Surtensions d’Olivier Norek

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Olivier Norek est un écrivain et scénariste français (Toulouse 1975). Il est officier de Police de métier, actuellement en disponibilité.

Je l’ai découvert avec le polar Entre deux Mondes (2017), plusieurs fois couronné par des prix et que j’ai beaucoup aimé, je l’ai commenté ici en octobre 2020; Code 93 (2013) est le premier d’une série de 3 polars avec le capitaine Victor Coste à la SDPJ-93; deux autres se suivent :Territoires (2014) et Surtensions (2016).

Surtensions (2016) est le dernier volet avec l’inspecteur Victor Coste et j’ai adoré cette lecture addictive, prenante avec des dialogues faisant mouche, un régal d’humour. Ce polar a été deux fois primé avec le prix Lectrices d’Elle 2017 et le Point du Polar Européen 2016. L’histoire démarre avec un rapt dans le 93 qui aura des conséquences incroyables, des ramifications sans fin et le descriptif du milieu carcéral, la prison de Marveil (à ne pas confondre avec merveille), un endroit purement fictif qui pourrait s’approcher de Fleury Merogis, une vraie école du crime et d’amoralité, récit à vous glacer le sang.

Comme à son habitude, Olivier Norek démarre sur les chapeaux de roues et le lecteur est attrapé dans une toile d’araignée jusqu’au dénouement final qui va, en plus, nous laisser complètement KO. Je pense que l’action phare de ce livre est le braquage du Tribunal à Bobigny ! Une perle.

Il y a quelques clichés mais à peine et la traque des bandits est décortiquée pas à pas avec un lecteur qui suit l’équipe de Coste, presque « de visu », par le détail de la vie d’un flic du SDPJ 93 ! Franchement, il faut de la vocation téméraire, de l’apostolat, pour exercer dans cette espèce de no man’s land qui est devenu le 93. De plus, la police n’est pas vraiment soutenue par le pouvoir politique, plus concentré sur les votes et les « arrangements locaux » que par la sécurité de ses habitants; les gradés font plutôt attention à leurs promotions et à la hiérarchie qu’au travail de la base. Je pense que l’on devrait TRIPLER le salaire des policiers opérant dans ces zones « sensibles » afin de, au moins les motiver par un salaire adéquat ou un avancement…

Cette histoire met en scène une famille corse de grands bandits, gérée par un patriarche a qui tous obéissent aveuglement. Mais cet attachement à la famille ne les empêche pas de devenir assassins de sang froid, éventuellement pour des vétilles. Un autre no man’s land comme le 93, sauf qu’ici, ce sont des français. Tiens, il me vient une idée : faire venir les corses dans le 93 pour assainir un peu les choses en espérant que le sentiment de famille prévaudra et serait élargi au niveau national !

Beaucoup d’action, beaucoup de violence, des litres d’adrénaline dans cet excellent polar. Un thriller vraiment ancré dans notre réalité sociale, las !

L’inspecteur Coste en a un peu sa claque. Avec la vie que lui et son équipe mènent, c’est difficile de réussir une vie privée. On le comprend, on empathise. Parce qu’avec les bennes d’ordures en tout genre qu’ils doivent remuer, les surtensions accumulées, il se transpire encore un fond d’humanité, un espoir de pouvoir aider les souffrants, et encore, un code d’honneur.

Dans ce polar les vedettes son les quatre personnes de l’équipe Crime 1 de Coste : Sam, Ronan, Lea et Johanna (équipe contrebalancée avec celle de Crime 2 menée par la vociférante et lèche-bottes Lara Jevric. Très drôle cette confrontation).

Intéressante cette étude citée de l’Université de Stanford en 1971 où des étudiants volontaires avaient l’autorisation de cogner sans représailles. Et le résultat est que quand on peut cogner, on cogne à volonté. Un autre point intéressant soulevé est celui de l’échec programmé ou « effet Pygmalion » ; à découvrir.

Autres livres commentés : Entre deux mondes, Code 93, Impact, Surface. Dans les brumes de Capelans

SURTENSIONS, Michel Lafon 2016, ISBN 978-2-7499-2816-6

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