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Ton absence n’est que ténèbres de Jón Kalman Stefánsson

Jón Kalman Stefánsson est un romancier, poète et traducteur islandais (Reykjavik 1963); il est aujourd’hui un auteur avec une oeuvre importante ayant récolté de nombreuses distinctions de par le monde.

Ton absence n’est que ténèbres (2020) est son 13è roman, couronné par le Prix Jean Manuel Monnet et le Prix au Meilleur Livre Étranger en 2022. La traduction de ce roman est remarquable, un travail de choix par Éric Boury (qui a reçu un prix déjà pour la traduction d’un autre livre de cet auteur islandais).

Ce livre m’a été chaudement recommandé par quelqu’un qui lit beaucoup, en me disant que c’était le meilleur livre lu au cours de la dernière année. Je l’ai acheté.

Je ne sors pas enchantée de cette lecture. Voulant rester positive, je vais commencer par les points qui m’ont plu : 1) découvrir un peu l’Islande avec son territoire et ses gens entre 1900 et 2020 (terra incognita pour moi), 2) la façon franche d’aborder le sujet de la mort par l’écrivain, une mort omniprésente dans le récit, sans pathos ni hystérie ni faux-fuyants, souvent associés; 3) les envolées poétiques, belles et inspirées, venant d’un vrai poète; 4) l’ambiance métaphysique du roman qui vous amène à réfléchir sur soi et sur les autres, à se questionner sur les aléas de la vie; et 5) c’est un livre d’une rare intensité qui arrive à émouvoir parce qu’il sonne vrai.

Là où la pierre a franchement achoppé c’est 1) avec le style, décousu, brouillon, avec des sauts temporels; j’ai été plusieurs fois désorientée vu la quantité de personnages qui déferlent dans le roman ; 2) les intertitres m’ont agacé, non-nécessaires et parfois ne trouvant pas de rapport direct avec le texte; et 3) j’ai trouvé cette lecture un peu lourde, quoique riche. J’ai tenu jusqu’au bout pour me permettre une opinion, mais cela n’a pas été sans peine.

Ce roman fleuve de 600 pages narre une saga familiale sur 120 années et quelques générations, comportant quelques destinées tragiques. L’action se déroule en Islande, terre de paysages surnaturels au climat rude, avec une nature belle et sauvage pouvant influencer des personnages ayant des sentiments portés au paroxysme, des êtres humains souvent confrontés à des situations difficiles, en présence d’une forte spiritualité.

Le livre est traversé par des playlists de musique essentiellement nord-américaine du siècle dernier (jazz, pop, rock). On conçoit l’importance de la musique dans des contrées qui doivent subir un total isolement pendant de longs mois d’hiver. Cela doit faire partie de leur cadre de vie.

Quid de l’histoire ? : En 2020 le tourisme revient après la pandémie de la Covid et un homme, islandais, débarque amnésique dans un fjord de l’Ouest du pays; les gens le reconnaissent mais lui ne se rappelle de rien et jamais fera l’effort de demander aux gens qu’il croise, de le situer par rapport au récit. Le personnage écrira des pages et des pages sur ce que les gens lui racontent, sur la saga supposée de ses ancêtres. L’homme voudrait autant les sortir de l’oubli que de se refaire, au passage, une mémoire.(Cette affaire ne sera pas du tout élucidée dans le roman; peut-être que cet homme n’a servi que d’axe narratif…).

Dans le récit apparaissent des morts et des vivants, la limite entre les uns et les autres est floue. La filiation entre les uns et les autres est complexe, il y a pas mal de secrets de famille (ceci est universel). J’ai été surprise par des histoires d’amour assez violentes et « dès le premier regard », intenses, désespérées comme si ce pays du grand froid rendait les sentiments plus vifs, voire incontrôlables.

TON ABSENCE…, FolioN° 7169, 2023 (JKS 2020), ISBN 978-2-07-299197-4

La forastera de Olga Merino

Olga Merino es una periodista, articulista y novelista española (Barcelona 1965).

La forastera (2020) va por la 19è edición y ha ganado el Premio a la Mejor Creación Literaria concedido por la RAE; premio que fue propuesto por Mario Vargas Llosa, José María Merino y Carme Riera.

La novela me ha impactado por varias razones : la calidad de la escritura, desplegando un rico vocabulario y la fuerza telúrica de la protagonista. La novela habla muy bien de la España vacía, esos pueblos abandonados a los ancianos que sobreviven a duras penas y que se mantienen, entre otras cosas, con la maledicencia hacia toda persona forastera.

Angie a los 53 años y después de una juventud azarosa vuelve al pueblo de sus padres, una localidad de Cataluña en los montes, nunca nombrada. La vida es dura, difícil, la gente no se entre ayuda de buenas a primeras, hay que ganarse la confianza. Angie tomará posesión de la casa casi en ruinas que fue de sus padres, antes de verse obligados a emigrar a Barcelona, en busca de mejor vida.

