Archive | décembre 2023

Cynthia de Stéphanie des Horts

Stéphanie des Horts est une romancière française (Tours 1965), journaliste et critique littéraire, spécialisée en littérature anglo-saxonne et auteure de quelques 12 livres, essentiellement des biographies.

Cynthia (2023) est le douzième roman de S. des Horts, encore une biographie romancée d’une femme exceptionnelle, curieusement peu connue et qui a joué un rôle important dans la Deuxième Guerre Mondiale. Elle est si peu citée parmi les espions célèbres, qu’elle ne figurerait pas dans le Dictionnaire Amoureux de l’espionnage de Vincent Jauvert (2023).

Ce roman décoiffe, littéralement car il nous présente une héroïne hors du commun, une femme libre, belle et racée, intelligente, indépendante, téméraire. Cynthia est le nom de code de l’espionne américaine, née Amy Elizabeth Thorpe, épouse Betty Pack qui a eu un impact majeur dans le déroulement de la Deuxième Guerre Mondiale. Sa biographie ferait un film extraordinaire, meilleur qu’un James Bond qui baigne plutôt dans la fiction.

Bien qu’américaine, elle a épousé un diplomate britannique et est devenue farouchement anti nazi, alors que son pays restait neutre jusqu’à une guerre bien avancée.

On ne devient pas un personnage de cet acabit comme cela. Betty Thorpe dès dix ans montrait une personnalité hors normes : intelligente, sécrète, calculatrice, menteuse émérite et déjà intéressée par les hommes, surtout les hommes mûrs car elle n’a jamais pu dérider son père, qu’elle vénérait mais qui ne manifestait aucun signe extérieur d’affection.

Elle a eu une vie extraordinairement romanesque et non dénuée de danger, mais elle avait un cerveau froid et nécessitait de l’adrénaline à flots pour vivre pleinement. Elle s’est servie de son intelligence et de son corps pour appâter les hommes qui détenaient des secrets vitaux pour les alliés. Presque toutes ses informations étaient des secrets d’oreiller qu’elle transmettait régulièrement à Londres; elle n’a jamais été démasquée, sauf vers la fin et par le FBI avec le redoutable Hoover à sa tête.

Parmi les actions de l’espionne Cynthia et grâce a ses talents innés de séductrice, on peut citer : le sauvetage de sympathisants nationalistes espagnols lors de la guerre civile; le succès de l’Opération Torch avec le débarquement des Alliés en Afrique du Nord; le succès de la bataille au Cap Matapan au large du Péloponnèse en 1941 en volant le code de cryptage de la flotte italienne de Mussolini; elle a aussi volé le plan du code Enigma en Pologne.

Stéphanie des Horts a le chic pour donner vie à des personnages féminins hors du commun et en ce qui concerne l’irrésistible et surdouée Cynthia, elle devrait pouvoir rejoindre le panthéon des hommes de l’ombre britanniques, les ancêtres du MI6.

Une lecture qui m’a paru un peu hachée au début, mais le tempo correspondait trop bien à cette vie trépidante, dangereuse, réussie, mais qui avait aussi des zones très douloureuses (l’indifférence paternelle, le fiasco de son mariage, la séparation d’avec son fils, ses amours contingentes).

D’après l’écrivaine, tout est vrai dans ce livre et le seul élément qu’elle a modifié concerne la fin de la vie de Betty Pack alias Cynthia.

Autres livres commentés : Pamela . La panthère

CYNTHIA, Albin Michel 2023, ISBN 978-2-226-47747-7

Los ingrávidos de Valeria Luiselli

Valeria Luiselli es una escritora mexicana (México 1983); vive actualmente en los EEUU. Después de estudios de filosofía, siguió un taller de creación literaria en la universidad de Columbia (NY) dónde obtuvo posteriormente un doctorado en Literatura comparada.

Los ingrávidos (2011) es su primera novela cuya lectura no me ha gustado por lo críptica y enrevesada. Le reconozco la calidad de la escritura y cierta originalidad con el contenido, pero el resultado final no me ha interesado en absoluto. De vez en cuando se desprende mucho humor, lo que ayudó a continuar con la lectura, que afortunadamente es breve.

