Ton absence n’est que ténèbres de Jón Kalman Stefánsson

Jón Kalman Stefánsson est un romancier, poète et traducteur islandais (Reykjavik 1963); il est aujourd’hui un auteur avec une oeuvre importante ayant récolté de nombreuses distinctions de par le monde.

Ton absence n’est que ténèbres (2020) est son 13è roman, couronné par le Prix Jean Manuel Monnet et le Prix au Meilleur Livre Étranger en 2022. La traduction de ce roman est remarquable, un travail de choix par Éric Boury (qui a reçu un prix déjà pour la traduction d’un autre livre de cet auteur islandais).

Ce livre m’a été chaudement recommandé par quelqu’un qui lit beaucoup, en me disant que c’était le meilleur livre lu au cours de la dernière année. Je l’ai acheté.

Je ne sors pas enchantée de cette lecture. Voulant rester positive, je vais commencer par les points qui m’ont plu : 1) découvrir un peu l’Islande avec son territoire et ses gens entre 1900 et 2020 (terra incognita pour moi), 2) la façon franche d’aborder le sujet de la mort par l’écrivain, une mort omniprésente dans le récit, sans pathos ni hystérie ni faux-fuyants, souvent associés; 3) les envolées poétiques, belles et inspirées, venant d’un vrai poète; 4) l’ambiance métaphysique du roman qui vous amène à réfléchir sur soi et sur les autres, à se questionner sur les aléas de la vie; et 5) c’est un livre d’une rare intensité qui arrive à émouvoir parce qu’il sonne vrai.

Là où la pierre a franchement achoppé c’est 1) avec le style, décousu, brouillon, avec des sauts temporels; j’ai été plusieurs fois désorientée vu la quantité de personnages qui déferlent dans le roman ; 2) les intertitres m’ont agacé, non-nécessaires et parfois ne trouvant pas de rapport direct avec le texte; et 3) j’ai trouvé cette lecture un peu lourde, quoique riche. J’ai tenu jusqu’au bout pour me permettre une opinion, mais cela n’a pas été sans peine.

Ce roman fleuve de 600 pages narre une saga familiale sur 120 années et quelques générations, comportant quelques destinées tragiques. L’action se déroule en Islande, terre de paysages surnaturels au climat rude, avec une nature belle et sauvage pouvant influencer des personnages ayant des sentiments portés au paroxysme, des êtres humains souvent confrontés à des situations difficiles, en présence d’une forte spiritualité.

Le livre est traversé par des playlists de musique essentiellement nord-américaine du siècle dernier (jazz, pop, rock). On conçoit l’importance de la musique dans des contrées qui doivent subir un total isolement pendant de longs mois d’hiver. Cela doit faire partie de leur cadre de vie.

Quid de l’histoire ? : En 2020 le tourisme revient après la pandémie de la Covid et un homme, islandais, débarque amnésique dans un fjord de l’Ouest du pays; les gens le reconnaissent mais lui ne se rappelle de rien et jamais fera l’effort de demander aux gens qu’il croise, de le situer par rapport au récit. Le personnage écrira des pages et des pages sur ce que les gens lui racontent, sur la saga supposée de ses ancêtres. L’homme voudrait autant les sortir de l’oubli que de se refaire, au passage, une mémoire.(Cette affaire ne sera pas du tout élucidée dans le roman; peut-être que cet homme n’a servi que d’axe narratif…).

Dans le récit apparaissent des morts et des vivants, la limite entre les uns et les autres est floue. La filiation entre les uns et les autres est complexe, il y a pas mal de secrets de famille (ceci est universel). J’ai été surprise par des histoires d’amour assez violentes et « dès le premier regard », intenses, désespérées comme si ce pays du grand froid rendait les sentiments plus vifs, voire incontrôlables.

TON ABSENCE…, FolioN° 7169, 2023 (JKS 2020), ISBN 978-2-07-299197-4

La forastera de Olga Merino

Olga Merino es una periodista, articulista y novelista española (Barcelona 1965).

La forastera (2020) va por la 19è edición y ha ganado el Premio a la Mejor Creación Literaria concedido por la RAE; premio que fue propuesto por Mario Vargas Llosa, José María Merino y Carme Riera.

La novela me ha impactado por varias razones : la calidad de la escritura, desplegando un rico vocabulario y la fuerza telúrica de la protagonista. La novela habla muy bien de la España vacía, esos pueblos abandonados a los ancianos que sobreviven a duras penas y que se mantienen, entre otras cosas, con la maledicencia hacia toda persona forastera.

