La chambre de Giovanni de James Baldwin

James Baldwin est un écrivain américain (Harlem 1924-St Paul de Vence 1987) de romans, nouvelles, pièces de théâtre, essais et de poésie. Il s’exile en France en 1948 à l’âge de 24 ans et s’installe à Saint Paul de Vence en 1970. C’est un écrivain fortement influencé par son compatriote Henry James.

La chambre de Giovanni (Giovanni’s Room 1956) avait comme premier titre celui de One for My Baby, c’est un roman classique de la littérature gay et le deuxième roman de l’auteur, narré en mode flux de conscience par le protagoniste, David.

Un film court de 46 minutes, Giovanni’s, a été tourné en 2020 par Amy Wright.

Ce livre a l’originalité de commencer l’action par la fin: David dans le sud de la France a abandonné son ami Giovanni. La fiancée de David, Hella, est retournée aux USA et Giovanni va mourir.,

David, le protagoniste, a perdu sa mère à l’âge de 5 ans et a été élevé par son père et une tante paternelle. Il aura une expérience homosexuelle avec un camarade de classe, expérience qui va le torturer et qu’il essaiera d’oublier et d’enterrer au plus profond de soi. Il va se déclarer hétérosexuel afin de rassurer son entourage et se rassurer lui même. Il partira à Paris afin de se retrouver, mais comme il est assez désargenté et esseulé, il va fréquenter des bars gays et faire certaines connaissances qui vont l’entraîner vers une homosexualité plus affichée.

Jacques, un homosexuel mûr et aisé va l’amener à fréquenter un bar où il fera la connaissance du barman, Giovanni, un jeune italien beau et ténébreux, pauvre, qui vit grâce à l’emploi accordé par le patron du bar, Guillaume, qui l’exploite sexuellement.

Giovanni est bisexuel, il a été marié et il tombera amoureux de David. Giovanni va l’héberger dans sa minuscule chambre, autant pour le sortir des griffes de Jacques que pour l’aider, car David n’a pas d’endroit à lui et il est perpétuellement à court d’argent. Le couple connaitra des jours heureux bien que David soit fiancé à cette époque avec Hella, une jeune et énergique américaine qu’il a connu à Paris et qui revient d’Espagne.

C’est la chambre de Giovanni, sale et exiguë qui abritera leurs amours , car ils ne peuvent pas s’afficher trop ouvertement en dehors des quatre murs.

Au retour de Hella, David quitte Giovanni car il a trop peur d’assumer cette liaison et il veut se persuader qu’en épousant Hella il pourra faire face à ses démons et devenir le personnage que son père attend de lui.

Giovanni entre temps sera mis à la porte par son patron et restera à la merci d’une situation plutôt difficile bien que sa souffrance majeure soit l’abandon de David. Giovanni est immune à la honte qu’éprouve David, et c’est cette liberté morale qui lui fait sentir de la joie à aimer David.

David est en fait bisexuel, et ce roman est la dissection de sa honte, la honte est le sentiment qui prédomine tout le long du récit avec l’ambigüité, les paradoxes et les difficultés éprouvés par lui, tout ceci fait que son personnage est fuyant et peu empathique.

On note une certaine similitude entre le personnage de David et James Baldwin. Ce n’est pas vraiment un roman autobiographique non plus, mais il reflète bien le Paris de la post guerre que Baldwin a connu en 1948.

Un roman remarquable par l’élégance du ton, l’analyse des sentiments et la présentation de cet amour entre David et Giovanni, décrit de façon naturelle, ce qui lui donne une vraie valeur humaine.

LA CHAMBRE DE GIOVANNI, Rivages 1997 (JB 1956), ISBN 2-7436-0169-8

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