EL TEMA : Una escritora quiere escribir un libro sobre el poeta mexicano Gilberto Owen que vivió en Nueva York allá por los años 20. Pero también escribe sobre su propia vida en Nueva York, una vida bohemia y promiscua con un trabajo de traductora. Poco a poco las entidades de la mujer escritora y del poeta mexicano se irán desdibujando, « afantasmando » como lo escribe varias veces la autora porque ella ha visto al fantasma (?) de Gilberto Owen, especialmente en el metro neoyorquino.

El relato es totalmente fragmentado, sin capítulos y con una superposición de las secuencias narrativas que aparecen como un verdadero puzzle, que se irá armando de a poco, pero al mismo tiempo el texto se hará más complejo, más disparatado, a tal punto en que hay párrafos donde cuesta identificar al narrador.

Puede que sea una escritora innovadora, pero yo le clasifico su primera novela más bien como una novela experimental.

LOS INGRÁVIDOS, Sextopiso 2011, ISBN 978-84-96867-89-5

L’allègement des vernis de Paul Saint Bris

Paul Saint Bris est un photographe et écrivain français (Paris 1983).

L’allègement des vernis est son premier livre, primé avec le Prix Orange du Livre et le Prix du Roman qui fait du bien 2023, sélectionné aussi pour le Prix Louis Guillou. Ce n’est pas étonnant que Paul Saint Bris ait été attiré par le sujet de la Joconde de Leonardo da Vinci, car la famille Saint Bris est le propriétaire du Clos Lucé qui depuis 1854, est une dépendance du château d’Amboise où da Vinci vécut 3 ans.

Cette lecture a été délicieuse, l’écriture est élégante, le sujet intéressant, véhiculant beaucoup de culture autour du Louvre qui expose la vedette incontestée des peintures : la JOCONDE.

Nous avons un musée fabuleux et beau avec un tableau énigmatique, sur lequel beaucoup d’encre a coulé pour des tas de raisons. Puis Il n’y a qu’à regarder ce sourire ambigu et ce regard un peu moqueur de Monna Lisa pour en être perturbé, voire subjugué, toujours intrigué.

Le livre est bâti sur une fiction qui pourrait devenir réalité : la restauration du tableau devenu opaque au fil des couches successives de vernis. Une restauration qui est certes, osée, risquée, discutable, et une restauration dans le roman dictée uniquement pour des raisons mercantiles, afin d’accroitre, encore, la fréquentation du musée (déjà 9 millions par an !).

En lisant le livre on se rend compte de ce que coûte maintenir un géant de la culture comme Le Louvre. Il y a peu, j’étais aussi sidérée par le coût de la manutention d’un autre monstre sacré, l’Opéra Garnier (cf L’Opéra de Paris de Jean-Philippe Geours et Christophe Tardieu).

Le roman est très bien documenté et fait défiler des personnages haut en couleurs, bien dessinés, crédibles, avec parfois des scènes carrément surréalistes qui, au lieu de choquer, envoûtent davantage.

Le protagoniste est Aurélien, spécialiste de la peinture italienne. C’est le responsable du tableau. C’est un homme vers la cinquantaine, un conservateur très conservateur formaté par une mère dominatrice et férue de beauté.

Lorsque la restauration est votée, c’est à Aurélien qu’échoue la tâche délicate de trouver le meilleur candidat. Ainsi nous appendrons beaucoup de choses sur l’art de la restauration en général et aussi sur quelques moyens scientifiques que possède le Louvre en matière d’oeuvres d’art. C’est sidérant.

C’est justement l’allègement des vernis sur le tableau de Leonardo da Vinci qui donne le titre au livre, mais il y a aussi l’allègement du vernis de plusieurs personnages, lesquels au fil du récit, vont révéler leur personnalité riche et complexe.

Il y a énormément d’action autour du tableau, on ne s’ennuie pas une seconde. Certains personnages sont truculents, certaines actions sont irresistibles, sans compter que le texte charrie beaucoup d’ironie.

La Joconde va littéralement envoûter quelques protagonistes, ils vont quasiment perdre la raison devant la beauté, la complexité et l’envergure de la tâche à accomplir. Je pense à Aurélien, au restaurateur italien et à Homéro, un personnage décalé qui dégage beaucoup d’empathie.

On finit cette lecture avec un sourire, une sensation de bonheur et une envie folle de retourner au Louvre….

