Sapiens (une brève histoire de l’humanité) de Yuval Noah Harari

Yuval Harari : "Si nous voulons des steaks, cultivons plutôt la ...

Yuval Noah Harari est un écrivain, historien et professeur d’Histoire israélien (Kiryat-Ata 1976). Il a connu un énorme succès avec ce livre, Sapiens (2012), livre qui a maintenant une suite Homo Deus: une brève histoire de l’avenir (2017). Sapiens a été traduit dans plus de 30 langues.

Sapiens est un pavé assez docte de 489 pages qui se lit bien car en dehors des faits historiques passionnants et toujours étayés par des publications, il comporte beaucoup de digressions sur une infinité de sujets, ce qui aère la lecture. Je suis restée assez accablée après cette lecture; non pas que j’ai appris des choses nouvelles, mais la fin me paraît plus que sombre. Il est clairement dit que Homo sapiens est le pire prédateur de la création, jamais satisfait, ayant complètement dévoyé la planète en poursuivant des rêves d’allure mégalomaniaque le plus souvent, des rêves où le sort de l’humanité dans sa globalité est le dernier des soucis, et où le primum movens est le lucre à tout va. Le problème de la surpopulation de la planète Terre est survolé dans cet ouvrage, mais c’est peut être normal car hors sujet.

Le livre retrace l’apparition de Sapiens sur la planète Terre et explique comment de petites choses insignifiantes et peureuses, se  nourrissant de charogne, sont devenues l’espèce dominante et responsable de la disparition de beaucoup d’autres espèces.

J’ai un peu de mal à intégrer les dates géologiques. En fin d’ouvrage l’auteur donne un bon calendrier pages 495 et 496 que je vais photocopier et consulter en cas de besoin.

C’est difficile de résumer un tel livre, tellement il est riche en informations. Je vais donc relever subjectivement les points qui m’ont intéressé.

Homo sapiens aurait provoqué ou poussé à l’extinction de plusieurs autres espèces d’hominidés dont le fameux Neandertal parce que la tolérance ne serait pas une composante du Sapiens. L’Homo soloensis aurait disparu vers 50 000 ans, l’Homo denisova vers 40 000, les Neandertal vers 30 000, les nains de l’île de Florès vers 12 000…Les Sapiens sont apparus en Afrique orientale il y a 150 000 années et auraient poussé les autres espèces à l’extinction vers 70 000 ans; déjà à cette époque les Sapiens archaïques avaient grosso modo notre aspect physique mais sans les capacités cognitives; ils arrivèrent en Europe et en Asie de l’Est (vers 70 000 ans) et vers 45 000 années, ils arrivèrent en Australie; cette période de temps vit l’invention des bateaux, des lampes à huile, des arcs et des flèches, des aiguilles à coudre et les toutes premières manifestations artistiques.

L’auteur situe dans cette période ce qu’il appelle la Revolution cognitive qui pourrait être la conséquence de mutations génétiques spontanées ayant modifié le cerveau et donc la pensée du Sapiens leur permettant de penser de manière différente mais surtout de communiquer avec un nouveau langage faisant du Sapiens l’animal social par excellence et ce serait cette coopération sociale qui serait la clé de notre survie et de notre reproduction. Seuls les Sapiens sont capables de parler de choses abstraites, car lors de cette Révolution cognitive, les légendes, les mythes, les dieux et les religions sont apparus et ont été développés collectivement.

Lorsque la Revolution agricole survint et que les Sapiens s’établirent de façon sédentaire afin de cultiver le sol, ceci s’est traduit par un accroissement trop rapide de la population. On calcule que autour de 8 500 ans avant notre ère, les colonies habitées les plus importantes étaient des villages comme Jéricho avec quelques centaines d’individus. En 7000, en Anatolie existaient des agglomérations de 5000 à 10 000 individus. Aux Vè et VIè millénaires, des villes comptant plusieurs dizaines de milliers d’habitants surgirent dans le Croissant fertile, chacune dominant à son tour une multitude de villages voisins.

Entre 3500 et 3000 avant notre ère, les sumériens inventèrent un système élaboré permettant de traiter de grosses quantités de données mathématiques, ce système est ce qu’on appelle l’écriture. Ils y parvinrent en mêlant deux types de signes pressés sur des tablettes d’argile. Un type de signes représentaient les chiffres (numération de base 6 et de base 10) et l’autre représentait des dessins (hommes, marchandises, territoires, dates, etc). (A noter que le système de numération de base 6 nous a laissé la division du jour en 24 heures et celle du cercle en 360 degrés). Entre 3000 et 2500 avant notre ère, le système sumérien ne cessa de s’enrichir de signes qui le transformèrent progressivement pour en faire l’écriture complète dite cunéiforme employée par les rois pour promulguer des décrets, les prêtres pour enregistrer des oracles et les citoyens pour écrire des lettres personnelles. Presque en même temps les Égyptiens mirent au point une autre écriture complète dite hiéroglyphique. D’autres écritures complètes virent le jour en Chine autour de -1200 et en Amérique centrale autour de 1000-500 avant notre ère. De nos jours, l’intelligence artificielle s’efforce de créer une nouvelle écriture dite binaire, fondée sur l’écriture des ordinateurs.

Les 500 dernières années ont connu un essor phénoménal et sans précédent de la puissance de l’homme. En 1500, le monde comptait autour de 500 millions d’Homo sapiens; ils sont aujourd’hui 7 milliards. En 1959 l’Homme alunit ce qui est un exploit historique, mais aussi un tour de force de l’évolution et une promesse cosmique. En 4 milliards d’années d’évolution, aucun organisme n’avait réussi à quitter l’atmosphère terrestre.

Un livre passionnant  et foisonnant qui soulève beaucoup de questions. Merci Jean-Philippe de me l’avoir conseillé.

 SAPIENS, Albin Michel 2015 (YNH 2012),  ISBN 978-2-226-25701-7

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