L’armée furieuse de Fred Vargas

Fred Vargas est le nom de plume de Frédérique Audoin-Rouzeau, écrivaine, archéo-zoologue et médieviste française (Paris 1957). Elle est connue pour ses polars mettant en scène le Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg et elle fait partie des 10 romanciers les plus vendus en France; elle a reçu d’innombrables prix dont le Prix Princesa de Asturias de Littérature 2018.

L’armée furieuse est le septième roman mettant en scène l’inspecteur Adamsberg de la Brigade Criminelle, dans Paris intra-muros. Quel plaisir de relire Vargas et quel plaisir aussi de retrouver cet inspecteur de police tellement à part, personnage assez lunaire, perdu en permanence dans ses rêveries, n’utilisant aucune méthodologie, mais très humain avec tous (collègues et suspects) et doté d’une intuition hors pair.

Et puis ces personnages truculents à l’intérieur du commissariat : Danglard le Commandant alcoolique et érudit; Veyrenc, béarnais comme Adamsberg qui aime rimer en alexandrins car sa grand mère lui récitait du Racine chaque jour; le monolithe qui est Violette Retancourt (ni la grâce, ni la nuance ni l’amabilité) tellement téméraire, adorant les animaux; Froissy, la flic angoissée et boulimique qui cache de la nourriture dans son armoire (elle ne jouera pas de rôle dans cette histoire, sera juste citée); Marcadet le flic hypersomniaque qui s’endort partout, sans oublier le chat du commissariat qui trône sur la photocopieuse, hyper protégé par Violette; le lieutenant Voisenet, zoologue amateur, incollable sur les poissons fluviaux. Danglard et Veyrenc sont en permanente bisbille, la jalousie y est pour quelque chose.

Dans ce tome, fait l’apparition (sans explications) Armel dit Zerk âgé de 28 ans , un fils du commissaire Adamsberg qu’il a découvert depuis seulement 7 semaines, venu lui demander hospitalité pour quelque temps et qui va s’adapter très vite au mode de vie du commissaire ; le lecteur remarquera en lisant que les deux personnages ont beaucoup en commun. La mère d’Armel travaillait la nuit au nettoyage dans une usine à poissons, on n’en saura pas plus.

Dans son commissariat Adamsberg connait trois règles : quand on ne peut pas aller au bout de quelque chose, il faut demander à Veyrenc. Quand on ne parvient pas à faire quelque chose, il faut demander à Retancourt. Et quand on ne connait pas quelque chose, il faut demande à Danglard.

Cette fois, nous démarrons le texte sur trois affaires, sinon quatre. La première concerne un astucieux assassinat par l’intermédiaire de la mie de pain, le second, la tentative de meurtre sur un pauvre pigeon qui sera sauvé et enquêté par le Commissariat en suivant brillamment des pistes; le troisième et plus délicat, concerne l’assassinat par le feu d’un industriel richissime avec charges pour accuser un pauvre bougre, et puis, le plus intéressant et quatrième, car original, la série de meurtres commis dans une bourgade normande appelée Ordebec où tous croient encore à la légende médiévale de la Mesnie Hellequin, datant du XI siècle.

Cette légende de la Mesnie Hellequin, ou l’Armée furieuse, ou la Grande Chasse apparait, à certaines personnes seulement, sur un chemin de la forêt d’Alance, ou à Bonneval; la légende prend naissance au XIè siècle, cinq ans avant le départ de la première croisade. Cette armée serait remplie d’une troupe d’âmes de morts et de démons, masse hurlante de voix confuses avec les hennissements des chevaux; les chevaux et cavaliers sont décharnés, il leur manque des bras et des jambes; armée morte à moitié putréfiée, hurlante et féroce. Et cette armée trimballe quelques hommes ou femmes vivants, qui hurlent et se lamentent dans les souffrances et le feu, que le témoin va reconnaitre, ce sont des êtres vils ayant commis des actions méprisables et qui vont donc mourir sous peu.

Pas étonnant que le village d’Ordebec soit terrorisé lorsqu’une habitante apercevra l’Armée furieuse avec 3 personnages bien identifiés et que la légende commence à s’appliquer.

On ne s’ennuie pas un instant même si par moments l’affaire devient « héu-naur-me« . Mais quel régal absolu. Et cette étude au passage sur les normands, des « taiseux » qu’il vaut mieux éviter d’aborder avec des questions trop directes sous peine de réponses élusives car ce n’est pas qu’ils n’aiment pas parler, c’est qu’ils n’aiment pas répondre. Ce n’est pas la même chose.

Autres livres commentés :  Coule la Seine, Quand sort la recluse, Un lieu incertain. Sur la dalle . Sous les vents de Neptune . L’homme aux cercles bleus .

L’ARMEE FURIEUSE, Viviane Hamy 2011, ISBN 978-2-87858-376-2

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