L’ALLÈGEMENT DES VERNIS, Éditions Philippe Rey 2023, ISBN 978-2-84876-988-2

El último día de la vida anterior de Andrés Barba

Andrés Barba es un escritor español (Madrid 1975), licenciado en Filología hispánica, con estudios de Filosofía; es también historiador, ensayista, guionista y fotógrafo. Barba ha sido señalado  entre los 22 mejores escritores de su generación por la revista británica Granta en 2010 y por el  periódico español El Cultural. Se le conoce como « el chico de los berenjenales » aludiendo al hecho que como escritor se mete en temas difíciles y los ventila en novelas peliagudas.

Leí un libro (no reseñado) : La hermana de Katia (2001), libro al cual no encontré ningún interés: un viaje a los bajos fondos y al mundo turbio de la prostitución.

El último día de la vida anterior (2015) tiene una buena escritura, pero no me sedujo el contenido. ¿Se trata verdaderamente de una historia de fantasmas? Si al principio pensé que la aparición del chico en la cocina de una casa, podría ser un fantasma, continuando la lectura, estuve algo perdida. Y detrás de una historia fantasmal, el autor aborda temas como el entorno afectivo en las familias, o la crisis en la pareja.

Una mujer de 36 años trabaja en una inmobiliaria: prepara las casas para la venta. Es una profesional muy pulcra, nunca ha cometido una falta profesional. Y un buen día, limpiando la cocina de una casa que no se logra vender, aparece un niño extraño sentado en una silla, está vestido de manera algo anacrónica y tiene una mirada fija, no parpadea nunca.

La mujer le pide que se vaya porque gente acudirá a visitar la casa y no quiere historias. La mujer quedará intrigada con esto y empezará a provocar las oportunidades de volver a ver a este niño fantomático, incluso mintiendo a su patrón. Con tretas, conseguirá inmiscuirse en el mundo del niño y experimentar otra realidad en esta casa : otra época y otro estilo de vida.

Es la mujer la protagonista de la primera parte del libro y ella nos hace partícipes de lo que siente, de su angustia ante lo que no tiene explicación. En la segunda parte está el encuentro con el niño, pero en otro tiempo y con los problemas de la familia en aquel entonces.

El final no me pareció nada claro, quizás los dos protagonistas regresaron a sus mundos respectivos, cada uno cargando con su propia historia. Es lo que llaman un final abierto, al lector de cerrarlo como quiera.

Esta novela fue escrita durante la pandemia y en un momento de crisis para Barba, quien debió moverse de EEUU a España y luego a Argentina, con un sentimiento de enajenación por el desarraigo. Leí también que el autor quisiera abandonar la autoficción (o literatura del yo) y pasar a otra cosa, como a la ficción absoluta, que le parece representar mejor la realidad.

Y es sabido que las novelas de fantasmas están llenas del miedo de los lectores.

Otros libros comentados : Las manos pequeñas . Versiones de Teresa .

EL ÚLTIMO DÍA DE…, Anagrama 2015, 978-84-339-0177-4

Les solidarités mystérieuses de Pascal Quignard

Pascal Quignard est un écrivain et violoncelliste français (Verneuil-sur-Avre,Eure 1948), licencié en Philosophie.

Son oeuvre est considérée comme l’une des plus importantes de la littérature française contemporaine; cette oeuvre est complexe : les thèmes sont souvent ressassés, les découpages très fragmentaires, et cela déroute. Ces thèmes tournent autour de la mort, la lecture, le silence, les lieux, la musique, la sexualité, sur un fond empreint de dépression. Il réalise un travail sur la mémoire et l’inéluctable métamorphose des souvenirs, l’amitié, les amours contingentes.

Pascal Quignard travaille entre fiction et réalité, entre philo et psychologie, entre musique et littérature.

Son style si particulier lui a valu un épithète, celui de quignardien, une écriture coq-à-l’âne quignardienne, répétitive.

Sa consécration est arrivée avec Le salon de Wurtemberg et la notoriété avec le suivant, Les Escaliers de Chambord (1989).

Les solidarités mystérieuses (2011) est un roman choral qui se lit facilement et qui correspond très bien au style découpé et à l’ambiance sombre de l’écrivain.

Le fil de l’histoire est mené par Claire, une femme polyglotte qui travaille comme traductrice et qui revient s’installer en Bretagne d’où elle est originaire. Elle a eu une vie triste, a perdu ses parents et sa petite soeur de 3 ans, tôt dans sa vie. Il lui reste un frère, Paul, mais les deux enfants ont été élevés séparément et se connaissent mal.

