Quand sort la recluse de Fred Vargas

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Fred Vargas est le nom de plume de Frédérique Audoin-Rouzeau, écrivaine, archéo-zoologue et médieviste française (Paris 1957). Elle est connue pour ses polars mettant en scène le Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg. Elle fait partie des 10 romanciers les plus vendus en France; elle a reçu d’innombrables prix dont le Prix Princesa de Asturias de Littérature 2018.

Cela faisait trop longtemps que je n’avais pas lu un Vargas et le dernier livre pour lequel j’ai écrit une fiche de lecture, c’est Sous les vents de Neptune (2004), le 4ème de la série avec le Commissaire Adamsberg, qui reçut le Trophée 813 francophone de la même année, adapté pour la TV en 2008, par Josée Dayan.  Dans ma fiche, j’ai donné une appréciation moyenne avec un polar un peu compliqué dont l’histoire se passe  entre Paris et Québec, peu crédible. 

Quand sort la recluse (2017) est un très bon et complexe polar car il aborde plusieurs sujets en même temps : il y a plusieurs histoires policières,  il y a l’histoire scientifique avec un cours magistral sur les araignées et il y a aussi un cours d’Histoire avec le sinistre récit des femmes recluses, une entité connue depuis le moyen âge et que je n’avais jamais croisé. Ce roman a été adapté pour la TV en 2019 par Josée Dayan : c’est un film excellent, assez proche du livre, mais en toute logique, pas assez fouillé par rapport au texte. Peu importe parce que c’est un pur régal pour les yeux et pour les oreilles.

L’histoire policière: l’inénarrable (tellement atypique !) commissaire Adamsberg aura très vite l’intuition (avec ses bulles gazeuses de pensées et ses visions dans les brumes, ses proto-pensées) que les morts par piqûre d’araignée, chez ces sujets plutôt âgés sentent le bizarre. Son adjoint Veyrenc passait des heures sur Internet à se renseigner sur l’araignée recluse ce qui avait intrigué Adamsberg et très vite à subodoré des meurtres. De fil en aiguille, ces décès ont un point commun, les occis se sont croisés il y a presque 60 ans dans un orphelinat. L’enquête ne sera pas du tout facile vu le temps écoulé, mais il faut compter sur l’opiniâtreté d’Adamsberg, d’autant plus remarquable que son équipe ne le suit pas à 100%.

Il y a plusieurs affaires policières dans ce livre, assez corsées et retorses.

Il est temps de parler de cette équipe de policiers dans ce quartier de Paris. Ils sont tous d’une rare truculence, tous différents et avec des spécificités, ayant des traits de personnalité ou des occupations pour le moins totalement décalées. J’admire que dans une telle ambiance, le commissaire Adamsberg puisse travailler sans que la hiérarchie lui mette des bâtons dans les roues. Son adjoint, le commandant Danglard, adepte du petit vin blanc à toute heure du jour et érudit doté d’une mémoire d’ordinateur, sortant des citations pour tous les cas de figure, est un monument de drôlerie et dans cet épisode, il va trahir son chef. Chaque personnage est haut en couleur et riche d’une vraie personnalité qui les rend presque palpables.

L’affaire scientifique : le titre du livre est ambigu car il y a un double sens, celui de l’araignée (loxosceles rufescens), mais aussi une connotation historique. Je suis une arachnophobe patentée et toutes les informations détaillées sur la bestiole m’ont coûté des frissons de dégoût. Car la vedette du roman est la recluse, une singulière araignée qui aime se cacher et qui pique seulement en cas d’extrême nécessité (en cas de danger de mort pour elle), son venin n’est pas mortel si administré en petite quantité, mais à forte dose, il provoque une nécrose rapide des tissus avec gangrène, septicémie et défaillance pluriviscérale avec exitium et terminus, la boîte en sapin.

L’affaire historique : les cas de femmes recluses depuis le Moyen Âge jusqu’au XVI siècle, dans des conditions inimaginables. Dans le roman il y a une recluse volontaire à la suite d’une affaire grave de maltraitance. Et le commissaire Adamsberg a été traumatisé dans son enfance lorsqu’il a entr’aperçu une recluse dans un pigeonnier par une lucarne sur la route de vacances avec ses parents; il en est resté tellement choqué qu’il avait perdu connaissance.

Ce livre est largement plus qu’un polar et ici l’intrigue policière progresse grâce aux bulles en aérosol dans le cerveau de ce commissaire de police à nul autre pareil.

Un livre complexe et riche d’informations où tout est expliqué. Un régal de lecture.

Autre livre de l’auteure : Coule la Seine, L’Armée furieuse, Un lieu incertain. Sur la dalle . Sous les vents de Neptune . L’homme aux cercles bleus .

QUAND SORT LA RECLUSE, J’ai Lu 2018 (FV 2017),  ISBN 978-2-290-15606-3

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