Brunetti entre les lignes de Donna Leon

Résultat de recherche d'images pour "donna leon"

Donna Leon est une écrivaine nord-américaine (New Jersey 1942) ayant exercé plusieurs métiers avant de conquérir une notoriété internationale avec les enquêtes du Commissaire Guido Brunetti.  Elle vit à Venise depuis 1969, dans le quartier du Cannaregio, c’est une raison pour laquelle elle a refusé jusqu’à maintenant que ses romans soient traduits à l’italien afin de garder son total anonymat à Venise…Ses plus fervents lecteurs se trouvent en Allemagne et en Autriche.

Elle fuit Venise lors du Carnaval en raison de l’agitation excessive autour de cet événement. Madame Leon est une férue de musique baroque, notamment de Hændel, participant  activement à des événements ayant un rapport avec la musique baroque.

Elle avoue lire peu de romans policiers tout en gardant une grande estime pour l’auteure de polars britannique Ruth Rendell.

Le premier opus avec le Commissaire Brunetti remonte à 1997, c’était Mort à La Fenice, mon préféré.  Madame Leon raconte que l’inspiration pour créer le personnage de Brunetti lui vint par défi et par jeu lors d’un entracte au théâtre La Fenice.

Actuellement elle  est à son 25è livre; l’écrivaine avoue nécessiter un an pour écrire un épisode, toujours comportant environ 360 pages et elle s’applique une discipline rigoureuse :  1 page par jour y compris dimanche en se nourrissant de l’atmosphère si particulière de Venise et en lisant soigneusement les faits divers dans les journaux locaux : Il Gazettino et La Nuova Venezia.

Une série de 24 épisodes de 90 minutes a été tournée par la TV allemande  et diffusée par France 3 en 2010 sous le titre de Commissaire Brunetti avec Joaquim Król dans le rôle du commissaire. Toutes les scènes extérieures ont été tournées à Venise; l’appartement des Brunetti a été situé sur le Grand Canal à l’embouchure du Rio di San Polo. J’aime beaucoup cette série allemande, d’abord parce que les physiques des acteurs m’ont semblé si adéquats par rapport à l’idée que je m’en faisais d’eux. Puis, de revoir Venise dans ses petits recoins me comble de bonheur, même si les intrigues policières ne sont pas particulièrement palpitantes.

  C’est toujours un plaisir de parcourir Venise avec le Commissaire Brunetti, de le suivre dans sa vie familiale et d’apprendre plein de petits détails sur la vie des « vrais Vénitiens ». Je voudrais depuis longtemps relire les romans de Donna Leon pour repérer justement tous ces détails et les noter sur un papier, je n’ai jamais le temps…

Brunetti entre les lignes (By its cover, 2014) est un bon opus, c’est le 24è épisode : un seul mort, beaucoup de bavardages et Venise dans toute sa splendeur. Le sujet m’a insupporté : on vole et on dégrade en arrachant des pages à des incunables dans la Bibliothèque Merula (nom fictif, mais un humaniste italien Giorgio Merula vécut au XVè…). Je frémis d’horreur en pensant à de tels actes criminels perpétrés sur des livres anciens. Et il parait que cela existe bel et bien et qu’il y a tout un commerce autour.

Pour revenir à ce tome, il est toujours plaisant de retrouver Brunetti, toujours marié avec la belle et culte Paola, professeur d’anglais. Leurs deux enfants sont adolescents maintenant : Raffi et Chiara. Et en dehors de nous promener dans Venise comme si nous y étions, nous assistons à leur vie privée avec menus et vins affichés. Le commissaire rentre tous les jours déjeuner chez lui ainsi que son épouse (ah! la belle vie). Paola Brunetti est très cultivée, mais aussi excellente cuisinière; elle   est la fille du comte Falier et les rencontres du ménage Brunetti avec les beaux parents dans leur palace, mettent très bien et avec finesse les différences entre la vieille noblesse et un roturier même très bien dégrossi, tel que notre Brunetti. Le comte Falier a des manières surannées, une vraie élégance morale.

Il faut lire entre les lignes pour sentir le choc que ressentent les vénitiens, par exemple, lorsque ces monstres de la mer, ces paquebots de plus de 2 000 passagers accostent directement sur le Grand Canal. Page 20 Brunetti remarque que le sol est humide et constellé de vastes flaques d’eau, qui s’étendent le long des murs des immeubles. Il regarde sur le bord du quai  le niveau de l’eau et constate qui se trouve à plus de 50 cm en dessous et que toute cette eau ne peut s’expliquer que par le passage du navire. Et il était censé croire, lui et ses concitoyens que l’administration prend pour des idiots, que ces bateaux ne font subir aucun dommage aux matériaux composant la ville…

Force est de constater que les pauvres Vénitiens sont envahis massivement tout le long de l’année. Page 98 Brunetti prend la large Via Garibaldi, un des rares quartiers de la ville avec encore essentiellement des Vénitiens. Il suffisait de voir les gilets en laine beige et tous ces cheveux coupés court et soigneusement permanentés pour être sûrs que les vieilles dames étaient bien du cru. Ici, les gens achetaient des choses dont ils avaient besoin dans leurs cuisines; ils achetaient aussi du papier hygiénique, ou encore les tee-shirts en coton blanc uni qu’ils portaient à la place de maillots de corps.

Le commissaire Guido Brunetti va mener l’enquête aidé par Vianello et la signorina Elettra, un as de l’informatique sachant soutirer du web des renseignements mieux qu’un hacker chevronné.

La fin de l’histoire est originale puisque Donna Leon livre les renseignements et le lecteur se raconte la fin…Pas mal du tout et merci à toi Catherine S. pour ce cadeau.

Autres livres commentés : L’inconnu du grand canal. Les Masques éphémères. La tentation du pardon .

BRUNETTI ENTRE LES LIGNES, Points Roman P4486(2017) Donna Leon 2014, ISBN 978-2-7021-5717-6

Laisser un commentaire