Toute sa vie Claire pense avoir été amoureuse de Simon, chez les parents duquel elle a fait un séjour étant petite fille. Et Simon, devenu pharmacien et maire de son petit village, est un personnage public, marié et père de un enfant.

Claire s’installe en Bretagne et très vite elle sera aidée et soutenue par son ancienne professeur de piano qui finira par l’adopter.

La vie de Claire dans ces parages est un peu spéciale, elle se lie peu, elle a encore des connaissances de son enfance, mais c’est une sauvageonne qui rôde en permanence dans ces landes venteuses qu’elle connait si bien.

Son frère Paul, viendra la rejoindre et l’aidera à s’organiser sur le plan matériel car Claire ne s’intéresse pas à cela, ni à son intérieur; elle est obsédée par Simon qu’elle guette en permanence.

L’histoire est joliment racontée en 5 parties, chacune avec un narrateur différent, ce qui va nuancer un peu cette histoire. C’est Claire qui commence, suivie de Simon, et chacun apportera des points de vue et des informations différents. Ensuite ce sera à Paul de compléter l’écheveau jusqu’à l’apparition de Juliette au quatrième chapitre et c’est une surprise car jusque là Juliette qui est la fille abandonnée de Claire, n’intervenait pas dans le récit.

La cinquième partie les réunit tous, plus l’apparition du Père Jean, un prêtre très proche de Paul, du voisin le plus proche de Claire, Calève, et quelques autres connaissances. Et justement, entre tous ces personnages nous retrouvons le titre du livre : les solidarités mystérieuses qui les unissent.

Très bonne lecture pour moi avec un texte de qualité qui nous livre des personnages particuliers ayant une épaisseur, des situations assez psychologiques et une nature dépeignant la Bretagne que j’aime, farouche et sauvage par endroits. Le langage par moments a une belle envolée poétique.

Autre livre commenté : Le salon du Wurtemberg .

LES SOLIDARITÉS MYSTÉRIEUSES, Gallimard 2011, ISBN 978-2-07-078479-0

Púa de Lorenzo Silva

Lorenzo Silva Amador es un escritor español (Madrid 1966), muy exitoso con la serie policíaca del subteniente Rubén Bevilacqua y de la brigada Virginia Chamorro de la Guardia Civil (grupo militar armado); el primer tomo de la serie (que lleva 13 entregas) lo escribió en 1995 y desde entonces no decae el interés por esta serie.

Lorenzo Silva estudió Derecho y trabajó como abogado hasta el año 2000, y ello se nota porque sus libros están bien armados en artes leguleyas y judiciales. Esta serie le ha hecho ganar los mejores premios literarios de España y ha sido nombrado « guardia civil honorario » logrando imponer una imagen muy positiva del cuerpo militar al que llaman también « la Benemérita ».

Púa (2023) no tiene nada que ver con la serie de Bevilacqua, es un thriller independiente que me entretuvo bastante. Debo confesar que estuve tentada de abandonar la lectura al principio porque me sentí asfixiada por la cháchara abundante, pero de repente, y, al cabo de bastantes páginas, el libro me enganchó fuerte, además lo encontré interesante.

Y fue fascinante leer que en España existió un cuerpo de élite policial que Silva llama la Compañía, un cuerpo paramilitar ultra secreto qua trabaja para el Estado y las policías, pero que es totalmente autónomo. Los hombres seleccionados seguirán una formación y vivirán bajo identidades secretas.

El libro está consagrado a Púa, es su nombre clave y nunca conoceremos su verdadera identidad; lo seguiremos desde su infancia con un recuento breve del drama familiar que lo llevó a enrolarse en la Compañía : su hermano menor murió en uno de los tantos atentados terroristas perpetrados por la ETA (que nunca será nombrada en el libro), pero que el lector reconocerá por los relatos sobre las atrocidades cometidas y por el modus operandi entre España y Francia.

Púa trabajó en binomio y en casos sumamente riesgosos con otro infiltrado, Mazo, creando lazos, no de amistad, sino de confianza, además que ambos salvarán el pellejo del otro en misiones difíciles. Y cuando Mazo llega al final de su vida por enfermedad incurable, recurre a Púa para que saque a su hija única del mal paso que ha dado.

