mort précocement de crise cardiaque alors qu’il était adolescent. Sa mère va lui survivre une vingtaine d’années et elle devra travailler dur pour l’aider dans ses études.

Par le plus grand des hasards, j’enchaîne ce livre avec le dernier opus de l’écrivain espagnol Manuel Vilas qui avait remporté un succès important avec son précédant roman Ordesa, salué avec le Prix Femina Étranger 2018 ; c’est un autre ouvrage qui parle de la disparition des parents sur un ton si plaintif et obsessionnel que cela dérange, même si l’on reconnait beaucoup d’universalité dans ces sentiments exprimés si douloureusement, l’écrivain n’arrivant pas à faire son travail de deuil. Mais dans Ordesa le point crucial se trouve dans la psyché de l’écrivain et ce qui m’avait interpelé dans ce livre était les mots  et les phrases crus pour étaler cette douleur de l’âme.

La fin du livre Ma mère  est si belle que je vous la cite en entier…ma mère me permit néanmoins d’exprimer mes sentiments les plus véridiques, tout comme une oeuvre littéraire s’offre à ses lecteurs passionnés. J’ai vécu avec elle ce moment auquel nous aspirons tous, ce moment où l’on peut dire : « Oui. Les choses sont ainsi. » Cet acte de connaissance qui est la preuve de l’amour. Je l’ai vécu. J’ai connu avec elle un grand nombre de ces moments, et je les reconnaissais à l’instant même où ils se produisaient. Maintenant encore, je les reconnais. Et je crois que je les connaîtrait toujours.

Un petit bijou.

Autre livre de l’auteur : Le bout du rouleau, Rien à déclarer, En toute franchise (4).

MA MÈRE, Éditions de l’Olivier 1994 (R.F. 1988),  ISBN 2-879-2906-5

Alegría de Manuel Vilas

Día del Libro 2020. Manuel Vila presenta su novela "Alegría" - YouTube

Manuel Vilas es un escritor y poeta español (Huesca 1962).

Ordesa (2018) vendría siendo su sexta novela y ha sido un fenómeno literario en España desde su publicación en enero 2018, va por la 14-ava edición y más de 100 000 ejemplares vendidos ! Ha sido catalogado como libro del año por varios periódicos; recibió en Francia el Premio Femina Étranger 2018 y una  nominación para el Premio Médicis Étranger.

Alegría (2019) finalista del Premio Planeta 2019 es casi una secuela de Ordesa, es decir que el autor expone nuevamente una verdadera obsesión en torno a la muerte de sus padres y no logra salir del discurso tan desnudo de Ordesa que nos había conmovido con la cruda exposición de sus sentimientos en un vapuleado ego. Esta vez tenemos el mismo discurso, quizás menos desesperado y queriendo exponer a como venga un « sentimiento de alegría » que desgraciadamente suena con demasiado morbo. El autor-narrador está obseso con comunicar cada día con sus queridos padres fallecidos,  donde él esté. Su vida está regida por ese memento mori que lo persigue por doquier y resulta engorroso para el lector. Está bien que Ordesa le haya servido para terminar el difícil trabajo de duelo, pero debiera dejar en paz la memoria de esos queridos padres. Estamos cayendo en  cierto exhibicionismo.

Otro elemento que me pareció delirante es la total falta de autoestima del autor que dice no merecer nada en este valle de lágrimas. Cómo puede decir eso cuando se le  ha visto triunfar y llegar al corazón de tanta gente…Tampoco tiene en alta estima a sus connacionales, página 158 se lee…no son exactamente los estadounidenses quienes te miran con pena o desprecio cuando ven que no sabes hablar inglés, sino los españoles que saben hablarlo. Por eso España es un país cruel, porque produce ese tipo de gente incompasiva y fanática. Cuando un español que habla inglés ve a otro que no lo habla, enseguida lo desprecia, porque el desprecio es nuestra identidad histórica.

Una lectura que no me aportó mucho después de leer Ordesa.

Otro libro del autor : Ordesa.

ALEGRÍA,  Planeta (AE&I) 2019,  ISBN 978-84-08-21785-5

En attendant le jour de Michael Connelly

Move over Harry Bosch: Michael Connelly's new detective lights up 'The Late  Show' - Chicago Tribune

Michael Connelly est un très grand auteur de polars nord-américain (Philadelphie 1956) ; c’est le « père »  du  détective de LAPD Hieronymus Bosch, alias Harry Bosch, que j’affectionne particulièrement parce que sa personnalité taciturne me plait. Connelly est un écrivain très prolifique avec une publication par an et parfois jusqu’à deux !  Je crois qu’à la date d’aujourd’hui il arrive à plus de 40 publications depuis 1992.

La série pour la TV Bosch (5 saisons) a été aussi une agréable découverte sur Amazon Prime avec des visages à mettre sur des personnages récurrents et un Harry Bosch plus vrai que nature dans la personne du comédien Titus Welliver que je ne connaissais pas et que maintenant je ne peux plus dissocier de mon imaginaire.

