Le Rocher blanc d’Anna Hope

Anna Hope est une écrivaine et ancienne actrice britannique (Manchester 1974); elle possède une maitrise en création littéraire.

Le Rocher blanc (The White Rock, 2022) est son quatrième roman. Autant j’avais aimé sans réserve deux de ses autres romans, autant celui-ci m’a posé un certain agacement à la lecture.

Et pourtant, la mise en pages est novatrice : elle commence son roman en 2022, puis nous reculons dans le temps : 1969, 1907 et 1775. Pour arriver à l’axe de l’histoire: le Rocher blanc (le vrai protagoniste); puis l’écrivaine remonte dans le temps : 1775, 1907, 1969 et 2022. Les changements chronologiques et les changements de personnages, font un peu fouillis et par moments je me demandais où voulait-elle en venir. Les parties narratives ont quelques liens entre elles : une peur de catastrophe imminente, la notion destructrice inhérente à la race humaine, le pouvoir rédempteur de l’amour dans toutes ses formes.

Ce Rocher blanc émerge sur la côte mexicaine à San Blas, dans l’État de Nayarit et c’est un véritable totem pour le peuple des Wixárica qui l’appelle Mère Océan ou Tatéi Haramara, et qui pour eux représente l’origine de la vie et le lieu d’où tout est parti; c’est un lieu de pèlerinage pour les wixáricas. Et ce rocher blanc est vu de façon différente, tantôt comme un aigle, ou comme un monstre en souffrance, voire comme une silhouette d’un Christ barbu, mais dans tous les cas comme le symbole éternel de quelque chose.

2022 : « une écrivaine » et son mari font un pèlerinage pour déposer des offrandes et remercier la fécondité de l’écrivaine, après 7 années d’échecs suivis d’ une réussite suite à un rite chamanique. À cette occasion, ils se rendent au Mexique avec leur fillette d’à peine deux-trois ans. Par ailleurs, ce couple soulève plusieurs problèmes : le dérèglement climatique, la colonisation, la paternité et un mariage raté, l’exploitation et la persécution de communautés indigènes. Ceci est un passage visiblement autobiographique.

1969 : « un chanteur » connu fuit les fédéraux et ses pairs; déçu de lui même et en pleine crise d’autodestruction, il cherche une bouée de sauvetage, mais il est ravagé par les drogues et l’alcool. Ce chanteur sans nom pourrait évoquer Jim Morrison (The Doors).

1907 : « une fille » et sa soeur appartenant à la communauté des Yoeme, peuple persécuté et spolié de leurs terres, vont partir à la recherche de leur père qui se bat contre les soldats. De tous, c’est le récit le plus poignant.

1775 : « le lieutenant » est un officier de la Marine espagnole en mission de conquête territoriale, il sait que au plan moral, c’est une très vilaine chose, mais il doit obéir aux ordres.

Tous ces personnages auront à faire, à un moment ou à un autre, au Rocher blanc.

La prose d’Anne Hope est riche et de belle qualité, par moments elle a des envolées lyrico-poétiques . Et lorsque elle remonte en 1775, elle m’a épaté par le savoir qu’elle montre sur la navigation du XVIIIè; il y a pléthore de vocabulaire technique qui dénote un énorme effort de recherche.

Trop de sujets, des personnages présentés comme des prototypes, trop de dispersion ont gâché mon plaisir de lecture.

Autres livres commentés : Le chagrin des vivants . La salle de bal .

Le Rocher blanc, côte mexicaine, Nayarit

LE ROCHER BLANC, Folio N° 7264, 2023 (AH 2022), ISBN 978-2-07-297320-8

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