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Le pays où l’on n’arrive jamais d’André Dhôtel

André Dhôtel est un écrivain français, scénariste et poète (Ardennes 1900-Paris 1991).

Le pays où l’on n’arrive jamais lui valut le Prix Femina 1955, c’est le prix littéraire qui le fit connaître.

Son oeuvre est abondante et singulière où l’on retrouve un merveilleux proche du quotidien (ce qui me rappelle Murakami…) et un rapport fort avec la nature, décrite de façon magnifique. C’est cette dernière caractéristique de l’écrivain qui l’inscrirait dans la lignée des romantiques allemands.

Ces caractéristiques sont : les voyages, l’errance, le nomadisme, la recherche des sources familiales, le fantastique indéfinissable, les paysages (ici les Ardennes et la Belgique), le contact symbiotique avec la nature.

Le pays où l’on n’arrive jamais (1955) est arrivé à moi par mon amie Fanfan, dévoreuse de livres comme moi et que je remercie ici chaleureusement pour cette véritable pépite que je découvre à l’âge adulte, avec un regard neuf. Ce ne fut pas une lecture rapide, mais une lecture plutôt lente qui m’a laissé toute remuée, un peu déphasée avec une pointe d’angoisse devant l’inconnu.

C’est un livre initiatique qui narre la fin de l’enfance, la perte de l’innocence et une quête identitaire dans un contexte de post Deuxième Guerre Mondiale.

Gaspard Fontarelle, 15 ans, a été confié à sa tante Gabrielle Berlicaut, hôtelière au village de Lominval, dans les Ardennes. Gaspard est le commis « à tout faire » de sa tante, sa vie est monotone, c’est un garçon maladroit qui cumule les catastrophes.

Par hasard, il va connaître un fugitif de 15 ans, qui veut fuir son tuteur, Drapeur, afin de retrouver sa mère Jenny et son pays, dont il a quelques souvenirs épars.

Les deux gamins vont se comprendre du premier abord et Gaspard viendra en aide au fugitif en partant avec lui dans un voyage initiatique qui aura la transcendance de les faire grandir, de les aider à franchir l’état calme de l’enfance pour aborder la trouble adolescence et ses dangers.

Ce voyage est semé d’embûches. Gaspard veut tenir parole et aider ce camarade fugitif dont il apprendra que c’est une fille, Hélène.

C’est intéressant de constater la solidité de l’entente entre les deux jeunes. Ils se connaissent peu, mais ne se trahiront jamais. Ceci, en contradiction avec le monde nébuleux des adultes où les discours ne sont pas toujours en accord avec les actes, d’où une naturelle méfiance pour ce monde à deux visages.

Après moult péripéties entourées de quelques faits merveilleux, nos deux fugitifs nous ferons la démonstration qu’il faut s’accrocher à ses rêves, qu’il ne faut pas toujours écouter le chant des sirènes, qu’il faut un parcours initiatique et une lutte pour mériter une recompense.

La description des paysages et des villages est idyllique et les éléments fantastiques sont très bien incorporés au texte.

Un auteur qui mérite amplement d’autres lectures.

LE PAYS OÙ…, J’ai Lu N° , 61 1982 (AD 1955), ISBN 2-277-11061-2

Cuentos reunidos de Felisberto Hernández

Felisberto Hernández fue un escritor, compositor y pianista uruguayo (Montevideo 1902-1964) y su trabajo de escritor eclipsó el trabajo de pianista aunque su obra esté impregnada de referencias a la música.

Es un escritor a nadie comparable, con una obra llena de humor, de angustia y un gran trabajo de la memoria. En total, un mundo original, lleno de elementos autobiográficos, con atmósferas extrañas, con objetos dotados de vida propia donde lo real se mezcla con lo fantástico. Su obra es inclasificable y el humor constante evita la amargura de una vida de derrotas. Nos dejó un adjetivo, « un mundo felisbertiano« .

Su narrativa se basa en un trabajo de la memoria y refleja su infancia, las personas que conoció, los barrios de Montevideo, su formación como pianista, sus viajes, su vida difícil y el motivo autobiográfico que se repite es la vida extraña del pianista itinerante.

Un autor considerado como maestro por Julio Cortázar y Gabriel García Márquez. Y según Carlos Fuentes, Felisberto Hernández fue uno de los padres de la modernidad literaria. Italo Calvino dijo del autor que es un escritor que no se parece a nadie.

Un interesante texto de Gabriel Rudas (cf Razón Pública, periódico de Colombia) señala que el objetivo de los escritos de Felisberto Hernández es explorar lo que escapa a la comprensión racional, es decir, lo que no se puede comunicar con un lenguaje común y que va más alla de la anécdota o los trucos de escritura. Es en la manera como transforma sus vivencias en materia literaria donde se encuentra el valor de sus textos.

Cuentos Reunidos compila sus obras más extensas con tres libros (más bien novelas cortas) y varios cuentos. Todos tienen el mismo corte, con ese estilo humorístico mezclando lo real y lo fantástico, con una mirada francamente extravagante ( y yo agregaría una nota hiperrealista). Son todas obras de su madurez en adelante. Escritas a la primera persona y en un flujo de consciencia en lo que concierne al pasado que él evoca con una memoria « sensorial » que da la nota original a los relatos. Y en sus relatos las cosas tienen más importancia que las personas. Es muy interesante la percepción que el escritor tiene del cuerpo porque lo mira desde afuera y lo puede reducir a porciones.

Las novelas cortas son Por los tiempos de Clemente Colling texto publicado en 1942 que narra sus recuerdos de infancia con Clemente Colling, profesor de piano tan especial; El caballo perdido publicado en 1943 y Tierras de la memoria, en todas estas obras el autor trabaja la memoria y los recuerdos.

Los cuentos son Nadie encendía las lámparas, El acomodador, Menos Julia, La casa inundada, El cocodrilo. Los cuentos se van construyendo con una asociación de ideas y tienen finales abiertos. En todos estos cuentos el narrador se impone reglas complejas creadas por él mismo.

Me gustaron particularmente La casa inundada y El cocodrilo porque reúnen un máximo de la originalidad del autor.

Un escritor definitivamente original de lectura algo difícil por el contenido complejo, pero con una escritura muy asequible.

CUENTOS REUNIDOS, Eterna Cadencia Editora 2009, ISBN 978-987-25140-5-1

L’anomalie d’Hervé Le Tellier

Hervé Le Tellier est un écrivain et éditeur français (Paris 1957), auteur de romans, nouvelles, poésies et théâtre. Il appartient au groupe de l‘Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle), un groupe de recherche littéraire fondé en 1960 visant à découvrir de nouvelles potentialités du langage. L’écrivain est mathématicien et journaliste de formation, docteur en linguistique.