Angie a los 53 años y después de una juventud azarosa vuelve al pueblo de sus padres, una localidad de Cataluña en los montes, nunca nombrada. La vida es dura, difícil, la gente no se entre ayuda de buenas a primeras, hay que ganarse la confianza. Angie tomará posesión de la casa casi en ruinas que fue de sus padres, antes de verse obligados a emigrar a Barcelona, en busca de mejor vida.

Angie fue impregnada por su madre con ciertas liturgias de la aldea, ella no ha olvidado nada del ritmo cíclico del campo, la cadencia de las estaciones, que es malo quemar leña de higuera, que los ajos no deben plantarse con luna menguante, que la encina es el árbol que más atrae la descarga del rayo, que la aceituna del cerro produce más y mucho más fino aceite que la del valle, que el cambio del tiempo viene cuando el gallo canta a deshoras, que las nubes aborregadas presagian granizo…

La vida de Angie no es fácil, pero a ella le conviene y se cree feliz, con su huerto, sus subidas al monte, sus perros y sus idas al bar de Tomás para encontrarse siempre con los mismos parroquianos. Rápidamente la van a tildar de loca porque no sigue los cánones impuestos. A ella le importa un rábano porque se cree feliz hasta que se le empieza a complicar el panorama con el suicidio de un vecino.

En esas latitudes las familias tienen fuertes lazos de consanguinidad, por razones de lejanía o de demasiada cercanía a la hora de escoger pareja. En todo caso el suicidio del vecino le traerá verdaderas dificultades y conocerá secretos de familia bien guardados.

Será el final de una vida idílica para Angie y para hacerse respetar, no tendrá más remedio que de recurrir a la violencia.

Hay una tal fuerza en el relato, una fuerza inherente al sitio montañoso y aislado, a la naturaleza omnipresente y respetada, a la proximidad de los animales y a los intercambios con los lugareños, que el lector no puede dejar el libro y quiere adentrarse más y más en los problemas y los sentimientos que mueven a Angie.

Unos de los mejores libros leídos últimamente. El tema y la fuerza narrativa me hacen recordar las novelas rurales fuertes del francés Franck Bouysse.

LA FORASTERA, Alfaguara 2020, ISBN 978-84-204-3845-0

Cupidité de Deon Meyer

Afrikaneer pure souche, Deon Meyer est né à Paarl, Afrique du Sud en 1958, c’est un  auteur à succès de romans policiers qui a ses adeptes inconditionnels. Il est Chevalier des Arts et des Lettres (France) depuis 2021.

Il est vrai que ses livres vont au delà d’une intrigue policière et nous livrent des renseignements sur cette société sud africaine si particulière, qui se cherche encore, société où règne une violence urbaine inouïe et aussi beaucoup de corruption à tous les niveaux.

Avant ce blog, j’ai lu à D. Meyer : 13 heures (2008) un bon polar sur cette nouvelle société sud africaine, mais avec un trop plein de personnages qui m’ont quelque peu perdu.

Cupidité (2021) est le 8ème tome de la série avec le policier Benny Griessel, un tome nominé pour le Prix Barry 2023. C’est un bon polar, voire un page turner qui m’a maintenu en haleine le long de presque 600 pages, avec un debut sur les chapeaux de roue et un final énigmatique et effrayant.

Le binôme de la série policière est toujours formé par Benny Griessel et Vaughn Cupido, deux policiers aguerris et non corrompus qui sont dans une mauvaise passe : dégradés par la hiérarchie (corrompue en partie), mis à l’écart, touchant un salaire réduit et menacés si…! Un comble. Les deux hommes se connaissent bien et ont des préoccupations bien humaines qui nous les rendent sympathiques : Benny avec l’alcool et Candido avec son poids, tous les deux projettant un mariage.

Il y a deux thèmes parallèles dans ce roman : la recherche d’un étudiant en Informatique, hacker reconnu, et l’histoire d’une belle agente immobilière acculée par les dettes. Le moteur dans cette palpitante histoire est la cupidité, présente à tous les échelons, sans frein ni éthique ni moral.

La paire Benny-Candido vont atterrir dans une banlieue chic du Cap et assez vite ils seront sommés de retrouver l’étudiant en informatique, disparu mystérieusement du campus universitaire . Très vite cette tâche se verra compliquée par l’assassinat d’un policier du secteur.

Puis nous ferons connaissance avec l’agente immobilière qui va se retrouver dans un enfer en spirale, tellement plausible, atroce. Et c’est bien son histoire à elle qui apporte le plus d’émotion dans le récit.

Le livre est divisé en petits chapitres qui souvent nous incitent à ne pas lâcher la lecture, surtout vers la fin. Cela fait quelque temps que je ne lisais pas un récit aussi addictif. Une lecture toute rêvée pour les loisirs.

