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Nos voisins du dessous de Bill Bryson

Bill Bryson

 William (Bill) MacGuire Bryson est né en 1951 dans l’Iowa, États-Unis;  c’est un auteur  de récits de voyages humoristiques, mais aussi de livres traitant de la langue anglaise et de sujets scientifiques. Il a vécu presque toute sa vie d’adulte dans le Royaume-Uni, travaillant dans le journalisme entre 1977 et 1987 ,  puis retournant aux États- Unis pour terminer son diplôme. Il s’est installé définitivement dans le Norfolk (UK ) avec son épouse anglaise Cynthia et ses enfants. Vous verrez toujours Bill Bryson souriant sur les photos, je pense qu’il doit son caractère joyeux à son ascendance nord-américaine : l’optimisme avant tout.

Nos voisins du dessous- chroniques australiennes date de 2000 (Down Under); c’est encore un livre très drôle surtout dans l’auto-dérision mais aussi terriblement intéressant sur ce continent si mal connu et ce pays si récent qui est l’Australie. Ce livre m’a rappelé le très drôle La vengeance du Wombat de Kenneth Cook (billet en février 2016), mais le livre de Cook est un recueil d’anecdotes désopilantes alors que le livre de Bryson est fortement charpenté avec un itinéraire infernal qui traverse tout le continent et donne des tonnes d’informations.

Le pays est si vaste que le désert de Simpson est grand comme neuf fois la Belgique, c’est le outback australien : c’est si grand que cette terre farouche est encore inconnue. Le fabuleux site d’Ayers Rock aujourd’hui rendu aux aborigènes a été rebaptisé Uluru; il y a un siècle, il n’était connu que de ses gardiens aborigènes. Il correspond à une formation géologique appelée inselberg : un gros morceau de roche, plus résistant que les autres, épargné par l’érosion, d’une taille et d’une symétrie parfaites. Pour les australiens tout ce qui est rural est classé comme bush et au-delà d’un seuil indéterminé, le bush devient l’outback; parcourez encore 3 000 Km et le outback redevient bush, puis vous tombez sur une ville, et puis c’est l’océan. Et voilà, on a traversé l’Australie.

Bill Bryson adore l’Australie parce que les gens sont incroyablement sympathiques, ils sont joyeux, extravertis, vifs et serviables au possible; les villes sont propres et presque toujours bâties au bord de l’eau; la société y est prospère, bien ordonnée et d’inspiration égalitaire; on y mange bien; on vous sert la bière glacée; le soleil brille presque en permanence; on trouve du café à tous les coins de rue. C’est sans doute le vide impressionnant de leur patrie qui rend les Australiens aussi sociables.

L’Australie est un pays de clubs – clubs de sport, club d’associations ouvrières, clubs d’anciens militaires, clubs affiliés à différents partis politiques – tous voués très activement au bien-être d’une couche particulière de la société. Leur véritable mission, cependant, est de dégager de gros bénéfices à partir de deux ressources principales : la boisson et les jeux de hasard. Les Australiens seraient les plus gros joueurs de la planète. Mais il n’en a pas été toujours ainsi : au début l’Australie était un bagne et les premiers habitants sont arrivés couverts de chaînes mais ce passé de colonie pénitentiaire n’aime pas être évoqué par les australiens.

La ruée vers l’or vers 1846 allait transformer complètement l’Australie. Il y avait de l’or partout. En moins de 10 ans le pays s’enrichit de 600 000 têtes, ce qui fit doubler sa population avec la croissance la plus forte dans l’État de Victoria qui recelait les gisements les plus riches. La principale conséquence de cette ruée fut qu’on mis fin à la déportation des forçats. Lorsque les autorités de Londres comprirent que l’exil vers l’Australie était devenu une récompense plus qu’une punition, que les condamnés brûlaient d’envie d’y être déportés, tout ce concept de colonie pénitentiaire s’est effondré.

