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Le bizarre incident du chien pendant la nuit…de Mark Haddon

Mark Haddon est un illustrateur, romancier, dramaturge et poète britannique (Northampton 1962).

Le bizarre incident du chien pendant la nuit (The Curious Incident of the Dog in the Night-Time 2003) a obtenu 2 prix littéraires en Grande Bretagne.

Le roman a été adapté au théâtre plusieurs fois : à Londres en 2012 par Simon Stephens, une pièce primée sept fois. Ensuite elle a été montée à Broadway en 2014, en France en 2015 par Philippe Adrien au Théâtre de la Tempête, à Liège en 2017 et au Québec en 2018.

C’est l’histoire de Christopher Boone, 15 ans, atteint du syndrome d’Asperger, un enfant avec une intelligence supérieure pour les choses abstraites, spécialement les mathématiques et la physique et une mémoire prodigieuse. A côté de cela, il est terriblement handicapé dans l’affectif et les contacts physiques, il est aussi bourré de petites manies qu’il se doit de respecter à la perfection sous peine de crise de panique. Il assiste à une école spécialisée où apparemment il est l’élément le plus brillant. Il est tellement brillant qu’il va présenter à 15 ans des épreuves spéciales en maths que normalement sont ouvertes aux génies au niveau du bac.

La vie familiale est difficile. Le parents doivent faire attention à chaque instant à mille détails : son alimentation, la communication, les rapports avec autrui. De plus, les parents ne s’entendent plus et n’ont rien expliqué à cet enfant qui comprend des choses quand s’est clairement dit (sans affect).

Dans ce contexte pour que la vie de Christopher soit agréable, on doit appliquer une routine immutable afin que l’ado ne pique pas de crise de panique.

Christopher ne sait pas mentir, et il faut que les raisonnements soient hyper logiques et structurés, sinon il est perdu.

Je suis restée abasourdie de la difficulté de mener à bien l’éducation de cet enfant avec tous les écueils qui peuvent surgir à n’importe quel moment. Il est vrai que l’on peut sourire voire rire avec quelques situations cocasses où finalement c’est l’intelligence supérieure de Christopher qui va le tirer d’affaire.

Un roman intéressant sur un sujet exceptionnel qui dévoile la difficulté de la tâche d’éducation, les soucis permanents, une vie familiale sous un joug pareil, mais la possibilité de progresser si le contexte est favorable. J’ai lu dans une entrevue de Mark Haddon que, curieusement, il avait choisi ce sujet sans motivation particulière, ce qui me laisse d’autant plus admirative de la pertinence de son livre.

LE BIZARRE INCIDENT…, NiL Éditions 2004 (MH 2003), ISBN 2-84111-305-1

Amuse-bouche de Stéphane Carlier

Stéphane Carlier est un écrivain français (Argenteuil 1971).

Amuse-bouche (2017) est le deuxième roman que je lis à l’auteur, et l’on retrouve assez vite son style corrosif, bon enfant, drôle et enlevé.

Cette fois il situe son intrigue dans le milieu diplomatique, à la Chancellerie avec ses cohortes de fonctionnaires bien payés, hyper stressés, pas toujours des mordus du travail. Le milieu a déjà été caricaturé par d’autres écrivains, parfois même de l’intérieur (cf Renaud S. Liautey, JC Rufin, etc). Car la Chancellerie en dehors de ses ors et de ses oriflammes est un véritable panier à crabes, où les intrigues et les complots font légion, et les sujets en mal d’affectation frôlent à chaque fois la dépression nerveuse et/ ou le burn-out. Et en général les jeunes fraîchement émoulus ont les canines si longues qu’elles peuvent rayer un parquet…

Ici on baigne dans les clichés tous azimuts, peu importe, car c’est drôle et assez bien vu.

Philippe Rigaud a eu une carrière très acceptable et se trouve à deux ans de la retraite, sans avoir été nommé Ambassadeur. Il est marié (mariage de convenance) à la placide Marie-Ange (mais non sans ressources) , une versaillaise pur jus. Rigaud est le boss de Julien Fontana, un jeune loup en instance de nomination pour qui l’appui du boss Rigaud est capital. Le livre va démarrer sur un quiproquo salace : Fontana se trompe de destinataire et envoie à Rigaud un sexto égrillard qui était destiné à la petite amie du moment, Pauline. Alors cette histoire va devenir un véritable vaudeville haut en couleurs et en péripéties, pas forcément très crédibles mais toujours amusantes.

