Les intéressants de Meg Wolitzer

Meg Wolitzer est une écrivaine nord-américaine (New York 1959); je l’ai découverte avec son livre La Position (2005) , une vrai lecture vintage que j’ai beaucoup aimé par la franchise avec laquelle elle aborde des sujets épineux, en dehors de cette pudibonderie anglo-saxonne et dans une grande intelligence de points de vue.

Les intéressants (The Interestings 2013) est une fresque, un chouette roman fleuve, très américain, très finement psychologique et qui touche à plusieurs thèmes étalés sur 40 ans et sur fond de grands faits de l’Histoire récente nord-américaine : le départ de Nixon, l’épidemie de SIDA, les années Reagan, septembre 2011, etc.

J’aime le style très descriptif de l’auteure, très fouillé, par moments trop fouillé me rappelant le style de notre cher Balzac…

Eté 1970, Julie Jacobson a 15 ans, elle passe les deux mois de l’été dans un camp; elle et sa famille sont encore sur le choc du décès récent du père. Ces camps d’été coûtent cher, pour celui-ci l’auteure nous donne le prix : 7000 dollars en 1970. Tous ne peuvent le payer, parfois ils font des emprunts, parfois ils obtiennent des bourses. Pour revenir au camp de Julie Jacobson, Spirit in the Wood, c’est un camp axé sur les activités artistiques.

Ici Julie deviendra Jules pour la vie car elle va rencontrer un groupe de 5 amis qui se dénommeront Les intéressants (ils ont déjà la prescience de leur importance, les prémices de la féroce compétitivité nord-américaine). Le groupe est formé par Ash et Goodman qui son frère et soeur, de parents très riches, Ethan un génie en herbe en dessin, Jonah le fils d’une chanteuse de country-music très connue. Tout ce petit monde réside à New York et Big Apple attire tout le monde, il est très à la mode en 1970, essentiellement pour les possibilités artistiques d’avant garde que cette ville offre.

Julie-Jules qui vient d’une obscure banlieue new-yorkaise, est complexée, assez taciturne, timide, mal à l’aise, mais elle sera adoptée sans peine par le groupe et deviendra une rigolote acerbe assez recherchée.

Après deux mois de fréquentation, d’aventures et d’expériences, ils deviendront inséparables tout en faisant chacun leur parcours de vie: c’est un roman de formation et aussi, en partie, un campus novel.

La vie universitaire américaine est assez bien racontée, elle les marque à jamais, des relations se nouent, des destins s’accomplissent (d’autres non).

Après le chapitre fac vient l’établissement dans la vie, avec couple ou pas, avec enfant ou pas.

Jules deviendra la meilleure amie d’Ash laquelle finalement épousera Ethan, lequel deviendra milliardaire avec ses productions pour le cinéma. Goodman aura des problèmes avec la justice, Jonah aura du mal à assumer son homosexualité.

Jules se cherchera pendant des années, elle deviendra psychologue et épousera un échographiste, ils auront une vie matérielle trop juste ce qui va rendre Jules un peu amère et envieuse de l’aisance matérielle dans laquelle se meut Ash, sa meilleure amie ! C’est Jules qui raconte l’histoire à tous.

Un livre où rien n’est laissé au hasard; plusieurs thèmes sont abordés par l’auteure : l’amitié, l’amour, la fidélité, la jalousie, la réussite professionnelle, le rôle des parents, etc.

J’ai bien aimé ce livre, même si par moments il devient un peu longuet, mais Meg Wolitzer veut tout expliquer et c’est parfois brillant.

Autres livres commentés : La doublure (The Wife),  La Position, La persuasion des femmes.

LES INTÉRESSANTS, Éditions rue fromentin 2015 (MW 2013), ISBN 978-2-919547-38-8

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