Les gens heureux lisent et boivent du café d’ Agnès Martin-Lugand

Résultat de recherche d'images pour "agnes martin lugand"Écrivain français avec une formation de psychologue clinicienne; elle a délaissé la profession après six années d’exercice à Rouen dans le cadre de la protection de l’enfance pour se consacrer à l’écriture. Son parcours littéraire est intéressant et très moderne car son manuscrit avait été refusé par plusieurs éditeurs, ce qui l’avait fait s’auto-éditer en format numérique chez Amazon avec un livre vendu à 0.89 Euro ! Mais voilà, avec une campagne de marketing hors pair l’ebook  a été classé N° 2 des ventes dans le top des 100 meilleures ventes de la Boutique Kindle d’Amazon: l’ebook s’est vendu à plusieurs milliers d’exemplaires en quelques  mois.

En décembre 2012, l’éditeur Michel Lafon a fait un tirage papier à 25 000 exemplaires ce qui est exceptionnel pour un premier livre, lequel livre  s’est vendu déjà à plus de 10 000 exemplaires en France, sans compter que le livre a été acheté par 18 pays et qu’une adaptation cinématographique est en cours…

Son succès est dû en partie au talent de l’auteur pour définir des personnages auxquels les lecteurs peuvent facilement s’identifier et à un sujet douloureux universel que constitue un deuil pour un être humain. Les êtres humains réagissent de façon imprévisible et parfois incompréhensible à la douleur de la perte d’un être cher; il est très difficile de porter un jugement là dessus. Et je m’étonne que la psychologue n’ait pas mieux travaillé le sujet.    Aussi elle a réussi dans le choix d’un titre et d’ une première de couverture assez accrocheurs . Le titre et la première de  couverture me rappellent le best -seller de Delphine de Vigan,  Rien ne s’oppose à la nuit. Jugez vous mêmes:

 

Je trouve une petite similitude entre le titre à rallonge des deux livres et la photo en blanc et noir des deux jeunes femmes qui fument sur la première de couverture, mais l’analogie s’arrête là,  car les livres sont d’une teneur très différente.

J’ai acheté ce livre en suivant l’avis enthousiaste de Rocío A. en pensant que du fait du titre, Les gens heureux lisent et boivent du café, ce livre avait un rapport avec la littérature; mais non, le titre reflète le nom d’un Café littéraire que l’héroïne du roman, Diane,  tient avec son ami Félix.

Quel est le sujet du livre? C’est la perte, dans un accident de voiture du mari bien aimé de Diane et de sa fille de 5 ans, Clara. Le couple  vit l’acmé de leur amour et la perte est affreusement douloureuse, les mots sont vains pour l’exprimer et la dépression qui s’en suit est plus que compréhensible. Diane ne s’en sort pas dans son cadre de vie habituel et décide de se réfugier en Irlande car, Colin, son défunt mari avait évoqué autre fois, la possibilité de faire un voyage en Irlande.

 Ce livre se lit très facilement, mais j’ai trouvé que les personnages manquent d’épaisseur humaine, ils sont esquissés comme des figurants en carton pâte, leur physique est mal  défini; ainsi, vers la fin du livre j’ai appris que Diane est blonde…Étonnant de la part d’une psychologue de profession, rompue à l’exercice de l’observation des gens…

Tout à fait par hasard, je rentre d’une visite  d’Irlande assez complète,  avec un guide tout à fait exceptionnel, David, qui a des racines franco-irlandaises et qui travaille en free lance. Il nous aura appris beaucoup de choses intéressantes sur ce beau pays qu’est l’Irlande, aux paysages très beaux et verts(mais pas fluo…), au climat très tempéré, aux changements climatiques rapides ( les 4 saisons en une journée…), pays celtique particulier car il n’a pas connu l’invasion romaine, pays mal connu et qui est devenu République depuis si peu, en 1949. L’Irlande a souffert l’indicible avec l’occupation britannique, imposée par des colons qui ne représenteront que 10% de la population, et qui considéreront les Irlandais comme de rustres indigènes, auxquels on s’empressera d’enlever tous les droits et toutes les libertés.  La guerre meurtrière qui les a marqués pendant tant  d ‘années a été une guerre pour la conquête de leurs droits civiques et non une guerre de religion comme on a tendance à le dire, à tort, et comme le suggère le livre (page 62).

Et puis, Diane, notre héroïne, part en Irlande vivre son deuil et s’installe dans le petit village de  Mulranny à une centaine de kilomètres de Dublin et devient parfaitement bilingue sans que l’on sache par quel miracle elle parle si bien l’anglais. Bizarre. On ne nous avait pas prévenus d’un éventuel bilinguisme.

Beaucoup trop de clichés sur l’Irlande dans ce livre qui donne une image plus que stéréotypée du vert pays.

Pour ceux qui voudraient visiter l’Irlande avec un guide extraordinaire et bilingue français-anglais, voici le mail de David qui est aussi guide dans la Drôme française. En dehors de ses vastes connaissances,  David a des dons de conteur hors pair. Voici son mail de contact: david@iglis.net

Autre livre de l’auteure : Entre mes mains le bonheur se faufile.

LES GENS HEUREUX…, Michel Lafon 2013,  ISBN 978-2-7499-1998-0

4 réflexions sur “Les gens heureux lisent et boivent du café d’ Agnès Martin-Lugand

  1. Je suis tout à fait d’accord avec vous. Ce livre est d’une rare médiocrité .. tous ces clichés .. ces personnages caricaturaux .. c’est mal écrit en plus. Achetez-vous un Harlequin, au moins vous n’aurez aucune mauvaise surprise.

  2. désolé de vos commentaires , j’ai adoré , personnages flous mais vivants de sentiments, ça change des personnages ou tout est dit et où l’imaginaire du lecteur n’a aucune place .Je veux vivre les livres qui je lis et ne pas être obligée de suivre ce qui me dicte l’auteur .

    • En matière de goût, il faut respecter l’avis des autres; c’est en cela que l’échange devient enrichissant.
      Ce livre a eu un énorme succès, en premier lieu, je pense, parce qu’il fait appel à des émotions universelles et incontournables pour chacun d’entre nous. Puis, c’est un livre facile à lire qui ne demande pas « une prise de tête ».
      Mais, c’est aussi un livre qui a bénéficié d’un marketing très étudié, et c’est ici que je tire mon coup de chapeau à l’écrivain.Dans un milieu éditorial où les publications déferlent, elle a su bien gérer son livre.
      Et je pense toujours que c’est un livre médiocre sur un sujet porteur.

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