Autres livres commentés : Jusqu’au dernier . L’âme du chasseur . Le pic du diable .

CUPIDITÉ, Série Noire Gallimard 2022 (DM 2020), ISBN 978-2-07-297340-6

El héroe de las mansardas de Mansard de Álvaro Pombo

Álvaro Pombo es un poeta, escritor y hombre político español (Santander 1939). Es miembro de la RAE desde 2004 en el sillón J. Ha recibido numerosos premios literarios.

Tengo de él, lecturas antiguas que no figuran en el blog : Donde las mujeres (1996) Premio Nacional de Narrativa, un libro muy bien escrito aunque denso, con escaso diálogo y mucho descriptivo de un mundo interiorizado de mujeres, es una novela muy fuerte. La cuadratura del círculo (1999) Premio Fastenrath de la RAE, un libro que me pareció novedoso al principio y luego fastidioso. Me interesó por tratarse de un relato acaecido en 1120 con esa manera cruda y truculenta del  parlar del medioevo, pero fuera de algún vocabulario selecto, la trama se puso lancinante y poco interesante. El cielo raso (2001) Premio Fundación José Manuel Lara : me resultó ilegible, sin estilo, aunque con buen vocabulario y con meta-literatura y nociones filosóficas. La fortuna de Matilda Turpin (2006) Premio Planeta : mucha verborrea, poca acción y poca descripción psicológica de Matilda Turpin, un dramón.

El héroe de las mansardas de Mansard (1983) le valió el primer Premio Herralde, del mismo año, es la segunda novela de Pombo. Ha sido una lectura insólita que no se parece a nada de lo leído. Para un lector francés, el título clarifica inmediatamente de qué se trata porque las mansardas en una casa burguesa son moneda corriente y todos las conocen, en España, no lo sé.

Al principio de la lectura estaba un poco perdida : qué quiere contar este señor ? No encontraba el hilo conductor. Poco a poco me fui adentrando en el estilo, muy peculiar, bien escrito en un modo flujo de consciencia, con dos niveles de sintaxis : uno fino y conspicuo y el otro crudo y sorprendente. Y lo más original : unos vuelcos tan cómicos, que no queda otra cosa que soltar la risotada.

Tenemos un relato después de la guerra civil, en el norte de España que podría ser el Santander natal del autor. El protagonista es Nicolás, llamado Kus-Kús (?), un chico pre adolescente que dicen bobo, pero que no tiene nada de bobo, es el más inteligente de todos los personajes y bastante depravado desde ya, aunque se está recién formando para entrar en el mundo de los adultos.

Este chico vive en una casona con una institutriz inglesa, Miss Hart; los padres brillan por su ausencia, se encuentran siempre de viaje. En las mansardas, bajo el techo, habita la tía Eugenia, cerca de la cual Kus-Kús se forma (o se deforma, según).

Nicolás vive rodeado de personajes estrafalarios comenzando por esta tía Eugenia, bastante loca y erotómana, la servidumbre, el criado Julián que tiene un « pasado », la abuela Mercedes (mi personaje preferido) con su amiga María del Carmen Villacantero (con ellas son los momentos más divertidos), Manolo el gigoló de la tía Eugenia, etc. Por momentos esta galería de personajes se vuelve esperpéntica, irreal, con un relato tirado por los pelos, pero muy original.

A veces el estilo me traía reminiscencias del estilo de Eduardo Mendoza…

En la novela se tratan temas diversos como el descubrimiento de la sexualidad, el robo, el chantaje, la vida social en ese medio y en esa época, la traición, la posguerra, los terrores del final de la infancia, etc.

Otro libro comentado : El temblor del héroe .

EL HÉROE DE…, Compacts Anagrama 1991 (AP 1983), ISBN 84-339-2027-8

Les Revenants de Laura Kasischke

Laura Kasischke est une romancière américaine originaire du Midwest (Michigan 1961), elle est avant tout une poétesse plusieurs fois primée ainsi qu’une enseignante (l’art du roman) à l’Université de Michigan.

Dix ans ont passé depuis que j’ai lu mon dernier (et quatrième) Kasischke ! C’est une romancière qui m’intrigue et me surprend à chaque fois et jusqu’à maintenant, elle ne m’a jamais déçu.

Tous les romans de Laura Kasischke se passent dans le Midwest, sa région d’origine , une région pauvre, riche en « péquenauds » hauts en couleur qu’elle dépeint par le menu avec des touches de clairvoyance, voire de méchanceté et beaucoup d’allusions à la nature, ce qui est naturel puisque le Michigan est une région rurale.