Pendant 60 millions d’années, depuis la formation de la cordillère Australienne, l’Australie s’est tenue coite sur le plan géologique, ce que lui a permis de conserver certains des plus anciens vestiges terrestres : les terrains et fossiles les plus vieux, les premières traces d’animaux ou de rivières. De tous les continents habités l’Australie est le plus aride, le plus plat, le plus chaud, le plus déshydraté, le plus infertile et le plus agressif du point de vue climatique. C’est un lieu si inerte que le sol peut être considéré comme un fossile et pourtant il regorge d’une vie incroyable : les scientifiques n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le nombre d’espèces : 100 000 ou 200 000 dont le tiers demeure un mystère pour la science encore. Rien que l’histoire de la fourmi Nothomyrmecia est incroyable : en 1931 en Australie, des naturalistes amateurs tombèrent sur cet insecte que personne n’avait encore jamais vu : elle ressemblait à une fourmi mais était jaune pâle et avait des yeux étranges. Ils expédièrent quelques insectes sur le bureau d’un expert à Melbourne qui l’identifia sur le champ : personne n’avait vu cet insecte depuis 100 millions d’années. C’était une protofourmi survivante d’une époque où les fourmis commençaient à se différencier des guêpes (c’était comme de découvrir un troupeau de tricératops en train de brouter sur de lointains pâturages !)

La Grande Barrière de corail couvre entre 280 000 et 350 000 Km carrés. Elle s’étend sur 1900 Km du nord au sud. Elle est plus grande que le Kansas, que l’Italie, que le Royaume Uni. C’est l’équivalent marin de la forêt amazonienne; elle abrite au moins 1500 espèces de poissons, 400 types de coraux et 4000 variétés de mollusques. Ce sont des estimations car personne ne les a comptées.

Il y a environ 45 à 60 000 ans le continent a été envahi par un peuple mystérieux, les Aborigènes sans aucune similitude raciale ni linguistique avec les peuplades voisines. Leur présence ne peut s’expliquer que s’ils ont inventé la navigation transocéanique bien avant le reste de l’humanité pour se livrer à une sorte d’exode de masse, mais ces mêmes gens auraient oublié ensuite toutes ces techniques de navigation… La seconde invasion a commencé avec l’arrivée du capitaine Cook sur le navire HMS Endeavour en 1770 dans la rade de Botany Bay. Il s’en est fallu d’un cheveu que ce soit le comte La Pérouse qui découvre l’Australie car il est arrivé à Botany Bay par l’est avec deux bateaux sous ses ordres en accomplissant un voyage d’exploration de deux ans dans le Pacifique. Si La Pérouse avait été plus rapide, il aurait pu proclamer l’Australie terre française et épargner ainsi à ce pays deux cents ans de cuisine britannique !

On ignore combien l’Australie comptait d’Aborigènes à l’arrivée des premiers Britanniques. Entre 300 000 et un million selon les sources. Mais durant le premier siècle de la colonisation leur nombre décrut de façon catastrophique car ils n’offraient aucune résistance aux maladies européennes – variole, pleurésie, syphilis, varicelle, grippe.

La faune australienne est surprenante. Il y a même des vestiges des premières structures organiques apparues sur terre, encore vivantes aujourd’hui après trois milliards d’années (soit les 3/4 de l’existence de la planète Terre). Ce sont les stromatolites dont toute la vie se déroule en surface (comme pour le corail) ; ce que l’on voit est la masse morte des générations précédentes; ils sont difficiles à décrire car ils sont d’une nature si primitive qu’ils n’adoptent pas une forme régulière et ils se développent sans plan précis, en grosses masses irrégulières. En regardant bien l’on aperçoit quelques bulles d’oxygène qui s’échappent en chapelet de la formation solide. Cette émission d’oxygène est la seule chose que savent faire les stromatolites, mais c’est la chose qui a permis la vie sur terre. Les bulles sont produites par des cyanobactéries en forme d’algues, des micro-organismes vivant à la surface de la masse rocheuse- plus de trois milliards par mètre carré- qui captent les molécules de dioxyde de carbone et une fraction d’énergie solaire. Le sous- produit de ce simple processus est la production infinitésimale  d’oxygène qui s’est répétée pendant des milliards d’années, ce qui a permis l’éclosion de la vie. Cette forme de vie a fait augmenter de 20% le niveau d’oxygène terrestre assez pour permettre le développement d’organismes plus complexes.

Parmi les formes évoluées du règne animal, l’Australie possède plus de bestioles tueuses que le reste du monde : les dix serpents les plus venimeux sont tous australiens; cinq autres créatures qui y vivent sont les plus mortelles de leur catégorie : l’araignée, la méduse, le poulpe, la tique et le poisson-pierre. Il possède aussi les vers géants du Gippsland : Megascolides australis, les plus grands vers du monde : ils atteignent 4 mètres de long et 15 cm de diamètre, on les entend se déplacer sous terre avec des borborygmes sourds.