L’Anomalie (2020) lui valut le prix Goncourt de la même année.

J’ai une défiance acquise envers les prix littéraires, surtout envers les plus connus. Je ne sais pas combien de fois je suis restée ébaubie devant un prix qui ne méritait même pas une mention. Bien sûr, il ne faut pas généraliser car de temps en temps il en sort une vraie pépite littéraire, mais le phénomène est devenu plutôt rare.

En ce qui concerne ce Goncourt 2020, je l’ai boudé jusqu’à une date récente, car la cacophonie médiatique autour dudit prix a été assourdissante, mais récemment, une amie grande lectrice, me l’a refilé.

J’ai mordu assez vite dans une trame qui m’a paru originale, moderne, attractive avec de courts chapitres nous présentant des individus différents, bien typés dans leurs spécialités y compris le modèle d’assassin à gages tellement parfait. Beaucoup de personnages, onze, et cela s’enchaine tellement vite que l’on se perd un peu dans la lecture, tout en se demandant quel sera le fil conducteur de tout ce monde tellement hétérogène.

On saura que c’est un vol Air France entre Paris et New York qui aurait affronté un orage cataclysmique en arrivant aux USA, un orage qui a failli faire crasher l’avion en mars 2021.

Jusque là tout va bien, puis en juin 2021 le même vol annonce un atterrissage à New York avec le même équipage et les mêmes passagers… Voilà l’anomalie annoncée !!!

Cette anomalie est telle que c’est le Président des EEUU et l’armée américaine avec leurs meilleurs gadgets qui prennent en main les opérations, littéralement séquestrant tout ce monde pour étudier le cas. Malheureusement, malgré leurs efforts, on ne saura rien d’intéressant et le lecteur va rester coi.

À partir d’ici on bascule dans la SF.

Il me semblait qu’à partir de la confrontation des clones, la lecture allait devenir passionnante, mais pour moi elle s’est relâchée. Comme si l’écrivain ne savait pas trop quelle suite donner aux événements; j’ai eu une impression de bâclage.

Je me suis beaucoup amusée quand le président des USA informe le président chinois (pourquoi se croit-il obligé d’en informer le chinois?) de cette anomalie et que le président chinois lui cache qu’ils ont eu le même phénomène avec un avion chinois. Cette manie des chinois de tout occulter, de tout manipuler (cf le laboratoire de Wuhan)!

Finalement c’est une bonne lecture, moderne, différente mais qu’il faudrait lire au second degré parce que il y a trop d’informations cachées dans le texte. Je dirais même qu’une deuxième lecture plus analytique et guidée serait enrichissante et éclairerait plusieurs points qui me sont restés obscurs. C’est une lecture à clés d’un texte oulipien expérimental. C’est vrai qu’on est loin d’une lecture facile et accessible de prime abord.

L’ANOMALIE, Gallimard 2020, ISBN 978-2-07-289509-8

La noche de Francisco Tario

Francisco Tario es el pseudónimo del escritor mexicano Francisco Peláez Vega (Mexico DF 1911-Madrid 1977), autor de novelas, cuentos y teatro. Es un autor poco conocido que no perteneció a ningún grupo literario por lo que se le considera marginal. Según Rubén Dario y Octavio Paz, Francisco Tario hacía parte de los escritores « raros » o de los llamados cronopios de Cortázar, con una escritura de inspiración fantástica de rasgos absurdos y grotescos. Un autor extravagante.

Le gustaba sorprender y su escritura consiste en una vuelta de tuerca humorística o sarcástica donde lo extravagante acompaña lo monstruoso, le gusta dotar de un alma o espíritu a cosas y animales.

Es un autor que se puede acercar a Borges, Bioy Casares y Silvina Ocampo. También al uruguayo Felisberto Hernández con quien comparte la pasión por el piano y una capacidad imaginativa para dotar de alma a objetos o animales.

En el prólogo de esta edición, firmado por Alejandro Toledo, se lee que el motor de la narrativa de Tario es un diálogo incesante entre el presente y la memoria, la vigilia y el sueño, lo romántico y lo grotesco, el mundo de los vivos y el mundo de los muertos.

La noche (1943) es un compendio de 10 relatos que llevan todos la palabra noche en el titulo. La escritura es de gran calidad, el estilo es diáfano; noté al paso que el autor hace acopio frecuente a la conjunción copulativa mas, en lugar de pero, lo que da un toque arcaizante al relato. Algunos párrafos se acercan a la poesía.

Sólo un cuento no lo pude terminar por morboso, al límite de lo malsano. Todos los cuentos tienen un corte fantástico con ambientes opresivos, algunos malsanos, otros crueles, otros fantasmagóricos en lugares extraños y mucha presencia de perros. Lo fantástico de Tario está siempre rodeado de realidad, es una constante que marca una ida y vuelta en todos los relatos. Hay varios relatos que están fuera de serie, originales, osados, terroríficos.

En una entrevista del periodista español José Luis Chiverto en 1969, Francisco Tario declaró que los personajes de sus libros son una compleja y nutrida familia cuyos miembros oscilan entre la locura, el candor, el espanto, la fatalidad y lo puramente ridículo. Seres que, por una u otra razón, nos ponen en comunicación con lo insólito. Decía que la ciencia ficción no tiene nada que ver con su literatura; su propósito pretende establecer una unidad con los 4 elementos que son la base de su trabajo : poesía, muerte, amor y locura.

Un autor interesante, que descoloca, que perturba y que puede chocar.

LA NOCHE, Atalanta 2012 (FT 1947), ISBN 978-84-9384662-6

Las voladoras de Mónica Ojeda

Mónica Ojeda es una escritora y poetisa ecuatoriana (Guayaquil 1988) distinguida en la lista Bogotá39-2017 entre los mejores escritores de menos de 40 años; la revista británica Granta también la distinguió en 2021 como uno de los mejores escritores en lengua española.

Yo había cruzado su nombre varias veces en el ambiente literario y tenía muchas ganas de leerla para hacerme una opinión.

Las voladoras ( 2020) fue finalista del Premio de Narrativa Ribera del Duero; también el libro fue seleccionado como uno de los mejores del año por varios periódicos españoles; esta obra fue escrita en 3 meses, en Madrid.