Cette écrivaine excelle pour nous installer dans un malaise diffus, assez difficile à cerner et qui prend petit à petit. Dans Le monde des livres on lisait que l’univers de LK est un mélange de surréalisme et de thriller, de drame psychologique et de surnaturel domestique, de gothique voire du gore. C’est très juste.

Les revenants (The Raising 2011) s’est avéré pour moi un vrai page turner, surtout une fois le roman bien lancé et les banalités bien posées dans un cadre en apparence banal, ici un campus universitaire reputé du Midwest. C’est à ce moment que Madame Kasischke déplie tout son savoir faire, c’est à dire, une sensation d’angoisse qui va progresser jusqu’à la fin du livre. Je me dois de dire que après tant de stress, la fin m’a paru quelque peu bâclée, pas nette, je me suis posée pas mal de questions.

L’affaire en gros décrit la vie dans un campus universitaire américain avec des élèves choisis par dossier ou par filiation, des élèves venant de l’État, mais aussi d’ailleurs. Ils sont logés et mènent une vie en circuit fermé pendant quelques années. Dans ce roman on dirait que ces jeunes passent leur temps à se doper, à boire de l’alcool et à penser au sexe.

C’est incroyable quand on pense la fortune que doivent payer les parents pour cette éducation, et les rares boursiers se retrouvent endettés plus ou moins à vie. Dans une université américaine prestigieuse, on ne les considère pas comme des élèves, mais comme des clients. Et comme vous savez, le client est roi. D’où que les vilenies qui se passent au campus, on doit les camoufler coûte que coûte.

Dans Les Revenants, il se passe des choses pas correctes du tout, avec des implications qui vont loin, alors on camoufle le tout, on ne fait pas de vagues et vogue le navire…

Il existe des fraternités et des sororités au sein de chaque campus. Cela constitue un honneur d’en faire partie, mais il faut accepter de participer au folklore, notamment aux bizutages, pas toujours du meilleur goût. Comme l’admission dans ces universités se fait beaucoup par filiation, les parents connaissent bien les us et coutumes et peuvent même participer aux cérémonies…

Dans le livre tous les protagonistes sont laissés à eux mêmes comme si c’était un grand soulagement pour les parents de se défaire de la marmaille. Et pire, en sachant ce qui se passe pour certains. Certains personnages sont carrément malfaisants, par moments c’est malsain.

Justement dans ce roman, il se passe des choses gênantes entre les étudiants, ou dans l’interphase élève/professeur, ou dans le cadre académique. Madame Kasischke qui enseigne dans une université est bien placée pour en parler, je pense.

Le roman est très prenant, bien construit, provoquant chez le lecteur une véritable addiction pour élucider toute cette affaire compliquée et malsaine.

Autres romans commentés : À moi pour toujours . En un monde parfait . Esprit d’hiver . A suspicions river .

LES REVENANTS, Livre de Poche 2012 (LK 2011), ISBN 978-2-253-16452-4

Aves de paso de J.M. Riera de Leyva

José María Riera de Leyva es un escritor español (Almería 1934) con estudios de Arquitectura y de Periodismo.

Aves de Paso (1993) obtuvo el Premio Herralde de Novela del mismo año. Es una novela más bien corta, un road book, que se lee bien porque está bien escrito y narra la historia de un pedazo de vida que se hace viajando en un combi, trayecto impuesto por circunstancias particulares, aparentemente, un problema serio de salud.

El libro parte con un hombre hospitalizado que decide partir sin rumbo y viajar. Para eso acondiciona un combi Volkswagen y se lanza por los caminos de España, sin preparación particular y siguiendo un instinto personal. Por los caminos y derroteros tendrá un sinnúmero de aventuras, no siempre agradables, pero conocerá gente porque está abierto al diálogo, especialmente con los camareros, que son verdaderas fuentes de información para el viajero.

En una de sus « escalas » conocerá a una madre que busca con desesperación a su hija de 16 años que se ha fugado de casa. La madre le da una foto de la chica y anota detrás su número de teléfono. Pasa el tiempo y el protagonista acumula los Km, no se olvida de la búsqueda, hasta que un día la cruza en su camino. No podrá acercarse porque la chica ya ha partido, con rumbo desconocido.

Curiosamente esta chica rubia se parece a su ex mujer, hoy en día nuevamente casada.

Nunca son nombrados los lugares, solo se vislumbra que este personaje errante privilegia la costa y se detiene dónde encuentra lugares más bien apacibles. Su ruta no está sin peligros físicos ni situaciones delicadas.

