American Dirt de Jeanine Cummins

Jeanine Cummins est une romancière américaine (Rota, Espagne 1974).

American Dirt (2020) est son quatrième roman, un best seller ayant vendu plus de 3 millions d’exemplaires en 37 langues. Ce roman a été accusé d’appropriation culturelle aux USA par l’écrivaine Myriam Gurba, appuyée par une lettre signée par 142 écrivains; l’éditeur du livre, face à la polémique, a cru bon d’annuler la tournée de promotion du livre.

Ce sont quatre années que l’auteure a consacrés à se documenter sur ce sujet : la migration de mexicains et de Centro-américains vers le Nord.

American Dirt est un livre bouleversant qui raconte l’odyssée vécue par la protagoniste du roman, une jeune femme mexicaine, Lydia, qui a perdu seize personnes de sa famille, dont son mari, à l’occasion d’un raid organisé par un parrain de la drogue à Acapulco. Le mari de cette mexicaine était journaliste et avait publié un article dans la presse dénonçant la mainmise d’un cartel de la drogue sur la ville d’Acapulco, une ville qui avait été victime d’un bain de sang.

A la suite de la publication de l’article et la tuerie de sa famille à laquelle elle a échappé de justesse (se cachant dans une douche avec son fils Luca de 8 ans), elle doit fuir le jour même car elle sait qu’ils sont en danger de mort.

Lydia avait une librairie que fréquentait le capo du cartel, sans qu’elle sache quel personnage il était réellement. Peu à peu, il va s’instaurer un flirt entre la libraire et le capo, jusqu’au jour où elle apprendra qui est cet homme en réalité.

(Cela me fait penser que la personne la plus sanguinaire, cruelle et impitoyable, est aussi un être humain avec des côtés paraissant honorables, voire charmants. J’avais lu il y a longtemps, à ce sujet, une phrase qui m’avait interpellé, mais que je suis incapable de citer précisément : il ne faut pas regarder dans les yeux de son pire ennemi, sous peine d’apercevoir le côté humain du monstre.)

Lydia et Luca décident de fuir aux USA et ils devront affronter les pires péripéties pour quitter le Mexique. Dans cette fuite ils vont croiser des gens incroyables, comme les deux soeurs honduriennes qui fuient leur pays devenu trop violent. Ils vont prendre le fameux train de marchandises surnommé La Bête qui va vers le Nord, un acte téméraire semé d’embuches.

J’avoue que certains passages m’ont coupé la respiration; il y a un tel enchainement d’atrocités et de mésaventures pour tous, spécialement pour les deux soeurs honduriennes. Et dans un climat d’une horreur sans pareille, on voit resurgir des qualités de coeur qui vous réconcilient avec la race humaine.

Le personnage de Luca m’a semblé un peu surjoué, et sa facette de surdoué quelque peu décalée. Aussi je me disais qu’il avait trop peu vécu et engrangé trop de traumatismes pour paraitre aussi fringant par moments. On n’ose pas imaginer les dégats collatéraux chez ce gamin avec le temps.

Cela fait des heures que j’ai terminé cet excellent roman mené comme un thriller, et j’ai toujours le coeur gelé d’horreur.

AMERICAN DIRT, Philippe Rey Éditeur 2020, ISBN 978-2-84876-828-1

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