La narrativa de Ojeda explora las emociones ligadas al miedo, al dolor, a la perversidad, especialmente en el entorno intrafamiliar. Mónica Ojeda se interesa a la relación entre lo femenino y lo monstruoso y define su estilo como gótico andino.

Las voladoras son 8 relatos conectados con ese estilo gótico andino y desarrollan el miedo y la violencia. El título del libro « las voladoras », viene de una leyenda andina sobre la creencia que mujeres pueden entrar en un transe mágico y volar. Estos 8 relatos andinos están hechos de un sincretismo entre mitos, leyendas, violencia, misticismo, sexo malsano, miedo, anomalías, horror, abusos, duelo, etc.

La prosa de Mónica Ojeda es recia, contundente, demoledora, pero para mi esta prosa está al servicio de lo malsano, al servicio de las pulsiones humanas más repulsivas por muy universales que resulten, al servicio de la descripción de casos enfermizos, incluso patológicos , muy patológicos que podrían prestarse a un estudio psiquiátrico.

Su obra se puede acercar al estilo de la escritora argentina Mariana Enríquez (leída) y de la escritora venezolana Michelle Roche (también leída).

No me agrada en absoluto este tipo de literatura porque una viene a la literatura en busca de cierta belleza, de cierta realidad con algo de positivo, de cierta exaltación de lo poco bueno de lo humano, de la idea ingenua de hacerse mejor con la lectura. Una no viene a despertar monstruos con el imaginario, sino a tratar de ignorarlos.

LAS VOLADORAS, Páginas de Espuma 2020, ISBN 978-84-8393-282-7

Trilogía involuntaria de Mario Levrero

La ciudad, Mario Levrero – LEEMOS

Jorge Mario Varlotta Levrero, escindido en Mario Levrero para el escritor y en Jorge Varlotta para el ciudadano, fue un escritor, fotógrafo, periodista y crucigramista uruguayo (Montevideo 1942-2004) y que tuvo muchos otros apelativos en su carrera de escritor : Alvar Tot, Lavalleja, Bartleby, Tía Enconina, Sofanor Rigby, Pr Off…

En este libro se compilan las 3 primeras novelas de Levrero. A mi me gustó tanto su escritura en La novela luminosa que emprendí esta lectura con entusiasmo. Cronológicamente las tres novelas fueron escritas como están representadas en esta trilogía aunque Paris se publicó antes de El lugar. La trilogía se llama involuntaria porque Mario Levrero se percató después, que había escrito 3 novelas con el tema de la ciudad aunque en La ciudad y El lugar son ciudades abstractas y el Paris de Paris es más simbólico que realista.

LA CIUDAD (1970)

La novela fue escrita en 15 días en 1966 cuando el autor tenía apenas 16 años; publicada en España por primera vez en 1999 con un prólogo de Antonio Muñoz Molina donde presenta la novela como impenetrable, exasperante, como un sueño narrado en detalle; en España La ciudad se publica en una colección de literatura fantástica con autores como Philip K Dick ou Brian Aldiss. Pero Ignacio Echeverría en su prólogo a La ciudad escribe que la ciencia ficción tiene parámetros que encajan mal con la literatura de Levrero quien ampara toda su obra bajo el manto del realismo, aunque sea introspectivo. Y la realidad presentada por Levrero puede resultar cruel, pesada, « pesadillesca », asfixiante, pero nunca deformada.

Otro punto de vista de Levrero es la importancia de los sueños (cf La novela luminosa) que son para él experiencias reales en su dimensión inconsciente. Es evidente que Mario Levrero trabaja con el material dejado por los sueños.

La novela me ha encantado aunque no soy aficionada a lo fantástico ni a la SF. Lo primero que me sedujo fue la calidad de su escritura, pulcra, elegante, nada de rebuscada, sin digresiones.

La historia comienza de la manera más pedestre : un tipo llega a un sitio donde hay una casa abandonada en pésimo estado, llueve a cántaros. A pesar del mal tiempo, abre puertas y ventanas para airear las piezas y se va de compras para disponer de lo mínimo durante su instalación.

A partir del momento en que abandona esta casa, entramos en lo fantástico porque llegará a un pueblo donde pocos se conocen, aunque se sabe todo de todos. Comienza entonces una errancia en pos de si mismo y de sus fantasmas, con muchas aventuras y episodios más que inquietantes, pavorosos.

La verdad es que parece una pesadilla contada en detalle. Un relato denso y abundante en detalles ínfimos que dan la impresión de estar mirando una película. Hay un resultado sinestésico tan fuerte que se empiezan a escuchar ruidos, a sentir olores.

Es sabido que Mario Levrero fue un irredento noctámbulo, que trabajaba de noche y dormía hasta la tarde comenzando su jornada después de las 6 de la tarde. En La novela luminosa justamente habla de la importancia y de la riqueza de sus sueños y el lector puede acercar al personaje principal de La ciudad a Mario Levrero : imaginación truculenta, fondo depresivo, interacción de sus sueños con la conciencia, un humor corrosivo, un sentimiento de urgencia sexual, un ambiente algo circense, etc.

EL LUGAR (1982)

Nuevamente encontré que la escritura es bella y encontré muchas similitudes con la novela anterior : errancia donde las puertas y corredores se suceden sin fin, con pequeñas variantes y efectos sobre el lector, con angustia y extrañeza que se irán instalando al mismo tiempo que cierto rechazo hacia el personaje principal.

Los mismos rasgos autobiográficos emergen de este texto : onirismo, soledad, pérdida de la noción tiempo-espacio, necesidad de sexo.

Los personajes femeninos son difíciles de abordar, las mujeres tienen rasgos fuertes y más poder de decisión que los hombres.

En resumen, El Lugar propone otra vez un ambiente kafkiano con humor, fantasía desbocada y ambiente asfixiante.

PARIS (1980)

No pude terminar esta novela porque la encontré demasiado densa y caótica.

El personaje principal llega a Paris (un Paris irreconocible) después de 300 años, y comienza una errancia desbocada que ya experimentamos con los textos anteriores. Pero esta vez no me atrapó la escritura de Levrero, sino que me repelió esa impenetrabilidad lógica del texto.

Aquí los protagonistas deambulan sin rumbo en paisajes desvaídos e intemporales, tienen la sensación de estar atrapados, de ser espiados y seguidos (paranoicos? o angustia existencial? ), en una atmósfera de permanente espera desesperanzada y con una trama que avanza en un aparente y completo azar. Hay mucho de absurdo en el texto, pero es un absurdo dosificado que baña en el más pedestre realismo.