Angie fue impregnada por su madre con ciertas liturgias de la aldea, ella no ha olvidado nada del ritmo cíclico del campo, la cadencia de las estaciones, que es malo quemar leña de higuera, que los ajos no deben plantarse con luna menguante, que la encina es el árbol que más atrae la descarga del rayo, que la aceituna del cerro produce más y mucho más fino aceite que la del valle, que el cambio del tiempo viene cuando el gallo canta a deshoras, que las nubes aborregadas presagian granizo…

La vida de Angie no es fácil, pero a ella le conviene y se cree feliz, con su huerto, sus subidas al monte, sus perros y sus idas al bar de Tomás para encontrarse siempre con los mismos parroquianos. Rápidamente la van a tildar de loca porque no sigue los cánones impuestos. A ella le importa un rábano porque se cree feliz hasta que se le empieza a complicar el panorama con el suicidio de un vecino.

En esas latitudes las familias tienen fuertes lazos de consanguinidad, por razones de lejanía o de demasiada cercanía a la hora de escoger pareja. En todo caso el suicidio del vecino le traerá verdaderas dificultades y conocerá secretos de familia bien guardados.

Será el final de una vida idílica para Angie y para hacerse respetar, no tendrá más remedio que de recurrir a la violencia.

Hay una tal fuerza en el relato, una fuerza inherente al sitio montañoso y aislado, a la naturaleza omnipresente y respetada, a la proximidad de los animales y a los intercambios con los lugareños, que el lector no puede dejar el libro y quiere adentrarse más y más en los problemas y los sentimientos que mueven a Angie.

Unos de los mejores libros leídos últimamente. El tema y la fuerza narrativa me hacen recordar las novelas rurales fuertes del francés Franck Bouysse.

LA FORASTERA, Alfaguara 2020, ISBN 978-84-204-3845-0

Nuits Appalaches de Chris Offutt

Chris Offutt est un scénariste, journaliste, professeur et écrivain américain (Kentucky 1958).

Nuits Appalaches (Country Dark 2018) a reçu le Prix Mystère de la critique et le Grand Prix du Roman Noir Étranger à Beaune en 2020. C’est un roman noir et réaliste, un vrai conte moral.

J’ai beaucoup aimé cette lecture, c’est un livre fort qui vous remue et longtemps après l’avoir refermé, cette histoire vous hante.

C’est l’histoire de Tucker, 18 ans, qui revient vivant de la guerre de Corée où il a appris beaucoup de choses, entre elles a tuer, à manier à la perfection un couteau, à observer et à se taire. Dans les années 50 il revient à son Kentucky natal, l’État de l’herbe bleue avec ses plaines et ses montagnes Appalaches, des espaces infinis où vivent, ou plutôt vivotent des blancs pauvres comme lui.

En cours de route il va croiser Rhonda, 15 ans, native aussi du Kentucky, aussi pauvre que lui, et qu’il va sauver in extremis d’un viol par un oncle.

Entre Tucker et Rhonda ce sera le coup de foudre immédiat et définitif. Ils vont fonder une famille et cette famille sera la seule vraie chose qu’ils auront tous les deux. Ils auront 6 enfants en 11 années dont 4 sont des handicapés graves. Mais c’est une famille aimante et Tucker se démène comme un fou pour qu’ils puissent manger à leur faim; Rhonda sera une mère attentive et dévouée, aidée par sa fille ainée qui est normale.

Tucker travaille des années comme chauffeur de camion pour un bootlegger car dans le Kentucky il n’y a pas de travail et en général les hommes s’exilent dans d’autres États pour pouvoir subsister, mais Tucker ne veut pas s’éloigner de sa famille, il assume la complexité de leur vie. C’est un excellent père de famille et un bon mari.

Au bout de tant d’années à vivre en hors la loi, il accepte un deal avec son chef alors que sa conscience lui dicte de refuser, mais il est acculé par le besoin. Ce sera le climax dramatique de la fin de ce roman excellent.

Chris Offutt nous livre dans ce livre un univers violent et sauvage où le bien et le mal ont des limites imprécises et la morale doit s’adapter aux facteurs locaux, avec des gens qui ont des vies difficiles où rien n’est gagné d’avance. La nature du Kentucky apparaît splendide et intimidante à la fois. C’est l’Amérique des laissés pour-compte chez qui la lutte pour la survie est au paroxysme.

Dans un langage direct et minimaliste, l’auteur nous décrit la vie de gens pauvres du Kentucky (qui est aussi son sol natal), des gens isolés, laissés à eux mêmes, sans sources de travail de proximité. Tucker et Rhonda ils sont comme ils sont parce que c’est comme cela dans les Appalaches, et on ne peut pas juger Tucker, un héros, un bon gars poussé au crime par les circonstances.

