Samedi d’Ian McEwan

Ian McEwan est un romancier et scénariste anglais (Aldershot 1948) qui a publié plus de 10 romans et cumulé plusieurs prix. C’est un auteur best seller ayant vendu plus de 15 millions de livres à travers le monde…Celui-ci (Saturday, 2005) a reçu le prix James Tait Black Memorial;  il est amusant de savoir que c’est sa propre maison victorienne dans le quartier de Saint Pancrace Station, qui a servi de décor à ce roman; pour moi, c’est le premier livre que je lis de McEwan et je dois dire que je ne suis pas spécialement conquise, trouvant que nous sommes dans un décor beaucoup trop proche du triste quotidien, que d’un univers  disons, plus littéraire.

Samedi nous narre 24 heures de la vie d’un neurochirurgien connu, le docteur Henry Perowne : le samedi  15 février 2003. Sa journée est programmée dans les moindres détails et chronométrée. Le hasard fera que rien ne fonctionnera comme prévu parce que un simple détail (un accrochage en voiture) le fera basculer dans l’horreur et la violence gratuites. Le récit met en valeur la fragilité de notre civilisation high-tech, la violence urbaine patente . Le médecin se rend en voiture à son match de squash avec un collègue anesthésiste alors que ce même jour à Londres il y a a une manifestation contre la guerre en Irak;  du fait de rues barrées, notre chirurgien emprunte un itinéraire interdit et il se produit un accrochage avec une voiture conduite par une bande de trois mauvais garçons, dont l’un est atteint d’une maladie neurologique, dite chorée de Huntington, ce qui nous vaudra une belle description  sémiologique de cette maladie dégénérative. A partir de ce moment, la vie du chirurgien va basculer dans l’horreur et la violence, et le livre deviendra pendant un moment, un thriller.

La partie « actualité » du roman m’a quelque peu agacée, la guerre en Irak et les problèmes (déjà !) avec le djihad; en revanche, j’ai trouvé que la vie de famille était très bien approfondie: d’abord la vie du couple parfait constitué par le neurochirurgien et sa femme juriste; leurs rapports avec leurs deux enfants si dissemblables et pourtant si bien intégrés par la famille: la fille poétesse prometteuse, cultivée, et leur fils, musicien de blues. Sans oublier le terrible grand père maternel alcoolique et tyrannique, lui aussi poète, mais sur le déclin; et la grand mère paternelle qui sombre peu à peu dans l’Alzheimer et à qui son fils médecin rend régulièrement visite, mais avec de plus en plus de mal…Toute cette ambiance familiale est très bien rendue, assez pertinente avec leurs conflits patents ou larvés, leurs non dits, leurs souffrances et leurs joies. Nous apprenons par le menu, la vie professionnelle d’un neurochirurgien et son emploi du temps; curieusement, il adore écouter les Variations Goldberg en opérant, alors que cette musique a été créée pour faciliter le sommeil chez les insomniaques ! Comment une telle musique endormante peut elle s’accorder avec la précision diabolique requise par la neurochirurgie?

Autres livres commentés : Une machine comme moi, Sur la plage de Chesil, Un bonheur de rencontre, Amsterdam, Solaire. L’intérêt de l’enfant .

SAMEDI, Folio N° 4661,  ISBN 978-2-07-035024-7

Laisser un commentaire