Otro libro del autor : La novela luminosa.

TRILOGÍA INVOLUNTARIA, Debolsillo 2016, ISBN 978-84-663-3669-7

1Q84 d’Haruki Murakami

La déferlante Murakami - Le Point

Haruki Murakami est un écrivain japonais (Kyoto 1949), auteur de best sellers et pressenti pour le Nobel de Littérature depuis dix ans. Il a été traduit à plus de 50 langues et édité à des millions d’exemplaires. En dehors de la publication de romans, Murakami est traducteur de l’anglais au japonais et il publie aussi comme essayiste sur des sujets d’actualité. Au plan personnel c’est un passionné des chats et de la musique de jazz.

Son style se rapproche de la littérature post moderniste avec du réalisme magique et une touche picaresque teintée de romantisme ou de surréalisme. Ses enquêtes policières se teintent aussi de fantastique ou de science fiction.

Il évoque dans ses romans des thèmes existentiels tels que la solitude, l’incommunicabilité, l’aliénation au sein des sociétés capitalistes. Dans ses livres on retrouve les pensées d’êtres à la recherche de leur identité tout en abordant l’existence avec un certain malaise. L’attitude prévalente des personnages chez Murakami est le détachement, une indolence faite de désenchantement ou de désillusion : le fatalisme zen.

C’est un auteur déroutant qui sait allier le mélange du plus pur et précis réalisme avec une touche de fantaisie teintée d’onirisme. J’apprécie ses livres et il me surprend à chaque fois. Mon livre préféré reste Kafka sur le rivage, probablement parce que ce fut avec ce livre que j’ai découvert Murakami et sa « patte » si spéciale.

1Q84 est un roman paru en 3 tomes au Japon entre 2009-2010; ce fût un best seller d’emblée avec plus d’un million d’exemplaires vendus au Japon en 1 mois. Le titre fait référence au roman 1984 de Georges Orwell car 1Q84 se déroule en 1984 quand Aonamé, l’une des protagonistes, expérimente une sensation d’étrangeté dans un cadre qu’elle appellera 1Q84; la lettre Q remplace le 9 et cela a un sens pour les japonais.

LIVRE 1

Ce premier tome, de plus de 500 pages nous présente les deux personnages principaux Aomané et Tengo vers leur trentaine entre avril et juin 1984; il faut savoir que les deux personnages s’étaient rencontrés vers leurs 10 ans et ils s’étaient beaucoup appréciés. Vingt années après Aomané rêve toujours de Tengo et se garde pour lui. Chaque personnage est une voix narrative et les chapitres Aomané/Tengo vont s’alterner régulièrement.

Aomané est une belle et svelte femme, spécialiste en arts martiaux mais aussi accessoirement, elle est le sbire d’une dame âgée et très riche qui voudrait punir les hommes qui commettent des violences envers les femmes. Aomané est parfaite dans ce rôle et comme tueuse, elle a mis au point une façon impecable pour envoyer ad patres quelques violents bien choisis.

Tengo est un jeune trentenaire, professeur de Maths à mi-temps où il excelle; l’autre temps il l’occupe à l’écriture de romans. Il a un éditeur, Komatsu, un homme qui suit ses intuitions et qui ne se gêne pas pour l’appeler au milieu de la nuit s’il a quelque chose à dire.

Justement Komatsu demande à Tengo de réécrire un premier roman d’une lycéenne de 17 ans, Ériko Fukada dite Fukaéri, La Chrysalide de l’air, un roman mal écrit mais avec un potentiel de fraicheur et d’innovation si prometteur, que Komatsu pense l’inscrire pour le Prix accordé chaque année à un premier roman.

Fukaéri est très belle en même temps qu’étrange. D’abord elle est dyslexique, puis elle s’exprime très mal, mais elle est d’une intelligence vive et arrive à pallier certaines de ses insuffisances. Depuis 7 années Fukaéri a été séparée de ses parents, Mr et Mme Fukada qui ont intégré une secte, Les Précurseurs, secte religieuse coupée du monde. Depuis 7 ans elle vit avec un tuteur et la fille de celui-ci.

Or il semble qu’il se passe des choses étranges au sein de cette secte, spécialement avec les enfants. C’est le cas de Fukaéri mais aussi le cas d’une autre fillette âgée de 10 ans que la riche vieille dame prendra sous son aile.

Tous ces personnages ont en commun une solitude dès leur plus jeune âge et aussi une certaine incommunicabilité, peut-être que ceci explique ce besoin de fantaisie, d’étrangeté. Sur un fond de récit parfaitement classique et tranquille, apparait cette fameuse irréalité distordue de Murakami, lequel excelle pour embarquer ses histoires dans des mondes parallèles, voire de la SF, mais avec une touche assez subtile; c’est le cas ici, mais il n’y a pas que cela, il y a encore beaucoup de références musicales et littéraires et un zeste d’humour décalé.

Voilà, la « patte » de Murakami est bien là. Que dire de la lecture de ce Livre 1 ? J’ai peiné à lire la partie centrale du livre à cause de l’abondance de répétitions et de digressions en tout genre; trop de longues descriptions et peu d’action, même si parfois cette action peut être assez « musclée ». In fine, il y a un méli-mélo de sujets abordés parfois de façon un peu lourde : la religion, les sectes, la littérature, la police, etc. J’ai trouvé que les personnages de Aomané et de Tengo manquaient de profondeur, surtout Aomané qui a un profil intéressant et original; mais cette impression va peut-être s’estomper à la lecture des tomes suivants ? (pas d’enchainement immédiat de lecture pour moi en tout cas, il va me falloir un peu de distance bien que les deux livres suivants attendent sur ma PAL).

Oui, ce fût une petite déception de lecture mais qui ne diminue en rien l’excellence d’autres oeuvres de l’auteur.

LIVRE 2

J’ai laissé passer 2 mois entre les livres 1 et 2, et cela n’a pas trop nui à la lecture. Cette fois, nous sommes entre juillet et septembre 1984 et reprenons les chapitres alternés entre Aomané et Tengo.

Aomané aura une dernière commande de meurtre de la part de la vieille dame car la fillette qu’elle avait récupéré, a disparu et le leader de la secte Les Précurseurs est à l’origine d’abus répétés, notamment chez sa propre fille. La commande d’assassinat est ultra risquée car le leader de la secte est gardé par des fanatiques. Mais la vieille dame possède des moyens illimités et quelques appuis, et Aomané accepte la mission. En cas de réussite, elle sera cachée et son apparence physique modifiée.