NUITS APPALACHES, Gallmeister 2019 (CO 2018), ISBN978-2-35178-192-0

Dieu, le temps, les hommes et les anges d’Olga Tokarczuk

Olga Tokarczuk est une femme de lettres polonaise (Basse Silésie 1962) couronnée par le Prix Nobel de littérature en 2018. Elle a une formation de psychologue mais depuis 1997 elle se consacre entièrement à l’écriture. Elle milite activement au parti Les Verts de Pologne depuis 2004.

On lui attribue un style fragmenté et des formes de récits assez originales, ce qui est le cas avec les trois livres que j’ai lu d’elle. Quelque soit son style et ses thèmes, son écriture est puissante et le contenu plutôt transcendant.

J’ai fait sa découverte avec le livre Sur les ossements des morts et ce fut un éblouissement, ce qui m’a reconcilié avec les critères d’attribution du prix Nobel : écriture élégante, transcendante, diversité des sujets, de l’ humanisme maté de philosophie et quelle empathie elle peut dégager! Sans oublier l’humour, un humour un peu ironique, même si le sujet est grave, cela surprend et détend.

Dieu, le temps, les hommes et les anges (1996) est son deuxième roman, un livre-fable, complexe, riche et allégorique sur le temps qui passe inexorablement, sur la Terre et les hommes. Ce serait sur des récits de sa grand mère qu’Olga Tokarczuk s’est appuyée pour écrire ce roman-fable.

Elle situe son histoire dans une contrée imaginaire de Pologne qu’elle place au centre de l’Univers et qu’elle nomme Antan, une bourgade délimitée par les 4 points cardinaux, chacun gardé par un Archange et deux rivières, la Noire et la Blanche qui vont s’unir pour donner la Rivière.

Antan pourrait être n’importe où ailleurs, mais elle est en Pologne et nous aurons droit, dans cette histoire, à l’essence même du slave occidental c’est à dire une âme  pour laquelle les notions de mysticisme, d’irrationalité, de démesure, d’abattement, et de la nostalgie, comptent.

À Antan nous suivrons plusieurs familles avec des personnages qui vont nous hanter longtemps, depuis la Première Guerre Mondiale jusqu’aux années 80 environ. Ces personnages vont naître, vivre et mourir à Antan, ils vont souffrir et jouir sous nos yeux, ils vont vivre comme ils le pourront puis un jour partir.

Le talent de cette écrivaine est unique pour enchaîner des histoires avec une riche palette de types humains, mais aussi des animaux, des plantes voire même des objets inanimés mais symboliques (cf le moulin à café, le Jeu des 8 pistes). On sent chez cette écrivaine polonaise qu’elle est très engagée dans la défense de la Nature et des animaux; elle a fait de la prison pour avoir émis sur un plateau de TV sa position contre la chasse et la maltraitance des animaux.

Pour moi il y a plusieurs lectures possibles de ce livre: nous avons une multitude de réflexions qui sont comme un sous bois aussi riche que celui d’une forêt où pullulent beaucoup de choses, ainsi que des idées qui sont difficiles d’appréhender de prime abord. Aussi quelle imagination que celle d’Olga Tokarczuk, quelle clairvoyance pour nous broder ses personnages archetypiques (aidée par sa formation de psychothérapeute, probablement) et nous faire sentir le temps qui passe inexorablement sur les êtres et les choses.

Un mot de félicitations pour l’exercice réussi du traducteur Christophe Glowovski.

Autre lecture riche et complexe de cette auteure polonaise si justement distinguée par un Nobel de littérature.

Autres livres commentés : Sur les ossements des morts . Histoires bizarroïdes .

DIEU, le temps…, Pavillons Robert Laffont 1998 (OT 1996), ISBN 2-221-08615-5

Los ingratos de Pedro Simón

Pedro Simón es un periodista y escritor español (Madrid 1971),muy premiado en su labor periodística.

Los ingratos (2021) es un amor de libro que retrata el fin de la inocencia de la niñez del protagonista, David, « el hijo de la maestra ». Un libro nostálgico entre ternura y culpabilidad. Obtuvo el Premio Primavera de novela 2021.

Leí por ahí algo muy exacto, leí que era el retrato muy justo de un país tornado hacia el futuro que había olvidado de agradecer a la generación que lo hizo posible.

La familia de David lleva una vida itinerante, de pueblo en pueblo, en función de los destinos de la madre que es maestra, lo que nos permite una visión de la España rural allá por el año 1975 del siglo pasado. Una España rural que comienza a vaciarse, que fluye hacia las grandes urbes en pos del espejismo de una mejor vida. (Cf el libro excelente del periodista Sergio del Molino La España vacía).