Al final del libro el hombre llama al médico que lo dio de alta al principio de la narración por lo que el lector vislumbra la posibilidad de que el viajero sea una persona condenada por enfermedad que ha decidido viajar para cumplir un sueño. Esa fue la idea que me trajo el relato.

Encontré también que el personaje no era muy cauteloso y que buscaba las situaciones complicadas.

El título Las aves de paso está bien escogido porque el libro es pura transhumancia y muchos personajes son móviles como él : son aves de paso.

AVES DE PASO, Anagrama 1993, ISBN 84-339-0960-6

L’homme en rouge de Julian Barnes

Julian Barnes est un romancier, nouvelliste, essayiste et journaliste britannique (Leicester 1946); il a publié aussi des romans policiers sous le nom de Dan Kavanagh (presque le nom de son épouse décédée). On dit de Julian Barnes qu’il est un francophile érudit et aussi le plus européen des écrivains anglais. Et le seul auteur a cumuler le Médicis et le Fémina étrangers.

L’homme en rouge (The man in the red coat 2019) est déjà le 24è livre de Barnes et le 8è de non fiction! Ce livre a reçu le Prix Jean Bernard de l’Académie Nationale de Médecine en 2021. J’ai adoré cette lecture, roman en partie biographique et autour de la personnalité du Dr Samuel Jean Pozzi, (1846-1918), médecin réputé, aujourd’hui oublié, entouré du Tout Paris des années 1870-1914, période connue comme Les Années Folles. Après tout le temps passé à se documenter sur cette période, l’écrivain Barnes a trouvé les mots exacts pour la définir…la lointaine, décadente, trépidante, violente, narcissique et névrotique Belle Époque.

Si bien le Dr Pozzi est le personnage principal (et solaire) de ce livre, gravitent autour de lui une pléiade de personnages bien connus de tous, que le livre rend « en chair et en os », pleins de vie et de morgue.

Ce bon docteur Pozzi était un personnage complexe.

Il y a le médecin, brillant, intachable, novateur, moderne, un chirurgien qui a fait avancer la pratique de la Médecine en introduisant l’asepsie opératoire (qu’il avait ramené de Londres via son collègue chirurgien Lister), il fît reconnaitre la Gynécologie comme une véritable spécialité, il a divulgué et pratiqué la laparotomie (ouverture de l’abdomen), il a introduit l’utilisation du clamp pour les vaisseaux sanguins, il a écrit un traité de Gynécologie et amélioré le confort de cet examen si pénible pour les femmes. En 1901, à l’âge de 54 ans, Pozzi devient le premier Pr de Gynécologie en France, à l’Hôpital Broca qu’il avait complètement modernisé et fait décorer de fresques.

Sur le plan physique, c’était un homme d’une beauté hors du commun, il est resté beau toute sa vie, largement admiré sinon jalousé.

Au plan personnel, les choses sont moins mirobolantes. Il a raté son mariage avec une riche héritière et il a raté le rapport avec ses enfants. Apparemment sa vie sexuelle fut riche, avec quelques maitresses connues comme Sarah Bernhardt (pour qui il était Docteur Dieu ou L’amour médecin), la veuve de Bizet (Geneviève Halévy), la poétesse Judith Gautier, plusieurs actrices, mais surtout Emma Fischoff, sa compagne pendant des années. (Ce qui est surprenant, vu ce que l’époque avait de frénétique, rancunier et perfide, c’est la relative rareté des ennemis qu’il se fit dans sa vie).

Samuel Jean Pozzi régna littéralement sur la société parisienne, même internationale, car chez cet homme primait la courtoisie, le respect d’autrui et la bonne humeur.

L’idée de ce livre vint à Julian Barnes en contemplant le tableau monumental du Dr Pozzi,( peint par John Singer Sargent en 1881) à la National Portrait Gallery en 2015 (un prêt du Hammer Museum de LA), un portrait monumental qui fut peu apprécié en France et qui montre , entre autres détails, une finesse extrême et une grande expressivité des doigts du chirurgien, alors âgé de 35 ans. Depuis 1990 ce tableau appartient au Hammer Museum de Los Angeles où il occupe tout un mur du troisième étage.

À partir du tableau, Barnes tisse un réseau de connexions avec les relations du Dr Pozzi à La Belle Époque et revient souvent au voyage qu’il a fait à Londres en 1885, à 38 ans, avec le comte de Montesquiou-Fézensac et le prince de Polignac, deux fieffés dandies dans l’esprit du temps. Ils sont allés à Londres à la recherche d’achats décoratifs et intellectuels (?). Ces deux compagnons sont des homosexuels connus, mais Pozzi est hétéro, un « homme à femmes » des plus discrets. À Londres ils seront reçus par Henry James.

