La cuisinière d’Himmler de Franz-Olivier Giesbert

Franz-Olivier Giesbert, connu aussi comme FOG, est né aux USA (Delaware) en 1949 de père juif allemand et de mère française. Il est revenu en France définitivement dès l’âge de 3 ans. C’est un éditorialiste, biographe, grand reporter, présentateur de TV et romancier français. Il a récolté des prix: Grand prix du roman de l’Académie Française 1992 avec L’affreux , l’Interallié 1995 avec La Souille, pour ne citer que ces deux-là

La cuisinière d’Himmler de 2013 est un roman trépidant de 350 pages, avec , comme protagoniste Rose, une centenaire assez délurée qui n’a rien perdu de sa superbe, forte en gueule et détentrice d’une arme dans son sac, avec laquelle elle se prend pour la version française de Ma Dalton et fait justice toute seule ( d’autres que moi ont fait ce juste rapprochement avec l’ineffable Ma Dalton).

C’est l’histoire d’une femme qui naîtra en Arménie où elle perdra toute sa famille, pour atterrir en France et faire une vie assez mouvementée dans le cadre de son restaurant renommé. Ceci nous vaudra quelques recettes en fin de livre que je ne manquerai pas d’expérimenter comme le flan au caramel d’Emma Lempereur…Et le titre du roman vient du fait que Himmler, de passage à Paris goûtera la cuisine de Rose et restera ébloui par ses dons culinaires; Rose utilisera cette empathie pour essayer de retrouver son mari et ses deux enfants qui avaient été appréhendés par la milice française car son mari avait des origines juives. Ainsi, elle partira à Berlin comme cuisinière de Himmler dans le seul espoir de retrouver les siens.

Il est vrai que ce livre se lit d’une traite: il est virevoltant, culotté, étonnant, dérangeant, mêlant réalité et fiction de la manière la plus désinvolte que l’on puisse imaginer. C’est vrai que par moments j’ai trouvé que Rose faisait « too much » dans tous les sens du terme, que plus rien ne l’arrêtait et qu’elle tombait donc dans la caricature et le burlesque.

C’est donc une impression mitigée que m’a laissé le livre: car il m’a, certes, amusé, mais en même temps agacé par un manque de crédibilité. Après tout nous sommes devant une assassine qui tue de sang froid avec préméditation. Et comme la violence attire la violence, Rose aura une longue vie semée de violence.

J’ai trouvé une similitude entre ce roman et le best-seller du suédois Jonas Jonasson Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire de 2011, où aussi nous rencontrons un personnage masculin centenaire qui vit des aventures rocambolesques et culottées tout en fréquentant au cours de sa longue vie des grands de ce monde ( mais pas toujours recommandables, exactement comme dans le cas de Rose).

Au total, ce livre m’a intrigué, parfois amusé, mais aussi dérangé, me laissant une image de femme caricaturale, peu crédible. On devrait marier Rose avec le Vieux de Jonasson: allez savoir quelles péripéties nous feraient vivre ces deux délurés là. Oh là là, on commence à entrevoir les félonies qui pourront être perpétrées par les centenaires qui vont pulluler dans ce XXIème siècle. Saperlipopette, vous n’avez qu’à bien vous tenir !

Autre livre commenté : Dieu, ma mère et moi.

LA CUISINIÉRE D’HIMMLER, Gallimard 2013,  ISBN 978-2-07-014160-9

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