Los padres, Mercedes y Natalio, eran originarios de Salamanca, la madre será « la » maestra en pueblos sucesivos y el padre trabaja para la Chrysler, una figura casi siempre ausente en el relato. Los hijos eran 3 : la mayor Verónica, la segunda Isa y el tercero, David, nuestro protagonista. Sin olvidar al perro Fliqui.

La vida en el pueblo, está magistralmente descrita, con sus detalles rurales, su gente, sus costumbres, su colorido local y ese resabio universal inconfundible de « pueblo chico-infierno grande ». Allí seguiremos las aventuras de David, sus travesuras, sus amistades, sus angustias a medida que avanza hacia la adolescencia. En contra partida, tenemos el retrato de las hermanas, de la vida familiar y de la vida en el pueblo, del entorno, de las costumbres en el seno de una familia, etc.

Hasta que el padre desaparece un buen día y se limita a mandarles tarjetas postales. La maestra, tan ocupada con sus labores, y tan moderna porque fuma, conduce su propio coche, viste de vaqueros y trabaja su huerta, contratará puertas adentro a la señora Emérita, alias Eme, lo que cambiará radicalmente la vida de la familia, especialmente a David.

Eme es sorda como tapia y lee en los labios. Es una mujer qua ha sufrido y que proyecta en David ese amor que no pudo dar al hijo difunto. Y David, acostumbrado a la distancia que le tiene su madre, demasiado ocupada con sus labores, poco a poco se irá aclimatando con Eme y queriéndola de un amor exclusivo y fuerte que él no conocía.

La primera impresión de la señora Emérita en David es ésta…No era lo que me esperaba. Era una montaña de alta y de robusta más que gorda. Su busto era enorme, como si estuviese dando de mamar al pueblo entero. Por el cuello le asomaba el cordón de un escapulario de la Virgen del Carmen. Tenía el pelo corto, gris y a trasquilones. Olía a naftalina y a chimenea. Llevaba un vestido estampado de una pieza, medias gruesas a pesar de que era verano y unas zapatillas de felpa de andar por casa. Traía una bolsa grande. Sonreía por casi todo sin abrir la boca. Caminaba arrastrando un poco los pies. Hablaba levantando mucho la voz y, apenas sabía leer ni escribir. Pinchaba un poco y sus manos tenían el tacto de un serón (en España, cesta grande de esparta).

Con Eme en casa, la vida cambió de sentido para David : ella le abrió con amor y dedicación las compuertas del afecto con sus manifestaciones. Y lo educó para afrontar la vida.

Y cuando llega un nuevo traslado para la maestra, David siente incapaz de separarse de su hada protectora y no quiere marcharse, como no quiere dejar atrás la niñez, esa última etapa despreocupada y casi siempre feliz.

Pero las cosas son como son y una vez la familia instalada en una gran urbe como Madrid, poco a poco olvidarán a Eme y dejarán de visitarla. Los años pasan y cuando David se resuelve a visitarla, es demasiado tarde, y podrá constatar cómo Eme estaba preparada para una eventual aparición de su querido Currete que era el nombre que ella le había dado, un nombre que le recordaba al hijo muerto.

Una preciosidad de relato, que hace reír y que emociona al mismo tiempo trayendo recuerdos de la niñez.

Por momentos me recordaba la película La guerra de los botones de Yves Robert, una peli de 1962 en blanco y negro, cómica y tierna a la vez en un medio rural francés.

LOS INGRATOS, Espasa 2021, ISBN 978-84-670-6086-7

Dark Horse (5) de Craig Johnson

Craig Johnson est un écrivain américain  (Huntington, Virginie 1961) créateur du personnage du shérif Walter (Walt) Longmire, enquêteur dans des polars situés dans le comté fictif d’Absaroka dans le Wyoming (USA).

Une série pour la TV a été tournée entre 2012 et 2017 avec 6 saisons et 63 épisodes, avec Robert Taylor II dans le rôle phare.

Quel plaisir de retrouver le shérif Longmire (5ème tome) et les sublimes paysages du Wyoming pour de nouvelles aventures, cette fois avec une vraie allure de western. Je suis en train de les lire de façon distillée, mais dans l’ordre, ce qui rajoute une suite dans les aventures vécues par certains personnages.

Dark Horse (The Dark Horse 2009) :cette fois le shérif Walt sera confronté à un meurtre perpétré dans le comté d’Absalom, comté voisin violent et mal famé, mais comté natal de Longmire.

Un homme est assassiné avec 6 balles dans la tête ! (Ben, quelle rage) et son épouse s’auto accuse du crime. Elle est mise en prison chez Longmire car le comté voisin de Campbell déborde de détenus. (A croire que Walt est trop bon shérif ou qu’il se la coule trop douce…).

La sagacité légendaire du shérif Longmire fera qu’il doutera de la culpabilité de l’accusée par un petit détail qui trotte dans sa tête, et qu’il finira par trouver.

