Le Fusil de chasse de Yasushi Inoué

Yasushi Inoué était un écrivain japonais (Asahikawa 1907, Tokyo 1991), Il a été plusiers fois primé et ses oeuvres adaptées au cinéma ou au théâtre.

Le Fusil de chasse (1949) c’est l’oeuvre la plus connue de l’auteur, elle fût adaptée en 1998 par Michèle Reverdy comme Opéra de chambre et en 2010 pour le théâtre par l’écrivain Serge Lamothe au Québec. Ensuite l’oeuvre fût adaptée à Tokyo en 2011 par François Girard et en France, l’actrice Laure Calamy en a fait une lecture en 2018. Un film a été tourné en 1961 par Heinosuke Gosho (non vu).

Ce roman court de 88 pages, dans cette édition, est une vrai pépite et tellement représentatif de la littérature nippone : tout en retenues, en non dits, mais en même temps avec une violence souterraine, latente, jamais frontale. La qualité de la traduction est remarquable car on a l’impression de lire un texte dans la langue originale, tellement les nuances sont bien rendues; pour cette version les traducteurs sont trois !

C’est un roman épistolaire et polyphonique qui se situe en octobre 1947 et comporte une introduction et 3 lettres. Dans l’introduction le narrateur, auteur d’un poème paru dans une revue de chasse, explique qu’il a reçu une lettre de Josuke Misugi lui expliquant que lui, Misugi, se sent démasqué dans ce poème car le personnage lui colle comme un gant. Josuke Misugi est, de toute évidence, un nom d’emprunt qu’il utilise pour écrire au narrateur. Nous connaitrons ce dernier comme « le chasseur », auteur d’un poème paru dans la revue Compagnon du chasseur, un poème où l’on fait un rapprochement entre un fusil de chasse et l’isolement d’un être humain, en se servant de la signification symbolique du fusil. Effectivement Misugi se sent complètement identifié avec l’ homme décrit dans le poème; après quelque préambule, il écrit au chasseur en lui indiquant qu’il lui enverra trois lettres qu’il devrait lire, puis les brûler.

Ces trois lettres émanent de 3 femmes, 3 femmes avec 3 avis. La première émane de Shoko, la fille de Saïko qui fût la maitresse de Josuke Misugi pendant 13 années. Maintenant elle est morte et Shoko veut faire savoir à Misugi qu’elle était au courant de cette liaison et que sa mère lui a demandé de brûler son journal intime après son décès. Elle sera très choquée par les révélations et ne veut plus jamais croiser Josuke Misugi.

La deuxième lettre est de Midori Misugi, 33 ans, l’épouse de Josuke et cousine de Saïko, elle lui annonce qu’elle était au courant de sa longue liaison avec Saïko depuis 1934, quand sans être vue, elle avait surpris Josuke et Saïko alors qu’elle était une jeune mariée de 20 ans; aussi elle fait état de ses souffrances et elle lui demande le divorce.

La dernière lettre est celle de Saïko, sa maitresse durant 13 ans; elle lui annonce son suicide et lui confie quelques réflexions dans une lettre posthume où, pour la première fois, elle sera elle même. Plusieurs fois elle avait essayé de rompre avec lui, mais elle était apitoyée par l’immense mélancolie et solitude que dégageait Josuke.

Les aspects psychologiques du drame sont différents dans chaque lettre.

Un petit roman qui cache beaucoup de choses et qu’il faudrait relire plusieurs fois. Je pense qu’à chaque nouvelle lecture mon impression sera modifiée. Une pépite, disais-je.

LE FUSIL DE CHASSE, Livre de Poche N°3171 (YI 1949), ISBN 2-253-05901-3

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