L’intérêt de l’enfant d’Ian McEwan

Ian McEwan est un romancier et scénariste Anglais (Aldershot 1948) avec une bibliographie importante, plusieurs prix et des adaptations de ses livres pour le cinéma. C’est un auteur best seller ayant vendu plus de 15 millions de livres à travers le monde.

Cet auteur marque une certaine préférence pour la déviance, un monde sordide où règne un malaise certain que l’on peut rapprocher du thriller. Son oeuvre est variée, insolite, très maitrisée et riche en traits d’humour. On le cite comme « le boss » des écrivains britanniques actuels, défini par les critiques pour sa justesse, précision et élégance.

L’intérêt de l’enfant (The Children Act 2014) est encore un très bon livre de cet auteur tellement versatile, toujours bien documenté. En VO le titre du livre fait allusion à la Loi de 1989 en Angleterre qui définit les modalités de protection des enfants, une loi d’application complexe. Et c’est en discutant avec un ami juge que l’idée de ce livre lui est venue.

Un film a été adapté du livre et tourné en 2017, The Children Act, dirigé par Richard Eyre et avec I. McEwan parmi les scénaristes. Le rôle de la juge est tenu par une actrice que j’adore : Emma Thompson. Le film est excellent avec une adaptation qui colle bien au livre et une performance de l’actrice exceptionnelle.

C’est un roman bien écrit et bien traduit par France Camus-Pichon. Un roman intelligent qui aborde plusieurs sujets parfaitement entrelacés.

Fiona Maye, 59 ans, est juge aux affaires familiales, au Royaume Uni; son titre professionnel est de My Lady. Elle est marié avec un professeur universitaire et a fait une carrière brillante. Le couple n’a pas d’enfants, mais mène une vie intéressante. Le seul hic est l’énorme implication de Fiona dans une vie professionnelle exigeante, harassante, difficile par les choix cornéliens et les cas compliqués qui nécessitent des dossiers en béton, où la juge n’a pas droit à l’erreur ou presque…Dans ce contexte, Fiona Maye a négligé son mariage et se rend peu disponible pour son mari qui se morfond.

En pleine crise conjugale, elle doit statuer sur un cas difficile où un jeune homme de presque 18 ans, Adam Henry, va mourir de leucémie s’il n’est pas transfusé. Or c’est une famille de Témoins de Jéhova qui refuse la transfusion. L’équipe médicale, dans l’intérêt de l’enfant , a recours à la justice.

La juge essaie de se positionner dans l’intérêt de l’enfant, mais n’arrive à rien, alors elle fait suspendre la session et se rend au chevet du mourant pour essayer de comprendre jusqu’où va le consentement et la compréhension du jeune homme.

Cette rencontre sera cruciale pour la survie du jeune Adam qui se sent bouleversé par la visite de la juge. Il survivra, mais ce sera au détriment d’un fort transfert affectif envers cette juge qui se défile froidement, mais qui, dans une certaine détresse, aura un geste déplacé.

Comment une juge aussi accomplie que celle-ci a pu commettre un petit dérapage ? Ceci donne la mesure du désarroi dans lequel elle se trouve, même si rien ne transparait, même si elle veut rester maitresse de la situation.

Tout l’intérêt du livre reside pour moi dans cette malheureuse sortie de sa bulle de My Lady, la juge parfaite dans son humaine imperfection.

Autres livres commentés : Une machine comme moiSur la plage de Chesil, Un bonheur de rencontreSamedi, Amsterdam. Solaire .

L’INTÉRÊT DE L’ENFANT, Gallimard 2015 (IM 2014), ISBN 978-2-07-014768-7

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