On peut imaginer la panique totale de l’impétrant qui doit compter sur l’appui du chef pour l’avancement de carrière…

Je me suis bien amusée jusque là; puis apparait le personnage de Jean-Marc Auzannet et à partir de là j’ai trouvé que notre histoire devenait moins gentille, carrément plus grivoise avec une succession d’affaires de moeurs au Quai d’Orsay.

Je n’ai pas cru au happy end final, cette apothéose du bonheur forcé, cela m’a semblé un tantinet trop cliché.

Un livre léger à lire par temps de morosité (en fait, on est tout le temps en temps de morosité, voilà je donne dans le truisme maintenant), très sympathique, il fait du bien, et le titre est bien trouvé.

Autre livre commenté : Clara lit Proust .

AMUSE-BOUCHE, Cherche midi 2017, ISBN 978-2-7491-5569-2

Cien cuyes de Gustavo Rodríguez

Gustavo Rodríguez es un escritor peruano (Lima 1968), director de una agencia de publicidad.

Cien cuyes (2023) es su novena novela, premiada con el Premio Alfaguara de Novela 2023.

El título de la novela, Cien cuyes, puede parecer extraño fuera del Perú, sobre todo en Europa. Los cuyes, (o cochons d’Inde) en Perú tienen una verdadera relevancia económica en el campo y en la serranía, y ahora con las migraciones masivas hacia la costa, también se encuentra una relevancia en las zonas pobres costeras. Al parecer es el centro de la economía familiar: los cuyes son criados para la familia y también para la venta. Entonces, decir cien cuyes, equivale a evocar una pequeña fortuna.

Es una novela interesante porque aborda sin tapujos y sin patos el tema de la eutanasia. Poco se ha escrito sobre el tema porque es delicado, nos atañe a todos y no todos reaccionamos de la misma manera, aún hace parte de los temas tabús.

Eufrasia (que rima con eutanasia) es una cuidadora de ancianos, muy apreciada por ellos porque llena de empatía, de discreción, y de mansedumbre. Es una cuarentona, madre soltera de un chico muy vivaracho y vive con una hermana enfermera también solterona. Viven al justo y la principal preocuapción de Eufrasia es dar una buena educación a su niño.

Ella trabaja en los mejores barrios y sus viejitos han sido todos mimados por la vida, pero no soportan la gran vejez con todas esas decrepitudes ineludibles. Están mentalmente preservados del gatismo por lo que irán programando su muerte en paz y con la ayuda de la empática/hiérática Eufrasia.

Digo hierática porque la buena mujer jamás cuestiona ética o moralmente su acción, se diría que actúa como un robot programado. Ejecución y punto.

Hay situaciones divertidas porque los aspirantes a la eutanasia saben sobrevivir gracias a los recuerdos y a la coherencia de grupo, un grupo heteróclito como se debe porque no somos todos iguales ante la gran vejez, producto de nuestro mosaico genético ni hemos tenido tampoco la misma vida. La presencia de hijos y familiares a esa altura de la vida se hace rara.

La pobre Eufrasia no va a escapar al destino de todos porque le tocará rendir cuentas tempranamente.

Una lectura que no es repulsiva, una lectura llena de hechos concretos y soluciones recias con situaciones divertidas; una lectura que obliga a cuestionarse : Y qué haré yo ?

CIEN CUYES, Alfaguara 2023, ISBN 978-612-5020-58-1

L’allègement des vernis de Paul Saint Bris

Paul Saint Bris est un photographe et écrivain français (Paris 1983).

L’allègement des vernis est son premier livre, primé avec le Prix Orange du Livre et le Prix du Roman qui fait du bien 2023, sélectionné aussi pour le Prix Louis Guillou. Ce n’est pas étonnant que Paul Saint Bris ait été attiré par le sujet de la Joconde de Leonardo da Vinci, car la famille Saint Bris est le propriétaire du Clos Lucé qui depuis 1854, est une dépendance du château d’Amboise où da Vinci vécut 3 ans.

Cette lecture a été délicieuse, l’écriture est élégante, le sujet intéressant, véhiculant beaucoup de culture autour du Louvre qui expose la vedette incontestée des peintures : la JOCONDE.

Nous avons un musée fabuleux et beau avec un tableau énigmatique, sur lequel beaucoup d’encre a coulé pour des tas de raisons. Puis Il n’y a qu’à regarder ce sourire ambigu et ce regard un peu moqueur de Monna Lisa pour en être perturbé, voire subjugué, toujours intrigué.

Le livre est bâti sur une fiction qui pourrait devenir réalité : la restauration du tableau devenu opaque au fil des couches successives de vernis. Une restauration qui est certes, osée, risquée, discutable, et une restauration dans le roman dictée uniquement pour des raisons mercantiles, afin d’accroitre, encore, la fréquentation du musée (déjà 9 millions par an !).