Cet opus est une véritable ode aux chevaux, personnages inséparables des cow-boys américains, tellement nobles et intelligents. Quand cavalier et monture ne font qu’un, c’est une merveilleuse symbiose qui laisse pantois, comme l’entente qui peut exister entre l’homme et son chien.

On apprend des choses sur le monde equin. Par exemple que dark horse a deux acceptions : un cheval outsider qui se fait remarquer de manière inattendue, ou une personne plutôt secrète qui se dévoile peu. La jument noire de la femme incarcérée, Wahoo Sue est une pure merveille créée par Craig Johnson. Avec elle, les scènes finales du roman sont d’anthologie.

Dans ce tome, le shérif Longmire en prend plein la figure, en considérant que dans le tome précédent il était déjà amoché ! Dans ce tome il y aura une bagarre avec une « fripouille » plus un écrasement avec fractures d’un pied !

Les autres personnages que nous commençons à bien connaitre sont bien présents, mais jouent un rôle secondaire. L’ineffable Henry Standing Bear, son pote cheyenne va se mêler à une bagarre rien que pour le soutenir. La volcanique Vic, son adjointe apparait pour nous montrer son attachement à Walt. La fille du shérif coule le parfait amour avec le petit frère de Vic et annonce à son père qu’il l’a demandé en mariage ! L’autre adjoint du shérif, le basque Santiago Saizarbitoria se fait tout petit et rase les murs car il n’a pas été épargné dans le tome précédent. Quant au chien de Longmire, nommé le chien, il est présent dans toutes les actions et en bon chien de cow boy, il se prend aussi quelques raclées.

Il y a beaucoup d’humour décalé dans cet opus, notamment avec la confrontation d’un agent du FBI en couverture, le FBI ou les « cow boys » de la police aux USA. Dans cette histoire il va y avoir des scènes succulentes entre le shérif et le représentant du FBI.

Quelques personnages nouveaux vont surgir, comme le vrai cow boy Hershell qui travaille pour la femme accusée du meurtre. Un personnage complexe et tellement authentique. Juana et son fils Benjamin, elle est guatémaltèque et sans papiers, ancienne élève de la police, passionnée par les enquêtes; son fils Benjamin est un petit dégourdi à la langue bien pendue.

Un petit point négatif pour moi : j’ai eu du mal avec les sauts temporels dans le récit qui me plongeaient chaque fois dans un petit chaos cérébral.

Ouaip, vivement le prochain Longmire de la liste, mais dans quelque temps.

Autres livres commentés : Little bird . Le camp des morts . L’indien blanc . Enfants de poussière .

DARK HORSE, Gallmeister 2013 (CJ 2009), ISBN 978-2-35178-060-2

Los milagros prohibidos de Alexis Ravelo

Alexis Ravelo es un escritor español (Gran Canaria 1971-2023) de novela negra, cuentos y microrrelatos. Con La estrategia del pequinés ganó varios premios : Dashiell Hammet 2014 a la mejor novela negra, Premio de novela Novelpol 2014, Premio LeeMisterio 2013 y Premio Tomo de las Casas Ahorcadas.

Los milagros prohibidos (2017) es otro buen libro del autor. Y aunque toca un tema demasiado manido para mi, esta vez nos narra la guerra civil española en su tierra, La Gran Canaria, lo que aporta una mirada nueva y un horror concentrado, porque en un territorio tan estrecho se desatan los odios y exacciones más brutales; entre otras razones porque en la isla todos se conocen bien, aprovechan de la guerra para arreglar cuentas que nada tienen que ver con la (sucia) política. El libro está muy bien escrito y muy bien organizado, con un final donde los capítulos son ultra cortos para hacer durar la tensión dramática y con un final digno de un buen thriller.

La historia torna alrededor de Agustín Santos , originario de Granada, un profesor que se casó con una chica canaria de clase media. El padre de esta chica, don Sito Mederos, tiene un puesto de gerente en una empresa frutera administrada por los ingleses. Agustín, el maestro, es un republicano moderado, pero llega la guerra y rápidamente lo acusan de rojo y tiene que huir al monte en condiciones infra humanas. Pero no sólo se atacan al profesor, sino que sobre todo a la familia política, porque otrora un joven canario, futuro falangista, pretendió y se vio rechazado por la hija de don Sito.

(Agustín recordaba el último día y medio que La Palma permaneció fiel a la República. Agustín pensaba que era el intento de evitar una matanza, la prudencia de los moderados, la irracionalidad de los exaltados y la temeridad de la masa).