On dénombre en Australie quelque 700 variétés d’eucalyptus : eucalyptus blanc, fantôme, rouge, faiseur de veuve, eucalyptus gribouillé, gommier bâtard, etc sans oublier le fameux stringybark dont l’écorce se détache en longs lambeaux avec ses branches qui pendent en grappes fibreuses. Comment expliquer qu’un pays qui semble si hostile à toute forme de vie ait pu produire une telle diversité botanique? Ce paradoxe s’explique en partie par la pauvreté du sol. Les plantes ont tendance à se spécialiser.  Telle plante tolérera de fortes concentrations de nickel, telle autre deviendra résistante au cuivre, une autre s’habituera au nickel et au cuivre. A plantes spécialisées, insectes spécialisés. L’autre explication tient à l’isolement de l’Australie. Avec 50 millions d’années d’insularité la vie indigène a été protégée de toute compétition et certaines espèces ont pu développer une sorte de monopole (eucalyptus, marsupiaux). Globalement, on peut décrire le pays comme un ensemble de petites poches de vie séparées par d’immenses étendues d’aridité.

Un livre qui se dévore, tant il fourmille d’anecdotes et de données intéressantes. Mais je dois vous avouer quelque chose : cela ne me donne pas envie de le visiter : trop loin, trop de déplacements et…ces bestioles.

Autre livre commenté : Ma fabuleuse enfance dans l’Amérique des années 50.

NOS VOISINS DU DESSOUS, Petite Bibliothèque Payot 554 (2005)  ISBN 978-2-228-89991-8

L’homme chauve-souris (1) de Jo Nesbø

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  Jo Nesbø est un écrivain et scénariste norvégien (Oslo 1960), auteur de polars et de livres pour la jeunesse. Son héros récurrent est l’inspecteur Harry Hole, un stéréotype d’inspecteur entre ours-alcoolo-tabagique et loup solitaire qui utilise des méthodes peu orthodoxes pour résoudre les cas, mais qui néanmoins est le meilleur dans sa branche. Les épisodes peuvent se dérouler en Norvège ou à l’étranger.

L’auteur Jo Nesbø a vendu plus de 34 millions d’exemplaires de par le monde et il a été traduit dans plus de 50 langues. C’est tout à fait impressionnant.

Un film est sorti en novembre 2017 sur son livre Le Bonhomme de neige (2007) avec Michael Fassbinder dans le rôle d’Harry Hole; c’est le septième opus avec ce détective.

L’homme chauve-souris m’a surpris par le changement de style, ce n’est pas du tout le même style que dans La soif, mais 20 années sont passées par là et Nesbø, naturellement, a dû affiner un style que j’ai trouvé affuté au scalpel dans le 11ème de la série.

Dans L’homme chauve-souris l’inspecteur Harry Hole doit partir en Australie aider des collègues australiens afin de résoudre le meurtre d’une jeune norvégienne sauvagement assassinée.

Nous saurons que Hole sort d’un sérieux problème d’alcoolisme:  sa hiérarchie ne peut l’ignorer car Hole, ayant été passablement imbibé le jour d’une poursuite en voiture, fût à l’origine d’un accident ayant occasionné plusieurs morts dont un collègue et ami…Voilà une casserole plus que lourde à porter…De plus ce cher inspecteur sort meurtri d’une histoire d’amour avec celle qui fut la compagne de son meilleur ami…Oh la la la, too much pour un même mec.

D’où l’empressement de la hiérarchie à l’envoyer aux antipodes résoudre un cas qui implique une jolie compatriote. Imaginez du peu, envoyer un homme du grand froid dans une contrée très chaude, cela ne manque pas de conséquences…

A partir du moment où Harry Hole débarque en Australie, le livre se transforme plus ou moins en guide touristique avec force descriptions de lieux, des us et des coutumes locaux, des comparaisons en tout genre. Ce n’est pas du tout inintéressant, mais le polar est oublié au profit des informations en tout genre, et l’enquête devient quelque peu mollassonne.

Pour ceux qui seraient intéressés par l’Australie, je conseille vivement l’ouvrage de l’américain Bill Bryson Nos voisins du dessous qui charrie des tonnes d’informations sur l’Australie dans un ton par moments désopilant !

On va apprendre plus sur la vie et les états d’âme de ce pauvre Harry Hole que sur cette affaire de meurtre qui est en fait bien plus compliquée qu’elle ne semblait au début. Déjà on perçoit le talent de Nesbø pour brouiller les pistes au lecteur…

Il y a aussi par moments pas mal d’humour ce qui m’a paru délectable. Par exemple, la scène avec le marsupial appelé diable de Tasmanie, une race assez coriace, l’équivalent chez nous du rottweiler ou quelque chose comme ça et dont le propriétaire l’avait transformé en végétarien quoique gardant son naturel agressif. Ou quand Harry Hole se fait inviter dans un bon restaurant par un collègue australien qui lui explique que « les serveurs, ici, sont à l’instar de Pluton. Ils gravitent aux confins de l’espace, n’apparaissent que tous les vingt ans et, même à ce moment là, ils sont invisibles à l’oeil nu« . Il y a comme cela plusieurs situations ou des commentaires pleins de drôlerie.