D’un autre côté Tengo arrive à mesurer l’amplitude de sa solitude, il pense encore à Aomané d’autant plus que sa maitresse en titre l’a laissé tomber. Sur ces entrefaites, arrive chez lui la jeune Fukaéri, fugitive depuis 2 mois et très recherchée car elle est devenue un personnage médiatisé depuis que son livre est un best seller depuis des mois. Fukaéri continue d’être une personne étrange, s’exprimant mal, mais dotée de pouvoirs spéciaux.

Dans le suivi de cette histoire, l’on se rend compte que Aomané et Tengo évoluent dans un monde parallèle, qu’entre autres étrangetés, monde qui comporte deux lunes, mais ces choses ne sont pas perceptibles pour tous. De plus, Tengo apprendra de la part de Fukaéri que les sujets peuvent se diviser entre receveurs et donneurs, ce qui octroie des pouvoirs différents aux uns et aux autres.

Au cours de sa mission, Aomané aura la possibilité d’échanger en paroles avec le leader, ce qui l’amènera à se poser des questions parce que le leader n’a aucun regret sur l’ampleur des forfaitures qu’il commet (le viol de mineures). Est-ce que un baratin moral quelconque peut disculper des actes ainsi perpétrés ? Je crois qu’ici Murakami est allé trop fort.

Je ne me suis pas ennuyé avec ce tome 2, mais j’ai eu du mal à rentrer dans cette histoire de réalisme magique, par moments surréaliste. Autant je trouve que les passages d’une réalité 100% pédestre vers un monde irréel sont très réussis, autant la teneur du texte m’a insupporté par moments.

LIVRE 3

La traque se resserre autour d’Aomané, toujours soutenue par la vieille riche dame. Elle vit terrée dans un appartement, ravitaillée par la vieille dame et ses sbires, mais elle ne lâche pas l’idée de retrouver Tengo.

La secte a mis un enquêteur sur les traces d’Aomané, Ushikawa, un ancien avocat affublé d’un physique affreux, mais doté d’une intelligence supérieure à la moyenne. Quant à Tengo, il continue sa vie monotone et assez solitaire, ayant toujours des pensées pour Aomané alors que cela fait 20 ans qu’ils ne se ont pas revus.

Aomané est enceinte (on dirait que par la grâce de l’Esprit Saint…) et chaque soir elle guette l’apparition de Tengo sur le square d’où, du haut d’un toboggan d’enfant, l’on peut contempler les deux lunes, symbole du monde parallèle.

La grande question du roman est de savoir si Aomané et Tengo vont se retrouver. Et ceci crée une tension nerveuse chez le lecteur.

Si l’on reconnait aisément « la patte » de maitre Murakami, je me suis un peu ennuyée trouvant le roman trop long, un peu répétitif, comportant de digressions surtout dans les livres 1 et 2, et puis, beaucoup trop de réalisme fantastique, frôlant parfois le ridicule.

En revanche, j’ai été fascinée par deux personnages : l’énigmatique et résolue Aomané et Ushikawa, le détective tellement fort avec ses intuitions; comment il déroule toute une logique à partir d’un signe insignifiant. Quant au personnage de Tengo, tellement important dans le récit, je l’ai trouvé falot, assez flou, alors que tout est positif chez lui : bon physique, intelligent, bon prof de Maths, écrivain réussi, bon fils, bon amant…

Ce ne sera pas mon meilleur Murakami, mais c’est une affaire personnelle.

Autres livres commentés : Profession romancier, L’étrange bibliothèque, Saules aveugles,femme endormie, L’incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage, Première personne du singulier.

1Q84, Belfond 2011 (HM 2009), ISBN 978-2-7144-4707-4

Invisibles visiteurs (plusieurs auteurs: Poe, de Maupassant, H. James)

Invisibles visiteurs - Edgar Allan Poe - Babelio

 

Invisibles visiteurs réunit trois auteurs majeurs du XIXè  siècle; l’aîné des trois étant le nord-américain Edgar Allan Poe (1809-1849), puis par ordre chronologique de naissance, l’américano-britannique Henry James (1843-1916) et Guy de Maupassant (1850-1893). Dans ce livre figurent trois nouvelles du genre fantastique, assez connues.

 

 

L’HOMME SANS SOUFFLE d’Edgar Allan Poe

Cette nouvelle était inédite lorsque Charles Baudelaire entreprit de traduire cet auteur américain en1856, puisqu’elle ne parut qu’en 1879. Elle fait partie des Contes du grotesque et de l’arabesque publiés en 1840. Poe estimait que la terreur provient de l’esprit de chacun.

Dans cette nouvelle il y a un mélange surprenant de terreur et de dérision. Terreur quand le lecteur comprend qu’il a affaire à un mort, passablement estropié, d’ailleurs. Et dérision car l’histoire de cet homme qui perd le souffle le jour de ses noces et qui traite son épousée de tous les noms d’oiseaux…pour ensuite se moquer de lui même et des autres…c’est résolument une nouvelle originale avec beaucoup de références de culture générale.

LE HORLA  de Guy de Maupassant

Dans l’oeuvre de Maupassant règne souvent une tendance au pessimisme, et surgit souvent le thème de la dépression et de la paranoïa, peut-être le fruit de sa maladie. Cette longue nouvelle fantastique et psychologique parut en 1886 et fut remaniée en 1887.

Un homme écrit un journal où il explique sa possession par un esprit qui le dérange jusqu’à la folie et qu’il nomme Le Horla; cet homme fera tout pour l’apprivoiser ou le chasser, jusqu’à la folie. C’est intéressant de constater toutes ces données médicales d’époque que Maupassant inclut dans le texte: il suivait les cours magistraux du Pr Charcot à La Salpêtrière.

C’est une histoire qui fait peur car on suit pas à pas la perte de la raison de cet homme et son apogée par un acte terrible. L’écriture de Maupassant est d’une grande qualité et le texte a été illustré par Julian-Damazy, excellent. L’oeuvre a été adaptée deux fois pour le cinéma.

 

LE TOUR D’ÉCROU de Henry James

Le Tour d’Écrou est une oeuvre à part, considérée par certains comme l’un des chefs d’oeuvre de James, une histoire de fantômes, un récit fantastique narré à la première personne par la préceptrice de deux enfants qui est la seule à percevoir des choses étranges au manoir et le lecteur vient à douter assez vite sur l’état mental de cette jeune personne quelque peu « exaltée » : fabulation? hystérie?, folie?, poids des responsabilités?, burn-out syndrome? (pour faire moderne), perturbation de l’histoire précédente sur un psychisme fragile? Ce n’est pas une histoire banale de fantômes mais plutôt une histoire de fantasmes très personnels, une histoire menée avec maitrise par James car elle abonde en non-dits et c’est au lecteur de se creuser les méninges pour interpréter le texte. 