Ces trois personnages apparaissent dans À La recherche du temps perdu : Polignac par deux fois et sous son nom, de Montesquiou sous le nom de baron de Charlus et Pozzi comme le Pr Cottard. Montesquiou était si reconnaissable comme baron de Charlus qu’il disait qu’il devrait s’autoappeler Montesproust.

La famille Proust est largement citée puisque le père de Marcel était un réputé médecin qui a travaillé avec Pozzi, et le fils cadet, Robert Proust a fait carrière auprès de Pozzi et devenant « le roi de la « proustatectomie », comme on disait à l’époque.

D’origine bourgeoise, Pozzi aura accès à la fine fleur de l’aristocratie, par mérite propre mais aussi aidé par la fortune de sa femme; ses illustres acolytes ne le renieront jamais. Il mourra assassiné par un patient mécontent, dans son cabinet de consultation.

Les esprits à l’époque étaient si hystériques que le duel était la seule réparation pour des egos enflammés(Georges Clemenceau aurait participé à 22 duels dans sa vie). Cette période fiévreuse a laissé peu de souvenirs, en dehors des affaires en rapport avec M. Proust et O. Wilde et comme Julian Barnes le dit si justement, le temps est l’ennemi des papillons, des dandies et des épigrammes.

Un livre qui se lit d’une traite, comme un patch work qui passe d’un personnage à un autre, il est aussi richement illustré avec des photos (les premières) d’époque!

Julien Barnes dit avoir plongé dans cette tranche d’histoire française comme une réaction à l’insularité des Anglais et leur conséquente sortie de l’UE. Il présente le Dr Pozzi comme un héros, qui était rationnel, scientifique, progressiste, international, s’intéressant constamment à tout; qui accueillait chaque jour avec enthousiasme et curiosité; qui emplissait son existence de médecine, d’art, de livres, de voyages, d’amis et connaissances, de politique et d’autant de sexe que possible. Il n’était pas sans défauts.

Autres livres commentés : Arthur & George . La table citron . Le perroquet de Flaubert .La seule histoire . Quand tout est déjà arrivé .

La partie haute du tableau de JS Sargent

L’HOMME EN ROUGE, Mercure de France 2020 (JB 2019), ISBN 978-2-7152-5402-2

Nunca lo hubiera dicho de Soledad Puértolas de la RAE (Los secretos bien guardados ( o no tanto) de la lengua española).

Soledad Puértolas es una escritora española (Zaragoza 1947), licenciada en periodismo y detentora de un máster en Lengua Española y Portuguesa. Hace parte de la RAE desde 2010.

Como escritora le he leído dos libros : Queda la noche (1989), una novela que se lee bien, la historia de una mujer de 30 años que convive con sus padres al mismo tiempo que conlleva sus historias sentimentales y cuya vida cambiará después de un viaje a la India y Cielo nocturno (2008) otra buena novela que retrata los recuerdos de la niñez a la edad adulta con un tono justo y la consciencia que la vida pasa y marca surcos en nuestro afecto y recuerdos.

Nunca lo hubiera dicho (2022) es un libro que será parte de toda una serie de publicaciones sobre la lengua castellana, con las novedades del presente y un pensamiento para el futuro. Son publicaciones dedicadas a los hablantes, es decir, a los usuarios de la lengua. Se abordarán distintos aspectos del español : historia, etimología, ortografía, puntuación, gramática, semántica, dudas y modismos, diversidad, extranjerismos, neologismos, etc.

Este libro lo presenta Don Santiago Muñoz Machado, Director de la RAE, organismo que colabora con ASALE o Asociación de Academias de la Lengua Española, en una perspectiva panhispánica. En el Congreso de 2019 se aprobó esta nueva colección de libros divulgativos destinada a un público amplio y no especializado.

Es un tratado que se lee con placer, también con esa necesidad que querer bien fijar las ideas y utilizar esta rica lengua lo mejor posible, por lo menos en lo escrito.

