Deuil interdit de Michael Connelly

Résultat de recherche d'images pour "deuil interdit"Michael Connelly est un très grand auteur de polars nord-américain (Philadelphie 1956) ; c’est le « père »  du  detective de LAPD Hieronymus Bosch, alias Harry Bosch, que j’affectionne particulièrement parce que sa personnalité taciturne me plait. Connelly est un écrivain très prolifique avec une publication par an et parfois jusqu’à deux.  Je crois qu’à la date d’aujourd’hui il arrive à plus de 28 publications depuis 1992.

Deuil Interdit (The Closers 2005) est un excellent Connelly que je n’avais pas lu. Je l’ai trouvé excellent non tant par l’intrigue policière que par le traitement subi par Harry Bosch qui va reprendre du service à LAPD, trois ans après sa mise à la retraite. Le nouveau chef de la police Pratt fera appel à lui parce que son ancienne coéquipière, Kizmin Rider a demandé le retour de Bosch; ils seront affectés tous les deux aux Affaires non résolues.

Ainsi, 17 années après, ils vont s’atteler à élucider le crime de Rebecca Verloren, 16 ans, assassinée par balle tout près de sa maison. Ce crime non résolu marquera terriblement la famille Verloren. Le père était un restaurateur connu, Rebecca était une fille unique, choyée. Le père perdra le restaurant, les parents divorceront, le père tombera dans l’alcoolisme et deviendra SDF, la mère frôlera la folie…

Le tandem Bosch-Rider se mettra au travail et se fera aider par les nouvelles méthodes de la police en matière d’écoute, de fichiers, d’ADN.

Ce qui m’a paru intéressant et fort dans cet opus est l’arrière du décor.

D’abord, l’ancien chef de Bosch, Irvin Irving va littéralement le harceler, l’insulter, le mépriser méchamment lorsqu’il apprendra que Bosch a réintégré la police (sans témoins, of course). Il faut dire que Irving a été remercié et muté de son poste de chef de la police et que sa hiérarchie l’a mis à la tête du bureau de planification stratégique, autrement dit, dans une voie de garage…Et il a une dent féroce contre cet électron libre qu’ a toujours été Bosch.

Le premier jour de reprise de Bosch il s’arrange pour le coincer à la cafétéria et lui dit: »oui, c’est au bureau de planification que je suis, mais pas pour longtemps. Pas quand on fait revenir des types comme vous dans la police. Parce que vous savez ce que vous êtes, n’est-ce pas, Bosch? Vous êtes du rechapé. Le nouveau chef aime bien mettre des pneus rechapés à sa voiture. Sauf que vous savez ce qui arrive avec les pneus rechapés? Ils lâchent aux rainures. Alors vous voyez, Bosch? Vous êtes mon billet de retour. Parce que vous allez merder…si je peux m’exprimer ainsi. C’est votre passé qui le dit. C’est dans votre nature. C’est garanti. Et quand vous vous foutrez dedans, ce sera notre nouveau chef qui, aussi illustre qu’il soit, merdera lui aussi d’avoir collé un rechapé de quatre sous. Et quand ses actions plongeront, ce seront les miennes qui remonteront. Je suis patient moi? Ça fait 40 ans que j’attends. Je peux attendre encore un peu… »

Incroyable de méchanceté.

Mais il se trouve que cette affaire non résolue impliquant Rebecca Verloren va très vite dégager des relents de racisme, piste qui avait été soigneusement occultée par la police d’alors dont le chef était…Irving.

De fil en aiguille et après pas mal de souffrances le binôme Rider-Bosch va faire des étincelles et progresser. Tous les deux sont brillants et dévoués. Kiz Rider sait manipuler la loi et la paperasse. Bosch est un intuitif avec toujours cette fâcheuse tendance à faire bande à part sans jamais ménager sa peine ni ses risques.

L’attention est maintenue tout au long du roman jusqu’au dénouement final. Un régal.

Ayant regardé tout récemment l’excellente série Bosch (Titus Welliver inoubliable dans le titre-rôle), quelle n’a été ma surprise en découvrant que Irvin Irving était noir dans cette série. Ils ont rajouté dans le script américain tout un pathos personnel autour du chef de la police qui était à ce moment Irving, un pathos qui rajoute tout un pan d’histoire inédit et inventé. Pourquoi? Pour faire politiquement correct en enlevant le côté racial de l’affaire Verloren et blanchir ce côté délicat de LAPD?

Autres livres commentés : La lune était noire, Le cinquième témoin, Mariachi Plaza, Le dernier coyote, Wonderland Avenue, Les neufs dragons, Jusqu’à l’impensable, Sur un mauvais adieu, En attendant le jour, Nuit sombre et sacrée, À genoux.

DEUIL INTERDIT, Coll Points P1476 (2013), (MC 2005),  ISBN 978-2-7578-3709-2

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