Un riche propriétaire paye les services d’une jeune institutrice pour s’occuper de l’éducation d’un neveu (10 ans) et d’une nièce (5 ans) dont les parents sont décédés. Il installe ce petit monde dans un magnifique manoir, isolé à souhait, où ils seront servis et choyés mais où rapidement la préceptrice aura des visions étranges. Il faut dire que la précédente éducatrice ainsi qu’un serviteur du manoir ont eu une affaire qualifiée de « perverse » et que les enfants en ont subi probablement quelques retombées. Le lecteur ne saura jamais le fond de l’affaire et le doute surgit même sur l’innocence innée des enfants.

C’est un livre sournoisement ambigu, d’une noirceur  certaine sous des aspects de digressions sans fin de la part de la narratrice. L’oeuvre a été adaptée pour le cinéma, la TV et même pour l’opéra. Des trois lectures, c’est ma préférée.

INVISIBLES VISITEURS, BakerStreet 2020, ISBN 978-2-917559-84-0

 

Pedro Páramo de Juan Rulfo

Résultat de recherche d'images pour "juan rulfo"Juan Rulfo es el nombre de pluma de Juan Nepomuceno Carlos Pérez-Rulfo Vizcaíno, un gran escritor, guionista y fotógrafo mexicano (Pulco, localidad de Jalisco 1917-México DF 1986). Rulfo estudió Filosofía y Letras. El autor nos dejó sólo dos obras Pedro Páramo y El llano en llamas, un notable compendio de cuentos publicado en 1953.

Pedro Páramo (1955) es su única y primera novela, escrita en 5 meses, pero que estaba en gestación desde 1947 cuando Rulfo la menciona a su esposa en dos cartas y con el título de Una estrella junto a la luna, una bella frase que encontraremos en la novela Pedro Páramo; más tarde la llamará Los murmullos para finalizar con Pedro Páramo.

Tenemos una obra importante, densa, compleja, un arquetipo de narración in media res, un primer texto  del realismo mágico, una obra faro en el desarrollo de este género, un libro ensalzado por literatos de primer orden como Carlos Fuentes, Gabriel García Márquez, Jorge Luis Borges. La obra está incluída en la lista de las 100 mejores novelas en español del siglo XX por el diario El Mundo de España.

LA OBRA :

Elementos paratextuales : Pedro Páramo nos envía desde el título un mensaje sub liminal. Pedro viene de piedra, de dureza, de aridez, de mineral y la palabra piedra aparece 10 veces en la novela. El vocablo páramo nos lleva a un paisaje yermo, estéril, inhabitado y generalmente elevado.

El pueblo de Comala conlleva un simbolismo porque situado sobre las laderas del volcán Fuego de Colima y colima en nahuatl quiere decir « el lugar sobre las brasas » lo que nos sitúa desde un comienzo con el elemento fuego y por ende, con las llamas del infierno; en cuanto a Comala, provendría también del nahuatl (comali, comal = un disco de barro cóncavo sobre el que se cuecen las tortillas). Según el autor, Comala tiene algunas semejanzas con Jalisco, pueblo donde vivió Rulfo.

El libro no tiene ningún orden cronológico sino que consta de unos 70 fragmentos sin ilación, separados por blancos activos o pausas. Con la lectura de estos fragmentos el lector (a duras penas) irá reconstituyendo la historia de Comala y de Pedro Páramo.

En el libro hay dos espacios narrativos o dos cuentos centrales o dos tramas paralelas : el de Pedro Páramo (que llamaremos PP para más comodidad) y el de Juan Preciado. Dentro de estas dos temáticas centrales hay varios cuentos menores intercalados en los cuentos centrales como por ejemplo la relación de Juan Preciado con su madre, la relación de PP con Susana San Juan, la relación de PP con sus hombres de armas, etc. Este procedimiento descoloca al lector que se detiene y empieza a releer lo leído para entender el texto.

Con los fragmentos cambian las voces narrativas y la historia : hay una primera persona narrativa que corresponde a Juan Preciado y una tercera persona que narra la vida de Pedro Páramo y de un Comala edénico. Tenemos también un monólogo interior (Susana San Juan) y fragmentos intercalados (Doloritas Preciado).

LA TRAMA:

El libro parte con el viaje de Juan Preciado hacia Comala en búsqueda de su padre Pedro Páramo que desposó a Doloritas Preciado sin amor, solo por codicia, por apoderarse de sus tierras y porque a ella le debía las mayores sumas de dinero. Al morir Doloritas, le pide a su hijo Juan que vuelva a Comala para exigir a su padre que le devuelva lo suyo. PP fue pobre y poco a poco se fue adueñando de todas las tierras aledañas hasta convertirse en un cacique poderoso y cruel que además exigía el derecho de pernada a las mujeres del pueblo.

Juan Preciado llega al pueblo que parece inhabitado y en sus cercanías cruza a un arriero que lo guiará  y le dará consejos para encontrar cobijo en casa de Eduviges. El arriero se llama Abundio y le dice a Juan que él también es un hijo de PP, como todos los del pueblo.

En Comala Juan toca la puerta de doña Eduviges Dyada y aquí comienzan las cosas fantasmagóricas porque poco a poco iremos entendiendo que Juan Preciado llegó al reino de los muertos, pero no sabemos si él mismo está muerto,  es otro espectro más o está aún vivo. Juan Preciado llama a una imaginaria puerta de aire y recibe el permiso de entrar al inframundo. Desde que Juan Preciado entra en Comala siente sueño y a partir de ese momento ni él ni el lector saben lo que le sucede, lo que siente, si es real u onírico, si es una sombra o se trata de un muerto. Eduviges juega el rol de medium que permite de comunicar con las ánimas y con los que aún están en su cuerpo físico. ¿Es que Juan Preciado ya estaba muerto y es su teyolia (=su espíritu) que llega a Comala o es que se va a morir de espanto cuando comprenda que está rodeado de muertos? En la novela Pedro Páramo se convive con los muertos : convive el protagonista, convive el lector y conviven los muertos entre ellos.

