La baignoire de Staline de Renaud S. Lyautey

Renaud S. Lyautey est le nom de plume de Renaud Salins, diplomate et écrivain français (1967-2022). Ancien Ambassadeur de France en Géorgie (2012-2016) puis au sultanat d’Oman ( 2017-2021).

La baignoire de Staline est son deuxième livre (2022) après Les saisons inversées (2018) où apparaît déjà René Turpin, diplomate français.

C’est plus un livre géo-politique sur la Géorgie qu’un polar classique. On apprend sur les Géorgiens qui ont connu leur moment de gloire durant le règne de Staline, quand la Géorgie faisait partie des états soviétiques; les Géorgiens seraient des montagnards rudes et cruels. Les 30 années où les géorgiens ont tenu le pouvoir, ont été les années le plus sanglantes de l’ex URSS. Les noms locaux sont difficiles à retenir et le livre renseigne aussi sur la gastronomie locale et ses vins.

L’histoire policière concerne l’assassinat de Sébastien Rouvre, un jeune français originaire de Bordeaux, agrégé d’histoire, qui exerçait la profession de précepteur pour les enfants d’un riche oligarque ayant trempé dans des négoces troubles et lui ayant permis d’établir une solide fortune plutôt sale. Et le jeune français prépare aussi une thèse de 3èmè cycle d’histoire sur les années russes de l’espion Kim Philby. D’autres meurtres vont surgir et l’enquête traine en longueur avec des policiers locaux et René Turpin, Premier Conseiller de l’Ambassade de France, personnage déjà paru dans le précédent roman de l’auteur.

On s’oriente vers la localité de Tskaltoubo, une ville d’eau possédant le plus grand ensemble thermal au monde, où Staline avait une datcha et s’y rendait fréquemment car le climat faisait grand bien à son psoriasis et à son arthrite. Il parait qu’il avait fait construire une petite piscine entourée d’un muret pour que personne ne le voit (il cachait ses vilaines lésions avec des manches longues et des chemises boutonnées jusqu’au cou). J’ai même lu quelque part qu’il existe une théorie pour expliquer l’extrême cruauté de Staline, qui rajoutait des noms aux listes de condamnés, lors des fréquents séjours dans sa datcha, cette cruauté lui serait venue des souffrances physiques importantes qu’il endurait.

Et comme Staline était l’URSS, toute l’URSS a voulu séjourner en bordure de la Mer Noire où les lieux luxueux se sont multipliés pour accueillir la nomenklatura. Tout ceci est aujourd’hui en ruines, la datcha de Staline abandonnée et le site pillé, faisant l’objet d’obscurs trafics par les « collectionneurs américains » qui voudraient monter à Washington un musée de la Guerre Froide; la baignoire de Staline aurait une valeur commerciale certaine.

L’enquête va s’orienter vers Kim Philby, l’ancien agent double britannique (peut-être triple) qui a suivi un parcours hors norme pour finir ses jours en Russie, de façon assez calamiteuse d’ailleurs.

Un polar qui nous fait rappeler les frayeurs de la guerre froide au sein d’un pays devenu indépendant après la chute de l’URSS en 1991, avec, en bruit de fond, cette horrible guerre contre l’Ukraine.

Autre livre commenté : Les saisons inversées .

LA BAIGNOIRE DE STALINE, Seuil Cadre Noir 2022, ISBN 978-2-02-147942-3

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