En attendant le jour (The late show 2017) est le premier tome avec l’inspectrice de LAPD Renée Ballard, mais il y a déjà deux autres tomes publiés : Nuit sombre et sacrée (2018) et le dernier The Night Fire (2019) non encore traduit au français.

J’ai beaucoup apprécié En attendant le jour car il m’a tenu en haleine pendant un bon moment. Une drôle de nana cette Renée Ballard, presque un clone de Harry Bosch : farouche, têtue, téméraire, solitaire, carrée,  et ne respectant pas la hiérarchie si cela va à l’encontre de ses convictions. Et tout cela avec la carrure d’une petite bonne femme d’à peine 54 kilos en 1m60,  très soignée de sa personne. En revanche, je la trouve beaucoup plus réflexive, voire intelligente que mon cher Harry Bosch. J’ai recherché tout au long du récit l’apparition de Harry Bosch… Je me disais qu’on allait au moins le mentionner au détour d’un chapitre, le voir surgir au fond d’un couloir, mais non, il faudra attendre la lecture de Nuit sombre et sacrée pour connaître les détails de la rencontre de deux héros de cette trempe. Je sens que cela va faire des étincelles (et ils seront capables de déclencher un incendie à tous les deux !).

L’intrigue policière dans ce livre est multiple et trépidante : un simple vol de carte d’identité avec ses suites, le quasi assassinat d’un transsexuel et une tuerie dans un dancing. trois enquêtes qui ont bouleversé Renée Ballard pendant ses rondes nocturnes (23h-7h). Car la pauvre Renée, pour avoir osé accuser un supérieur d’harcèlement sexuel cinq ans en arrière quand elle travaillait pour les Homicides Spéciaux; après cette affaire qui avait fait beaucoup de bruit, elle s’est vue reléguée au placard des rondes de nuit  du Commissariat de Hollywood avec un co-équipier plus que mollasson (mais il a une excuse valable). La plainte avait été rapidement classée car l’équipier d’alors, avait refusé de plaider en faveur de Renée (il était témoin direct). C’est un affront de première parce que la policière est brillante, teigneuse, elle ne compte pas ni son temps ni sa peine (comme Harry); mais elle est pire que Harry car elle n’a pas de domicile personnel et vivote en dormant à droite et à gauche (souvent au commissariat où ils ont une chambre à lits superposés pour les agents qui sont en limite du burn-out). Elle est trempée dans de l’acier cette inspectrice, car parfois elle dort 3-4 heures et s’oblige à continuer son chemin semé d’épines. On sent bien que la hiérarchie n’attend qu’un faux pas pour l’éjecter.

Elle sera infatigable et juste dans la résolution de ses cas. Le plus souvent en quémandant de s’occuper d’une partie de l’investigation car elle n’a pas droit aux dossiers, mais la pression médiatique est telle que la hiérarchie va accepter qu’elle s’occupe de certains aspects.

Le cas de la tuerie dans le dancing est incroyable dans ses ramifications, inimaginable; loin de moi de spoiler le moindre détail pour ne pas enlever ne serait-ce qu’un iota de l’intérêt de cette bonne intrigue. Dans le cas de la mise à mort du transsexuel il y a une scène d’anthologie où le lecteur se met en apnée tellement le suspense est de première classe. Dans le cas de la tuerie du dancing il y a aussi une scène lors de la résolution du cas qui est aussi fort intéressante car elle implique des choses importantes et cela paraît incroyable.

J’ai été choquée par la sévérité, à l’intérieur de la Police de LAPD pour juger l’action d’un policier qui tue en legitime défense. C’est tout juste si on ne l’accuse pas et à priori de quelque chose alors que la vie de deux personnes a été menacée et que l’assassin était à deux doigts de commettre un exploit « sans faute ». La lourdeur et la mauvaise foi du système interne m’ont paru manifestes et il a fallu que Renée Ballard use de la ruse pour alléger sa peine. Incroyable. On dirait qu’au lieu de crier à l’acte héroïque, la hiérarchie est plus prête à faire graver la plaque commémorative pour « mort sur le terrain ». Franchement il y a de quoi dégoûter de devenir policier.

Renée Ballard et Hieronymus Bosch ont en commun d’avoir un passé difficile, un passé qui les a marqués au fer rouge : la mère de Harry Bosch était prostituée et fût assassinée; c’est un crime que Harry va élucider plus de 40 années après alors que la hiérarchie fait tout son possible pour l’entraver. Quant à Renée, elle a vu son père se noyer sous ses yeux en faisant du surf, sa mère l’a abandonnée et elle a été recueillie par sa grand mère paternelle qui vit dans une petite bourgade californienne que Renée donne comme domicile fixe.

La ville de Hollywood est assez bien décrite et le tableau est plutôt dur pour les habitants quand vous sortez du monde du bling bling. Ainsi, page 81 Connelly décrit les heures de pointe…telle une armée, les employés des industries de service se traînaient d’est en ouest pour rejoindre leurs boulots payés au salaire minimal, voire en dessous, dans les hôtels et les restaurants de quartiers où ils n’auraient jamais pu se payer le luxe d’habiter.