Quand Nesbø écrit sur la Norvège il fait parler Hole et il règle ses comptes…Harry parla des fjords, des montagnes et des gens qui s’étaient installés quelque part entre les deux. D’unions, d’oppressions, d’Ibsen, de Nansen et de Grieg. De ce pays si septentrional qui se considérait comme un peuple industrieux et visionnaire mais qui faisait davantage penser à une république bananière. Ce pays qui possédait des forêts et des ports quand les Hollandais et les Anglais avaient besoin de bois, qui avait des chutes d’eau quand on avait découvert l’électricité, et où, pour couronner le tout, on trouvait du pétrole en creusant au petit bonheur (page 212).

Autres titres de l’auteur : La soif, Les cafards, Rouge-gorge, Rue Sans-Souci, Du sang sur la glace, L’étoile du diable, Le sauveur, Le bonhomme de neige, Le léopard, Fantôme, Police, Le couteau.

L’HOMME CHAUVE-SOURIS, Folio Policier 366 (2017)(JN 1997),  ISBN 978-2-07-270807-7

Ma fabuleuse enfance dans l’Amérique des années 1950 de Bill Bryson

Bill Bryson: By the Book - The New York Times

William (Bill) MacGuire Bryson est né en 1951 dans l’Iowa, États-Unis; il a grandi dans la ville de « Des Moines »,qui est le lieu où se déroule ce roman de son enfance dans une  Amérique de 1950-60, confite dans sa béatitude. C’est un auteur  de récits de voyages humoristiques, mais aussi de livres traitant de la langue anglaise et de sujets scientifiques. Il a vécu presque toute sa vie d’adulte dans le Royaume-Uni, travaillant dans le journalisme entre 1977 et 1987 ,  puis retournant aux États- Unis pour terminer son diplôme. Il s’est installé définitivement   dans le Norfolk (UK ) avec son épouse anglaise Cynthia et ses enfants. Ce livre est son dernier ouvrage.

Le titre de ce roman en anglais est The life and times of the Thunderbold Kid, publié à Londres en 2006. Le Thunderbold Kid était un surnom que lui avait donné son père par admiration moqueuse devant le personnage kitsch qu’il s’était inventé tout seul, mélange de Davy Crockett, Roy Rogers, Zorro, Robin des Bois, et d’autres.

Le livre est très, très drôle, ainsi que tous les ouvrages de Bryson, paraît-il.  Il narre l’Amérique profonde, blanche et bien pensante dans la ville de Des Moines entre 1950 et peu avant 1960, lorsque le pays connut un essor économique sans précédent, avec le démarrage en trombe d’un consumérisme effréné, lorsque après la Deuxième Guerre Mondiale, toutes les industries du pays se convertirent dans l’industrie manufacturière pour les ménages américains. Au sortir de la guerre, les États-Unis possédaient 26 milliards de dollars sous la forme d’usines qui n’existaient pas avant le conflit, 140 milliards sous la forme d’épargne et de titres d’emprunt de guerre qui n’attendaient qu’à être dépensés sans dégât sur leur territoire, ni de pratiquement aucune concurrence à l’échelle mondiale…

Dès 1951 près de 90%  des familles américaines possédaient un réfrigérateur, près des trois quarts un lave-linge, un téléphone, un aspirateur et une cuisinière à gaz ou électrique...Les américains contrôlaient les deux tiers de la capacité de production de la planète, produisaient plus de 40% de son électricité, 60%  de son pétrole et 66% de son acier. Les 5%  de la population mondiale qui étaient américains possédaient plus de richesses que tous les autres 95% réunis. A la fin des années 1950, il y avait aux États-Unis près de soixante-quatorze millions de voitures en circulation, presque deux fois plus que dix ans auparavant. Los Angeles à elle seule possédait plus de voitures que toute l’Asie, et General Motors était une entité économique plus importante que la Belgique.