Los capítulos son ultra cortos y se suceden a una velocidad vertiginosa. Entre los sujetos que me interesaron, compuse este ramillete :

  • Sobre el mito del español más puro, sigue siendo el que se habla en Valladolid y en Hispanoamérica, el de Colombia.
  • Las primeras manifestaciones escritas utilitarias del español son en lengua romance (término muy utilizado por Puértolas para designar  lenguas románicas, lenguas latinas o lenguas neolatinas), que es una rama indoeuropea de lenguas estrechamente relacionadas entre si. Se trata de cancioncillas de tema amoroso cuyo origen data del siglo XI. Para encontrar los primeros textos literarios en castellano hay que avanzar al siglo XII con el Auto de los Reyes Magos, obra toledana anónima en versos y Cantar de Mio Cid del copista Per Abbat, considerada como la primera obra literaria española en lengua vulgar.
  • La imprenta de Gutenberg se conoció en Europa a mediados del siglo XV. En España la imprenta se documenta en Segovia, para proporcionar textos a los alumnos en formación de clérigos. A finales del siglo XV había en España unas 30 imprentas y en 1539, Juan Pablos, oficial del impresor sevillano Cromberger, instaló la primera imprenta de América en México.
  • El español que acabó imponiéndose en el Nuevo Mundo se debe a la variedad andaluza, en particular a la sevillana. Sevilla, la ciudad más poblada en ese tiempo, fue la capital del comercio español con las Indias entre los siglos XVI y XVIII.
  • La letra ñ tan española, estuvo a punto de ser suprimida de los teclados comercializados en España en 1991. Fue gracias a un real decreto de 2001 que nuestra entrañable ñ se salvó, al mismo tiempo que los signos de apertura de interrogación y de exclamación. El sonido de la ñ forma parte de lenguas romances como el catalán (espanyol), el portugués (espanhol), el francés (espagnol) y el italiano (spagnolo).
  • La uve y la i mantuvieron un uso vocálico (vltimo=último) y consonántico (caverna, iarra=jarra). La uve y la jota, que se llamó un tiempo i holandesa, se fueron especializando hasta los sonidos actuales.
  • Muchas de las haches del español tienen su origen en las voces latinas y puesto que no tenían valor fónico, durante la Edad Media se extendió la costumbre de suprimirlas (se escribía ombre por hombre, ora por hora, etc); a mediados del siglo XVI con la moda latinizante derivada de la difusión del humanismo, se repusieron las haches.
  • La letra k existía en latín, pero sólo en mayúscula proveniente del etrusco.
  • En el Cogreso de ASALE de 1994 se dejó de considerar como letras la ch y la ll. Son letras (o grafemas) sólo los signos gráficos simples. La ch y la ll se consideran como dígrafos; hay 5 dígrafos en español ch, ll, rr, gu y qu que representan, cada uno, un solo sonido.
  • Existe una tendencia en el español actual, sobre todo en los lenguajes formales, a la utilización de palabras largas (o archisílabas) con el convencimiento de que este recurso hace más convincente o literario el discurso. Sobreabundancia de adverbios terminados en mente que Gabriel García Márquez tildó de « vicio empobrecedor ». El estiramiento aguarda en cada esquina, por ejemplo con intencionalidad que compite con intención o funcionalidad con función, o rigurosidad que alterna con rigor, etc.
  • A la lista de preposiciones, según la Rae, habría que agregar 4 : durante, mediante, versus y vía.
  • El voseo americano es un arcaismo y ha sido sometido a una importante presión normativa, combatido y denostado. Página 122 hay un error importante : Chile está citado como practicando el voseo, lo que jamás se ha escuchado.
  • El léxico de una lengua es el componente más expuesto a la evolución. La gramática es más resistente. Podría decirse más « resiliente ». En ella se dan procesos que dejan entrever tendencias entre los hablantes.
  • Los nombres propios o nombres de pila se llaman antropónimos y en español los hay unisex como Cruz o Reyes, estos dos mayoritarios en mujeres. Y los nombres en diminutivo, abreviado o infantil que sirven para designar familiarmente, se llaman hipocorísticos como Cris para Cristina o Cristian, Álex para Alejandra y Alejandro, etc.
  • El vasco o euskera es la única lengua previa a la llegada de los romanos que pervivió tras su marcha de Hispania y quedó asentada en gran parte de Navarra, País Vasco y algunas zonas limítrofes. El origen de la lengua no es indoeuropeo, sigue siendo una incógnita, falta documentación antigua.

Un libro que ayuda a pensar y repensar la lengua, interesante, bien documentado, de acceso relativamente fácil.

NUNCA LO HUBIERA DICHO, Colección hablantes (RAE) 2022, ISBN 978-84-306-2364-8

Nos espérances d’Anna Hope

Anna Hope est une écrivaine et ancienne actrice britannique (Manchester 1974); elle possède une maitrise en création littéraire.

Nos espérances (2019) est le quatrième livre que je lis à cette romancière et je crois que ce sera mon préféré pour le moment; les autres étant très bons aussi, mais celui-ci m’a captivé par l’acuité psychologique dans la description des personnages, mais aussi dans les situations dans lesquelles elle les place.

