La Reine des lectrices d’Alan Bennett

Alan Bennett est un romancier, dramaturge, acteur, scénariste et réalisateur britannique (Leeds 1934).

La Reine des Lectrices (The Uncommon Reader, 2007) est un court roman de 122 pages où l’auteur met en scène la Reine Elizabeth II comme avide lectrice sur le tard (80 ans), et ceci en délaissant quelque peu le Protocole et même sa garde robe. So Shocking !

Cette parodie à l’humour 100% British est assez divertissante. Imaginez-vous un instant SM Elizabeth découvrant la lecture ludique par un aide cuisinier de Buckingham Palace. Et pourquoi pas ! Très vite le jeune homme, Norman Seakins, se retrouvera promu page de la Reine et son principal conseiller et fournisseur de lectures en tout genre, la Reine qui, au passage, démontre qu’elle a du vocabulaire, elle parle de Norman comme de son tabellion et elle, elle se déclare une opsimath, c’est à dire en anglais ancien, quelqu’un qui apprend sur le tard, à la fin de sa vie, ce qui ne pourrait pas mieux correspondre. Peu à peu, la Reine deviendra carrément livribore acharnée.

Alan Bennett cite de nombreux auteurs et en profite pour exprimer son ressenti de leurs oeuvres et au début j’ai été surprise par son antipathie manifeste envers le style de Henry James, antipathie qui va se tiédir en fin d’ouvrage. La liste des auteurs cités est longue, et naturellement y prédominent les britanniques. Voyons cette liste : Ivy Compton-Burnett, Nancy Mitford, George Eliot, Henry James, J.R. Ackerley, E.M. Forster, Montague Summers, Anita Brookner, Ian McEwan (je viens de finir L’intérêt de l’enfant), A.S. Byatt, Dylan Thomas, John Cowper Powys, Jan Morris, Révérend Francis Kilvert, Andy McNab, Joanna Trollope, Dickens, Virginia Woolf, Lauren Bacall, Sylvia Plath, Winifred Holtby, etc,etc. Pardi, quels auteurs et quelle liste éclectique a concocté Bennett pour SM !

Très vite la Reine ne s’est pas contentée de lire. Tout naturellement elle a voulu échanger sur ses lectures, elle a pu aussi se mettre dans la peau d’autres gens et très petit à petit, la Reine devenait un petit peu subversive via le sacrosaint pouvoir subversif de la lecture !

Ceci a dérangé tout le monde, depuis son secrétaire particulier, son Premier Ministre et l’imperturbable et inamovible Protocole Anglais.

Comme la Reine ne s’appartient pas à elle même mais à ses sujets, cette liberté royale a été punie par le renvoi de son page-tabellion afin de tarir ses sources d’inspiration. Mais la Reine n’est pas dupe des manigances autour d’elle, et, lors de la fête de ses 80 ans, elle annonce que après la lecture, elle va s’adonner à l’écriture…C’est la panique à bord…

Une parodie drôle et caustique de la fonction royale mais un vrai hommage à la lecture.

God save the Queen !

LA REINE DES LECTRICES, Folio 5072,( AB 2007), ISBN 978-2-07-041960-9

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