Aquí se desarrolla toda la parte sicológica y despiadada dónde hacen pagar a justos por pecadores, y nada, pero nada, hará que esta gente pueda salvarse. Les pegan un tiro, no los juzgan, los encarcelan en condiciones atroces y se atacan a la familia y allegados. No hay piedad, sólo odio. Tampoco hay ayuda de los lugareños que se hacen los desentendidos cuando cae la desgracia. Algunos, muy pocos, serán de ayuda, pero lo pagarán con creces.

(…mientras la gente iba desapareciendo o era conducida a los locales de Falange y Acción Ciudadana, de donde surgía un escándalo de golpes y de gritos. Por las calles de ciudades y pueblos los hombres molidos a palos eran conducidos con grilletes y las mujeres eran paseadas tras haber sido violentadas por sus propios vecinos, con el pelo trasquilado y cagándose encima a causa de las purgas con aceite de ricino).

Todo el libro narra « la cacería » de Agustin, su huida difícil, las pocas ayudas, sus sufrimientos y sus esperanzas. La única posibilidad de salvación era salir de la isla. Pero pocos lo lograrán huyendo en barco hacia Africa.

Tristes, difíciles y sucios tiempos aquellos. Casi 100 años han pasado y aun las reminiscencias son sangrientas.

Otros libros comentados : La estrategia del pequinés . Un tío con una bolsa en la cabeza .

LOS MILAGROS PROHIBIDOS, Siruela Nuevos Tiempos 2017, ISBN 978-84-16964-27-7

Enfants de poussière (4) de Craig Johnson

Craig Johnson est un écrivain américain  (Huntington, Virginie 1961) créateur du personnage du shérif Walter (Walt) Longmire, enquêteur dans des polars situés dans le comté fictif d’Absaroka dans le Wyoming (USA).

Une série pour la TV a été tournée entre 2012 et 2017 avec 6 saisons et 63 épisodes, avec Robert Taylor II dans le rôle phare.

Enfants de poussière (Another man’s mocassins 2008) est la quatrième aventure avec le shérif Walt Longmire; un titre primé avec le Best Novel of the West 2008 et le Prix SNCF du Polar 2015.

Les enfants de poussière du titre sont les bui doi , le nom en vietnamien pour des enfants vietnamiens adoptés par des américains.

Ce tome suit la mésaventure de Philadelphie narrée au tome 3, où la fille de Walt, Cady, brillante avocate, avait subi une agression si brutale, qu’elle a échappé à la mort de peu. Elle repart avec son père pour s’installer dans les Hautes Plaines, comté d’Absaroka, afin de continuer une longue et assez pénible réhabilitation.

Dans le comté nous retrouverons d’autres personnages attachants comme Ruby, la fidèle et efficace secrétaire de Walt, Henry Standing Bear son pote cheyenne, l’ancien shérif Lucien Connally élu pendant 24 ans avant Walt, Vic la collaboratrice et maitresse de Walt, l’adjoint du shérif au nom basque Santiago Saizarbitoria, si dissonant dans le Wyoming, qui est maintenant marié et père de famille, sans oublier le chien qui s’appelle le chien, sans nom.

Walter Longmire cumule 5 mandats et 24 années de service comme shérif d’Abasaroka.

Cette fois l’affaire criminelle démarre sur les chapeaux de roue : une jeune vietnamienne est retrouvée morte sur un chemin.

Ce fait nous fera connaitre toute une partie du passé de Walt Longmire : sa participation à la guerre du Vietnam en 1967 en tant que enquêteur de la police des marines (il était déjà shérif) car un trafic de drogue avait été détecté à l’intérieur de la base militaire et un homme en était mort d’overdose. Mais le commandant de la Navy va lui imposer de travailler sous la supervision du personnel de sécurité de la Navy, les lieutenants Mendoza du Texas et Baranski de l’Indiana. C’est du Vietnam que date l’amitié avec Henry Standing Bear, autant vous dire qu’elle sera indestructible.

Il y aura des allées/venues entre les souvenirs du Vietnam avec ses horreurs et le présent avec la recherche de l’assassin de la jeune vietnamienne. Un colosse appartenant à la tribu des indiens crow sera très vite accusé, sans preuves.

Nous suivrons l’enquête non dénuée de frissons (le village abandonné infesté par des serpents à sonnettes) pour aboutir à l’éclaircissement du cas.

J’adore le descriptif de ce Wyoming rural qui m’apporte des bouffées d’air pur…J’avais le regard perdu sur les grandes pâtures menant à la Powder River. Il y avait une petite colline vers l’est de la ville, et plus loin, sous l’effet des torrents remontant vers le nord, les plaines étaient plissées comme un lit mal fait. Tout avait une couleur d’aquarelle passée, et on aurait dit que si l’on effleurait quoi que ce soit, l’objet tomberait en poussière et serait emporté par le vent. Nous avions besoin de pluie.

Ouaip, un bon Longmire.

Autres livres commentés : Little bird . Le camp des morts . L’indien Blanc .