C’est un roman choral à trois voix, intimiste, doux-amer et générationnel, on peut dire aussi un roman de formation puisque nous suivrons de près les trois amies sur une longue période. Pour ceci, la romancière se sert de constants flash backs entre 1987 et 2008, ce qui comprend le debut de leur amitié et le milieu de la quarantaine, ce qui leur permet de faire le bilan de leurs espérances…

C’est l’histoire de l’amitié sur une vingtaine d’années de trois filles, trois filles assez différentes qui vont suivre aussi des chemins différents et vivront, forcément, des choses différentes tout en gardant et cultivant un attachement et une amitié suivie. C’est une amitié normale, c’est à dire avec ses hauts et ses bas, mais aussi avec ses vilenies.

Mais la vie reserve beaucoup de surprises, bonnes et moins bonnes, et les gens changent en conséquence. Alors, ces trois amies qui sont Hanna, Lissa et Cate auront un parcours semé d’ornières qu’elles essaieront de contourner. Les sentiments éprouvés sont variés : amour, désamour, rivalités, trahisons, position devant la maternité, le travail, le mariage, les relations avec les parents, la mort.

Hanna est mariée avec Nathan depuis des années. Le couple n’arrive pas à avoir un enfant, malgré les efforts désespérés de Hanna, qui pousse l’essai au détriment de son couple.

Lissa est une belle femme qui fait du théâtre et tire le diable par la queue, l’obligeant à faire des jobs éreintants et mal payés. Sur le plan sentimental, elle n’a jamais eu de compagnon durable ni valable.

Cate est aussi mariée et mère de famille, mais elle ne se sent pas heureuse, se remémorant ses amours saphiques de façon plutôt idéalisée, elle croit ne pas aimer son mari alors qu’il la couvre d’attentions et la protège.

Après la trentaine, l’insatisfaction de chacune est manifeste. Et l’incident arrive. C’était prédictible.

L’amitié des trois filles sera ébranlée. La trahison sera mise en évidence. Les culpabilités assumées et le pardon difficilement accordé.

Trois tranches de vie contemporaines, dans un récit vibrant de réalisme, avec ses moments de désespoir, et aussi ses moments de joie toujours passagère, sur fond d’amitié féminine où prédomine la communication, les échanges fréquents des expériences vécues.

Un roman qui m’a captivé par moments et où le drame de chacune m’a percé le coeur car la profondeur que Anna Hope a su insuffler à Hanna, Cate et Lissa est très réussie. Comment ne pas évoquer une part forte de autobiographie dans ce roman, puisque Anna Hope a mené un parcours d’actrice à Londres, métier qu’elle a abandonné pour se dédier à l’écriture après avoir suivi une formation ad hoc. Bien lui en prit, car elle est vraiment talentueuse, elle sait raconter une histoire.

Autrice à suivre.

Autres livres commentés : Le chagrin des vivants . La salle de bal . Le Rocher Blanc .

NOS ESPÉRANCES, Gallimard 2020 (AH 2019), ISBN 978-2-07-285139-1

La lista negra (Nuevos culpables del policial español) de Alex Martín Escribà y Javier Sánchez Zapatero

(Martin Escribà a la izquierda y Sánchez Zapatero, con anteojos, a la derecha).

Alex Martin Escribà es un ensayista y docente español (Barcelona 1974), especialista en novela y cine negro, licenciado en Filología Hispánica y Románica.

Javier Sánchez Zapatero es un escritor, docente, articulista, crítico literario español (Salamanca 1979), licenciado en periodismo y Filología Hispánica, también especialista en novela negra y cine negro español.

Ambos dirigen el Congreso de Novela y Cine Negro anual que celebra la Universidad de Salamanca desde 2005 y han editado conjuntamente varias obras.

La lista negra (2009) es un compendio de 20 autores jóvenes de novela negra, todos españoles y desconocidos para mi (ojo, no soy ninguna experta tampoco), excepto el primero, Domingo Villar, a quien leí casi todo con gran gusto, autor fallecido en 2022. Gran pérdida para sus lectores.

Los autores en su gran mayoría (6) son de Madrid, los otros de toda España. Una sola mujer en el grupo y catalana. Dos dúos de autores (binomio). Me llama la atención que no se haya mencionado a Alexis Ravelo, originario de Las Palmas.

Los relatos son más bien cortos y dispares, no todos me gustaron ni lograron interesarme, pero los hay muy buenos y no haré la discriminación para no hacerme pesada, porque es una apreciación completamente subjetiva y en materia de colores…están todos los gustos.

LA LISTA NEGRA, Ęditorial Salto de Página 2009, ISBN 978-84-936354-3-5