Al mismo tiempo, y a salto de mata, iremos conociendo la vida de PP y de muchos otros personajes de Comala que van a dar vida a la memoria colectiva del pueblo. Los personajes secundarios están envueltos en una culpa que los devuelve al barro primigenio y a la soledad eterna. Sólo conocen la felicidad en los sueños y en ese pasado remoto cuando Comala fue un paraíso o casi. Por los fragmentos intercalados de Doloritas Preciado sabremos que otrora el pueblo de Comala fue un lugar edénico, lleno de vida, de colores y de olores. Esto resaltará con una prosa lírica preciosa hecha de pocas palabras y con vocablos que se repiten.

¿Qué entendemos con el viaje de Juan? Que Juan Preciado realiza un viaje iniciático, una experiencia y una verdadera bajada a los infiernos con la llegada a Comala. Que Comala está lleno de fantasmas que cobran vida para luego desvanecerse, pero que murmuran, que parecen, que aparentan y que no hay posibilidad de salvación para nadie (fatalismo). Que Juan Preciado parte en pos de un padre que no conoció, o sea, que parte en pos de su propia identidad. Comala es un infierno, pero otrora fue un paraíso, hoy perdido.

LIRISMO EN LA OBRA :

En la reverberación del sol, la llanura parecía una laguna transparente, deshecha en vapores por donde se traslucía un horizonte gris. Y más allá, una línea de montañas. Y todavía más allá, la más remota lejanía…Al recorrerse las nubes, el sol sacaba luz a las piedras, irisaba todo de colores, se bebía el agua de la tierra, jugaba con el aire dándole brillo a las hojas con que jugaba el aire… Llanuras verdes. Ver subir y bajar el horizonte con el viento que mueve las espigas, el rizar de la tarde con una lluvia de triples rizos. El color de la tierra, el olor de la alfalfa y del pan. Un pueblo que huele a miel derramada…Por el techo abierto al cielo vi pasar parvadas de tordos, esos pájaros que vuelan al atardecer antes de que la oscuridad les cierre los caminos. Luego, unas cuantas nubes ya desmenuzadas por el viento que viene a llevarse el día…



Es un libro de lectura difícil porque están rotas las constantes del espacio y del tiempo que no es lineal. Don Juan Rulfo dijo  que se necesita leer el libro tres veces para entenderlo mejor…y que habrán tantas versiones como lectores del libro. Dijo también en una entrevista de 45 min. concedida a RTVE en 1977 (« A fondo » con Joaquín Soler Serrano) que sus personajes eran irracionales y en constantes contradicciones. Por eso el lector se siente tan perdido por momentos como Juan Preciado en Comala. Es un libro que conlleva humor a pesar del tema, por ejemplo cuando el padre Rentería se pone a contar santos para dormir, como otro contaría ovejas o cuando los revolucionarios están levantados y no saben por qué o los comentarios entre los espectros para decir cuan grata es la muerte sin el peso de la consciencia que es una pesadez porque en la tumba hay recuerdos, pero no hay remordimientos…

Cabe destacar también que en Pedro Páramo hay una crítica abierta hacia la religión católica que se pliega al dinero y no a los pobres necesitados. La Iglesia y sus representantes han condenado a todo un pueblo a vagar penando eternamente. Es una religiosidad injusta que manda al infierno a todo aquel que no puede comprar su salvación.

En Pedro Páramo hay muchos centros de interés: Rulfo hace una síntesis del atavismo mexicano con la descripción de la sociedad rural, arcaica y feudal. Es una novela social sobre un México profundo con sus costumbres, sus creencias, sus supersticiones. Pero también una novela histórica con alusiones a la Revolución Mexicana de los años 1910-1920 y a la Insurrección de los Cristeros (1926-28). Y es un texto muy poético con algunos párrafos de una belleza casi hiperestésica. El texto tiene algo del género fantástico porque el relato es un flujo permanente entre la consciencia y lo onírico y  la narrativa de Rulfo se ha comparado con la de Faulkner y la de Joyce. Pero también se puede ver como un relato psicoanalítico porque es un viaje hacia el interior de si mismo en búsqueda de sus propios orígenes hasta llegar al barro primigenio.

Existe un interesante trabajo de Cristina Bartolomé Martínez (cf El largo camino de Juan Preciado hacia el Mictlán) que enriqueció notablemente este billete y que interpreta la obra de Rulfo bajo el significado de los mitos. Los mitos europeizantes grecorromanos de la búsqueda del padre, o la tradición judeo-cristiana de la búsqueda del paraíso perdido, o el mito de la bajada al Mictlán, la tierra de los muertos en la mitología azteca : Quetzacoatl baja al Mictlán para robar los huesos de los hombres que servirán a dar vida de nuevo a la raza humana. Es el origen del hombre. En la mitología azteca existe el habla entre los muertos,  las ánimas en pena, los ruidos y ecos del inframundo o Mictlán, con sus 9 niveles del infierno, un viaje largo que exige una verdadera experiencia al alma para reencontrarse consigo misma.

El mito azteca de la bajada al Mictlán esconde el temor a la muerte y al viaje al otro mundo cuando el alma abandona al cuerpo material (la separación  espíritu-materia); el cuerpo físico es lo que parte primero. En la mitología nahuatl el teyolia es una entidad anímica que viaja al reino de los muertos y que se identificó desde la época de la Colonia con la palabra « ánima ». Al fallecer el cuerpo, la separación del alma no era inmediata y el centro de consciencia se quedaba unos días cerca del cadáver, razón por la cual cremaban los cuerpos después de varios días.

Las líneas interpretativas de PP pueden ser entonces varias : la grecorromana, la judeo-cristiana o la precolombiana. Hay muchos estudios sobre PP que se han situado en líneas de interpretación muy diferentes utilizando un punto de vista formalista, o sociológico, o polifónico o el mítico (cf la complejidad de la obra).

Lo podemos interpretar como un viaje telemáquico= un Telémaco buscando a Ulises; y el arriero Abundio , hijo natural de PP es un Caronte encargado de guiar las sombras errantes de los difuntos hacia el inframundo. El viaje de Juan Preciado podría ser el arquetipo universal del alma que regresa a la profundidad del ser en un viaje introspectivo que encuentra mitos en todas las culturas que poseen una cosmovisión.

Los murmullos, sombras, ecos, ruidos y sonidos espectrales de Comala son « los aires de noche » de la mitología nahuatl.

Juan Rulfo trabajó más de 20 años en el Instituto indigenista, de manera que tuvo que leer crónicas antiguas con cuadros costumbristas, sobre la mentalidad de la gente y hasta el modo de hablar de los mexicanos del pasado.

