Canoës de Maylis de Kerangal

Maylis de Kerangal est le nom de plume de Maylis Le Gal de Kerangal, une romancière, éditrice et nouvelliste française (Toulon 1967) ; elle possède déjà une vaste bibliographie et cumule les prix.

Son style se caractérise par des phrases amples et une riche utilisation du vocabulaire; ceci a permis à Claire Stolz (maitre de conférences en grammaire et stylistique) de nommer son style « sublimation poétique », car le phrasé de la prose, scandé par l’utilisation précise de la virgule, permet de retrouver une certaine musicalité du texte, surtout si on le lit à haute voix.

Canoës (2021) est un recueil 8 nouvelles courtes, sauf la nouvelle Mustang qui se rapproche de la novella avec 72 pages et qui serait son récit le plus personnel. Le titre paraît assez énigmatique, mais dans des interviews l’auteure a expliqué qu’elle l’avait choisi parce que le canoë est un instrument pour la transmission chez les amérindiens et qu’elle voue un culte à cet objet, possédant même un beau et léger canoë suspendu dans un couloir de son domicile.

Ce recueil, écrit pendant cette malheureuse pandémie qui a exigé de nous isoler derrière un masque, a fait qu’elle s’intéresse à l’organe de la voix. Ce serait la voix qui relierait les histoires entre elles. Ce sont des histoires narrées a la première personne et toujours avec des voix féminines qui vont aborder des sujets tels que la peur, le déracinement, l’amitié, le temps qui passe, la fragilité de la vie, etc.

La novella Mustang m’a beaucoup plu. Elle montre bien les difficultés d’adaptation d’une européenne à l’immensité et l’hétérogénéité de l’Amérique du Nord, ici le Colorado. Elle sera surprise par la découverte d’une Amérique à deux niveaux, en même temps que la découverte d’un territoire fascinant par sa diversité et son étendue. Je crois savoir que l’auteure a fait deux séjours dans le Colorado, ce qui explique ce texte intéressant.

Un autre récit qui m’a ému c’est Un oiseau léger où la voix d’une morte, enregistrée sur un répondeur téléphonique, la fait exister encore parmi les siens. Cette situation pourrait se présenter à chacun d’entre nous. Je crois que personnellement je garderais la voix pour raviver un souvenir qui aura tendance à s’estomper avec ce temps qui efface tout.

Les autres récits ne m’ont pas laissé un souvenir marqué.

Maylis de Kerangal a inséré dans chaque nouvelle le mot canoë ; cela m’a rappelé qu’Amélie Nothomb insère souvent le mot pneu dans chacun de ses courts romans.

Autre livre commenté : Réparer les vivants .

CANOËS, Verticales 2021, ISBN 978-2-07-294556-4

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