En lisant le livre on se rend compte de ce que coûte maintenir un géant de la culture comme Le Louvre. Il y a peu, j’étais aussi sidérée par le coût de la manutention d’un autre monstre sacré, l’Opéra Garnier (cf L’Opéra de Paris de Jean-Philippe Geours et Christophe Tardieu).

Le roman est très bien documenté et fait défiler des personnages haut en couleurs, bien dessinés, crédibles, avec parfois des scènes carrément surréalistes qui, au lieu de choquer, envoûtent davantage.

Le protagoniste est Aurélien, spécialiste de la peinture italienne. C’est le responsable du tableau. C’est un homme vers la cinquantaine, un conservateur très conservateur formaté par une mère dominatrice et férue de beauté.

Lorsque la restauration est votée, c’est à Aurélien qu’échoue la tâche délicate de trouver le meilleur candidat. Ainsi nous appendrons beaucoup de choses sur l’art de la restauration en général et aussi sur quelques moyens scientifiques que possède le Louvre en matière d’oeuvres d’art. C’est sidérant.

C’est justement l’allègement des vernis sur le tableau de Leonardo da Vinci qui donne le titre au livre, mais il y a aussi l’allègement du vernis de plusieurs personnages, lesquels au fil du récit, vont révéler leur personnalité riche et complexe.

Il y a énormément d’action autour du tableau, on ne s’ennuie pas une seconde. Certains personnages sont truculents, certaines actions sont irresistibles, sans compter que le texte charrie beaucoup d’ironie.

La Joconde va littéralement envoûter quelques protagonistes, ils vont quasiment perdre la raison devant la beauté, la complexité et l’envergure de la tâche à accomplir. Je pense à Aurélien, au restaurateur italien et à Homéro, un personnage décalé qui dégage beaucoup d’empathie.

On finit cette lecture avec un sourire, une sensation de bonheur et une envie folle de retourner au Louvre….

L’ALLÈGEMENT DES VERNIS, Éditions Philippe Rey 2023, ISBN 978-2-84876-988-2

Clara lit Proust de Stéphane Carlier

Stéphane Carlier est un écrivain français (Argenteuil 1971).

Clara lit Proust (2022) est déjà son huitième roman, roman qui lui a valu le Prix Littéraire proustien en 2022 et le Prix de l’Atelier (Ouest France) de la même année. Le livre a été aussi finaliste du Prix Maison Rouge (Biarritz).

Voici une lecture qui m’a beaucoup plu parce qu’elle est tout en finesse et bienveillance pour nous décrire l’univers de Clara.

Clara est coiffeuse chez Cindy Coiffure, un salon de province, tenu par la main de fer de Jacqueline Habib, la patronne. Elle y travaille avec un succès certain, entourée de ses collègues Nolwenn (qui rate son permis de conduire sans arrêt), Lorraine (et ses vertiges), Patrick, le surdoué en coiffure, mais ingérable comme salarié. Chaque personnage est un monde bien spécial qui dégage beaucoup de sympathie et de vérité. Les journées s’écoulent scandées par la musique de radio Nostalgie…L’ambiance d’un salon de coiffure est brossée à la perfection.

Et il y a les clients. Ah la belle galerie de portraits, chacun avec son trait bien particulier. C’est très drôle et en même temps très représentatif du temps présent, cela sonne véridique.

Clara vit depuis 3 ans avec JB, et elle sent qu’elle n’est plus amoureuse alors que le bellâtre JB fait l’envie de tout le monde, spécialement de la mère de Clara. Clara s’ennuie dans sa vie, elle s’étiole dans le Salon de Coiffure.

Un bon jour elle commence à lire Marcel Proust car un client de passage a oublié un tome en format de poche. Il a fallu à Clara plusieurs approches avant d’entamer une lecture suivie et avant de se laisser embarquer par la beauté du texte. Elle sera sidérée par l’écriture de Marcel Proust.

(Cela m’a semblé si bien vu, si réaliste, si adéquat. Et cela m’a ravivé des souvenirs pendant que je lisais Proust…Ce ne fut pas facile de prime abord, je puis dire que j’ai lu deux fois chaque tome car il me venait une espèce de narcose au bout de quelques pages, où je perdais complètement le fil. Et à chaque fois je m’obligeais à recommencer les pages qui étaient passées à la trappe, toutes, jusqu’à être capable de tirer le suc du récit. Mazette, elle a duré des mois cette lecture.) Pardonnez la digression…

Au fil des pages, Clara sera envoûtée, captivée par la beauté du texte. Elle n’aura de cesse que de lire tout Proust jusqu’à négliger le beau JB qui peut aller voir les grecs si ça lui chante (en fait il ira voir d’autres nanas plus accueillantes).