Con esta misión, comienza la parte más palpitante de la novela : habrá acción, preparación minuciosa y muchas traiciones.

No hay un final feliz, pero hay un final justo y ya es mucho. Y siempre la buena escritura de Lorenzo Silva.

Otros libros reseñados : La niebla y la doncella . La reina sin espejo . La marca del meridiano .Los cuerpos extraños . Tantos lobos . Si esto es una mujer . El mal de Corcira . La llama de Focea .

PÚA, Destino 2023, ISBN 978-84-233-6326-1

Clara lit Proust de Stéphane Carlier

Stéphane Carlier est un écrivain français (Argenteuil 1971).

Clara lit Proust (2022) est déjà son huitième roman, roman qui lui a valu le Prix Littéraire proustien en 2022 et le Prix de l’Atelier (Ouest France) de la même année. Le livre a été aussi finaliste du Prix Maison Rouge (Biarritz).

Voici une lecture qui m’a beaucoup plu parce qu’elle est tout en finesse et bienveillance pour nous décrire l’univers de Clara.

Clara est coiffeuse chez Cindy Coiffure, un salon de province, tenu par la main de fer de Jacqueline Habib, la patronne. Elle y travaille avec un succès certain, entourée de ses collègues Nolwenn (qui rate son permis de conduire sans arrêt), Lorraine (et ses vertiges), Patrick, le surdoué en coiffure, mais ingérable comme salarié. Chaque personnage est un monde bien spécial qui dégage beaucoup de sympathie et de vérité. Les journées s’écoulent scandées par la musique de radio Nostalgie…L’ambiance d’un salon de coiffure est brossée à la perfection.

Et il y a les clients. Ah la belle galerie de portraits, chacun avec son trait bien particulier. C’est très drôle et en même temps très représentatif du temps présent, cela sonne véridique.

Clara vit depuis 3 ans avec JB, et elle sent qu’elle n’est plus amoureuse alors que le bellâtre JB fait l’envie de tout le monde, spécialement de la mère de Clara. Clara s’ennuie dans sa vie, elle s’étiole dans le Salon de Coiffure.

Un bon jour elle commence à lire Marcel Proust car un client de passage a oublié un tome en format de poche. Il a fallu à Clara plusieurs approches avant d’entamer une lecture suivie et avant de se laisser embarquer par la beauté du texte. Elle sera sidérée par l’écriture de Marcel Proust.

(Cela m’a semblé si bien vu, si réaliste, si adéquat. Et cela m’a ravivé des souvenirs pendant que je lisais Proust…Ce ne fut pas facile de prime abord, je puis dire que j’ai lu deux fois chaque tome car il me venait une espèce de narcose au bout de quelques pages, où je perdais complètement le fil. Et à chaque fois je m’obligeais à recommencer les pages qui étaient passées à la trappe, toutes, jusqu’à être capable de tirer le suc du récit. Mazette, elle a duré des mois cette lecture.) Pardonnez la digression…

Au fil des pages, Clara sera envoûtée, captivée par la beauté du texte. Elle n’aura de cesse que de lire tout Proust jusqu’à négliger le beau JB qui peut aller voir les grecs si ça lui chante (en fait il ira voir d’autres nanas plus accueillantes).

Cette lecture lui ouvrira d’autres horizons, elle va s’orienter vers un milieu artistique et épousera un artiste qui lui donnera une fille, Isabella, qui nous racontera la fin de cette histoire « conte de fées ».

Un régal de fraicheur ce roman, il m’a fait l’effet « bulle de champagne », pétillant , aérien, drôle. Ce fut la même impression après la lecture de En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeau (2016).

CLARA LIT PROUST, Gallimard 2022, ISBN 978-2-07-299130-1

Permafrost (1) de Eva Baltasar

Eva Baltasar es una poeta y escritora española (Barcelona 1978), licenciada en Pedagogía.

Permafrost (2018) es el primer tomo de una trilogía que la autora quiso dedicar a 3 mujeres que enfrentan un destino lleno de contradicciones y de dificultades con su género. En un principio este libro, que necesitó 7 meses de escritura, fue una tentativa de terapia para Baltasar, una escritura recomendada por una psicóloga para ordenar elementos de su pasado, pero no es una obra autobiográfica. Es posible que conlleve elementos o ideas vivenciales.

