L’Esprit des Vents de François Simon

Résultat de recherche d'images pour "françois simon"François Simon est un critique gastronomique, animateur de TV et écrivain français (Saint Nazaire 1953). François Simon est un personnage polyfacétique touchant à beaucoup de sujets et très connu par ses critiques gastronomiques.

L’Esprit des vents (2019) est un livre qui se lit bien, à la teneur assez exotique puisqu’il nous mène au Japon dévasté des années 45 du siècle passé pour nous narrer l’amitié de deux garçons Tateru (=construire en japonais) et Ryu (=le courant) qui vont se connaître vers leurs 7 ans: Tateru est le fils du gardien du phare de Qingdao, territoire chinois occupé par les japonais. Quant à Ryu, c’est le fils du photographe local, il a perdu sa mère dans des circonstances obscures.

Puis viendra l’évacuation japonaise des territoires occupés, dans le désordre et les difficultés imaginables pour retourner dans un Japon pire que dévasté, surtout Tokyo, ville victime de bombardements sans pitié (1 700 tonnes de bombes lancées par 334 avions). Au moment chaotique de l’évacuation Ryu perdra son père ce qui fera que les parents de Tateru prendront soin du garçon comme d’un autre fils. La famille s’installera à la montagne dans le ravissant village de Kariuzawa, où le père de Tateru a encore sa mère et la famille connaitra une nouvelle vie. Mais Ryu est taraudé par l’idée de retrouver son père, puis il  s’ennuiera de cette vie trop paisible et migrera à Tokyo où il aura une vie marginale et aventureuse avec de mauvaises fréquentations pour finir à la solde des yakuzas.

 

Tateru quant à lui devra aussi se rendre à Tokyo à la suite d’un grave accident, pour y être soigné. Il va s’y plaire, surtout qu’il sera accueilli par sa charmante tante Minako, soeur de son père. De fil en aiguille il va trouver un emploi stable dans la restauration où il se fera remarquer et assez bien noter, ce qui sera à l’origine d’un drame.

Tateru est un garçon spécial qui donne une personnification aux vents. Depuis son jeûne âge il hume, il ausculte les vents, il les flaire, les identifie et leur donne un nom. C’est étrangement poétique (…Tateru découvre, stupéfait, que le drapeau flotte mal dans l’air. Les vents tournent à l’aigre. Ils sentent le bois brûlé, l’iode sursalé. Ils deviennent fous, cherchent un axe de la terre, s’appuient gauchement, se chamaillent entre eux. Ils perdent la tête, veulent être aussi forts que la lune, que le soleil. Tateru ne les reconnait plus. Il s’agace de leurs humeurs absurdes. Il les sent ailleurs, bousculés, ivres d’eux-mêmes. Parfois, la nuit devient un immense gribouillis de zéphyrs. Au petit matin, le nez de Tateru est irrité...(p.43)…Tateru écoutait, allongé comme un bout de bois; dans un garde-à-vous martial. Ce récit allait nervurer son existence. Esprit des vents et guerrier de l’ultime. Il y avait là, comme dans son prénom, l’axe de sa présence sur terre (p.55).

Le récit de cette amitié forte entre deux garçons si différents sert de trame pour nous narrer des aspects de la civilisation japonaise, comme leur nourriture, la rudesse de la vie au Japon vers les années 1945, leur adoration et soumission à l’Empereur, la vie des bas fonds et le milieu des yakuzas, la préparation et la vie d’une geisha, etc. Par petites touches on retrouve des faits déjà décrits dans d’autres sources. C’est intéressant et par moments dit de manière assez poétique, cette expression poétique qui sied si bien au Japon, c’est assez différent. Cela me rappelle un  peu, entre autres livres, Soie d’Alessandro Baricco, Le Bureau des Jardins et des Étangs de Didier Decoin, livres qui ont aussi une forte connotation poétique.

Mais tout n’est pas clairement expliqué dans ce livre, notamment le vrai devenir du père de Ryu.

L’ESPRIT DES VENTS, PLON 2019,  ISBN 978-2-259-27854-6

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