Cette lecture lui ouvrira d’autres horizons, elle va s’orienter vers un milieu artistique et épousera un artiste qui lui donnera une fille, Isabella, qui nous racontera la fin de cette histoire « conte de fées ».

Un régal de fraicheur ce roman, il m’a fait l’effet « bulle de champagne », pétillant , aérien, drôle. Ce fut la même impression après la lecture de En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeau (2016).

CLARA LIT PROUST, Gallimard 2022, ISBN 978-2-07-299130-1

Los ingratos de Pedro Simón

Pedro Simón es un periodista y escritor español (Madrid 1971),muy premiado en su labor periodística.

Los ingratos (2021) es un amor de libro que retrata el fin de la inocencia de la niñez del protagonista, David, « el hijo de la maestra ». Un libro nostálgico entre ternura y culpabilidad. Obtuvo el Premio Primavera de novela 2021.

Leí por ahí algo muy exacto, leí que era el retrato muy justo de un país tornado hacia el futuro que había olvidado de agradecer a la generación que lo hizo posible.

La familia de David lleva una vida itinerante, de pueblo en pueblo, en función de los destinos de la madre que es maestra, lo que nos permite una visión de la España rural allá por el año 1975 del siglo pasado. Una España rural que comienza a vaciarse, que fluye hacia las grandes urbes en pos del espejismo de una mejor vida. (Cf el libro excelente del periodista Sergio del Molino La España vacía).

Los padres, Mercedes y Natalio, eran originarios de Salamanca, la madre será « la » maestra en pueblos sucesivos y el padre trabaja para la Chrysler, una figura casi siempre ausente en el relato. Los hijos eran 3 : la mayor Verónica, la segunda Isa y el tercero, David, nuestro protagonista. Sin olvidar al perro Fliqui.

La vida en el pueblo, está magistralmente descrita, con sus detalles rurales, su gente, sus costumbres, su colorido local y ese resabio universal inconfundible de « pueblo chico-infierno grande ». Allí seguiremos las aventuras de David, sus travesuras, sus amistades, sus angustias a medida que avanza hacia la adolescencia. En contra partida, tenemos el retrato de las hermanas, de la vida familiar y de la vida en el pueblo, del entorno, de las costumbres en el seno de una familia, etc.

Hasta que el padre desaparece un buen día y se limita a mandarles tarjetas postales. La maestra, tan ocupada con sus labores, y tan moderna porque fuma, conduce su propio coche, viste de vaqueros y trabaja su huerta, contratará puertas adentro a la señora Emérita, alias Eme, lo que cambiará radicalmente la vida de la familia, especialmente a David.

Eme es sorda como tapia y lee en los labios. Es una mujer qua ha sufrido y que proyecta en David ese amor que no pudo dar al hijo difunto. Y David, acostumbrado a la distancia que le tiene su madre, demasiado ocupada con sus labores, poco a poco se irá aclimatando con Eme y queriéndola de un amor exclusivo y fuerte que él no conocía.

La primera impresión de la señora Emérita en David es ésta…No era lo que me esperaba. Era una montaña de alta y de robusta más que gorda. Su busto era enorme, como si estuviese dando de mamar al pueblo entero. Por el cuello le asomaba el cordón de un escapulario de la Virgen del Carmen. Tenía el pelo corto, gris y a trasquilones. Olía a naftalina y a chimenea. Llevaba un vestido estampado de una pieza, medias gruesas a pesar de que era verano y unas zapatillas de felpa de andar por casa. Traía una bolsa grande. Sonreía por casi todo sin abrir la boca. Caminaba arrastrando un poco los pies. Hablaba levantando mucho la voz y, apenas sabía leer ni escribir. Pinchaba un poco y sus manos tenían el tacto de un serón (en España, cesta grande de esparta).

Con Eme en casa, la vida cambió de sentido para David : ella le abrió con amor y dedicación las compuertas del afecto con sus manifestaciones. Y lo educó para afrontar la vida.

Y cuando llega un nuevo traslado para la maestra, David siente incapaz de separarse de su hada protectora y no quiere marcharse, como no quiere dejar atrás la niñez, esa última etapa despreocupada y casi siempre feliz.

Pero las cosas son como son y una vez la familia instalada en una gran urbe como Madrid, poco a poco olvidarán a Eme y dejarán de visitarla. Los años pasan y cuando David se resuelve a visitarla, es demasiado tarde, y podrá constatar cómo Eme estaba preparada para una eventual aparición de su querido Currete que era el nombre que ella le había dado, un nombre que le recordaba al hijo muerto.