Es un libro de lectura ágil y con un título que no podía ser más adecuado para el libro. Permafrost (o Permagel en catalán) es la capa congelada que (aun) cubre el Gran Norte, y es el abrigo que utiliza la narradora (sin nombre) para aislarse y protegerse de la gente y de las emociones del mundo que la rodea.

Bajo el permafrost de nuestra narradora, que se fisura por momentos, logramos percibir sus sufrimientos y pensamientos, enfrentada a su lesbianismo, a sus cuarenta años y aun sin rumbo, con alta dosis de culpabilidad a cuestas.

La protagonista es una chica catalana de Barcelona, hipersensible, dotada de una madre dominante y pasablemente sicótica. Es una chica egocéntrica, lesbiana, interesada en arte y literatura, que huye los compromisos y el contacto físico fuera de las relaciones sexuales.

La madre, descolocada, acecha a la protagonista anteponiéndole cada vez la imagen de una hermana menor, casada, madre de dos hijos y con un trabajo a tiempo parcial.

La narradora vive un verdadero vacío existencial después de haber seguido estudios de arte, haber obtenido un diploma, pero ningún trabajo. La idea de la muerte la persigue y ha tratado de organizar su suicidio varias veces.

Hay varios temas candentes en este libro sucinto de 132 páginas (lo bueno si breve, dos veces bueno): las relaciones tóxicas en el seno familiar, el recurso a los fármacos para soportar lo cotidiano, el rechazo a la maternidad, el suicidio programado, las prácticas sexuales.

Un libro original de gran frescura, que denota coraje para abordar temas delicados con humor, desparpajo y una buena escritura.

Otros libros reseñados : Boulder . Mamut .

PERMAFROST, Literatura Random House 2018, ISBN 978-84-397-3514-4

Sans même un adieu de Robert Goddard

Robert Goddard est un romancier anglais né en 1954 dans le Hampshire, auteur de romans policiers et de romans à énigmes. Il a étudié l’Histoire à Cambridge puis travaillé dans le journalisme, dans l’enseignement et dans l’administration scolaire avant de se consacrer exclusivement à l’écriture. Il possède une vaste bibliographie de plus de 32 romans parus depuis 1986, mais pour le moment seulement 14 ont été traduits en français et publiés par  Sonatine Éditions. Il a été redécouvert aux États Unis avec un grand succès. Actuellement l’écrivain vit en Cornouailles.

C’est un romancier qui se laisse lire, qui amuse et intéresse par ses intrigues pleines de rebondissements et souvent une conspiration longtemps gardée secrète dont la révélation va bouleverser une vie. C’est très délassant mais il vaut mieux ne pas lire ses romans les uns après les autres pour mieux les apprécier car son style se répète.

Sans même un adieu (Take No farewell, 1991) c’est un roman à énigmes avec une histoire d’amour et de trahison, un pavé de 660 pages qui se lit bien car il est bien écrit (et bien traduit !), il tient le lecteur en haleine avec une trame diablement compliquée, pleine de rebondissements, mais dont tout est empreint de lenteur explicative. Il y règne une ambiance très british, ce qui rajoute du charme. Tout dans ce livre sera expliqué et il faudra attendre la fin pour démêler tout l’écheveau.

Geoffrey Sttadon est un jeune architecte très prometteur qui aura la chance d’être retenu pour construire une belle demeure à Victor Caswell qui revient du Brésil avec une immense fortune et une belle épouse brésilienne, Consuela.

Geoffrey Staddon et Consuela Caswell auront une liaison et ce sera le début de tous les problèmes.

Des années plus tard, lorsqu’elle sera accusée de tentative de meurtre sur son mari, toutes les preuves l’accablent. Seul Staddon est persuadé qu’elle ne peut pas être coupable, mais cela ne suffit pas et l’on doit fournir les preuves de cette innocence.

Il y a dans ce livre une partie que j’ai trouvé très intéressante, c’est le procès fait à Consuela que le lecteur suivra pas à pas. C’est fascinant de complexité et d’horreur. Comment affronter une justice qui ne rend pas justice ? C’est à mon avis, le point majeur développé dans ce livre.