Autres livres commentés : La lune était noire, Le cinquième témoin, Mariachi Plaza, Le dernier coyote, Deuil interdit, Wonderland Avenue, Les neufs dragons, Jusqu’à l’impensable, Sur un mauvais adieu, Nuit sombre et sacrée, À genoux.

EN ATTENDANT LE JOUR, Calmann Levy Noir 2019 (MC 2017),  ISBN 978-2-7021-5693-3

La lluvia de Arturo Uslar Pietri

Arturo Uslar Pietri | Literatura Wiki | Fandom

Arturo Uslar Pietri fue un gran intelectual venezolano (Caracas 1906-2001) : abogado, periodista, escritor, poeta, político; recibió dos veces el Premio Nacional de Literatura, la segunda vez  por La isla de Róbinson (1981). Es el creador de la novela histórica moderna en Hispanoamérica y también se le atribuye  la paternidad del término real maravilloso, tan idiosincrásico-americano.

Le leí la novela La isla de Róbinson, un monumento literario que conlleva un proceso de búsqueda de más de 50 años; es una novela histórica moderna, pero también una novela de viaje ( la Independencia se convierte para Simón Rodríguez en un viaje interminable que acaba con su muerte) y una novela de aprendizaje, en la medida que asistimos al proceso de formación educativa de Simón Rodríguez y de Bolívar.  Es una obra muy bien escrita, con un lenguaje de una extraordinaria riqueza,  en un estilo bastante ameno,  con una temporalidad en el relato que no es lineal lo que puede dar una impresión de fuerte onirismo por momentos.

La lluvia (2004) es un libro compendio de 12 cuentos con el antecedente de otra publicación, bajo el título de La lluvia y otros cuentos en 1967. En cuanto al cuento La lluvia que da el título al libro, data de 1935 y fue premiado por la Revista Elite el año de su publicación. Todos estos cuentos están magníficamente escritos, con un lenguaje poco coloquial venezolano, lo que facilita la lectura. Arturo Uslar Pietri tiene a su haber 7 volúmenes de cuentos, un género más bien difícil de lograr porque muy exigente, entre la poesía y la novela o la novela y el teatro. Y cuando los cuentos están bien escritos, son de una rara potencia.

La lluvia es uno de los cuentos que más me ha gustado. Es cierto que conlleva una nota de real maravilloso; el escritor Uslar Pietri fue uno de los pioneros en esta estrategia literaria (1935). En una entrevista acordada al Instituto Cervantes, Uslar Pietri contó acerca de su juventud en Paris en los años 30, en pleno movimiento surrealista cuando compartía animadas tertulias con Gabriel García Márquez y Alejo Carpentier. El se dice precursor de lo real maravilloso sin nombrar a Juan Rulfo, quien a su vez se refería a la chilena María Luisa Bombal que publicó su corta novela La última niebla en 1934, un año antes que Uslar Pietri. Es muy posible que los escritores se hayan cruzado en Paris en aquella época porque coinciden las fechas.

El cuento La lluvia es hermoso, ambientado en un medio 100% rural, por lo que tiene bastante de criollista, pero conlleva mucho más. Los campos venezolanos sufrieron una gran sequía en los años 30 y las descripciones de los paisajes son de un gran realismo. La prosa de Uslar Pietri es por momentos muy poética, rica en figuras retóricas de todo tipo lo que da al texto un toque fuertemente impresionista y simbolista.

El cuento relata la vida de dos campesinos viejos cuyo pobre predio (le llaman conuco en Venezuela) se está muriendo con la sequía : son Jesuso y Usebia donde la aridez del terreno se hace metáfora con la aridez del matrimonio. A tal punto de aridez se llega que el par de ancianos va a sufrir un espejismo con la aparición súbita de un niño, sin nombre, venido de ninguna parte, pero que saca al par de viejos de su ensimismamiento, a tal punto que cuando el niño desaparece sin dejar huella, Jesuso llora y no se da cuenta que ha empezado a llover…la tan ansiada lluvia que les cambiará la vida. La irrupción del niño en el relato es el elemento de realismo mágico, magistralmente logrado con el estilo de la prosa y la abundancia de las figuras de retórica atestiguando la procedencia vanguardista del autor.

Todos los cuentos son excelentes. algunos son de carácter histórico. Un cuento algo diferente y que me gustó mucho es La segunda muerte de Don Emilio que narra un hecho social con un final abierto bastante desconcertante. Hay un personaje que aparece en dos cuentos, es el ladrón de caminos José Gabino, un personaje ladino y pícaro del mundo rural. Los cuentos están salpicados de humor bonachón lo que los ameniza.

Gran cuentista Arturo Uslar Pietri. Excelente calidad la de su prosa.

Otro libro reseñado : La isla de Róbinson.

LA LLUVIA, Gadir 2004 (AUP 1935),  ISBN 84-933767-4-4