L’Arbre monde de Richard Powers

Richard Powers est un écrivain nord-américain (Illinois 1957), professeur d’écriture créative à Standford. Il est considéré comme un écrivain réaliste et comme top down novelist dans son pays.

L’Arbre-monde (The Overstory 2018) reçut le prix Pulitzer de fiction en 2019. Le titre en anglais est en rapport avec l’étage dominant de la canopée. C’est en lisant une interview de l’écrivaine canadienne Nancy Huston, que j’ai croisé pour la première fois le nom de ce livre et je l’ai noté. N. Huston disait…pendant la canicule de l’été 2019, j’ai lu le livre de Richard Powers, L’Arbre-monde, qui est pour moi un des plus beaux romans de ces dernières années, un pur chef d’oeuvre.

C’est un pavé de 531 pages assez impressionnant par les sujets qu’il aborde, avec en premier lieu, l’interphase Homme/Arbre. L’arbre serait antérieur à l’Homme et posséderait une partie d’ADN en commun. Mais puisque l’Homme est le pire prédateur animal de la Nature, la survie des arbres serait en danger. Car l’arbre est nécessaire dans le cycle de la Vie à plusieurs échelons.

J’ai beaucoup aimé le découpage du livre : Racines, Tronc, Cime et Graines. Dans la partie Racines nous feront la connaissance des 9 protagonistes principaux, neuf histoires sans aucun lien commun, mais qui vont s’entrecroiser. Je me suis un peu perdue dans la pléthore de personnages et leurs noms, je me souvenais davantage de leurs rôles respectifs que du reste.

Parmi ces personnages il y a Patricia Westerford, Docteur en botanique, spécialiste en sylviculture avec un doctorat sur les tulipiers, autrice du livre La Forêt sécrète (?); ce personnage, très important dans le livre, porte les mêmes initiales que Peter Wohlleben, auteur de La vie sécrète des arbres paru en 2015 antérieur à celui-ci, mais jamais cité dans ce roman alors que le livre du garde forestier allemand, Peter Wohlleben, fait état de toutes les connaissances en sylviculture dont se sert Powers, connaissances qui m’avaient tellement sidéré en lisant ce livre qui a changé ma façon de voir et appréhender les arbres.

Patricia Westerford décrit la joie que lui procure l’oeuvre de sa vie, et les découvertes que se sont affermies en quelques brèves années : comme les arbres se parlent, dans les airs et sous terre. Comment ils se soignent et se nourrissent mutuellement, orchestrent un comportement partagé via les réseaux du sol. Comment ils construisent des systèmes immunitaires vastes comme une forêt. Comment un pacanier haut de trois centimètres peut avoir deux mètres de racine. Comment l’écorce intérieure des bouleaux peut nourrir les affamés. Comment chaque chaton de chanvre-houblon contient plusieurs millions de grains de pollen. Comment les pêcheurs indigènes utilisaient des noix broyées pour hébéter et attraper du poisson. Comment les saules nettoient les sols des dioxines, des polychlorobiphényles et des métaux lourds.

Les 9 personnages du chapitre Racines, ont une belle histoire en rapport avec un arbre. Les circonstances ne sont jamais les mêmes, mais c’est toujours intéressant et différent.

Au fil du récit les personnages vont s’intéresser à la vie des arbres natifs de l’Amérique parce que ils sont abattus à la chaine et vendus au plus offrant. On replante tout ce que l’on coupe, mais avec une seule directive : le profit au plus court terme; ensuite les arbres sont plantés alignés comme un vulgaire semis, sans respecter leur organisation en communauté qui commence a être mieux connue.

Il y a trois personnages dans le livre que j’ai mal intégré : l’indo-américain Neelay Mehta, devenu un créateur milliardaire de jeux vidéo et le couple formé par l’avocat spécialiste en droits d’auteur et son épouse, Ray et Dorothy Brinkman; j’ai trouvé qu’ils apportaient un rajout sans intérêt dans le récit.

Les autres personnages se poseront la question de la défense de certains arbres, à plusieurs échelons, et pour la plupart d’entr’eux, ce sera via une militance qui ira jusqu’à l’éco-terrorisme, mais qui entraînera des représailles sans pitié de la part des législateurs, politiques, propriétaires et autres sujets vénaux.

Un livre qui remue les consciences.

L’ARBRE MONDE, Cherche MIDI 2018, ISBN 978-2-7491-5827-3

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