Un fleuve de ténèbres de Rennie Airth

 Afficher l'image d'origine Écrivain sud-africain (Johannesbourg 1935) auteur de polars historiques. Un fleuve de ténèbres (River of darkness 1999) est un thriller historique qui remporta le Grand prix de Littérature Policière Étrangère en 2000;  ce sera le premier titre d’une série de 4 thrillers historiques ayant pour héros l’inspecteur John Madden.

Il se trouve que Rennie Airth a découvert des documents sur la guerre de 14-18 dans les papiers de ses grands parents qui ont perdu un fils au début de cette guerre atroce et cela lui a donné l’idée de ce thriller. L’écrivain vit aujourd’hui entre l’Angleterre et l’Italie, ce qui explique la parfaite connaissance de l’ambiance et des personnages absolutely british dans ce roman.

C’est un bon thriller et il mérite son prix. Avec la guerre de 14-18  en toile de fond et des  passages concernés  pleins d’une réalité qui fut atroce: la vie dans les tranchées, la boue omniprésente, le désespoir des hommes, les morts par milliers, la barbarie des combats, le ravage des obus, les cohortes de mutilés physiques, mais surtout mentaux parce que les gars ne furent plus jamais les mêmes…Rien que les britanniques, perdirent 73 412 hommes dans la bataille de la Somme, hommes sans tombe, dépecés et enterrés en terre étrangère…

Dans ce thriller il est question d’un tueur psychopathe, revenu de la guerre décidé de continuer à tuer, mû par des pulsions qui vont trouver une origine dans son passé, dans sa prime jeunesse où il fut abusé par…sa propre mère. De quoi tournebouler à jamais n’importe quel être humain. Le récit temporel du roman se situe en 1921, date à laquelle l’accès à des soins psychiatriques était mal codifié et peu accessible.

Ce tueur va planifier ses meurtres avec un sang froid et une détermination farouches, toujours avec un scénario qui rappelle cette guerre des tranchées.

Scotland Yard va mettre l’inspecteur John Madden sur la piste, justement revenu lui même de cette guerre,  complètement meurtri et désabusé car il a perdu, pendant son engagement,  son épouse et sa fille, toutes deux mortes de la grippe. C’est un homme à l’allure peu commune: grand, sombre avec une cicatrice sur le front,qui avait l’air plutôt d’un moine que d’un policier, avec des yeux enfoncés dans les orbites qui lui donnaient l’air de vous regarder depuis un autre monde.

Il semble évident que dans ses meurtres, l’assassin est mû par son instinct sexuel et nous apprenons page 203, la clef du titre de ce livre:…voilà un homme chez qui l’instinct sexuel a été réprimé, presque supprimé depuis des années. C’est le fleuve des ténèbres. Maintenant qu’il s’est libéré, rien ne l’arrêtera. La honte, le dégoût, la morale: ce sont les barrières qui se dressent habituellement devant les perversions et les actes de désespoir sexuel. Mais elles sont impuissantes devant le genre de force que je vois à l’œuvre chez cet homme. Il est poussé par un désir irrésistible.

Le livre se lit assez bien, quoique j’ai été gênée par certaines longueurs et par le fait que je me suis perdue devant la déferlante de noms de chefs à l’intérieur de la police, personnages  qui interviennent dans ce roman et que je ne savais plus comment les situer par rapport à l’inspecteur John Madden…

 

UN FLEUVE DE TÉNÉBRES, Livre de Poche 17197 (Éditions du Fallois 2000),  ISBN 978-2-253

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