Una preciosidad de relato, que hace reír y que emociona al mismo tiempo trayendo recuerdos de la niñez.

Por momentos me recordaba la película La guerra de los botones de Yves Robert, una peli de 1962 en blanco y negro, cómica y tierna a la vez en un medio rural francés.

LOS INGRATOS, Espasa 2021, ISBN 978-84-670-6086-7

Le répondeur de Luc Blanvillain

Luc Blanvillain est un écrivain français (Poitiers 1967), professeur de Lettres.

Le répondeur (2020) est un roman original qui égratigne, au passage, certains milieux créatifs tels que l’écriture ou la peinture, mais aussi nous fait réfléchir sur la difficulté de bien communiquer de nos jours et ce, malgré cette surabondance de connexions.

L’histoire est drolatique : un écrivain de renom, Pierre Chozène, (qui pourrait être un anagramme de Echenoz?) nécessite le calme absolu pour écrire un livre sur son père. Mais comme il est sollicité toute la journée par des appels téléphoniques, il décide de payer un imitateur talentueux, Baptiste, qui imitera sa voix et gardera son portable tout le temps afin de le libérer; bien entendu, il sera grassement rémunéré.

C’est une aubaine pour Baptiste, au sens large. Mais au fil du temps cet imitateur va s’approprier la personnalité de son commanditaire et les gags ne tarderont pas à faire surface.

Ceci nous donne des scènes d’une cocasserie incroyable, des scènes bien enlevées avec des dialogues frôlant l’absurde irresistible.

Car ce Baptiste est un personnage faible et naïf qui se mettra dans la peau d’un puissant cynique ayant réussi dans la littérature malgré toutes les casseroles qu’il traîne : le manque de communication avec son père, sa fille, son ex femme, son éditeur, sa maitresse, et j’en passe. Le niveau de communication des autres savoureux personnages est aussi laborieux et emprunté. D’où au lecteur de s’interroger à quoi cela sert d’avoir tant de moyens et si peu de réussites.

Un roman qui se lit bien, malgré un certain empâtement au tiers final de l’histoire, bien écrit, dans un langage moderne et cerise sur le gâteau, nous livrant quelques mots recherchés pour nous titiller les neurones.

LE RÉPONDEUR , Quidam Éditeur poche 2022 (LB 2020), ISBN 978-2-37491-234-9

Et si c’était niais ? de Pascal Fioretto

Pascal Fioretto est un journaliste, écrivain, chroniqueur, scénariste et « nègre littéraire » français (Saint Étienne 1962). Il a participé au groupe de pasticheurs Jalons (groupe connu pour ses parodies et pastiches de journaux et de livres). Un groupe dissout en 2021.

J’ai tellement ri avec L’anomalie du train 006 (2021), un pastiche du Prix Goncourt, des « goncourables » de l’année et du milieu de l’édition, que j’ai eu très envie d’en lire d’autres. Voici le deuxième et sur ma PAL m’attend Mélatonine.

Je suis moins conquise avec cette deuxième mouture. Bien que le travail de pastiche sur quelques 11 auteurs, l’utilisation de la langue française et le montage de la parodie dans le livre soient remarquables, j’ai moins ri. J’ai trouvé l’ensemble un peu lourd et la fin un peu bâclée.

Cette fois on s’attaque aux auteurs qui font les meilleures ventes chez l’éditeur Chiflon. Ils sont kidnappés et disparaissent de la circulation. L’inspecteur Adam Seberg est appelé à la rescousse et nous avons un autre livre dans le livre puisque l’auteur fait allusion à l’ineffable inspecteur Adamsberg de Fred Vargas qui fonctionne « à l’intuition ».

Prétexte pour avoir le portrait , plus vrai que nature, de 11 écrivains français à gros tirages. Quel talent de Fioretto pour nous sortir le nec plus ultra de chacun. Je me suis régalée avec le portrait de Jean d’Ormissemon lequel se pâme littéralement dans ses digressions érudites mélangées; aussi avec le portrait de Mélanie Notlong, capable de vous envoûter avec son regard afin de vous faire précipiter pour acquérir son dernier opus édité. Trop bonne aussi le pastiche de Christine Anxiot. Et le portrait de DH Lévi en Narcisse épris de lui même et de son capital capillaire…

C’est très travaillé, c’est bien vu, c’est vachard mais juste. Il faut du talent et de l’huile de coude pour en arriver là.

Autres livres commentés : L’anomalie du train 006 . Mélatonine .

ET SI C’ÉTAIT NIAIS , Chiflet &Cie., ISBN 978-2-351-64031-9