ENFANTS DE POUSSIÈRE, Gallmeister 2012 (CJ 2008), ISBN 978-2-35178-052-7

La Tribuna de Emilia Pardo Bazán

Emilia Pardo Bazán fue una gran escritora española (La Coruña 1851-Madrid 1921), condesa de Pardo Bazán desde que le dieran un título pontificio a su padre, un hombre politico; fue una novelista, periodista, ensayista, poeta, crítica literaria, dramaturga, traductora, editora y catedrática. Ella introdujo el naturalismo en España y fue una precursora de los derechos de la mujer y del feminismo.

La escritora insistió muchas veces en demostrar que la razón debía estar siempre del lado de la inteligencia y que la inteligencia no tiene sexo. Su alma, « de varonil latir » según ella misma, se rebelaba ante las limitaciones intelectuales impuestas a su sexo.

En 1882 escribió una serie de artículos sobre Emile Zola y la novela experimental lo que provocó un enorme revuelo en el ámbito intelectual porque lo consideraron como un manifiesto en favor de la pornografía francesa y de la literatura atea.

Emilia Pardo Bazán fue la primera escritora « profesional » española que pudo vivir gracias a sus ingresos literarios.

Su bibliografía es vasta y la obra más conocida es la novela Los Pazos de Ulloa escrita en 1886 con una secuela en 1887:  Madre naturaleza.

D. Emilia fue ciertamente una mujer adelantada para su época y también una mujer muy refinada, que se conocía en antigüedades, especialmente en porcelanas francesas. Ese lado fino, femenino, contrastaba con su aspecto de sólida matrona y sus modales decididos.

La Tribuna es su tercera novela publicada en 1882, una novela urbana provinciana con la que inicia una literatura naturalista que culminará con Los pazos de Ulloa en 1886. En esta edición de Cátedra tenemos una erudita introducción de Benito Varela Jácome de dónde he sacado algunos datos que me parecieron interesantes.

La fecha de publicación de La Tribuna es importante porque marca la introducción del naturalismo en España; Emile Zola se publica en España con tres versiones de L’assommoir, dos de Nana y de Theresa Raquin. Como muchos de los grandes literatos, Emilia Pardo Bazán supo crear un medio urbano totalmente ficticio para sus relatos : Marineda, un ejemplo de fantápolis, un lugar que refleja todas las estructuras sociales que la escritora necesitará en su prosa, una prototípica ciudad provinciana como en otras creaciones literarias (Vetusta en La Regenta, Orbajosa y Ficóbriga, ambas de Benito Pérez Galdós, Nieva de Armando Palacio Valdes, Macondo de G. Garcia Márquez, etc).

En la novela La Tribuna, Pardo Bazán se basa en hechos históricos : las resonancias de la revolución de 1868, la efervescencia entre las ideas lanzadas por las obreras (cigarreras en la novela) y la proclamación de la república. Por todo esto La Tribuna es la primera novela española con un protagonismo obrero y un corte netamente feminista, y es la única novela de protagonismo obrero, antes de Germinal (1885), y de los escritos de Gorki y de Blasco Ibáñez. La novela es extraordinaria por su contenido testimonial, por el análisis implacable de una capa social y por una interpretación audaz de la efervescencia de las ideas de la revolución de 1868. Hay que destacar que Pardo Bazán acudió durante meses a la fábrica de tabacos de La Coruña para impregnarse con exactitud del aspecto social/laboral de las cigarreras.

La Tribuna es además una novela comprometida, algo insólito en la novelística del siglo XIX. Aquí cito la arenga de Amparo, la protagonista a su vuelta a la fábrica, después de sus desdichas…Qué cuenta tan larga darán a Dios algún día esas sanguijuelas, que nos chupan la sangre toda ! Digo yo, porque nadie me contesta a esto, ni puede contestarme : ¿Hizo Dios dos castas de hombres, por si acaso, una de pobres y otra de ricos? ¿Hizo a unos para que se paseasen, durmiesen, anduviesen majos y hartos, y contentos, y a otros para sudar siempre y arrimar el hombro a todas las labores, y morirse como perros sin que nadie se acuerde de que vinieron al mundo ? ¿Qué justicia es ésta, retepelo? Unos trabajan la tierra, otros comen el trigo : unos siembran y otros recogen; tú, un suponer, plantaste la viña, pues yo vengo con mis manos lavadas y me bebo el vino.

Por otro lado, es sobresaliente el detalle con el cual la autora describe a la gente, los lugares y las cosas en esta historia de la pobreza en Marineda. Por momentos la riqueza de la prosa me recordaba a Honoré de Balzac, uno de mis autores favoritos, también sobre-abundante en detalles y que también se sumergía en los lugares citados en sus novelas, alternando con la gente y anotando en un librito todo detalle que podía servirle.

