Le silence de la ville blanche (1) d’Eva García Sáenz d’Urturi

Eva Garcia Sáenz de Urturi est une écrivaine espagnole (Vitoria, Pays Basque 1972). Elle a connu un énorme succès avec une trilogie policière (aujourd’hui tétralogie) qui met en vedette l’inspecteur Unai López de Ayala, un bon profileur criminel. Cette tetralogie se déroule dans la propre ville de l’auteure, Vitoria ou Ville Blanche, la capitale de la province d’Álava au Pays Basque.

Les autres tomes de la tetralogie sont Les rites de l’eau (2017) qui paraitra en 2022 en France, Los Señores del tiempo (2018) et El libro Negro de las Horas (2022) non encore traduits.

Un film éponyme a été tourné en 2019 par Daniel Calparsoro (non vu), le film le plus regardé en Netflix en 2021 et parmi les 10 films qui ont fait le plus d’entrées lors de sa sortie.

La lecture de ce livre m’a enchanté : il est bien écrit, il parle du pays basque avec ses coutumes et traditions, il y a une énigme policière prenante et assez originale, les personnages sont bien caractérisés, le rythme est trépidant.

Il y a quelque chose qui m’a interpelé d’emblée : c’est la longueur des noms des gens; l’auteure s’en explique au début du livre: nous avons le nom habituel (2 noms en Espagne, celui du père suivi de celui de la mère) puis on ajoute le nom du lieu de naissance et l’on sait combien les espagnols sont attachés « al pueblo » d’origine. Ainsi, en ce qui concerne notre auteure, Urturi est une commune de Bernedo dans la province d’Alava.

La ville Blanche ou Vitoria-Gasteiz est protégée par la Vierge Blanche, patronne de la ville qui fait l’objet d’une fête importante en août avec l’élaboration d’un fameux gâteau pour cette occasion : la tarte de la Vierge Blanche, une sorte de bavarois de fraises.

Pour revenir au roman, c’est un excellent polar. L’auteure a même suivi des cours au sein de la Police pour mieux comprendre le travail de base : cours d’Expertise en profilage criminel et cours en Inspection Technique oculaire. Elle a ainsi complété sa formation car à la base l’écrivaine est opticienne optométriste.

Des crimes rituels atroces avaient été commis en 2016 et le coupable est depuis en prison mais la date de sa libération approche. Avant même cette libération les crimes reprennent, avec le même rituel et le même décor (des eguzkilores o la flor del sol), toujours par deux victimes du même âge et dont le spectre des âges progresse toujours de 5 ans en 5 ans… Et les premiers crimes auront lieu lors de la fête de la Vierge Blanche à Vitoria au mois d’août.

Le lecteur ne pourra pas lâcher le pavé de 559 pages, tellement tout va s’enchainer et s’imbriquer jusqu’au climax final. En dehors de l’énigme policière, le livre est riche en histoires familiales et s’appuie aussi sur la riche Histoire de la province d’Alava dont ses mythes et mystères (le Sacamantecas, la malédiction d’Ochate, les amis du cimetière de Ste Isabel, etc).

Ce livre me rappelle la trilogie du Baztán de Dolores Redondo qui nous narre les mythes et légendes du Pays Basque en insistant tout particulièrement sur le climat si inhospitalier qu’il créait des ambiances glauques réfrigérantes. Mais ici, l’ambiance est très différente, l’histoire plus détaillée, moins morbide et plus agile.

L’inspecteur López de Ayala va crouler sous les problèmes posés par ce cas et en même temps il sera sollicité par des problèmes personnels importants.

Vivement la lecture du tome 2.

Autres livres commentés : Aquitaine, El libro negro de las horas (4), Les rites de l’eau (2).

LE SILENCE DE LA VILLE, Fleuve Noir 2020 (E.G.S.d’U 2016), ISBN 978-2-265-14431-6

Laisser un commentaire