Le bonhomme de neige (7) de Jo Nesbø

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Jo Nesbø est un écrivain et scénariste norvégien (Oslo 1960), auteur de polars et de livres pour la jeunesse. Son héros récurrent est l’inspecteur Harry Hole un stéréotype d’inspecteur de Police entre ours-alcoolo-tabagique et électron libre qui utilise des méthodes peu orthodoxes pour résoudre les cas, mais qui néanmoins est le meilleur dans sa branche. (Je trouve qu’il a quelques points communs avec un autre Harry, le Harry Bosch de Michael Connelly dont je raffole).  Les épisodes peuvent se dérouler en Norvège ou à l’étranger.

L’auteur Jo Nesbø a vendu plus de 34 millions d’exemplaires de par le monde et il a été traduit dans plus de 50 langues. C’est tout à fait impressionnant.

Le bonhomme de neige (2007) m’a comblé; je crois que pour moi c’est le meilleur opus lu depuis la découverte de Nesbø avec La soif (2017). C’est un polar qui maintient la tension de façon efficace du début jusqu’à la fin même si par moments Nesbø est obligé de brouiller les pistes pour faire durer le suspense. Mais quel suspense ! Le bonhomme de neige est la marque que laissera le tueur après chaque meurtre, c’est un détail important dans l’histoire avec un meurtrier qui s’attaque généralement à des jeunes mères de famille et au moment des premières neiges en Norvège.

Un film norvégien est sorti en 2017 sous le titre éponyme et dirigé par Tomas Alfredson avec Michael Fassbinder dans le rôle de Harry Hole et Charlotte Gainsbourg dans le rôle de Rakel, entre autres. Le film n’aurait pas eu le succès escompté et j’ai lu quelque part qu’ils avaient commencé le tournage alors que le script n’était pas tout à fait prêt. J’ai eu l’occasion de le voir en décembre 2020, et effectivement les choses ne sont pas aussi claires que dans le livre, on veut aller trop vite et cela manque de compréhension. Néanmoins le film reste un thriller efficace.

C’est un premier cas de serial killer pour la Norvège;  ce cher Harry Hole met tout son savoir faire pour attraper le tueur en série en appliquant les quelques règles qu’il aurait appris sur les serials killers dans des cours du FBI aux USA. Au moment de l’intrigue, il a arrêté de boire mais il garde une bouteille de whisky Jim Beam sous l’évier pour le jour où il va flancher (il est humain quoi !) et bien sûr, ce jour va arriver. Il faut imaginer à quel degré de stress il sera soumis et d’ailleurs dans ce 7ème opus on nous le dépeint comme amaigri et sec au sens littéral, presque maladif. Il n’aura pas le temps de se retaper. Voici page 89 comme Rakel, son ancienne compagne, le voit…elle pensa que Harry avait terriblement maigri, qu’il était rentré en lui même. Tout comme le souvenir qu’elle avait de lui. C’était presque effrayant de voir la vitesse à laquelle une personne avec qui on avait été particulièrement intime pouvait pâlir et disparaitre. Ou c’était peut-être justement pour ça : on avait été si proches que par la suite, quand cela n’était plus, les choses semblaient irréelles, comme un rêve rapidement oublié parce que de toute façon, il n’a eu lieu que dans le crâne d’une personne.

Dans ce tome il va hériter d’une nouvelle adjointe, Katrine Bratt, belle et sécrète ce qui l’intrigue beaucoup. Cette femme policière a demandé expressément sa mutation de Bergen à Oslo pour travailler auprès de l’inspecteur principal Harry Hole, telle est sa réputation. Pour le lecteur, il faudra attendre l’avancement de l’enquête pour en savoir plus. Encore une fois la hiérarchie de la Police voudrait la mise à pied de Hole, mais les affaires criminelles sont tellement pressantes que la police ne peut pas se passer de ses services, même s’ils le voient comme une personne entêtée, arrogante, querelleuse, instable et alcoolique. Dans l’équipe de Hole tous les collègues sont un peu « toqués », tellement spéciaux, mais ils fonctionnent bien ensemble (Bjørn Holm, Magnus Skarre, Gunnar Hagen, Espen Lepsvik).

Sur le plan strictement personnel j’ai trouvé très bizarre cette histoire de moisissures dans l’appartement de Harry Hole. Je me suis demandée à un moment si cela avait à voir avec l’intrigue policière, si Harry n’était pas en train de se faire ‘intoxiquer » par quelqu’un…il ne demande jamais des explications et se laisse envahir dans son intimité trop facilement. Il aurait du déménager, d’autant plus qu’il ne possède pas grand chose et que cela aurait pu rentrer dans une petite camionnette!

Il y a dans ce tome deux notions intéressantes : celle du syndrome de Fahr (maladie orpheline avec des dépôts calcaires dans le cerveau qui aboutit à une neuro-dégénérescence), cette maladie va jouer un rôle important dans l’enquête. L’autre notion  est celle du phoque de Berhaus dont le mâle tue la femelle après qu’elle ait mis le petit au monde car il sait qu’elle ne voudra pas s’accoupler une deuxième fois avec lui, mais avec d’autres mâles et il veut l’empêcher d’avoir d’autres petits qui concurrenceraient sa propre progéniture. Cette théorie joue un rôle dans le Bonhomme de neige et s’appuie sur le fait que entre 15 et 20% des enfant suédois auraient un père biologique autre que le légal

Cet opus va mêler crime et vie privée pour Harry Hole et la chose va aller très loin. A la fin de l’épisode Harry Hole est si vidé de sa substance qu’il souhaite partir loin , loin de tout même de ses amours retrouvées.

L’affiche du film de Tomas Alfredson (2017)

Autres titres de l’auteur : La soif, Les cafards, Rouge-gorge, Rue Sans-Souci, Du sang sur la glace, L’étoile du diable, Le sauveur, L’Homme chauve-souris, Le léopard, Fantôme, Police, Le couteau.

LE BONHOMME DE NEIGE, Folio Policier N° 575 (JN 2007),  ISBN 978-2-07-042798-7

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