Une maison à Bogota de Santiago Gamboa

Santiago Gamboa est un écrivain, philologue, correspondant et journaliste colombien (Bogota 1965). Il a déjà une importante bibliographie et plusieurs prix. Il a vécu et travaillé à Paris pendant plusieurs années.

Une maison à Bogota (2022) est un roman urbain dont la ville de Bogota est presque le personnage principal; on sent aussi le roman d’auto fiction, car l’histoire a plusieurs points communs avec le personnage de l’écrivain. L’écriture m’a paru très bonne et l’histoire assez originale par la façon de l’aborder : la mémoire confrontée a des lieux. La capitale colombienne, Bogota, est une ville qui a la réputation d’être triste (cf Juan Gabriel Vázquez), connue pour provoquer des états d’âme plombés par une pluie incessante ou une bruine du soir, ou des froids intenses dus à la proximité des montagnes; tout ceci rendrait les personnes moroses.

Le protagoniste du livre est un philologue qui pourra acheter la maison de ses rêves grâce à un prix littéraire généreux (en Philologie).

Il achètera une vieille demeure dans le quartier cousu de Chapinero, une maison divisée en deux secteurs qui permettront d’aménager deux espaces de vie : pour lui et pour sa tante. Cette tante qui l’a élevé depuis qu’à l’âge de 6 ans il a perdu ses parents dans l’incendie de la maison familiale, justement dans ce quartier bourgeois de Chapinero avec des demeures immenses et qui accueillaient autrefois des familles tentaculaires.

La maison est vaste et le narrateur va nous promener de pièce en pièce comme un agent immobilier et chaque fois il va nous égrener des souvenirs qui ont forgé le caractère de la tante et le sien.

Nous apprendrons ainsi que leur vie fut trépidante, une errance permanente de par le vaste monde. Sa tante était juriste internationale et travailla des années pour l’ONU, sur des missions aux quatre coins du globe.

La maladie de la tante et la nostalgie de retourner sur les lieux de son enfance, un peu comme le désir de retourner à l’utérus maternel, font que en 2014 ils reviennent à Bogota.

Pendant quelque temps la tante et le neveu vont cohabiter en parfaite harmonie, on sent que toutes ces années de cohabitation ont servi à forger une entente sans faille, ils se connaissent bien.

Le protagoniste termine un ouvrage de philologie et se remémore sa vie. C’est un personnage assez particulier, à la limite du sociopathe (et la tante aussi d’ailleurs), sans amis, sans activité sociale, sans famille. Il vit en circuit fermé et pratique les bordées avec le chauffeur de la famille, se rendant dans des endroits mal famés où se pratique un sexe plutôt malsain, sinon pervers.

Les histoires sentimentales du neveu ont toujours été passagères et peu lui importait qu’elles soient tarifées. La personnalité du personnage est trop floue ce qui ne déclenche aucune empathie. On peut dire la même chose sur la tante, une femme extraordinaire mais qui n’irradie aucune intelligence émotionnelle.

La lecture du livre me semblait si intéressante jusqu’à l’apparition des déviances sexuelles. Aussi il me semblait que le voyeurisme était pratiqué avec une certaine répétition. La fin du roman m’a étonné, je dirais même, elle m’a déstabilisé.

A ce qu’il paraît, la maison du livre existe toujours, elle se trouverait dans le Parc Portugal. L’auteur, dans une entrevue, a signalé s’être documenté sur Twitter sur le monde des drogues et de la prostitution.

Cette lecture m’a laissé une impression mitigée, entre intérêt et répulsion.

Autre livre commenté : Necrópolis.

UNE MAISON…, Métailié 2022 (SG 2014), ISBN 979-10-226-1187-9

Une réflexion sur “Une maison à Bogota de Santiago Gamboa

  1. Dommage. J’avais repéré ce roman.Je vais passer vu le côté trop malsain.
    Merci pour votre appréciation, souvent les chroniqueurs ”oublient ” de mentionner ces côtés du roman qui peuvent déranger.

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