Escribe Cristina Bartolomé Martínez … el escritor no puede representar todo a la vez como un pintor y que por eso Rulfo recurre a la técnica de yuxtaposición y contrastes que rompen la progresión temporal.

Juan Rulfo instaura con el lector una literatura de duda y de ambigüedad lo que favorece la pluralidad de lecturas y utiliza un lenguaje lleno de simbolismos que ya vislumbramos en el título, pero que es patente en la elección de los nombres de los personajes del libro que tienen gran riqueza semántica : 43 personajes, es un libro polifónico.


Es una obra que ha sido varias veces adaptada al cine; una primera versión en 1967 dirigida por Carlos Velo (España) que se puede ver integralmente en Youtube y que es muy interesante aunque (como a menudo) es una libre adaptación del libro. En la película las secuencias fragmentadas tratan de contarnos la historia de Pedro Páramo y del pueblo de Comala y el relato parece más lineal; pero la parte importante que se le da al lector en el libro no aparece en el filme y también el realismo mágico de la obra escrita es menos patente; también se le da una connotación mucho más concreta a la extraña relación de Susana San Juan con su padre. Aquí va un enlace para ver una excelente versión de esta obra cumbre:

Hay otra version fílmica dirigida por el mexicano Mateo Gil en 2009 que no he visto y que me gustaría comparar con la versión de Velo.

Una lectura compleja que deja algo anonadada por su densidad y que seguramente deja mil caminos por explorar. Gracias a la amiga Graciela por haber encontrado algunas fuentes de inspiración de primera importancia.

PEDRO PÁRAMO, Booket 1999,  ISBN 84-08-02671-2

Le Tour d’Écrou de Henry James

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Henry James est un écrivain américain (New York 1843-Angleterre 1916), naturalisé britannique en 1915. C’est une figure du réalisme littéraire du XIXè  et un maître du roman et des nouvelles.  Il avait reçu une éducation cosmopolite et soignée entre l’Europe et les États Unis, avec notamment des études francophones en France et à Genève. Cette découverte précoce de l’Europe l’a nourri en littérature. Il a commencé des études de Droit à Harvard qu’il a abandonnées pour se consacrer entièrement à l’écriture.  Il fût un voyageur impénitent, un « citoyen du monde » : Angleterre, France, Suisse, Italie surtout. En 1876, après un échec d’installation à Paris, il s’installera à Londres jusqu’à sa mort en 1916.

C’est pendant ces 40 années londoniennes qu’Henry James va écrire l’essentiel de son oeuvre (20 romans et 112 nouvelles !): un auteur prolixe et une œuvre très riche qui s’inspire en partie d’une bourgeoisie raffinée et de la découverte de l’Europe par des riches américains oisifs en formation culturelle dans ce qu’ils appelaient le Grand Tour. De son vivant il a eu un succès d’estime auprès de la riche et cultivée société de Boston, mais limité au cercle familial et aux amis; son théâtre n’a pas connu de succès mais à Londres il fut un écrivain reconnu pour ses qualités littéraires et l’exigence morale de son oeuvre.

L’expert d’Henry James, Franck Aigon (professeur de philosophie) a écrit très justement que la confrontation de la naïveté américaine et de l’expérience européenne n’est qu’un aspect d’une écriture qui s’emploie à sonder les cœurs en donnant toute leur place aux impressions et à la variation des points de vue (un peu à la façon d’un Sandor Márai, je trouve).

Le Tour d’Écrou (The Turn of the Screw, 1898) a été publié sous forme de feuilleton dans un magazine populaire américain et aurait été qualifié par l’auteur d’amusette, d’oeuvre alimentaire, mais en 1898 lorsque paraît le livre, la presse se déchaîne et qualifie cette histoire de dépravée voire pire. Il faut dire que Monsieur James a eu le toupet de sortir un brûlot d’allure psychanalytique avant même la sortie du brûlot freudien de 1905 (Trois essais sur la théorie sexuelle).

Le livre fut adapté en opéra en 1954 par Benjamin Britten et plusieurs fois au cinéma et pour la TV. Je garde un très bon souvenir du film Les Autres, adapté de ce livre en 2001 par Alejandro Amenábar avec Nicole Kidman dans le rôle de la préceptrice.

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Le Tour d’Écrou est une oeuvre à part, une histoire de fantômes, un récit fantastique narré à la première personne par la préceptrice de deux enfants qui est la seule à percevoir des choses étranges au manoir et le lecteur vient à douter assez vite sur l’état mental de cette jeune personne quelque peu « exaltée » : fabulation? hystérie?, folie?, poids des responsabilités?, burn-out syndrome?(pour faire moderne), perturbation de l’histoire précédente sur un psychisme fragile? Ce n’est pas une histoire banale de fantômes mais plutôt une histoire de fantasmes très personnels, une histoire menée avec maitrise par James car elle abonde en non-dits et c’est au lecteur de se creuser les méninges pour interpréter ce texte qui aurait plusieurs niveaux de lecture.

LA TRAME :Un riche propriétaire paye les services d’une jeune institutrice pour s’occuper de l’éducation d’un neveu (10 ans) et d’une nièce (5 ans) dont les parents sont décédés en Inde deux ans auparavant. Il installe ce petit monde dans un magnifique manoir, isolé à souhait où ils seront servis et choyés mais où rapidement la préceptrice aura des visions étranges. Il faut dire que la précédente éducatrice ainsi qu’un serviteur du manoir ont eu une affaire qualifiée de « perverse » et que les enfants en ont subi probablement quelques retombées. Le lecteur ne saura jamais le fond de l’affaire et le doute surgit même sur l’innocence des enfants.

C’est un livre sournoisement ambigu, d’une noirceur  certaine sous des aspects de digressions sans fin de la part de la narratrice. Aussi j’ai trouvé que le langage tenu par Miles, le garçon de 10 ans, dépasse largement le cadre de l’enfance, notamment vers la fin de l’histoire, lorsqu’il donne du « ma chère » à sa préceptrice. Quant à sa soeur, Flora, elle est si parfaitement angélique que le lecteur doute de son innocence.

Ce livre est considéré pour certains comme le chef d’oeuvre d’Henry James.

Autres livres commentés : Confiance, Washington Square, Les papiers d’Aspern, Ce que savait Maisie.

LE TOUR D’ÉCROU, Omnibus 2013, (HJ 1898),  ISBN 978-2-258-09877-0