En 1951, l’Américain moyen mangeait 50% de plus que l’Européen moyen. Pas étonnant que les gens aient été aussi heureux. Ils avaient soudain les moyens de s’offrir des choses dont ils n’avaient même pas rêvé, et ils n’en revenaient pas de leur chance. Il y avait aussi une merveilleuse simplicité du désir. Les États-Unis comptaient en 1951 une population de 150 millions d’habitants, soit un peu moins de la moitié du chiffre actuel, et seulement quatre fois moins de voitures qu’aujourd’hui.  Le total des dépenses publiques s’élevait à 50 milliards par an contre 2500 milliards de nos jours.

En 1950 les Américains n’étaient pas du tout téméraires en matière culinaire ( euphémisme élégant pour ne pas dire qu’ils étaient ignorants, Ndlr) et le plus grand critique gastronomique de l’époque, Duncan Hines, auteur d’un immense best-seller  Adventures in Eating,  déclara avec fierté qu’il ne mangeait jamais de plat dont le nom avait une consonance française, sauf s’il pouvait l’éviter. En revanche, les habitants de l’Iowa avaient les plus savoureuses pâtisseries, le poulet frit le plus croustillant,  les travers de porc les plus charnus et délicieusement salissants, la meilleure junk food et les meilleurs pets après coup de burger au chili con carne de chez George, car le burger ne durait que quelques minutes, mais les pets, eux, ne s’arrêtaient jamais…

Le supermarché du coin, le Dahl’s, possédait une invention de génie appelée le Kiddie Corral, un enclos douillet construit dans le style d’un corral de western et rempli de bandes dessinées: les mamans laissaient leurs enfants pendant qu’elles faisaient leurs courses. Les BD dans les années 50 étaient produites en grand nombre: un milliard d’exemplaires en 1953 !

Dans la myriade de souvenirs rigolos de Bryson sur son enfance bénie des années 50, deux sont désopilants. Le premier concerne ce qu’il appelle les toilettes atomiques de la cafétéria du centre ville, le Bishop’s : quand vous tiriez la chasse, la lunette se relevait automatiquement et allait s’encastrer dans une cavité murale où elle était baignée d’une lumière violette qui vibrait d’une façon tiède, hygiénique, sophistiquée, avant de redescendre, impeccablement désinfectée, agréablement chauffée et quasiment palpitante de thermoluminescence nucléaire. Dieu seul sait combien d’habitants de l’Iowa moururent de cas inexpliqués  de cancer des fesses dans les années 50-60, mais ça valait le coup. La tradition voulait que lorsqu’on recevait des visiteurs d’une autre ville, on les emmenait chez Bishop’s pour leur montrer les toilettes atomiques…L’autre souvenir désopilant concerne l’oncle Dee, qui en fait n’était pas un oncle, mais s’incrustait à toutes les réunions de famille, il n’avait plus de larynx, mais un trou dans la gorge qu’il recouvrait d’un voile de gaze qui se détachait lorsque l’oncle Dee était d’humeur exaltée, c’est à dire presque tout le temps. Les choses se passaient assez bien, sauf quand l’oncle Dee était  en train de manger. Quand il mangeait vous n’aviez pas intérêt  à vous trouver près de lui car il parlait la gorge pleine. Tout ce qu’il ingurgitait ressortait par le trou sous forme d’un léger spray. Le petit Bryson était surtout frappé par le fait que absolument tout ce qu’il mettait dans sa bouche ( gâteau au chocolat, steak de poulet pané, haricots, épinards, rutabagas, confiture) se transformait, le temps d’atteindre le trou dans sa gorge, en cottage cheese. Telle était, bien entendu, la raison précise de l’ aversion pour le cottage cheese du jeune Bryson…

Selon un sondage Gallup, 1957 fut l’année la plus heureuse jamais enregistrée aux États-Unis. Bill Bryson ne peut pas  expliquer ce qui s’est passé car de nos jours il n’y a plus de gens dehors, plus d’enfants à vélo, plus de voisins en train de papoter d’un jardin à l’autre, plus de vieillards sur le perron de leur maison. Tout le monde reste chez soi.

Livre très, très drôle avec la juste nostalgie d’un passé heureux dont on espère qu’il ne sera pas à tout jamais envolé, car cela fait de la peine de voir tomber un géant pareil, un géant que nous avons tous idéalisé à un moment de notre vie. Quant à moi , je souhaite de tout coeur que ce géant se relève. God Bless America. Et merci  Fanfan P. pour ce cadeau jouissif.

Autre livre commenté : Nos voisins du dessous.

MA FABULEUSE…,Petite Bibliothèque Payot N° 775,  2010,  ISBN 978-2-228-90561-9