LA NOVELA : el título La Tribuna se refiere a la protagonista, Amparo, es ella la tribuna, una chica pobre, digna e inteligente. Era una de las pocas de la barriada que sabía leer y escribir por lo que siempre soñó con superar su condición de pobre. A menudo le leía los periódicos o algún pasquín al barbero de la barriada, de manera que con el tiempo adquirió una excelente técnica vocal, que sabía modular perfectamente y cautivaba a los auditores.

Amparo tenía una madre inválida y pronto perdió a su padre, un fabricante de barquillos. La madre fue cigarrera y Amparo soñaba con ingresar a la cigarrería de Marineda porque tenía conocimientos de muchos gestos que le había legado su madre.

Logró hacerlo gracias a unos señorones ricos que la vieron cantar villancicos y anticiparon sin vergüenza del potencial sexual y atractivo de Amparo.

En la cigarrería se volvió rápidamente la voz cantante de sus compañeras cigarreras al mismo tiempo que se dejó seducir par un alférez al cual le creyó las promesas.

Promesas al viento porque los dos medios sociales son irreconciliables. Además que al alférez la madre le encontró un matrimonio « interesante » con una muchacha de su clase.

Esta es la historia de Amparo, embaucada en el amor, pero realizada con el advenimiento de la república, promesa de días mejores para los de su clase.

Hay lujo de detalles en las descripciones de la autora, su novela es muy vívida, moderna y pragmática, se lee amenamente y hasta hay humor con un tema más bien atribulado. Encuentro que en la pluma de Pardo Bazán no hay tremendismo ni miserabilismo excesivos. En eso difiere de la prosa de Zola por ejemplo, o de Victor Hugo o de Eugenio Sue y sus Misterios de Paris, donde el lector termina agobiado por la falta de esperanza y el tono tan negativo.

Libros reseñados de Emilia Pardo Bazán : Contes d’amourCuentos, Los pazos de UlloaLa gota de sangre. Naufragées , Cartas a Galdós . El encaje roto .

LA TRIBUNA, Ediciones Cátedra 1981 (EPB 1882), ISBN 84-376-0041-3

La boba y el Buda de Gustavo Álvarez Gardeazábal

Gustavo Álvarez Gardeazábal es un escritor, columnista y político colombiano (Tuluá 1945). Su obra desarrolla el tema de la violencia en Colombia, pero también el fetichismo de la religión, la corrupción de los caciques y en general el conflicto social. Es un escritor realista, con un análisis y una independencia de opinión, que denotan coraje.

La boba y el Buda (1972) recibió el Premio Ciudad de Salamanca de novela corta del mismo año. Es una novela que existe en edición separada o en compendio con otros relatos como en esta edición de Destino. Hoy en dia la novela está considerada un clásico en Colombia.

En alguna entrevista leí que el autor dijo algo terrible : « Escribir en Colombia y no morir en el intento« . Eso lo dice todo.

Justo Fernández López señaló que el universo de la narrativa de Álvarez Gardeazábal se sitúa en su tierra natal de Tuluá con ramificaciones hacia el Valle del Cauca, presentando personajes locales como prototipos de la condición humana. Y sus temas son la extensión de la violencia indiscriminada, la superchería milagrera en que se sustenta el conservadurismo religioso, el poder de los grandes terratenientes, la nueva riqueza generada por el narcotráfico, la corrupción general del sistema caciquil y las crisis ideológicas de los sectores progresistas.

Esta edición comprende 10 relatos donde La boba y el Buda es la obra faro. Los otros 9 relatos reflejan la violencia inaudita que conoció Colombia durante la lucha bipartidista ( liberales y conservadores); la gran mayoría de ellos se sitúa en la ciudad del escritor, Tuluá, que vendría siendo un arquetipo de la nación colombiana.

La boba y el Buda me ha fascinado; es un relato sobre las taras de la familia Uribe, potentados que se casan entre ellos desde generaciones y tienen vástagos marcados por el cretinismo endogámico. Todos los tópicos mencionados en el primer párrafo saldrán a la luz en la novela, con momentos de gran jocosidad o de gran zozobra en la saga de la familia Uribe-Uribe : la madre loca, la hija con el síndrome de Down (mongolismo) y el hijo homosexual bajo la tiranía cruel de una madre completamente descolocada.

Eran como la una y media de la mañana. En Tuluá todos recuerdan ese momento hoy que están hablando de cada una de las historias de la boba de los Uribes. Ramona (la boba) surgió desnuda en medio de un humero insoportable que elle misma había hecho desde su pieza con los sahumerios de mamá. Llegó apenas si envuelta en el humo a la sala donde bailaban…

Excelente libro, bien escrito a pesar de algunos dejes coloquiales colombianos que son leves y correctos.

LA BOBA Y EL BUDA, Ediciones Destino 1975 (GAG 1972), ISBN 84-233-0908-8