Le mystère Henri Pick de David Foenkinos

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Romancier français (Paris 1974) ayant fait des études de lettres à la Sorbonne et ayant une solide formation musicale (jazz). Dans ses livres il décline le thème de l’amour, surtout autour du couple, avec humour et pas mal de sensibilité, parfois loufoquerie; c’est un parisien fin observateur des comportements humains un peu névrosés et nombrilistes de ses contemporains, et qui traite de l’absurdité et d’une certaine fascination pour la sensualité (cette dernière affirmation émane de lui). Il a déjà publié une quinzaine de romans qui ont été traduits dans une trentaine de langues, il a été plusieurs fois primé.

J’ai publié un billet en janvier 2014 sur son roman »Le potentiel érotique de ma femme »(2004) qui était fort divertissant, léger.

Le mystère Henri Pick (2016) est aussi un court roman léger comme une bulle de champagne. Il y a dans le roman plusieurs histoires imbriquées, c’est par moments très loufoque avec un roman qui part dans plusieurs histoires; j’ai dévoré les pages sur le milieu de l’édition et leurs moeurs, sur le monde des écrivains et leurs manies, sur la gloire que se forgent certains journalistes de l’écrit, sur les gloires et déchéances de ce monde là, assez impitoyable tout de même et où les opinions se veulent péremptoires voire définitives. C’est un milieu assez fermé. C’est un monde  d’un « parisianisme » caricatural.

Ce qui est bien dans le roman c’est de nous montrer ce Paris surexcité, contrebalancé par une vie provinciale située dans un village de rêve, Crozon dans le Finistère, où les gens se connaissent bien, s’épient beaucoup, vivent au rythme de la nature dans un cadre de carte postale.

Le ton du livre est assez enlevé, avec quelques remarques pleines de sel et d’autres plus plates. L’ensemble est assez jouissif. Le sujet du livre est original : on retrouve un manuscrit refusé, signé Henri Pick et déposé dans la petite bibliothèque municipale de Crozon dont l’ancien bibliothécaire (décédé) a eu l’idée (d’après un modèle nord-américain) d’accueillir les manuscrits refusés. (combien de refusés pour UN élu? Il paraît qu’en France il y aurait plus d’écrivains en cernes que de lecteurs!).

Et c’est une jeune éditrice parisienne, déjà auréolée d’un flair hors pair, qui va porter ce manuscrit à la publication ce qui va déclencher un tapage médiatique monstre autour dudit manuscrit qui serait signé par l’ex propriétaire de la Pizzeria du coin, Monsieur Henri Pick qui n’écrivait même pas ses listes de courses !

Surgit alors un journaliste assez teigneux, Rouche,  qui flaire d’emblée la mystification, mais il doit la prouver. Nous voilà partis pour des aventures extravagantes. Il y a dans le livre plusieurs autres histoires de teneur sentimentale ou franchement sexuelle qui pimentent le récit.

Lecture divertissante, rafraichissante et qui fait du bien après d’autres lectures terriblement pesantes.

LE FILM : cette semaine est sorti le film tiré du livre et je me suis précipitée pour le voir (la vérité étant que je me suis précipitée pour lire le livre qui attendait sagement sur ma PAL …Bref, j’ai fini la lecture à 17h et j’étais au cinéma à 21h). C’est un film très agréable à regarder, avec des images très belles dans un Crozon de carte postale (même s’il bruine, et il bruine souvent…).Résultat de recherche d'images pour "le mystere henri pick"

Le scénario a été très modifié par rapport au livre. Ils ont rendu l’histoire beaucoup plus linéaire en se focalisant uniquement sur l’histoire du manuscrit. Ils font apparaitre le journaliste teigneux (excellent Fabrice Luchini) dès le début alors que dans le livre il ne surgit que vers la moitié. Presque toutes les histoires secondaires du livre n’apparaissent pas (le magasin de Josephine (transformée en prof dans le film), Magali et son mari, Magali et son jeune amant, Madeleine et sa langue bien pendue, les parents de Delphine, Rouche tout fauché dans le livre et qui se loge dans le Bristol en buvant des cocktails sophistiqués alors qu’il se pinte à la bière dans le livre! etc. J’ai adoré voir des maisons pleines de livres où les gens lisent tout le temps et parlent des livres. Et il y a quelques trouvailles dans le film comme l’incroyable club de lectrices de Crozon (à mourir de rire).

Le film est très chouette à lui tout seul et ce n’est pas pénalisant de ne pas avoir lu le livre auparavant. C’est un film co-écrit et réalisé par Rémi Bezançon avec Fabrice Luchini qui apparait dès le début du film qui excelle dans le rôle du journaliste littéraire qui terrorise son monde, Camille Cottin parfaite dans Josephine (qui est beaucoup plus âgée dans le livre, ce qui plait à Rouche), Alice Isaaz délicieuse de fraîcheur dans le rôle de la jeune éditrice au bon flair (un peu trop fraîche pour le rôle).

J’ai bien aimé ce film baignant dans la littérature du début à la fin.

LE MYSTĖRE, Folio N° 6403, 2017 (DF 2016),  ISBN 978-2-07-276203-1

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