La succession de Jean-Paul Dubois

Résultat de recherche d'images pour "jean paul dubois la succession"Jean-Paul Dubois est un écrivain français (Toulouse 1950) avec des études de Sociologie, ayant travaillé comme journaliste et grand reporter. Sa bibliographie est assez vaste: 15 romans. Son oeuvre pose un regard désabusé et distancé sur le monde et les rapports humains; ses héros ont souvent une vie névrosée. Souvent ses personnages sont originaires de Toulouse comme lui même, mais il est aussi attiré par l’Amérique.

Il y a des choses récurrentes dans les romans de Dubois : le prénom Paul pour le héros,  ou d’Anna pour l’épouse; le rugby apparaît souvent, mais aussi  des accidents et des morts brutales. La voiture est aussi un sujet important dans ses livres.

On dit que cet écrivain est vraiment lui même quand il est drôle dans la tragédie et lorsqu’il rend cocasses des situations tristes.

J’ai lu son roman Une vie française (2004) qui lui a valu le Prix Femina et le Prix FNAC de cette année. Un livre qui m’a plu beaucoup : la vie en parallèle de Paul Blick avec l’Histoire de la France entre 1950 et 2004; il y a une confrontation entre une vie chaotique-atypique et l’Histoire de la Vè République, ses grandeurs et ses bassesses. Le rythme du livre est soutenu, dévorant, avec une tension psychologique hors pair et une fin bouleversante.

La succession (2016) a été sélectionné pour le Prix Goncourt. J’ai bien aimé, reconnaissant aisément le style de l’auteur avec son humour si particulier, si aiguisé. En revanche, la partie afférente au jeu de la pelote basque m’a rebuté car il y a beaucoup de pages sur ce sujet mais cela est nécessaire à la trame du livre.

Car c’est l’histoire d’un terne bonhomme qui se prénomme encore une fois Paul, né au sein d’une famille de fous suicidaires et d’excentriques. Depuis le grand père, Spyridon Katrakilis qui fut l’un des médecins de Staline et qui dut fuir la Russie lorsque celui-ci est mort au décours d’un AVC. C’est à Toulouse qu’il s’installa pour se suicider en 1974. Puis le père de Paul, Adrian Katrakalis, autre médecin généraliste installé à Toulouse dans la grande maison familiale qui va se suicider de la façon la plus organisée et atroce imaginable. La mère de Paul, Anna Gallieni,  entretenait une étrange symbiose avec son frère cadet Jules, elle se suicidera aussi quelques mois après le suicide de son frère…

Paul Katrakalis aura peu de rapports affectueux avec les siens et après avoir fait sa médecine comme le voulait son père, se consacrera à la pelote basque en Floride où il mènera une vie esseulée et sans joie, vivant chichement et s’amourachant d’une femme de 28 années plus âgée. Au cours d’une sortie en mer il va sauver un petit chien qui deviendra son compagnon fidèle.

Ici nous avons le descriptif détaillé de la vie d’un pelotari avec peu de grandeurs et beaucoup de bassesses, tout comme dans beaucoup d’autres champs d’action, j’imagine.

Malgré la forte névrose qui entoure chaque personnage du roman, l’histoire se laisse lire avec plaisir par le détachement que met Dubois à nous narrer cette histoire, par le panache des personnages autres que Paul Katrakalis et par les incessantes touches d’humour. Du pur Dubois : des décès violents, les prénoms Paul et Anna à l’affiche, des névroses à gogo, Toulouse et l’Amérique et plein d’humour. Un régal.

Autres livres de l’auteur : Vous plaisantez, Monsieur Tanner, Le cas Sneijder, Tous les matins je me lève, Kennedy et moi, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, Les accommodements raisonnables, Si ce livre pouvait me rapprocher de toi, Vous aurez de mes nouvelles, Maria est morte, La vie me fait peur, Hommes entre eux, Je pense à autre chose. Une année sous silence .

LA SUCCESSION, Points P4658 2017 (J-P.D 2016),  ISBN 978-2-7578-6940-6

Laisser un commentaire