André Dhôtel est un écrivain français, scénariste et poète (Ardennes 1900-Paris 1991).
Le pays où l’on n’arrive jamais lui valut le Prix Femina 1955, c’est le prix littéraire qui le fit connaître.
Son oeuvre est abondante et singulière où l’on retrouve un merveilleux proche du quotidien (ce qui me rappelle Murakami…) et un rapport fort avec la nature, décrite de façon magnifique. C’est cette dernière caractéristique de l’écrivain qui l’inscrirait dans la lignée des romantiques allemands.
Ces caractéristiques sont : les voyages, l’errance, le nomadisme, la recherche des sources familiales, le fantastique indéfinissable, les paysages (ici les Ardennes et la Belgique), le contact symbiotique avec la nature.
Le pays où l’on n’arrive jamais (1955) est arrivé à moi par mon amie Fanfan, dévoreuse de livres comme moi et que je remercie ici chaleureusement pour cette véritable pépite que je découvre à l’âge adulte, avec un regard neuf. Ce ne fut pas une lecture rapide, mais une lecture plutôt lente qui m’a laissé toute remuée, un peu déphasée avec une pointe d’angoisse devant l’inconnu.
C’est un livre initiatique qui narre la fin de l’enfance, la perte de l’innocence et une quête identitaire dans un contexte de post Deuxième Guerre Mondiale.
Gaspard Fontarelle, 15 ans, a été confié à sa tante Gabrielle Berlicaut, hôtelière au village de Lominval, dans les Ardennes. Gaspard est le commis « à tout faire » de sa tante, sa vie est monotone, c’est un garçon maladroit qui cumule les catastrophes.
Par hasard, il va connaître un fugitif de 15 ans, qui veut fuir son tuteur, Drapeur, afin de retrouver sa mère Jenny et son pays, dont il a quelques souvenirs épars.
Les deux gamins vont se comprendre du premier abord et Gaspard viendra en aide au fugitif en partant avec lui dans un voyage initiatique qui aura la transcendance de les faire grandir, de les aider à franchir l’état calme de l’enfance pour aborder la trouble adolescence et ses dangers.
Ce voyage est semé d’embûches. Gaspard veut tenir parole et aider ce camarade fugitif dont il apprendra que c’est une fille, Hélène.
C’est intéressant de constater la solidité de l’entente entre les deux jeunes. Ils se connaissent peu, mais ne se trahiront jamais. Ceci, en contradiction avec le monde nébuleux des adultes où les discours ne sont pas toujours en accord avec les actes, d’où une naturelle méfiance pour ce monde à deux visages.
Après moult péripéties entourées de quelques faits merveilleux, nos deux fugitifs nous ferons la démonstration qu’il faut s’accrocher à ses rêves, qu’il ne faut pas toujours écouter le chant des sirènes, qu’il faut un parcours initiatique et une lutte pour mériter une recompense.
La description des paysages et des villages est idyllique et les éléments fantastiques sont très bien incorporés au texte.
Un auteur qui mérite amplement d’autres lectures.
LE PAYS OÙ…, J’ai Lu N° , 61 1982 (AD 1955), ISBN 2-277-11061-2