Page 475, on peut lire un passage édifiant : …Avant le début de ce procès, j’étais prêt à déclarer que les juges des tribunaux de grande instance étaient des êtres rationnels, éclairés et intelligents, à l’abri des préjugés et de l’illogisme qui sont le lot du commun des mortels. Je suis d’avis aujourd’hui qu’ils ne valent pas mieux que le reste d’entre nous. Leur formation les arme pour masquer leurs préjugés, mais ne réussit pas à les effacer. Mieux, la fonction qu’ils exercent leur fournit toute latitude pour leur donner libre cours. Ma foi, il était peut-être naïf de ma part de les croire capables de résister à la tentation.

Une lecture addictive par moments, lassante par d’autres et un pavé si lourd, qu’il déclenche des douleurs de tendinite si l’on ne prend pas garde. J’ai pris en grippe le personnage principal, Geoffrey Staddon, le trouvant atrocement veule, long à se décider; j’ai ressenti aussi que la belle Consuela manquait d’épaisseur humaine et tout lui glissait dessus.

Autres livres commentés : Par un matin d’automne . Le temps d’un autre . Les mystères d’Avebury . Heather Mallander a disparu . Le monde des Abberley .

SANS MÊME UN ADIEU, Sonatine 2016 (RG 1991), ISBN 978-2-35584-361-7

Autorretrato sin mí de Fernando Aramburu

Fernando Aramburu es un escritor (cuentos, ensayos y novelas), traductor y profesor español (San Sebastián 1959), licenciado en Filología Hispánica, Premio Nacional de Literatura 2017 y galardonado con muchos otros premios. El escritor vive en Alemania desde 1985 y se dedica exclusivamente a la escritura desde 2009.

Autorretrato sin mí (2018) es un compendio de relatos breves dónde el escritor nos muestra su alma al desnudo con sensaciones, sentimientos, vivencias, recuerdos, descripciones, pesares, preocupaciones, y párrafos sobre el tiempo que pasa. Este libro fue publicado después de Patria, pero son textos que fueron escritos antes y después del exitazo que fue Patria.

No creo haber leído texto alguno de Aramburu dónde se entregue tanto (no le he leído todo). Y lo hace con una prosa exquisita, una prosa poética o una poesía en prosa. La primera parte del libro me sedujo por la utilización que hace de la lengua. Hay párrafos que leí varias veces por la hermosa consonancia.

Por otra parte, no fui insensible a una alta dosis de nostalgia y otra dosis de soledad. También resalta, sobre todo hacia el final del libro, cierto pesimismo, cierta preparación intrínseca para lo que podemos llamar, de manera eufemística, el viaje final o final de viaje. Es posible que ello sea el resultado del avance ineluctable del tiempo, expresado por un ser muy reflexivo.

He aquí una muestra de la escritura de Aramburu…Habito desde que nací en un hombre llamado Fernando Aramburu. No voy a quejarme. Hay desiertos peores. Este hombre me obliga a madrugar. Se ha ido metiendo en años…Este hombre que me envuelve me hacía leer, siendo yo muchacho, poemas y obras de teatro clásico (Lope, Tirso y demás) en voz alta, a todas horas. Mi madre entraba alarmada en la habitación, convencida de haber traído al mundo un hijo delirante….Contraje la poesía a edad temprana. La he combatido o, en todo caso paliado con el humor. Estuvimos largo tiempo sin hablarnos. No la necesito menos que entonces; pero ya no bajo de noche, a oscuras, a proveerme de ella en las galerías del hombre que me abarca. La busco y a veces la encuentro en las páginas que otros escribieron.(cf Su vida y la mía)

Salvo que medie un disgusto o me horade con su dedo afilado una dolencia, al declinar la tarde llegan mis horas favoritas, previas al reposo nocturno. Cumplidas las tareas del día, la casa sosegada, me retiro a la soledad del cuarto y, acomodado en un asiento sencillo, me consagro hasta la medianoche al ejercicio deleitoso de la lectura…No necesito más, y aun eso es mucho, para estar a buenas con la modesta y torcida sombra que proyecto sobre el suelo. Poco a poco la ventana ennegrece, la noche encierra en su cajón oscuro los paisajes y es entonces, a solas en mi reclusión voluntaria, ya no joven, cuando me entrego a la tranquila felicidad del libro abierto.(cf Horas de serenidad)

Otros libros reseñados : Patria . Los vencejos . Ávidas pretensiones . Las letras entornadas . Hijos de la fábula .

AUTORRETRATO SIN MÍ, TusQuets 2018, ISBN 978-84-9066-511-4